À défaut de miracle, il ait des marronniers dont on se passerait bien de relayer. Ce lundi 2 décembre au matin, dans un ballet orchestré et sous la supervision du Service de Police de la Ville de Montréal, des camions à benne nettoient le parc Morgan de toute empreinte, qui pourrait rappeler qu’il y a encore quelques heures, des personnes y étaient installées dans des abris de fortune.
Ce campement a été érigé à la hâte, au début de la pandémie, lorsque les mesures sanitaires fermaient les gymnases et les arénas étaient transformés en refuges d’urgence. Il était alors une réponse temporaire à la pénurie de places en hébergement et à la pression sur les logements sociaux. Cependant, à l’été 2023, la situation s'est intensifiée, attirant un nombre croissant de personnes précaires, particulièrement autour du parc et de la rue Notre-Dame Est.
Selon Robert Beaudry, responsable de l’itinérance à la Ville de Montréal, l’insuffisance des places en refuges aggraverait la crise, tandis que la collaboration entre les paliers gouvernementaux serait inadéquate. Une expertise que partage Pierre Lessard-Blais, maire de l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, qui souligne : « Les citoyens sont à bout, les organismes sont à bout, et les itinérants n’ont nulle part où aller. »
Pour L’heur, ces personnes ont été déplacées à quelques mètres du parc Morgan, sur un terrain appartenant au ministère des transports. Sans solution de relogement.
La revue du Réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) met en lumière les angles morts des politiques publiques. Elle explique que pour l’an dernier, près de 25 000 femmes ont vu leur demande d’hébergement refusée, et rappelle que des populations vulnérables comme les personnes LGBTQIA+, les aînés et les personnes en situation de handicap subissent des discriminations systémiques.
Quid des chiffres officiels qui ignorent souvent l’itinérance cachée, laissant des milliers dans l’ombre ?
Alors que le mercure annonce, ces prochains jours, un refroidissement sérieux, le parc Morgan est un poignant rappel de l’urgence d’agir pour traiter l’itinérance comme un problème humain, et non une simple statistique.

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