Un événement qui aurait dû être marqué par la pureté de son symbolisme, mais qui, au final, s’est révélé un micmac entre un show de variétés digne des Carpentier et la série Le bureau des légendes, sous couvert de manipulations politiques et de récupération religieuse, de l’émotion collective : un trompe-l’œil à l’américaine.
« Ma maison sera une maison de prière, mais vous en avez fait une caverne de voleurs » (Luc 19:46).
À quelques jours de Noël, la réouverture de Notre-Dame de Paris, après cinq années de travaux, était très attendue par les fidèles. Mais qu’en penserait cet enfant né, il y a plus de 2000 ans, dans la simplicité d’une étable, dont le nom, « Emmanuel », signifie « Dieu avec nous » ?
Derrière la solennité de la cérémonie et les discours officiels. La réouverture de Notre-Dame, s’apparente à une émission de Maritie et Gilbert Carpentier, avec une ouverture de Garou en prime. Un show soigneusement orchestré par un autre Emmanuel, où les politiques, les célébrités et les mécènes se donnent en spectacle. Mais est-il vraiment porteur du même message ?
Emmanuel Macron, Donald_John Trump et Volodymyr Zelensky, sous les regards des caméras ont posé ensemble, se sont échangé des poignées de main : Macron a salué la "résilience" de l'Ukraine face à l'agression russe, Trump a, pour sa part, adopté un ton plus ambigu, avec des airs de conquérant. Mais qui tire vraiment les ficelles dans ce jeu de dupes ?
Et, n’y a-t-il pas quelque chose de grotesque d’assister à un spectacle de mélange de genres où le chef de l’État, en apparaissant comme le maître d’œuvre d’une telle cérémonie, a pris une posture qui semble ignorer les principes mêmes sur lesquels repose la République française : la séparation des pouvoirs, et en particulier celle de l’État et de l’Église ? La loi de 1905, qui régit cette séparation, est pourtant claire : l'État ne doit pas interférer dans les affaires religieuses, et l'Église ne doit pas s'immiscer dans les affaires publiques. N’est-ce pas là une atteinte directe à notre laïcité ?
Et que penser de ces grandes entreprises qui se retrouvent mêlées à cette danse cynique ? Plus de 850 millions d'euros ont été collectés, provenant de plus de 340 000 donateurs à travers le monde. Des sommes astronomiques pour un projet de restauration d’un monument emblématique. Des mécènes comme L'Oréal, TotalEnergies et autres grands groupes, ne trouvent-ils pas là, l’occasion de se racheter une nouvelle virginité ?
Ce qui aurait dû être un moment de recueillement, un acte symbolique, est devenu une fête où la politique et les intérêts privés se mêlent aux prières.
Samira Houari-Laplatte