Samira Houari-Laplatte (avatar)

Samira Houari-Laplatte

Journaliste-documentariste-photographe

Abonné·e de Mediapart

55 Billets

1 Éditions

Billet de blog 24 décembre 2015

Samira Houari-Laplatte (avatar)

Samira Houari-Laplatte

Journaliste-documentariste-photographe

Abonné·e de Mediapart

Il était une fois le Père Noël

Il est un personnage qui se fait fi des frontières. Infailliblement, sans passeport, ni visa, le globe-trotter à la barbe fleurie, s’emmitoufle dans son grand manteau rouge, et quand vient la sainte nuit du 24 décembre, traverse le monde, au son des grelots.

Samira Houari-Laplatte (avatar)

Samira Houari-Laplatte

Journaliste-documentariste-photographe

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
lola

Légende urbaine ou tradition séculaire ?

D’où vient ce bonhomme au capuchon pointu ?

Si toutes les routes mènent à Rome, itou du Père Noël : route du Paradis, chemin des Nuages, rue des Enfants sages, au Pôle Nord, au Canada ou à Libourne... Le cachottier sème ses galets blancs à tous vents. Au pifomètre, nous avons emprunté, non pas les bancs enneigés de la Laponie mais ceux des Etats-Unis. 
N ’en déplaise aux esprits chagrins, notre ami joufflu n’émane pas d’une fumisterie gazéifiée d’une marque de boisson américaine ! 
C’est au pasteur Clément Clarke Moore et à son conte de Noël 
A visit from Saint Nicholas écrit en 1821, que l’on doit ce personnage jovial et rondouillard, sillonnant la planète avec ses amis les huit rennes (Tornade, Danseur, Furie, Fringuant, Comète, Cupidon, Eclair et Tonnerre).

Quelques années plus tard, Charles Dickens offre à l’illustre voyageur un retentissement international avec son recueil Contes de Noël. Enfin, c’est sous la palette du caricaturiste, Thomas Nast, publié dans le journal illustré Harper’s Weekly, que le Père Noël prend figure.

L’art du camouflage

Le Père Noël serait un conte urbain à dormir debout ?

Pas si sûr, car notre ami, outre ses cadeaux par milliers, à plus d’un tour dans son sac et sait manier habilement l’art du camouflage. Quid de son nom ? Santa Claus, Sinterklaas (en Néerlandais) ou Saint Nicolas ? C’est sans doute, ce Saint qui a alimenté la légende du Père Noël.

Ainsi, au Moyen Âge, célébrait-on, le 6 décembre, la fête de saint Nicolas, évêque de Myre (IIIe siècle). Les miracles du défenseur des opprimés et généreux bienfaiteur, se traduisaient sous la forme de cadeaux offerts aux enfants.

Un dernier tour de manivelle, dans notre machine à voyager, et, nous voici arrivés devant...l’étable de l’enfant Jésus ! Et si, initialement, le Père Noël était ... un Roi mage venu révérer la naissance du divin enfant ?

Père Noël : un culte à dénoncer ?

Faire croire au Père Noël à ses enfants, une évidence ? 
Que nenni à en juger des réactions de parents anti-Père Noël. 
En ligne de mire ? 
Des raisons morales, des croyances religieuses différentes... Réponse du psychologue Stéphane Barbery (réf. Cerveau & Psycho) : 
«Remettre en cause un personnage aussi sympathique, ce n’est pas nécessairement faire partie des rabat-joie aigris par l’esprit de sérieux, ni des hypocrites se délectant de dramatisation artificielle.»

Un bobard magique ?

«Oh le bébé ! Il croit encore au Père Noël ! » 

Les biscottos gonflés, la moquerie au bord des lèvres, la tromperie est souvent révélée par un camarade ou un grand de la fratrie à l’entrée des premières classes de l’élémentaire.
Une transition (douloureuse pour certains) de la petite enfance qui permet de rejoindre le groupe des initiés. Et si mentir était salutaire ? 
À cette question, délicate, ainsi répondait, la pédiatre et psychanalyste, Françoise Dolto : 
« Bien sûr que les enfants ne croient plus à l’existence biologique du Père Noël, et cela dès trois ans, mais qu’est-ce que ça change ? De même qu’à quatre ans ils savent que le soleil ne se lève ni se couche et pourtant aime à le voir faire cela, autant que bien des adultes. »

Ces mensonges véniels renforcent les liens d’amour ou d’amitié et entretiennent les relations sociales. Ils sont propices à l’éveil de l’enfant, à l’instar des légendes de fées et de dragons qui nourrissent l’imaginaire. 
Un bobard magique ouvrant les vannes de la construction chez l’enfant, un détachement ombilical vers son autonomie, et, l’éveillant à sa conscience morale.

Depuis 1962, le secrétariat du Père Noël répond aux chérubins de toute la France. Aujourd’hui, plus d’un million de lettres sont acheminées jusqu’à Libourne, où elles sont examinées par une soixantaine de petits lutins.
Je  vous souhaite un merveilleux Noël !

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.