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Rentrée chez elle, Laura choquée se pose la question sur la longueur de son short : « une question qu’on ne devrait pourtant jamais se poser ».
L’espace nantais serait-il devenu une jungle où les femmes sont les proies des prédateurs à l’affût ? Réflexions, interpellations, insultes, ou agressions physiques, les femmes sont confrontées aux harcèlements de rue, quotidiennement.
Cécile en connaît un rayon : « tu marches dans la rue, tu ne demandes rien, et voilà que « ça » commence par, eh mademoiselle, ou charmante, je peux te raccompagner en voiture, t’as un numéro… » et puis vient le « non » déclencheur d’insultes.
En discutant autour d’elles, Laura et Cécile constatent que de nombreuses nantaises sont confrontées « à ce genre d’histoires ». L’agression banalisée n’est plus reconnue comme une agression, d’autant comme le confie Cécile :
« on la subit très jeune dès l’adolescence. C’est un peu ancré en se disant que c’est comme ça, il n’y a pas de violences physiques alors ce n’est pas grave. Mais c’est grave ! »
Faut-il alors que les femmes rasent les murs, baissent la tête lorsqu’elles croisent un groupe de mecs, ou tirent sur leurs jupes pour gagner quelques millimètres pseudo-protecteurs ? Et à la tombée de la nuit, doivent-elles se cloîtrer dans leur appartement ? «Si tu n’es pas entourée d’amis, c’est invivable ! » Amères expériences de soirées vécues au quartier Bouffay, ou sur la place du Commerce.
Un collectif de neuf jeunes femmes, victimes de ces déviances, décident de démonter cet aphorisme : « le harcèlement de rue est une forme de déshumanisation. J’ai le droit de ne pas répondre. Et je n’ai pas à te dire merci… »
Créée en mai 2014, l’association Colère nom féminin fait tapage avec son slogan choc :
« Ta main sur mon cul, ma main sur ta gueule ». Une formule qui se veut : « à l’image de ce que les femmes subissent et qui répond à une action ».
À l’initiative de Laura, et dessinés par Cécile, débardeurs et sacs sont mis en vente : « il nous fallait un support que l’on porte sur nous et qui amène une réponse ». Sur le dos, s’affiche la sentence dissuadante : « c’est souvent quand on a le dos tourné que surgissent les réflexions ». En France, 75 000 femmes sont violées chaque année. Quid du harcèlement verbal ?