Alors qu’une manifestation se déroulait à Montpellier, plus d’une centaine de personnes ont bloqué l’accès au site pétrolier de Frontignan. Arrivées sur place, les forces de l’ordre entreprennent de rétablir la circulation en repoussant les manifestants sur les abords de la route départementale : c’est à ce moment-là qu’un incendie se déclenche en contrebas du rond-point Salvador Allende.
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Dans un tweet publié quelques dizaines de minutes seulement après le départ du feu, la préfecture mentionne la présence de « fumigènes retrouvés à proximité immédiate » comme élément potentiellement déclencheur. Or, Sébastien Rome, député de la 4ème circonscription de l’Hérault présent au moment des faits, explique « j’ai échangé avec le commandant de police qui a ramassé un fumigène au milieu de la route, mais pour moi ça ne colle pas car cet élément a été ramassé à une trentaine de mètres de l’incendie », il précise aussi que « le feu a débuté en contrebas du rond-point, pas au niveau de la route, ce qui rend cette hypothèse peu probable ». Il décrit l’arrivée des forces de l’ordre sur le site « les policiers ont effectué une sommation en demandant aux manifestants de se disperser : la plupart ont obtempéré, quelques-uns sont restés sur la voie, c’est là que des grenades lacrymogènes ont été tirées un peu dans tous les sens, certaines impactant les véhicules bloqués dans les bouchons. ». L’élu parlementaire insiste sur la désorganisation avec laquelle les forces de l’ordre sont intervenues, dans une situation « totalement illisible au milieu des voitures et des camions citernes ». Pour lui, l’hypothèse la plus probable demeure celle d’un incendie « déclenché de manière accidentelle par un tir de grenades lacrymogènes ».
Des propos corroborés par Olivier, habitant d’une maison épargnée de justesse par les flammes. Présent dans son jardin entre 15h et 15H30, il est alerté par un son assimilable à une explosion puis des crépitements : immédiatement, il aperçoit « des trainées blanches dans le ciel », caractéristiques des grenades lacrymogènes employées par les forces de l’ordre. Il décide alors de sortir pour comprendre ce qu’il se passe et constate un départ d’incendie dans les roseaux bordant le rond-point « j’ai vu ça en sortant devant chez moi, le feu s’est rapidement étendu ».
Bien que les pompiers soient parvenus à maitriser le brasier, Olivier souligne la dangerosité de la situation à laquelle il a dû faire face hier « heureusement que ça ait pu être éteint à temps, le feu commençait à toucher la maison mitoyenne, il en a fallu de peu pour que tout parte en fumée ».
De son côté, la CGT Hérault dénonce dans un communiqué : « Les forces de l’ordre présentes sur place ont tiré sans sommation et sans discernement sur les manifestant-es. Ces tirs de grenades lacrymogènes ont mis le feu à un talus. De nombreux témoins peuvent en attester ainsi que les riverains. ». Plusieurs militants présents sur le site pétrolier ont confirmé cette version hier après-midi.
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Également présent sur place, notre reporter Samuel Clauzier décrit une situation chaotique, avec des policiers progressant de manière incertaine au milieu des véhicules, dans une confusion totale. Il mentionne l’utilisation de grenades lacrymogènes, dont certains palets finissent dans la végétation mais aussi d’une grenade éclairante de type Véga ainsi qu’une grenade de désencerclement à proximité des camions citernes.
Enfin, une vidéo que nous nous sommes procurés appuie elle aussi l’hypothèse d’un incendie accidentel causé par un tir de grenade lacrymogène. Cette captation effectuée à 15h16, soit moins de cinq minutes avant le départ du feu, montre des policiers en train de lancer d’utiliser des lanceurs de grenades en direction du rond-point Salvador Allende. Quelques instants après ces images, le talus bordant la route s’enflamme.
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Plus tard dans la soirée, plusieurs bus désaffectés ont été incendiés près du site du dépôt pétrolier : les pompiers ont rapidement maitrisé la situation.
Article initialement publié dans le journal Le Poing, le 29/03/2023.