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Billet de blog 11 février 2014

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L'Algérie a besoin de changer de logiciel

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le constat a été fait de longue date. L'édifice institutionnel officiel de notre pays est "doublé" par un pouvoir réel, exercé de manière oblique à travers un système de contrôle social, qui impose aux Algériens les intérêts contradictoires mais coalisés des clans, le tout "animé" par les services secrets.  

Ce système a-constitutionnel qui commande de manière occulte et oblique les institutions de l'Etat, s'est définitivement affirmé après le décès de Boumediene.    Il s'est affermi pendant les mandats du falot Chadli Bendjedid, qui a fait de l'institution qu'il préside la marionnette du nouveau système de pouvoir.  

Ce système a ensuite ouvertement pris le pouvoir au cours de la Décennie noire. On l'oublie : "A l'abri" de la fitna et éclairée par le FMI,    l'Algérie a été cyniquement soumise à une thérapie du choc, ouvrant la voie au buziness débridé du siècle suivant. Remis en service, Abdelaziz Bouteflika avait joué le jeu : le rôle qui lui a été    assigné était de tourner la page, sans bilan, en échange d'un accroissement du poids spécifique de l'institution présidentielle dans la conduite des affaires. De leur côté, les penseurs et    experts de l'élite médiatique occupés à penser le nouveau libéralisme à la mode, ont mis le manteau du silence sur les traumatismes économiques et sociaux insensés, imposés aux Algériens, en plus    d'une centaine de milliers de morts.  

Aujourd'hui, la mode est d'étudier par l'anthropologie le comportement politique de nos concitoyens. On remonte aux siècles obscures du tribalisme ancestral,    entre soumission et anarchie, pour décoder les mécanismes d'un phénomène résolument moderne: le carcan antidémocratique, tout à fait universel par lequel la domination des privilégiés veut    paralyser les Algériens et fermer la voie de l'accomplissement national.  

Ce mode d'exercice a-constitutionnel du pouvoir sert, très visiblement désormais, les intérêt des castes privilégiées, il ne correspondant    plus aux besoins de la nouvelle Algérie. Infiniment plus complexe que ne le suggèrent les simplifications ethnographiques des chroniqueurs médiatiques. Mais aussi, cette communauté    nationale du 21ème siècle ne rentre plus dans les moules du prêt à administrer et à contrôler, fabriqués par les officines. Les éléments les plus raisonnables des services secrets    avouent l'impuissance du logiciel Boussouf à gérer l'Algerie du 21ème siècle.  

Les Algériens savent désormais que l'inefficacité des institutions de l'Etat, à tous les niveaux, est la conséquence de    cette utilisation du système par les "privilèges indus", permise par leur influence oblique sur les agents de la puissance publique. Le pays n'est plus conduit    rationnellement. En haut et en bas, nul n'est comptable des affaires publiques.    

Exprimé dans des formes multiples, en dépit de l'absence d'une agora reconnue, cette prise de conscience est aujourd'hui le phénomène politique majeur dans    notre pays. Elle signe l'urgence d'un changement de trajectoire. Et donc d'une nouvelle entente des forces vives nationales pour changer de logiciel.  

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