saoudi abdelaziz

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Billet de blog 11 mars 2016

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Bruits de bottes dans les salons algérois

Des politologues et chroniqueurs documentés -disent-ils- par des généraux à la retraite assignent à l'Algérie la mission d'aller combattre le djihadisme chez ses voisins. Ils expliquent que c'est le moyen le plus efficace de protéger l'Algérie. Les plus ambitieux y voient le moyen d'assurer à notre pays le statut de puissance régionale.

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Ils avaient en 2013 multiplié les injonctions pour que notre armée aille au Mali régler leurs comptes aux groupes militaires islamistes. Ils contestaient la juste politique d'apaisement adoptée par notre pays, visant à encourager le consensus de sauvegarde nationale. Cette politique est soutenu très majoritairement par les Algériens ordinaires : le pays a été vaccinée contre la fitna et n'ira pas se mêler d'envenimer celle des autres.

Ces trois dernières années, il s'est avéré que les puissances occidentales n'ont pas réussi à asseoir les bases de l'après-Kadhafisme. Suivant celle de l'OTAN deux ans plus tôt, l'intervention française au Mali, en 2013, a en effet gravement envenimé la situation en Libye. Les Occidentaux  ont démontré leur incapacité d'aider le peuple libyen à sortir du chaos. Cette impuissance a rendu l'intervention politique de l'Algérie et de la Tunisie, plus attractive pours voisins immédiats. Depuis, des pas en avant sérieux ont été effectués par les belligérants libyens dans la recherche du Consensus de salut national.

Entre temps, des initiatives ont été suscitées, notamment par François Hollande, petit politicien français rêvant de grandeur militaire sous l'oeil benoit du Pentagone. Initiatives épaulées par le maréchal-président égyptien, avec comme joker un ambitieux ex-général libyen que le putschiste du Caire partage avec la CIA.

Le général n'a pas réussi dans sa besogne. Des pas sérieux, significatifs même, ont été effectués en 2015 dans  la recherche du Consensus national, avec l'aide de l'ONU et de l'efficace diplomatie algérienne.

Avant qu'un nouvel acteur ne débarque en provenance du laboratoire du Levant, Daech himself, qui s'installe avec armes et bagages à Syrte. Cette présence -"inattendu"?- combinée aux attentats en Europe, réactive le commandement de l'Otan qui pense aujourd'hui bénéficier du soutien d'une opinion européenne chauffée à blanc. Auparavant, elle était échaudée par la mésaventure de 2011. 

Et l'idée de la coalition pour guerroyer en Libye rebondit. L'Algérie est de nouveau fortement sollicitée. Et rebondissent aussi les "nous vous l'avions bien dit", des politologues cités plus haut, qui reprennent du service et déchiffrent, dans les salons d'Alger, les cartes d'Etat-major avec l'aide de généraux éradicateur mis à la retraite à la retraite. Ils nous disent que le moment est venu de revoir la doctrine de non-intervention militaire hors des frontières.

A la recherche du casus belli,  un audacieux va-en-guerre suggère ce matin que c'est l'Algérie qui a été attaquée à Benguerdane.

L' intervention de l'ANP en Libye ne ferait pas de l'Algérie un pays mieux protégé. Laissons Lamamra faire son travail et l'ANP verrouiller les frontières. L'intervention coalisée fera nécessairement de notre pays l'auxiliaire tactique du commandement de l'OTAN. Avant d'en devenir, par la force des choses, l'instrument stratégique. L'autonomie militaire ne sera pas permise à l'Algérie, dès lors qu'elle abandonne sa doctrine indépendante et intervient sur les "théâtres extérieurs", elle met le doigt dans l'engrenage. C'est comme cela que ça se passe.

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