Cela fait déjà un certain temps que météorologues, climatologues et spécialistes de l’environnement alertent gouvernements et opinions publiques sur les difficultés que, dans un avenir récent, le manque d’eau viendra semer dans l’existence des êtres humains, et dans celle de tous les êtres vivants. Il semblerait que cet avenir se rapproche dangereusement. Les indices foisonnent, mais peut-être peut-on commencer par évoquer les deux indices institutionnels qui ont émaillé l’actualité. L’ONU vient de consacrer une conférence à la question de l’eau, à New York, du 22 au 24 mars, la première de ce genre. Elle fait suite au constat de la terrible crise mondiale à laquelle nous sommes confrontés, alors qu’environ quatre milliards de personnes connaissent une grave pénurie d’eau pendant au moins un mois de l’année. Puis, à celui des perturbations que le réchauffement climatique introduit dans le cycle de l’eau : les inondations ont augmenté de 134% depuis 2000, tandis que la durée des sécheresses l’a fait de 29%. La conférence de l’ONU s’est donnée pour objectif d’assurer un accès équitable à l’eau à tous d’ici 2030, ce qui demande -la recherche l’annonce d’ores et déjà- une approche totalement différente à celle qui jusque-là à été donnée à la question. Le deuxième indice institutionnel le constitue, naturellement, la publication ce 20 mars du dernier rapport Giec, qui fait la synthèse des travaux du groupe depuis 2015. Il met en avant les impacts du dérèglement climatique sur l’environnement et les océans et souligne que toutes les activités, agricoles et industrielles, et tous les modes de consommation, doivent être revus pour optimiser l’utilisation de l’eau.
C’est dans ce contexte que, depuis fin 2021, se déroule en France une importante confrontation entre le mouvement social surgi autour de la consommation de l’eau, en particulier dans l’agriculture, et un gouvernement qui n’en est pas à sa première démonstration de mépris de la citoyenneté. Ce sont les mégabassines qui catalysent de la façon la plus évidente cette confrontation. Le mot est apparu pour la première fois dans la presse en septembre 2021. Il désigne des réservoirs destinés à pomper les nappes phréatiques durant l’hiver, pour fournir durant l’été quelques exploitants agricoles en eau suffisante pour arroser leurs cultures. Rapidement, la question a fédéré un mouvement social hétérogène, rassemblant syndicats, personnalités politiques, organisations environnementalistes, zadistes… Les confrontations entre celui-ci et le gouvernement sont devenues de plus en plus dures au fil des années, tant et si bien que la question de la gestion de l’eau interpelle aujourd’hui le grand public. Elle s’intègre dans le cadre global de nos rapports à l’environnement.
Les raisons de contester le recours aux mégabassines sont nombreuses. Cette démarche elle-même en est une première : les nappes phréatiques contenant des ressources limitées, on peut se demander en quoi est-ce une solution de les pomper pour parer à une diminution en surface de la ressource hydrique due à nos comportements. Il semble évident que la supposée solution s’apparente au bien connu « reculer pour mieux sauter », et qu’elle ne peut que remettre à plus tard un problème qui viendra de toutes façons, quand nous aurons consommé toute l’eau. Puis, la nébuleuse informative qui entoure les mégabassines, dûment accentuée par un gouvernement qui ne communique pas, rend ce problème plus prégnant. Depuis les années 1990, les mégabassines se sont multipliées, au point que le collectif Bassines non merci en compte aujourd’hui une centaine -il ne répertorie que celles qui contiennent au moins 50.000 mètres cube. Or, ce foisonnement s’est fait dans le mépris de l’opinion publique, car aucune base de données officielle ne permet de savoir de quel type de réservoir il s’agit, quel est son volume ou le type de cultures auquel il est destiné. Par ailleurs, l’infrastructure des mégabassines est souvent à remettre en question, pour plusieurs motifs. Tout d’abord, leur conception correspond à des études datant des années 1980 et 1990, qui ne tiennent pas compte du changement climatique. Elle répond donc à un problème passé, la sécheresse record qui a sévi cette année montrant déjà leurs limites. La sécheresse de l’été s’est prolongée cet hiver, 80% des nappes phréatiques n’étant que partiellement pourvues, ce qui implique que le remplissage des mégabassines n’a pas pu se faire comme escompté. Puis, l’infrastructure de nombreuses mégabassines s’avère illégale, les études d’impact et de compatibilité avec le schéma d’aménagement et de gestion des eaux du bassin nécessaires à leur construction étant insuffisantes. C’est un problème que le zèle d’associations telles que Nature et environnement a détecté, car elles ont présenté des recours contre leur construction dans tout le pays, obtenant que celle-ci soit annulée. Il faut dire que, la conception des réservoirs correspondant à des études qui datent des années 1980 et 1990, il n’y a pas d’information suffisante pour postuler leur légitimité dans un contexte qui a évolué. Les études scientifiques ont ainsi établi que l’eau prélevée dans le sous-sol pourrait rencontrer des problèmes tels que le coût en énergie du pompage, l’évaporation de l’eau en été ou des phénomènes d’eutrophisation -le développement de cyanobactéries et d’algues vertes provoqué par le réchauffement et l’évaporation de l’eau, qui rend l’eau inexploitable.
L’incohérence entre moyens de financement et bénéficiaires des mégabassines pose aussi des problèmes. Que les mégabassines soient financées à 70% par des fonds publics (Etat, collectivités territoriales, UE, agences de l’eau…) est en soi problématique, car il n’est en rien évident que construire des réservoirs pompant les nappes phréatiques puisse résoudre le problème posé par des sécheresses dérivées du réchauffement climatique. Puis, le problème s’aggrave lorsqu’on constate que chaque réservoir n’est utilisé en général que par une dizaine d’exploitants, dont la plupart produisent des monocultures de maïs. Outre le fait que le maïs consomme beaucoup d’eau, sa production est plutôt destinée à l’élevage intensif qu’à la consommation humaine, alors même que « l’autonomie alimentaire » est régulièrement brandie comme argument pour justifier la construction des réservoirs. Les fermes situées autour des maxi exploitations qu’ils irriguent ne dépendent toujours le plus souvent que des eaux de pluie et du sol pour combler leurs besoins en eau. Si la FNSA, syndicat agricole majoritaire, soutient cette gestion, elle est fortement remise en cause par la Confédération paysanne. France Nature Environnement précise d’ailleurs que, si seulement 8% de la surface agricole est irriguée en France, cela correspond à 45% de la consommation en eau du secteur agricole. L’accaparement des terres et celui de l’eau vont de pair dans l’actuel modèle. A l’heure où l’urgence environnementale nous enjoint à trouver des solutions, il est aberrant de s’obstiner à promouvoir un modèle agricole qui enterre la transition écologique pour renouveler les dégâts causés par l’agriculture intensive : forte mécanisation, utilisation de produits chimiques, disparition des haies… Cheminer sincèrement vers une transition écologique passerait, d’avis des agronomes, par des solutions alternatives : mettre en place de plus petites exploitations, limitant par exemple le nombre d’hectares accordées ; se tourner vers des cultures qui consomment moins d’eau, comme le sorgho ; se questionner sur les débouchés donnés à ces productions, l’élevage intensif étant à remettre en cause puisque très polluant…
Au vu du contexte où il se développe, il est désolant de constater que le mouvement social contre les mégabassines n’engendre depuis 2022 que des réponses répressives de la part du gouvernement. La répression qui a sévi durant la dernière mobilisation, celle de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, restera dans les mémoires pour sa brutalité et son autoritarisme. Le samedi 25 mars, 200 organisations, dont le Collectif Bassines non merci, la Confédération paysanne et les Soulèvements de la terre, appelaient à se mobiliser contre un projet de construction de 16 bassines, d’une capacité totale de 6 millions de mètres cubes. La mobilisation a été une des plus importantes de celles promues par ce mouvement social, puisqu’elle a réuni 30.000 participants selon les organisateurs -entre 6.000 et 8.000 selon les autorités. Le rassemblement n’ayant pas reçu l’aval de la préfecture, le face à face entre manifestants et forces de l’ordre a été particulièrement tendu. Rien ne peut justifier cependant les violences policières qui ont été déployées, et dont on a depuis des détails. Le rapport du directeur général de la gendarmerie nationale, rendu public, fait état de l’usage de 5.015 grenades lacrymogènes, 89 grenades désencerclement GENL et 81 tirs de LBD (Lanceurs de Balles de Défense) depuis des quads. Ces armes ont beau être dites à « létalité réduite », elles restent susceptibles de blesser gravement et de tuer. Comme le rappelle Amnesty International, les grenades de désencerclement et les LBD sont considérées matériel de guerre selon le Code de la sécurité intérieure. Le nombre de blessés a été en effet considérable: les organisateurs évoquaient au sortir de la confrontation au moins 200 blessés, dont 10 hospitalisés et un dans le coma. A ce jour, deux personnes se trouvent entre la vie et la mort. Ajoutons qu’il a depuis été prouvé que les forces de l’ordre ont ralenti l’accès des secours, alors même que le pronostic vital de plusieurs personnes était engagé. L’annonce du ministre de l’Intérieur à propos de sa volonté de dissoudre les Soulèvements de la terre assombrit encore ce panorama, car c’est à eux qu’une grande part du monde scientifique donne raison : si nous voulons survivre, nous devons nous acheminer vers un monde plus accord avec leurs horizons qu’avec ceux d’un gouvernement préoccupé surtout par les pouvoirs financiers.
Conjuguées à la construction des mégabassines, puis à la répression de leur contestation, les mesures de restriction d’eau mises en place l’été dernier par le gouvernement s’apparentaient déjà à un double blind, incohérences dont regorge le capitalisme. Dans une des pirouettes auxquelles il nous a habitués, Emmanuel Macron présentait par ailleurs le 30 mars, sur les rives du lac artificiel de Serre-Ponçon (Hautes-Alpes), son « plan eau », qui vise à réduire de 10% la consommation française. S’il contient des mesures de bon sens, depuis longtemps pratiquées par les écologistes, telles que réviser le réseau pour parer aux fuites par des travaux d’urgence ; transmettre à chaque secteur (énergie, industrie, tourisme…) un « plan sobriété » ou réutiliser les eaux usées, il n’y est pas fait mention de l’agriculture. Or, celle-ci constitue un enjeu majeur, surtout pour le modèle d’exploitation. En adopter un autre requiert de tels changements de fond que cela revient presque à partir de zéro, pour adopter un modèle qui remette radicalement en cause les gains produits aujourd’hui par l’agriculture en bien de secteurs : machines, engrais et pesticides, type d’élevage… Il est difficile pourtant de réduire substantiellement la consommation d’eau sans passer par là.
Nous confrontons à un problème qui commence à devenir récurrent : des responsables politiques qui n’envisagent le futur qu’à court terme et se caractérisent pour leur lâcheté dès qu’il s’agit d’affronter le grand capital pour imposer les changements qui éviteraient le désastre à l’humanité. Car nous vivons une époque charnière, qui nous conduira à un futur où les évolutions seront définitives, qu’elles nous mènent à un monde toujours habitable ou à un empli de souffrance. Le comportement de nos dirigeants est d’autant plus indignant que les solutions à bien de nos problèmes sont en partie connues : pour l’agriculture, privilégier une culture dite « des sols vivants » -petites exploitations, utilisation des avantages des co-cultures… Une pratique agricole réalisée dans l’écoute de la nature, et non dans son exploitation ; dans un rapport à elle de symbiose, et non de prédation. Il serait souhaitable que nos dirigeants aient enfin le courage d’envisager le futur sur le long terme, par-delà la durée de leurs mandats ; d’imposer une véritable transition aux pouvoirs financiers ; d’écouter les solutions qui, depuis des décennies, la société civile a su trouver, ou ressusciter.

Gustav Moreau, Le Victorieux Sphinx (détail), 1886.
Las guerras del agua
Establecido ha quedado que el agua es un recurso que, a consecuencia del cambio climático, cada vez más nos faltará en el futuro. Un problema frente al cual el gobierno de Macron no hace más que desplegar incoherencia y autoritarismo.
Hace ya tiempo que meteorólogos, climatólogos y especialistas del medio ambiente alertan a gobiernos y opiniones públicas sobre las dificultades que en un futuro próximo la falta de agua va a sembrar en la existencia de los seres humanos, y de todos los seres vivos. Parece que ese futuro cada vez se acerque más. Abundan los indicios de ello, pero quizá se pueda empezar por evocar dos de los indicios institucionales que ha deparado la actualidad. La ONU acaba de dedicar una conferencia al problema del agua, en Nueva York, del 22 al 24 de marzo, la primera de esa índole. La iniciativa resulta de la grave crisis mundial que confrontamos, ya que, durante al menos un mes al año, cuatro mil millones de personas sufren una grave escasez de agua. Resulta también de las perturbaciones que el cambio climático introduce en el ciclo del agua: las inundaciones han aumentado en un 134% desde 2000, mientras que la duración de las sequías lo ha hecho en un 29%. La conferencia de la ONU va encaminada a asegurar que todos tengan igual acceso al agua de aquí a 2030, lo que requiere darle a la cuestión un enfoque totalmente distinto al que se ha tenido hasta ahora, según afirma la investigación científica. El segundo indicio institucional por supuesto lo constituye la publicación el 20 de marzo del último informe del Giec, que realiza una síntesis del trabajo realizado por el grupo desde 2015. Subraya el impacto del cambio climático sobre la naturaleza y los océanos y repite que todas las actividades, agrícolas e industriales, y todos los modos de consumo, deben ser revisados para optimizar el uso del agua.
Se desarrolla en Francia en este contexto desde finales de 2021 una importante confrontación entre el movimiento social surgido en torno al consumo de agua, en particular en la agricultura, y un gobierno que ha demostrado en sobradas ocasiones su desprecio por la ciudadanía. Son las megareservas las que catalizan de forma más evidente ese enfrentamiento. La palabra aparece por primera vez en la prensa en septiembre de 2021. Designa las reservas destinadas a aspirar durante el invierno las aguas subterráneas, para abastecer durante el verano a unos pocos agricultores en agua suficiente para irrigar los cultivos. La cuestión ha federado rápidamente un movimiento social heterogéneo, que reúne a sindicatos, políticos, organizaciones medioambientales, ocupas… Sus enfrentamientos con el gobierno se han vuelto más duros con el paso del tiempo, hasta que la cuestión de la gestión del agua ha terminado por llegar a la opinión pública. Dicha cuestión se integra en el marco global de las relaciones que el ser humano establece con la naturaleza.
Las razones para cuestionar que se recurra a megareservas son numerosas. La idea misma es la primera: las capas freáticas contienen recursos limitados, de modo que puede un@ preguntarse en qué aspirar su agua para compensar una disminución de aguas de superficie debida a nuestros comportamientos constituye una solución. Parece evidente que la supuesta solución se aparenta más a dejar para más tarde, y que sólo puede diferir un problema que de todos modos surgirá, cuando hayamos consumido toda el agua subterránea. La nebulosa informativa que rodea a las megareservas, acentuada por un gobierno que no comunica, acentúa el problema. Desde los años 1990, se han multiplicado las megareservas, hasta tal punto que el colectivo No a las reservas contabiliza un centenar -sólo cuenta las que contienen al menos 50.000 metros cúbicos. Sin embargo, esa proliferación no toma en cuenta la opinión pública, y ninguna base de datos permite, hoy por hoy, saber de qué tipo de reserva se trata, cuál es su volumen o el tipo de cultivo al que se la destina. Por otra parte, la infraestructura de las megareservas a menudo es puesta en tela de juicio, por varios motivos. En primer lugar, su concepción corresponde a estudios realizados en los años 1980 y 1990, que no tienen en cuenta el cambio climático. Responde por tanto a un problema del pasado, como lo confirma el que la tremenda sequía de este año ya haya sacado a la luz sus límites. Como la sequía del verano ha continuado durante el invierno, el 80% de las capas freáticas tienen un bajo nivel de agua, lo que supone que las megareservas no se puedan llenar como previsto. Además, la infraestructura de muchas de ellas resulta ser ilegal, ya que los estudios de impacto y de compatibilidad con el esquema de gestión de las aguas de la reserva necesarios a su construcción no se han realizado adecuadamente. El recelo de asociaciones como Naturaleza y medio ambiente, que han presentado recursos por todo el país contra la construcción de megareservas, obteniendo que se la anule, ha sacado a la luz ese problema. Hay que decir que, como su concepción se hace a partir de estudios que remontan a los años 1980 y 1990, no hay información suficiente, en un contexto distinto, para legitimarlas. Los estudios han establecido en efecto que el agua aspirada del subsuelo bien podría topar con problemas como el coste energético de aspirarla, su evaporación en verano o fenómenos como la eutrofización -el desarrollo de cianobacterias y de algas verdes provocado por el recalentamiento y la evaporación, que impide el uso del agua.
La incoherencia entre el modo de financiación de las megareservas y sus beneficiarios también plantea problemas. Que éstas se financien con fondos públicos en un 70% (Estado, colectividades territoriales, UE, agencias del agua…) resulta en sí problemático, ya que para nada resulta evidente que construirlas resuelva el problema planteado por sequías causadas por el cambio climático. El problema se agrava cuando se comprueba que cada reserva sólo es utilizada por una decena de agricultores, de los cuales la mayoría produce monocultivos de maíz. Mas allá de que el maíz consume mucha agua, su producción se destina se destina por lo general más a la ganadería intensiva que al consumo humano, lo que sorprende cuando se tiene en cuenta que la “autonomía alimenticia” es el argumento que a menudo justifica que se construyan megareservas. Las granjas situadas en torno a esas gigantescas explotaciones que irrigan las megareserva dependen sólo del agua de la lluvia y del suelo para abastecerse. Si bien el sindicato agrícola mayoritario, la FNSA, apoya esa gestión, la Confederación campesina la cuestiona abiertamente. Francia Naturaleza Medio ambiente señala de hecho que, si sólo el 8% de la superficie agrícola se encuentra irrigada en Francia, ello corresponde a un 45% del consumo en agua del sector agrícola. El acaparamiento de tierras y el del agua van de la mano en el actual modelo agrícola. En un momento en que la urgencia climática nos insta a encontrar soluciones, resulta aberrante obstinarse en promover un modelo que entierra la transición ecológica para prolongar los destrozos causados por la agricultura intensiva: gran uso de maquinaria, recurso a productos químicos, desaparición de los setos… Caminar sinceramente hacia la transición ecológica implicaría, según los agrónomos, soluciones alternativas: obtener que las explotaciones sean más pequeñas, al limitar por ejemplo las hectáreas concedidas; dedicarlas a cultivos que consuman menos agua, como el sorgo; cuestionar la salida que se le da a la producción, ya que la ganadería intensiva contamina mucho…
A la vista del marco en que se desarrolla, resulta desolador comprobar que el movimiento social contra las megareservas engendra desde 2022 respuestas represivas por parte del gobierno. La represión dada a la última movilización, la de Sainte-Soline, en Deux-Sèvres, ha impactado por su brutalidad y su autoritarismo. El sábado 25 de marzo, 200 organismos, entre los cuales el colectivo No a las reservas, la Confederación campesina o las Revueltas de la tierra, llamaban a movilizarse contra un proyecto de construcción de 16 reservas, de una capacidad total de 6 millones de metros cúbicos. La movilización, que ha sido una de las más importantes de las hasta ahora promovidas por el movimiento, reunió a 30.000 participantes según los organizadores -entre 6.000 y 8.000 según las autoridades. Como la concentración no había sido autorizada por la junta provincial, el cara a cara entre manifestantes y fuerzas del orden fue particularmente tenso. Nada excusa sin embargo las violencias policiales que se desplegaron, sobre las que desde entonces se ha sabido mucho. Ha sido publicado el informe del director general de la gendarmería, que consigna el uso de 5.015 granadas lacrimógenas, 89 granadas de dispersión GENL y 81 tiros de LBD desde motocicletas. Por más que se califique estas armas como “parcialmente letales”, pueden herir gravemente y matar. Como lo recuerda Amnesty International, el Código de seguridad interior considera material de guerra las granadas de dispersión y los LBD. El número de heridos ha sido en efecto considerable en Sainte-Soline : los organizadores hablaban, al salir del enfrentamiento, de al menos 200 heridos, de los cuales 10 hospitalizados y uno en coma. A día de hoy, dos personas se encuentran entre la vida y la muerte. Añadamos que desde entonces ha sido probado que las fuerzas del orden obstaculizaron la llegada de socorro, a pesar de que el pronóstico vital de varias personas fuera incierto. El anuncio del ministro de Interior de su decisión de disolver las Revueltas de la tierra oscurece todavía más el panorama, pues es a ellas a quien gran parte del mundo científico da la razón: si queremos sobrevivir, debemos evolucionar hacia un mundo más acorde con sus principios que con los de un gobierno preocupado sobre todo por los poderes de la finanza.
Conjugadas a la construcción de megareservas, y a la represión de su cuestionamiento, las restricciones de agua que el verano pasado impuso el gobierno, tenían ya mucho de doble blind, el tipo de incoherencia que satura el capitalismo. En una de las piruetas a las que nos tiene acostumbrados, Emmanuel Macron presentaba además el 30 de marzo, al borde del lago artificial de Serre-Ponçon (Hautes-Alpes), el “plan agua”, encaminado a reducir en un 10% el consumo de agua francés. Si el plan contiene medidas de sentido común, que los ecologistas aplican desde hace mucho, como revisar la red hidráulica para eliminar de forma urgente las filtraciones; transmitir a cada sector (energía, industria, turismo…) un “plan de ahorro” o reutilizar las aguas usadas, no se menciona en él la agricultura. Constituye sin embargo una cuestión de primer orden, sobre todo por el modelo de cultivo adoptado. Cambiarlo requiere tales modificaciones de fondo que éstas prácticamente equivalen a comenzar desde cero, para implantar un modelo que cuestione radicalmente las ganancias producidas hoy por la agricultura en muchos sectores: maquinaria, abonos y pesticidas, tipo de cría… Saltarse esa etapa aleja la expectativa de reducir significativamente en consumo de agua.
Afrontamos un problema que comienza a ser habitual: tenemos responsables políticos que sólo contemplan el futuro a corto plazo y que demuestran su cobardía en cuanto se trata de afrontar el gran capital para imponer los cambios que le evitarían a la humanidad el desastre. Pues vivimos una época crucial, que nos conducirá a un futuro en el que las evoluciones serán definitivas, ya sea que nos lleven a un mundo todavía habitable o a otro que rezume sufrimiento. El comportamiento de nuestros dirigentes resulta tanto más indignante cuanto que las soluciones a muchos de esos problemas en parte se conocen: para la agricultura, privilegiar cultivos de “suelos vivos” - pequeñas explotaciones, uso de las ventajas que proporciona el co-cultivo… Una agricultura que esté a la escucha de la naturaleza, y no que la explote; una agricultura en simbiosis con ella, y no que la deprede. Sería deseable que nuestros dirigentes por fin tengan el valor de enfocar el futuro a largo plazo, más allá de lo que duren de sus mandatos; que se atrevan a imponer una verdadera transición al mundo de las finanzas y que escuchen las soluciones que, desde hace varias décadas, la sociedad civil ha sabido encontrar, o resucitar.