Sara Calderon (avatar)

Sara Calderon

Enseignante-chercheuse

Abonné·e de Mediapart

173 Billets

0 Édition

Billet de blog 1 juin 2025

Sara Calderon (avatar)

Sara Calderon

Enseignante-chercheuse

Abonné·e de Mediapart

La victimisation secondaire

A la suite de plusieurs cas très médiatisés de violence sexuelle, la problématique de la victimisation secondaire a occupé ces semaines l’actualité. Un chantier crucial pour progresser en matière d’égalité du point de vue judiciaire.

Sara Calderon (avatar)

Sara Calderon

Enseignante-chercheuse

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Juin 2025

Le travail sur les violences relationnelles de couple et, plus largement, sexistes a démontré depuis plusieurs décennies que celles-ci sont structurelles. Elles tiennent en partie au jeu des identités sociales, tandis que leur invisibilisation et minimisation est assurée par l’intervention de stéréotypes et représentations qui sous-tendent la subordination des femmes et préservent l’ordre social. Malheureusement, cette maltraitance n’épuise pas les maltraitances structurelles que subissent les femmes. On peut penser à la maltraitance économique, avec la différence salariale qui existe entre les hommes et les femmes à travail et diplômes égaux ; à la maltraitance médicale, dont obstétrique ou manifestée dans l’étude inégale des affections suivant les sexes ou… à la maltraitance judiciaire.

Une des principales manifestations de la maltraitance judiciaire est un phénomène sur lequel la société commence enfin à lever le voile. Un phénomène que le commun des mortels commence à pouvoir nommer : la victimisation secondaire. Cette réalité, connue depuis longtemps des féministes, a été ramenée sur le devant de la scène par plusieurs faits d’actualité : le procès de Depardieu et celui des viols de Mazan ; la condamnation de la France par la CEDH sur trois affaires de viol sur mineur.

Avant de poursuivre… Que nomme-t-on « victimisation secondaire », au juste ? Mediapart publiait récemment un entretien avec l’avocate Carine Durrieu Diebolt, autrice de Violences sexuelles : quand la justice maltraite, aux ed. Syllepses. Ayant représenté plusieurs victimes de Depardieu, Durrie Diebolt éclaire dans son ouvrage sur la façon dont le système judiciaire maltraite dans un deuxième temps les victimes de violences sexistes. Elle parle d’une « maltraitance judiciaire », qui serait une sorte de double peine pour des victimes déjà fragilisées.

Durrieu Diebolt identifie plusieurs types de victimisation secondaire. Tout d’abord la victimisation institutionnelle. Celle-ci résiderait dans des traits ressortissant des politiques de l’Etat : les longs délais de procédure – qui peuvent aller jusqu’à dix ou douze ans- ; l’obligation de répéter jusqu’à douze ou quatorze fois un récit qui entraîne des réminiscences traumatiques ; les confrontations avec l’agresseur -les procès pouvant à leur tour être traumatiques pour la victime- ; la correctionnalisation, qui requalifie les viols en agressions sexuelles pour les juger non comme crimes mais comme délits -50% des affaires de violences sexuelles seraient ainsi correctionalisées en France.

Puis, une victimisation secondaire relève de l’humain. Elle tient dans les propos très culpabilisateurs, voire moralisateurs, des magistrat.es, avocat.es, expert.es, policier.es. En effet, les violences sexuelles sont la seule infraction où la victime est culpabilisée – on n’a jamais vu quelqu’un dénonçant un vol être suspecté d’emblée d’arnaque à l’assurance. Le procès de Depardieu ou celui de Dominique Pélicot ont été instructifs à ce propos. Soulignons que l’avocat de Depardieu a été si loin dans les attaques aux victimes que l’absence de réaction chez les magistrats et le bâtonnier a entraîné la publication d’une tribune dans Le Monde par 200 avocats, dénonçant une défense sexiste et misogyne allant « bien au-delà des droits de la défense ». Parmi d’autres exemples, Jérémie Assous a accusé régulièrement les plaignantes d’être menteuses et de vénales, de même qu’il a discrédité par système leurs avocates. Parfois, les propos culpabilisateurs des avocats de la défense se situent entre la culpabilisation et l’insulte. Ainsi, dans le procès Pélicot on peut citer des assertions comme « Vous n’auriez pas des penchants exhibitionnistes que vous n’assumeriez pas ? » ou « Madame était consentante et joyeuse ». Gisèle Pélicot s’était dit « humiliée » par la façon dont étaient menés les débats.

En réalité, les stratégies violentes de la défense peuvent aller si loin que cela mériterait une inculpation pour atteinte aux droits humains fondamentaux. Un exemple tristement célèbre en ce registre est la vidéo postée par Me Nadia El Bouroumi sur les réseaux sociaux lors du procès Pélicot, où on la voyait chantant la chanson « Wake Me Up Before You Go-Go » (Réveille-moi avant de partir !), du groupe Wham ! Malheureusement, des médias populistes comme CNEWS ont manqué d’empathie au point de présenter Me El Bouroumi comme « l’avocate qui bouscule les codes ».

Qu’implique très concrètement, sans œillères, la victimisation secondaire si on la définit à la lumière des « lunettes violettes » du féminisme ? Elle implique de rappeler une fois, deux fois… vingt fois un trauma à une personne hypertraumatisée qui est en train de fournir des efforts incroyables pour le laisser derrière elle. Parfois, ce rappel la pousse à commettre des gestes extrêmes, comme ce fut le cas pour Julie, qui s’est défenestrée restant handicapée à 80%. Puis, la victimisation secondaire passe par rabaisser une personne ayant subi une effraction corporelle, détruisant encore son égo déjà en miettes. Elle suppose aussi de mettre en pièces les constructions précaires que quelqu’un de brisé avait réussi à élaborer, tant bien que mal, pour revivre, poursuivre son chemin, aller de l’avant. En bref, la victimisation secondaire relève de la torture. On comprend encore moins le temps que l’appareil judiciaire et de santé mettent à évacuer les pratiques d’un autre temps associées au « victime blaming » : dénigrements et déstabilisations de la victime ; humiliations ; exploitation de sa vie privée pour ternir son image.  

Des pays pionniers ont entrepris d’ores et déjà la lutte contre la victimisation secondaire. En Espagne, la loi cadre contre les violences de genre prévoit ainsi de former tout le personnel judiciaire aux stéréotypes de genre ; des tribunaux spécifiques conçus pour que la victime et l’inculpé ne se croisent pas dans les couloirs ni en rentrant dans la salle d’audience, qui est assez grande ; des lieux d’accueil aux victimes pluridisciplinaires offrant l’assistance de juristes, psychologues, médecins légistes et travailleurs sociaux et permettant de faire toutes les démarches au même endroit :  papiers, recueil de prélèvement et preuves…. Ces lieux d’accueil existent aussi en Belgique ou en Grande-Bretagne. Carine Durrieu Diebolt citait le Canada comme pays à prendre en exemple : le questionnement des victimes par la défense est tenu de rester en rapport évident avec l’affaire, les délais de traitement sont écourtés et le taux de poursuite y est de 36% contre 10% à 15% en France.

Notre pays doit encore trouver un équilibre entre les droits de la défense et le principe de protection de la victime. Outre les pays-exemple, les juristes coutumières de ce genre d’affaire, qui constitue 90% des affaires des cours criminelles, abondent en idées pour avancer en ce domaine : il suffit de les écouter. Certaines proposent d’avoir plus fréquemment recours à la technique et utiliser les enregistrements vidéo pour limiter la répétition du récit. En effet, si aujourd’hui on enregistre systématiquement les déclarations des mineurs, par exemple, on ne s’en sert pas. Elles proposent aussi de recourir à la visioconférence pour éviter, en l’absence de bâtiments spécifiques, que des victimes traumatisées croisent les prévenus lors de l’audience. Finalement, si les professionnels sont formés aujourd’hui sur le psycho-traumatisme, ils ne le sont pas sur les stéréotypes de genre. Or, cela impliquerait un meilleur traitement de la preuve la plupart du temps, comme l’ont démontré notamment les cas récurrents de vidéos présentées par l’accusation pour prouver le viol et qui prouvent finalement, selon le magistrat, l’absence de viol parce que la victime ne lui semble pas assez se débattre (affaire Depardieu, affaire de « la meute » en Espagne…).

Des avancées se sont produites en France dans le domaine de la victimisation secondaire ces dernières années. Parfois, elles ont permis d’obtenir des dommages et intérêts au nom d’une défense traumatique. La Cour de cassation a ainsi établi une jurisprudence, statuant en 2010 et 2022 sur la victimisation secondaire : la défense est libre de sa stratégie (déni, silence, mensonge, salir la victime), mais elle doit en assumer les conséquences si l’agresseur est condamné – donc verser des dommages et intérêts supplémentaires pour réparer le traumatisme occasionné.

Les avancées de la jurisprudence établie par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) sont peut-être plus effectives. En effet, la CEDH a condamné récemment la France pour victimisation secondaire dans trois dossiers de viol sur mineure. A la place d’une obligation de réparation, l’énonciation de limites : pas d’obligation procédurale à ce que la victime soit présente et interrogée par la défense (les déclarations du dossier peuvent suffire, en cas de traumatisme), le contre interrogatoire ne doit être ni humiliant ni déstabilisant, les procédures pénales ne doivent pas reproduire les stéréotypes de genre, les délais doivent être écourtés autant que possible.

Si tous ces progrès sont à célébrer, le chantier de la victimisation secondaire se trouve encore largement en cours. Un véritable travail de juristes reste à fournir pour que cette réalité soit pleinement prise en compte par la loi, qui pour l’instant agresse bel et bien à son tour les victimes. D’autre part, l’ensemble de professionnels doit tout simplement avoir toujours à l’esprit les principes déontologiques déjà existants et formulés. Ainsi, le recueil des obligations déontologiques des magistrats précise bien qu’ils sont tenus de « veiller, avec impartialité, au respect des personnes et à la dignité du débat judiciaire » et d’exercer « avec le souci de la dignité des personnes ». D’autre part, le règlement intérieur national de la profession (RIN) exige aux avocats d’exercer leurs fonctions « avec dignité » et « humanité », dans le respect des principes « d’égalité, de non-discrimination, de confraternité, de délicatesse, de modération et de courtoisie ». Un bon début pour cheminer vers de nouveaux horizons serait sans doute que les instances de contrôle s’attachent davantage à faire respecter ces principes déontologiques, déjà supposés à la justice théoriquement.

Cependant, outre le travail que l’institution judiciaire doit réaliser pour vaincre la victimisation secondaire, une mesure fondamentale reste encore civilisationnelle : octroyer enfin aux femmes la qualité d’êtres humains.

[30 ANS DE PRISON, POUR STERILISATION FORCEE ET SEVICES]

Illustration 1

Gustav Moreau, Le Victorieux Sphinx (détail), 1886.

La revictimización

Como consecuencia de varios juicios por violencia sexual muy mediatizados, la problemática de la revictimización ha generado debates estas últimas semanas. Un punto esencial para progresar en igualdad en el ámbito de la justicia.

Junio de 2025

Hace décadas que el estudio de las violencias de género dentro de la pareja, y más ampliamente, sexistas ha demostrado que son estructurales. Resultan en parte de la interacción entre identidades sociales, mientras que su invisibilización y minimización la garantizan los estereotipos y representaciones que subyacen tras la subordinación de las mujeres, preservando el orden social. Por desgracia, ese maltrato no condensa todos los maltratos estructurales que sufren las mujeres. Puede una pensar en el maltrato económico, con la diferencia salarial que hay entre hombres y mujeres a igual trabajo y diplomas; en el maltrato médico, ya sea obstétrico o manifestado en la poca atención que se presta a afecciones específicamente femeninas o… en el maltrato jurídico.

Una de las principales manifestaciones del maltrato jurídico es un fenómeno que por fin la sociedad empieza a pensar. Un fenómeno que el común de los mortales es al fin capaz de nombrar: la revictimización o victimización secundaria. Dicha realidad, que las feministas conocen desde hace mucho, ha sido puesta al orden del día a raíz de varios hechos recientes: el juicio de Gérard Depardieu y el de las violaciones de Mazan; la condena de Francia por el TEDH por tres casos de violación en menores de edad.

Antes de seguir… ¿Qué recubre exactamente la “revictimización”? Mediapart publicaba recientemente la entrevista con la abogada Carine Durrieu Diebolt, autora de Violencias sexuales: cuando la justicia maltrata, ed. Syllepses. Tras haber representado a varias víctimas de Depardieu, Durrieu Diebolt detalla en su ensayo la forma en que, acto seguido, el sistema jurídico maltrata a las víctimas de violencia machista. Habla de “maltrato jurídico”, que sería una suerte de doble pena para víctimas ya fragilizadas.

Durrieu Diebolt identifica varios tipos de victimización secundaria. En primer lugar, la victimización institucional, que reside en rasgos determinados por las políticas de Estado: los largos plazos de los juicios -que pueden alcanzar diez a doce años-; la obligación de repetir hasta doce o catorce veces un relato que provoca reminiscencias traumáticas; las confrontaciones con el agresor -también los juicios pueden traumatizar a la víctima-; el traspaso del caso al Tribunal correccional, cuando la violación queda recalificada como agresión sexual para juzgarla como delito, en vez de como crimen -el 50% de los casos de violencias sexual están en ese caso en Francia.

Otro tipo de revictimización deriva del factor humano. va asociada a las aserciones culpabilizadoras, o hasta moralizantes, de jueces, abogad@s, expert@s y policías. Las violencias sexuales son la única infracción en la que se culpa a la víctima – nunca se ha visto a alguien que denuncie un robo volverse de entrada sospechoso de estar timando a la aseguradora. El juicio de Depardieu o el de Dominique Pélicot han sido instructivos a ese respecto. Mencionemos que el abogado de Depardieu ha atacado tanto a la víctima que la falta de reacción de los jueces y del decano ha conducido a que 200 abogados firmen un artículo de opinión en Le Monde, denunciando una defensa sexista y misógina que va “bastante más allá de los derechos de la defensa”. Entre otros ejemplos, Jérémie Assous ha tachado varias veces a las denunciantes de mentirosas y venales y desacreditado por sistema a sus abogadas. A veces las aserciones culpabilizadoras de los abogados de la defensa se sitúan a medio camino entre el reproche y el insulto. Se pueden citar en el juicio Pélicot afirmaciones como “¿No tendría usted tendencias exhibicionistas que no asume?” o “La señora consentía feliz”. Gisèle Pélicot se dijo “humillada” por la manera en que se conducían los debates.

En realidad, las estrategias violentas de la defensa pueden llegar tan lejos que merecerían una condena por vulneración de los derechos humanos fundamentales. Un ejemplo tristemente célebre en ese registro es la video subida por la letrada Nadia El Bouroumi a las redes sociales durante el juicio Pélicot, en la que se la veía cantando la canción “Wake Me Up Before You Go-Go” (¡Despiértame antes de irte!), del grupo Wham! Por desgracia, medios populistas como CNEWS han carecido tanto de empatía que han presentado a la letrada El Bouroumi como “la abogada que rompe esquemas”.

Concretamente, ¿qué implica, sin anteojeras, la revictimización si se la define a través de las “gafas violetas” del feminismo? Implica recordar una vez, dos veces… veinte veces un trauma a una persona hipertraumtizada que está haciendo esfuerzos monumentales para sobreponerse a él. A veces ese recuerdo la empuja a cometer gestos extremos, como sucedió con Julie, que se defenestró quedando incapacitada al 80%. La victimización secundaria también supone rebajar más a una persona que ha sufrido una efracción corporal, destruyendo aún más su ego ya pulverizado. Implica por otra parte descuartizar las precarias construcciones que una persona destrozada había logrado elaborar difícilmente para revivir, seguir su camino, sobreponerse. En resumen, la victimización secundaria tiene que ver con la tortura. Todavía se comprende menos el tiempo que el aparato jurídico y de salud tardan en evacuar prácticas de otra época asociadas al “victime blaming”: las mofas y desestabilizaciones de la víctima; las humillaciones; el uso de su vida privada para ensuciar su imagen.  

Países pioneros ya han emprendido la lucha contra la victimización secundaria. En España la ley marco contra las violencias de género prevé formar a todo el personal judicial contra los estereotipos de género; tribunales específicos pensados para que la víctima y el inculpado no se crucen ni en los pasillos ni al entrar en la sala de audiencia, bastante grande; lugares de acogida a las víctimas pluridisciplinarios, que ofrecen asistencia jurídica, psicológica, acceso a médicos forenses y trabajadores sociales y que permiten realizar en un mismo lugar todos los exámenes y trámites: papeleo, recogida de muestras, pruebas… Dichos lugares también existen en Bélgica o Gran Bretaña. Además, Carine Durrieu Diebolt citaba Canadá como país para tomar ejemplo: el interrogatorio a la víctima por la defensa debe guardar una relación evidente con el caso, los plazos son más cortos y la tasa de enjuiciamiento es del 36% mientras que en Francia es del 10% al 15%.

Nuestro país todavía debe encontrar un equilibrio entre los derechos de la defensa y el principio de protección de la víctima. Más allá de los países-ejemplo, las juristas familiarizadas con este tipo de caso, que constituye el 90% de los casos en los juzgados de lo penal, rezuman de ideas para avanzar en ese ámbito: basta con escucharlas. Algunas proponen recurrir más a menudo a la técnica y usar las grabaciones para limitar la repetición de lo narrado. Aunque hoy se filme sistemáticamente a los menores, por ejemplo, no se usa lo grabado. Proponen también recurrir a la videoconferencia para evitar, a falta de edificios específicos, que las víctimas traumatizadas se crucen en el juicio con los acusados. Finalmente, si hoy se forma a los profesionales sobre los psico traumas, no se los forma en cuanto a los estereotipos de género. Y sin embargo hacerlo implica casi siempre sacar más partido a las pruebas, como lo han demostrado sobre todo los casos recurrentes de vídeos presentados por la acusación para probar que hubo violación y que terminan probando que no la hubo, según el juez, porque la víctima no se debatía bastante (caso Depardieu, caso de “la manada” en España…).

Se han producido avances en los últimos años en Francia en cuanto a la victimización secundaria. A veces han permitido obtener daños y perjuicios motivados por una defensa traumática. El Tribunal Supremo ha establecido jurisprudencia, pronunciándose en 2010 y 2022 sobre la revictimización: la defensa es libre para escoger una estrategia (denegación, silencio, mentira, ensuciar a la víctima), pero debe asumir las consecuencias si el agresor sale condenado – esto es, pagar daños y perjuicios suplementarios por el trauma causado.

Los avances en jurisprudencia establecida por el Tribunal europeo de derechos humanos (TEDH) son quizá más concluyentes. En efecto, el TEDH ha condenado recientemente a Francia por revictimización en tres casos de violación a menor de edad. En vez de instituir una compensación, el TEDH ha establecido límites: no hay obligación procesal para que la víctima esté presente y sea interrogada por la defensa (las declaraciones del expediente pueden bastar, en caso de trauma), el contrainterrogatorio no debe ser ni humillante ni desestabilizante, los procedimientos penales no deben reproducir los estereotipos de género, los plazos deben ser acortados tanto como se pueda.

Si tantos progresos son dignos de ser celebrados, queda aún mucho trabajo por delante. Todavía hay que legislar para que la ley contemple de veras la problemática, ya que por ahora sigue agrediendo a las víctimas. Por otra parte, todos los profesionales implicados deben tener en mente los principios deontológicos que ya existen y han sido formulados. De ese modo, la recopilación de las obligaciones deontológicas de los magistrados precisa que deben “cuidar, con imparcialidad, que se respete a las personas y la dignidad del debate jurídico” y ejercer “preocupándose por la dignidad de las personas”. Por otra parte, el reglamente interno nacional de la profesión (RIN) exige a los abogados que ejerzan sus funciones “con dignidad” y “humanidad”, respetando los principios “de igualdad, inclusividad, confraternidad, delicadeza, moderación y cortesía”. Una buena manera de iniciar el camino hacia nuevos horizontes sería sin duda que los organismos de control pongan más empeño en asegurar que se respeten esos principios deontológicos, en teoría ya atribuidos a la justicia.

Pese al trabajo que le queda por realizar a la institución jurídica para terminar con la revictimización, no se debe olvidar que una medida fundamental para vencerla sigue siendo civilizacional: reconocer al fin a las mujeres la calidad de ser humano.

[30 ANIOS DE CARCEL, POR ESTERILIZACION FORZADA Y TORTURA]

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.