Sans doute parce que La France Insoumise a fait des visées féministes une de ses lignes politiques, l’affaire Quatennens a fait couler beaucoup d’encre. En litige avec sa compagne pour des faits survenus en 2009, ce n’est finalement que le 13 décembre qu’Adrien Quatennens a été condamné pour violences conjugales par le tribunal de Lille à quatre mois de prison avec sursis. Il est radié du groupe LFI de l’assemblée pour cette même durée. Bien que Céline Quatennens ait dénoncé à l’origine des « violences physiques et morales (...) depuis plusieurs années », l’ayant menée à tenter de divorcer trois fois, puis à y renoncer sous la pression, le parquet de Lille a exclu tout « contexte d’agressivité mutuelle ». Ainsi, ce n’est qu’à ces quatre mois de prison avec sursis, 2000 euros de dommages et intérêts et 1500 des frais d’avocats qu’il condamne Adrien Quatennens. Même si, à la demande de personnalités de la NUPES, le groupe LFI a fini par le mettre en retrait pour une durée équivalente à sa peine, conditionnant son retour au suivi d’un stage de rééducation contre les violences faites aux femmes, aucune peine d’inégibilité n’a été évoquée. Quatennens entend donc bien revenir.
L’affaire a suscité un vif débat sur ce qui relève de la vie privée et ce qui relève de la parole de la victime dans la divulgation à l’opinion publique de ce type d’affaires. Ce d’autant plus que le cercle de Mélenchon, dont Quatennens était un proche collaborateur, a argumenté le respect de la vie privée pour invisibiliser ces violences conjugales, les reléguant à la sphère de l’intime. Puis, la gestion de l’affaire a fait ressortir des dissensions qui parcouraient LFI. L’annonce du choix de Manuel Bompard pour remplacer à la coordination Quatennens, qui avait aussi été suspendu pendant la durée du procès, a en effet eu lieu la veille de l’assemblée représentative du 10 décembre. Plusieurs personnalités montantes dans LFI, qui incarnent des sensibilités différentes à celle de Mélenchon -Clémentine Autain, Raquel Garrido, Alexis Corbière, François Ruffin...- ont jugé cette décision de caractère unilatéral et excluante. Si la verticalité avait propulsé LFI au premier plan politique, ce fonctionnement n’est de toute évidence plus adapté à la conjoncture, comme cela a été exprimé depuis divers horizons. Une partie de la base de LFI, dont des militantes de « Relève féministe », fait ainsi le lien entre les deux crises que traverse le parti : la gestion de l’affaire, non consultée et débouchant sur une position trop nuancée au regard des engagements féministes de LFI, serait ainsi le symptôme du manque de démocratie interne. Une partie de la base de LFI s’est ainsi mise, pour la première fois, en position de défiance durable par rapport aux cadres du parti. Puis, une dizaine de groupes d’action de Jeunes Insoumis se sont déclarés en « grève militante » pour exiger que Quatennens ne représente plus le mouvement. Certains souhaitent l’exclure définitivement et le plus tôt possible, mais ce sont ceux-là qui pour l’instant sont mis sur la touche. La conjoncture fait craindre une potentielle hémorragie militante, comme celle survenue en 2017.
Outre qu’il concrétise une division durable qui se trouvait en filigrane dans LFI, l’épisode Quatennens fait émerger une division qui peut s’avérer fondamentale pour que le mouvement réussisse, ou non, à représenter le mouvement féministe. L’horizontalité et le dialogue qui s’opposent aux structures patriarcales y sont en effet de rigueur. Mathilde Panot préside un groupe de 75 députés LFI ayant réussi à instaurer un fonctionnement où le vote n’est ni tabou, ni vécu comme signe de déloyauté. Peut-être constituera-t-il l’avenir de LFI, s’il parvient à faire des émules dans le fonctionnement de la coordination nationale.
L’affaire Quatennens ne fait pas que mettre à jour des dissensions ayant cours dans LFI, elle se fait aussi écho d’affaires tout aussi graves et visiblement négligées pour arranger le pouvoir. Il s’agit, bien entendu, des affaires qui mettent en cause plusieurs ministres pour violence sexuelle et abus de pouvoir. Gérald Darmanin avait ainsi été mis en cause dans deux affaires de violences sexuelles, où il aurait profité de la détresse de deux femmes, venues lui demander de l’aide, respectivement pour faire avancer une affaire de justice puis pour obtenir un appartement. Accusé de viol depuis 2017, Darmanin a obtenu, malgré les documents présentés par les deux femmes, dont de nombreux sms, deux classements sans suite et deux non-lieux, le dernier datant du 8 juillet. Pire que cela, il n’a jamais été mis en question dans les charges politiques qu’il occupait, y compris si le premier gouvernement Macron avait fait de l’égalité hommes-femmes la « grande cause » du quinquennat. Loin d’être inquiété, Darmanin a même été promu, puisqu’il est devenu ministre de l’Intérieur et qu’il a vu par la suite s’étendre ses compétences.
Dès le début de l’affaire, Darmanin avait réussi à restreindre le périmètre de la controverse aux seuls développements judiciaires. Il avait été suivi en cela par le président de la République. Or, au-delà de la reconnaissance de culpabilité, c’est bien une forme d’exemplarité que les citoyens attendent des élus supposés prendre en charge le devenir de la collectivité. Darmanin n’a pas contesté la matérialité des faits, et à eux seuls les sms illustrent l’exploitation d’une position de pouvoir dans le champ des relations intimes. Il est donc inexplicable et inadmissible que le gouvernement se soit obstiné à répéter que ses ministres ne seraient pas inquiétés tant qu’ils seraient « présumés innocents ». Le gouvernement a par ailleurs renouvelé cette position dans les affaires de prise illégale d’intérêts qui a touché le ministre de la Justice, Dupond-Moretti, et de corruption qui a touché le ministre du Travail, Dussopt. Lier le sort de ses ministres à celui des procédures judiciaires, dont il connaît la lenteur, permet à Emmanuel Macron de se laver les mains, dans un exercice de lâcheté et d’irresponsabilité qui ne convient certainement à un président de la République, responsable et garant ultime de la rectitude éthique et morale des chargé.e.s des fonctions ministérielles.
Des gouvernements précédents avaient pris plus de risques en ce domaine : le premier ministre François Fillon avait exigé de son secrétaire d’Etat à la fonction publique, Georges Tron, la démission en mai 2011, quatre jours après les témoignages de deux femmes sur des possibles agressions sexuelles et viols. Sous les déclarations tonitruantes de « grande cause du quinquennat » c’est en fait une véritable déclaration de guerre aux droits des femmes que le gouvernement de Jean Castex incarne dans la pratique, alors même qu’une femme continue d’être tuée tous les trois jours en France, du simple fait d’être une femme. L’avocat Dupond-Moretti, ministre de la Justice, est médiatique et clivant. Il a été porte-parole des adversaires du mouvement mondial #MeToo et de la libération de la parole des femmes. Il fut l’avocat de Georges Tron et s’en était pris durant sa défense à l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT), qui s’était constituée partie civile à côté des plaignantes. Son exercice de la défense est d’ailleurs bien particulier, car il n’hésite pas à malmener durant ses plaidoiries témoins, enquêteurs, magistrats et confrères, adoptant un registre parfois même brutal. Contraire à la féminisation du langage, il adopte souvent dans les médias une position faussement naïve lorsqu’on le confronte à l’actuelle généralisation de la prise de conscience de l’ampleur des violences sexistes.
Il a déjà été question de Gérald Darmanin et de sa promotion consternante au Ministère de l’Intérieur, alors qu’il était visé par une procédure pour viol, harcèlement sexuel et abus de confiance. A ceux/celles qui ont signalé que cette promotion le faisait chapeauter les services d’enquête chargés d’investiguer la plainte qui le visait comme citoyen, il a été répondu que Darmanin avait réalisé une « lettre de déport sur l’instruction le concernant », les informations qui en émaneraient tombant uniquement sous la coupe du Ministre de la Justice. Si cela peut en soi sembler insuffisant, rajoutons que certaines prises de positions du ministre le rendaient encore plus inapte à occuper une telle position pendant le déroulement d’une affaire précisément de cette nature. En effet, si la PMA pour toutes les femmes a été obtenue entre juin et septembre 2021, Darmanin fait partie des personnes qui avaient défilé avec la Manif pour tous. Pour ce qui est des droits des femmes, sa personnalité se révèle donc à peine moins clivante que celle de Moretti.
Deux autres ministres du gouvernement Macron, respectivement la ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances, Elisabeth Moreno et celle chargée à la transition écologique, Barbara Pompili, posent problème. Moreno n’avait de lien particulier ni au féminisme ni à la problématique des violences structurelles exercées sur les femmes. C’est une femme d’affaires, dont la vision de la lutte pour les droits des femmes est libérale et empreinte de la culture machiste de la grivoiserie. Elle défend, dans le monde de l’entreprise, « les blagues devant la machine à café ». Pompili a, quant à elle, témoigné en faveur de Denis Baupin, lors du procès en diffamation, que l’ancien vice-président de l’Assemblée Nationale avait intenté contre Mediapart, France Inter et les femmes qui l’avaient accusé de harcèlement sexuel. Il avait été condamné pour procédure abusive.
L’équipe mise en place par ce gouvernement peut ainsi apparaître comme fin de non-recevoir pour la demande d’égalité entre les hommes et les femmes qui parcourt la société. Alors que le bilan était déjà maigre pour la « grande cause » de son premier quinquennat, le deuxième gouvernement Macron est un désaveu en ce domaine. L’affaire Quatennens, bien que de nature différente, est venue rappeler tout cela. Elle est venue rappeler surtout à quel point l’exercice de violence structurelle sur les femmes est minimisé lorsqu’il vient d’une personnalité politique, se trouvant alors réduit presque de façon systématique au statut de manœuvre déshonorante d’une opposition douteuse.
Il n’est pas possible de continuer de la sorte. Le temps où une charge publique donnait du pouvoir pour exploiter des individus fragilisés est, d’une part, révolu. Ce sont des élus exemplaires sur le plan éthique qu’il nous faut désormais. D’autre part, ces élu.e.s ne peuvent plus se contenter d’adopter, comme par effet de mode, des bribes des courants de pensée qui investissent le social -féminisme, écologie, respect du vivant, commun…-, comme un populiste qui tâcherai désespérément, gagné par une certaine panique, de remplir le fameux signifiant vide, cette fastidieuse surface d’inscription des antagonismes sociaux. Il nous faut désormais des élu.e.s qui agissent en cohérence avec des idéologies informant leurs analyses du monde et de l’actualité. Sur le plan des violences faites aux femmes, cela implique de prendre au sérieux la parole des victimes ; d’expulser les agresseurs, l’éventuelle réintégration tenant bien plus qu’à un stage, tenant aux preuves tangibles du succès de leur rééducation ; de suspendre, au sein des nouvelles forces politiques, les rapports de force et les logiques de chapelle qui informaient la vieille gauche marxiste, au profit d’une horizontalité et d’une pratique du dialogue bien réelles. Même si des forces comme la LFI ou la NUPES, désireuses de voir se profiler un monde nouveau, tâchent de s’y employer, le résultat dépasse rarement, pour l’instant, la démonstration tâtonnante de bonne volonté. Il faut se résoudre à renouveler les organes directifs, en laissant toute leur place à des figures moins évidentes, mais établies dans les forces politiques et sociales en développement. Se résoudre également à instaurer des modes de fonctionnement où les valeurs portées par ces forces prendraient tout leur sens ; se résoudre par exemple à expulser Quatennens de façon définitive, si au final les conditions de son retour éthique ne se trouvent pas réunies.

Gustav Moreau, Le Victorieux Sphinx (détail), 1886.
Necesitamos que den el ejemplo…
Un nuevo escándalo relacionado con las violencias sexistas y sexuales ha estallado en el mundo político, esta vez en las filas de LFI. Por desgracia, no resulta una excepción dentro de un gobierno de la vergüenza.
Sin duda porque Francia Insumisa ha convertido los preceptos feministas en una de sus líneas políticas, el caso Quatennens ha hecho correr mucha tinta. En litigio con su compañera por hechos que remontan a 2009, es finalmente el 13 de diciembre cuando Adrien Quatennens ha sido condenado por violencia de género por el tribunal de Lille a cuatro meses de libertad condicional. Se le ha expulsado del grupo LFI de la Asamblea Nacional por ese mismo tiempo. Aunque Céline Quatennes haya denunciado en origen “violencias físicas y morales (…) sufridas desde hace varios años”, que la habían llevado a querer divorciar en tres ocasiones, algo a lo que sólo renunció por la presión sufrida, el tribunal de Lille ha excluido todo “contexto de mutua agresividad”. Ha condenado sólo por tanto a Quatennens a esos cuatro meses de libertad condicional, a 2000 euros de daños y prejuicios y 1500 por gastos de defensa. Aunque, a petición de algunos integrantes de la NUPES, el grupo LFI haya terminado por expulsarlo por un tiempo equivalente a su pena y por condicionar su regreso a que siga un curso de reeducación, el tribunal no ha pronunciado ninguna pena de inelegibilidad. Desde luego que Quatennens proyecta, por tanto, volver.
El caso ha suscitado un amplio debate sobre los límites entre la vida privada y el testimonio de la víctima, en el conocimiento que de este tipo de casos puede tomar la opinión pública. Tanto más cuanto que el círculo de Melenchon, del que Quatennens era un cercano colaborador, ha argumentado el respeto a la privacidad para invisibilizar las violencias conyugales, relegándolas a la esfera de la intimidad. La gestión del asunto ha sacado a la luz las disensiones que recorrían LFI desde hace ya varios meses. El anuncio de la elección de Manuel Bompard como coordinador para remplazar a Quatennens, que había sido suspendido también durante la instrucción, se hizo en efecto el 10 de diciembre, víspera de la asamblea representativa. Varios de los integrantes más prometedores de LFI, que encarnan sensibilidades diferentes a las de Melenchon -Clementine Autain, Raquel Garrido, Alexis Corbière, François Ruffin…- han estimado la decisión unilateral y excluyente. Si la verticalidad había propulsado a LFI al primer plano político, ha quedado claro con este episodio que ese tipo de funcionamiento ya no se adapta al contexto. Parte de la base de LFI, dentro de la que se encuentran las militantes de “Relevo feminista”, establece un vinculo entre las dos crisis que atraviesa el partido: la gestión del asunto, que no ha sido consultada y lleva a una posición en exceso matizada habida cuenta del compromiso feminista de LFI, constituiría un síntoma de la falta de democracia interna. Por primera vez, parte de la base le retira de forma duradera la confianza a los mandos del partido. Una decena de grupos de acción de Jóvenes Insumisos se ha declarado por otra parte en “huelga de militantismo” para exigir que Quatennens deje de representar al movimiento. Algun@s desean excluirlo de forma definitiva y tan pronto como se pueda, pero es@s son l@s que el movimiento deja de lado de momento. La coyuntura deja temer una posible hemorragia militante, como la que tuvo lugar en 2017.
Además de concretizar una división duradera que se encontraba en filigrana en LFI, el episodio Quatennens también pone de realce una división que puede resultar fundamental para que el movimiento logre, o no, representar al movimiento feminista. La horizontalidad y el dialogo que se oponen a las estructuras patriarcales son en efecto un punto sobre el que coincide casi todo el feminismo. Mathilde Panot preside un grupo de 75 diputad@s de LFI que ha logrado instaurar un funcionamiento en el que el voto no es ni tabú ni percibido como deslealtad. Quizá constituya el futuro de LFI, si consigue extenderlo al funcionamiento de la coordinación nacional.
El caso Quatennens no sólo impacta fuertemente los asuntos internos de LFI, sino que se hace eco de asuntos anteriores, igualmente graves y visiblemente descuidados por convenirle al poder. Se trata, por supuesto, de los casos de violencias sexuales y abuso de poder en los que varios ministros se vieron implicados. Gérald Darmanin fue acusado de violencias sexuales en dos ocasiones, en las que habría aprovechado la situación de vulnerabilidad de dos mujeres, que habían venido a pedirle ayuda, respectivamente para hacer avanzar una denuncia y para obtener un piso, para violentarlas sexualmente. Acusado de violación desde 2017, Darmanin ha obtenido, pese a los documentos presentados por las mujeres, entre los cuales se encontraban numerosos sms, que se archiven dos denuncias y se pronuncien dos no ha lugar, el último el 8 de julio. Peor aún, jamás se ha cuestionado su ejercicio de cargos políticas, inclusive si el primer gobierno de Macron había convertido la igualdad entre hombres y mujeres en la “gran causa” del ejercicio. Darmanin logró incluso una promoción, puesto que fue nombrado ministro del Interior y obtuvo que se ampliasen sus competencias.
Desde el principio del caso, Darmanin consiguió restringir la polémica al ámbito de lo jurídico. El presidente de la República siguió su enfoque. Y sin embargo, no basta con que se reconozca su culpa: es cierta forma de ejemplaridad lo que los ciudadanos esperan de cargos que se supone deben dirigir el devenir de la colectividad. Darmanin no había refutado la materialidad de los hechos, y los mensajes ilustran de por sí cómo se ha explotado una posición de poder en el campo de las relaciones íntimas. Es por tanto inexplicable e inadmisible que el gobierno se haya obstinado en repetir que, mientras se presumiese su inocencia, no se inquietaría a los ministros. El gobierno reiteró por otra parte ese posicionamiento en el caso de conflicto de intereses que afectó al ministro de la Justicia, Dupond-Moretti, y en el de corrupción, que afectó al ministro del Trabajo, Dussopt. Ligar la suerte de sus ministros a la de la instrucción, cuya lentitud conoce, permite a Emmanuel Macron lavarse las manos, en un ejercicio de cobardía y de irresponsabilidad que desde luego no conviene a un presidente de la República, responsable y garante en última instancia de la rectitud ética y moral de los cargos ministeriales.
Gobiernos anteriores se habían arriesgado más: el primer ministro François Fillon había exigido en mayo de 2011 la dimisión del secretario de Estado a la función pública, Georges Tron, cuatro días después de que dos jóvenes lo acusaran de violación y de agresiones sexuales. Bajo las grandilocuentes declaraciones de “gran causa de la legislatura” el gobierno de Jean Castex encarna en la práctica una auténtica declaración de guerra a los derechos de las mujeres, aún cuando una mujer sigue siendo asesinada cada tres días en Francia, por el simple hecho de ser mujer. El abogado Dupond-Moretti, ministro de la Justica, es mediático y polémico. Se hizo portavoz de los adversarios del movimiento mundial #MeToo y de la liberación de la palabra de las mujeres. Fue el abogado de Georges Tron y en su defensa atacó a la Asociación europea contra la violencia hacia las mujeres en el trabajo (AVFT), que se había constituido en parte civil junto a las denunciantes. La forma en que ejerce la defensa es de hecho característica, ya que no duda en maltratar en sus alegatos a testigos, investigadores, magistrados y colegas, adoptando un registro que puede alcanza lo brutal. Contrario a la feminización del lenguaje, adopta a menudo en los medios una posición falsamente ingenua cuando se lo confronta a la actual generalización de la toma de conciencia de la magnitud que alcanza el problema de las violencias sexistas.
Ya se aludió a Gérald Darmanin y a su deplorable promoción al Ministerio de Interior en el momento mismo en que se le investigaba por violación, acoso sexual y abuso de confianza. A aquell@s que señalaron que dicha promoción lo convertía en director de los servicios encargados de investigar la denuncia de que era objeto en tanto que ciudadano, se les respondió que Darmanin había entregado una “carta en la que delegaba la instrucción de que era objeto”, de forma que las informaciones que la investigación produjese fueran directamente al Ministerio de la Justicia. Si en sí eso puede parecer insuficiente, añadamos que algunas tomas de posición del ministro lo volvían aún más inapto para ocupar semejante posición durante el desarrollo de una instrucción precisamente de esa naturaleza. Aunque la reproducción medicamente asistida para todas las mujeres se obtuvo por fin entre junio y septiembre de 2021, Darmanin formaba parte de l@s que manifestaron para que no se lograra. En el ámbito de los derechos de las mujeres, el personaje resulta por tanto apenas menos polémico que Moretti.
Otras dos ministras del gobierno de Macron, respectivamente la ministra de Igualdad, diversidad e igualdad de oportunidades, Elisabeth Moreno, y la encargada de la transición ecológica, Barbara Pompili, son problemáticas. Moreno no tenía vínculo ni con el feminismo ni con la problemática de las violencias estructurales ejercidas sobre las mujeres. Es una mujer de negocios, cuya visión de la lucha por los derechos de las mujeres es liberal y se encuentra informada por la cultura machista del acoso callejero. Dentro del mundo de la empresa, defiende en efecto “las bromas junto a la máquina de café”. Pompili, por su parte, atestiguó en favor de Denis Baupin durante el juicio por difamación que el antiguo vicepresidente de la Asamblea Nacional emprendió contra Mediapart, France Inter y las mujeres que le habían acusado de acoso sexual. Fue condenado por denuncia abusiva.
El equipo seleccionado por el actual gobierno puede por tanto leerse como la completa renuncia a tomar en serio la demanda de igualdad entre hombres y mujeres que recorre la sociedad. Si el balance de la “gran causa” de la primera legislatura de Macron era ridículo, la segunda lo ridiculiza por completo. Aunque de distinta naturaleza, el caso Quatennens viene a recordar todo esto. Recuerda sobre todo hasta qué punto el ejercicio de violencia estructural sobre las mujeres es minimizado cuando incumbe a un cargo político, coyuntura en que se lo reduce de forma casi sistemática a dudosa maniobra de una oposición indigna.
No es posible seguir así. Por una parte, han quedado atrás los tiempos en que un cargo público confería poder para explotar a individuos frágiles. Queremos cargos públicos éticamente ejemplares. Por otra parte, dichos cargos no pueden ya conformarse con adoptar, como por efecto de moda, retazos inconexos de las corrientes ideológicas que han destacado en las últimas décadas -feminismo, ecología, respeto por la vida, común…-, cual populista que desesperadamente intentase, ganado por cierto pánico, llenar el famoso significante vacío, esa fastidiosa superficie de inscripción de los antagonismos sociales. Necesitamos cargos que actúen en coherencia con ideologías que informen los análisis del mundo y de la actualidad que llevan a cabo. En el ámbito de las violencias ejercidas sobre las mujeres, ello implica tomar en serio la palabra de las victimas; expulsar a los agresores, con una eventual reintegración condicionada a mucho más que a un curso de reeducación, condicionada a pruebas tangibles del éxito de dicha reeducación; suspender, en las nuevas fuerzas políticas, las relaciones de fuerza y las lógicas de capilla que informaban la antigua izquierda marxista, reemplazándolas por una horizontalidad y una práctica del diálogo reales. Aunque fuerzas como la LFI o la NUPES, deseosas de ver por fin dibujarse un mundo nuevo, lo intenten, pocas veces el resultado sobrepasa de momento la demostración de una titubeante buena voluntad. Hay que resolverse a renovar los órganos directivos, dándole a personalidades menos evidentes, pero establecidas en las fuerzas políticas y sociales en desarroll, todo el lugar que merecen. Resolverse también a instaurar modos de funcionamiento en los que los valores portados por esas fuerzas cobren sentido; resolverse por ejemplo a expulsar a Quatennens de forma definitiva si al final las condiciones de su regreso ético no se encuentran reunidas.