Octobre 2024
Il est arrivé plus d’une fois que des causes défendues par les femmes avancent par à-coups, au gré des conjonctures, poussées par des phénomènes sociaux ou des faits marquants. La vague #MeToo, à laquelle correspond la version française #BalanceTonPorc, compte parmi ces phénomènes. A cette occasion, la parole s’était libérée à propos des violences sexistes et sexuelles. Initiée par des actrices d’Hollywood à partir de 2017, elle concernait au début le harcèlement sexuel en contexte professionnel, puis avait étendu son périmètre de dénonciation, sur le plan national et international. Au moment de lancer le mouvement #BalanceTonPorc, la journaliste Sandra Muller indiquait sur son compte X (ancien Twitter) : « #BalanceTonPorc !! toi aussi raconte en donnant le nom et les détails d'un harcèlement sexuel que tu as connu dans ton boulot. Je vous attends. »
Le procès qui a débuté ce 2 septembre à Avignon pourrait être aussi à l’origine de ce type d’impulsion. Parfois, la presse le compare, pour sa médiatisation, à celui qui a eu lieu à Aix-en-Provence en 1978. Gisèle Halimi y représentait Anne Tonguet et Araceli Castellano, qui avaient été violées par trois hommes. Le procès avait abouti à la condamnation des inculpés. Deux ans plus tard, en 1980, une loi redéfinissait le viol comme crime. Le procès qui aujourd’hui nous occupe est aussi pour viols. Gisèle Pélicot, une septuagénaire résidant à Mazan, a découvert par hasard que, dix ans durant, son mari l’a droguée à son insu, pour permettre à des hommes contactés sur internet de la violer pendant qu’elle était inconsciente. Dominique Pélicot diffusait par la suite les vidéos des viols sur le site où il nouait ses contacts. Bien que s’étant plainte pendant des années de douleurs gynécologiques, d’absences et de fatigue, Gisèle Pélicot n’avait aucun souvenir des faits, en raison de la soumission chimique où elle était. Elle les découvre au cours de l’enquête de police pour agressions sexuelles qui cible Dominique Pélicot, grâce à la saisie de son matériel informatique. La police trouve sur son ordinateur des centaines de vidéos pornographiques où il est possible de recenser 92 viols de la victime, qui ont lieu dans la chambre du couple. Leur fille y apparaît parfois inconsciente, en sous-vêtements. Puis, Dominique Pélicot a filmé également ses belles-filles, à leur insu.
A l’arrêt en raison de problèmes de santé du principal prévenu, le procès doit durer jusqu’à mi-décembre. Parmi les 83 violeurs potentiels dénombrés, 51 ont été identifiés et arrêtés, entre eux Dominique Pélicot. L’affaire a choqué le pays. Sa médiatisation a fait prendre conscience à de plus larges secteurs de la population du caractère systémique des violences faites aux femmes et de l’existence de la culture du viol. Ainsi, des mobilisations ont eu lieu dans toute la France samedi 14 novembre pour exiger que la justice aille au fond de l’affaire, sanctionne comme il se doit les inculpés et revoit ses fonctionnements pour prévenir ce type d’agression.
Outre les faits eux-mêmes, un premier élément qui a heurté l’opinion publique est l’aspect anodin des mis en cause. Il s’agit d’hommes « ordinaires », d’entre 26 et 73 ans, sans pathologie psychique particulière. Certains sont retraités, d’autres exercent des professions diverses, dont certaines d’utilité publique, comme pompier. Si plusieurs ont été condamnés pour des faits de violence conjugale ou de viols, d’autres auraient pu difficilement être associés à ce type de méfait. Tous semblent nourrir un sentiment de « toute-puissance » à l’égard des femmes. Auteures et militantes ont souligné que ce procès pouvait enfin faire tomber le stéréotype du sinistre inconnu auteur d’agressions, contre lequel nous nous battons depuis longtemps. La banalité des prévenus chasse l’image rassurante du monstre, qui situe l’agresseur dans l’altérité la plus absolue. Enième parade du système de domination, cette représentation ne pourrait pas être plus fausse, la plupart d’agresseurs sexuels étant issus de l’entourage de la victime, voire de sa famille. En termes de la productrice Anna Toumazoff, si #MeToo avait montré que toutes les femmes pouvaient être victimes, le procès de Mazan montre qu’il n’y a pas de profil type pour les violeurs.
Le procès de Dominique Pélicot et ses complices a permis aussi de démythifier la soumission chimique, associée jusqu’ici aux soirées festives et à l’extérieur. Il l’a déplacée à l’intérieur du foyer, brisant d’autres stéréotypes « meurtriers » : ceux du domicile conçu comme « havre de paix » et de la famille pensée comme siège obligatoire du bonheur. Faciliter le dépôt de plainte pour inceste relève encore du parcours du combattant et l’existence du viol conjugal reste niée, alors même que dénoncer la maltraitance n’est toujours pas devenu un réflexe naturel. Avec son courage, Gisèle Pélicot a donné à voir la réalité des violences au sein des familles, bien plus récurrentes qu’on ne le pense.
Les extrêmes atteints par la défense durant le procès, même s’il ne fait que commencer, constituent un troisième élément de prise de conscience. Bien que Gisèle Pélicot ait subi des sévices susceptibles de la pousser à commettre des gestes désespérés, comme le suicide, les avocats de la défense ont eu des phrases qui encourent sans équivoques dans l’agression à la victime. On peut citer, entre autres : « Vous n’auriez pas des penchants exhibitionnistes que vous n’assumeriez pas ? » ou « Madame était consentante et joyeuse ». Gisèle Pélicot s’était dit « humiliée » par la façon dont étaient menés les débats. Une de ces avocates, Me Nadia El Bouroumi, est allée jusqu’à poster sur les réseaux sociaux une vidéo d’elle chantant la chanson « Wake Me Up Before You Go-Go » (Réveille-moi avant de partir !), du groupe Wham ! Le lui rendant bien, CNEWS a manqué d’empathie au point de la présenter comme « l’avocate qui bouscule les codes ».
Souhaitons que le courage de Gisèle Pélicot lui soit rendu au centuple, détruisant à jamais deux des tabous les plus meurtriers qui soient en matière de violences sexistes et sexuelles : l’aspect structurel des violences masculines, qui découle de la propre construction sociale de la masculinité ; la famille et le foyer comme étant potentiellement lieux de tous les dangers.
L’aspect structurel des violences masculines explique le nombre ahurissant d’hommes qui sont mis en cause dans le procès des viols de Mazan. La force, le contrôle et la domination sont exaltés dans la construction sociale de la masculinité. Celle-ci s’établit de façon relationnelle : un homme doit dominer les femmes, les enfants, les personnes âgées. Il doit se situer au sommet de la stricte hiérarchie qui structure les sociétés patriarcales occidentales. Puis, il doit se situer au même niveau que les autres hommes. La société attend donc d’un homme qu’il occupe une certaine place sur le plan vertical, au-dessus de femmes et enfants, et sur le plan horizontal, au même niveau que ses semblables. Or, si la violence n’est pas tout à fait donnée comme norme dans cette construction sociale, voire peut être condamnée, elle constitue bien le chemin qu’un pourcentage d’hommes trouve pour se percevoir comme étant supérieur. En ce sens, elle est tolérée. Au croisement de l’identité sociale et individuelle, la violence dite de genre, exercée sur les femmes par certains hommes, relève pour eux du besoin. Comme le signalait la sociologue Colette Guillaumin, cette violence se situe même parfois au centre de rituels de fraternité. Les violences sexuelles subies par Gisèle Pélicot semblent relever de ce type de rituels. Ils mettent à distance du féminin et installent une complicité entre les hommes aux dépends de la victime, renforçant leurs liens sur le plan horizontal. Le même type de violence rituelle est à l’œuvre dans les viols collectifs ou toute autre atteinte collective.
C’est pour remédier aux problèmes posés par la construction relationnelle de la masculinité que l’idéologie politique que j’avais conçue il y a déjà quelques années propose que chacun.e réalise une approche davantage existentielle de soi-même. Que chacun.e pense son existence prenant comme point de référence son vécu et ses perceptions, non plus les autres, de façon à trouver en son for intérieur un sens, qu’il n’est pas nécessaire de divulguer ou expliciter, mais qui permettra à chacun.e d’atteindre cette homogénéité dans la perception de son être que les hommes violents cherchent actuellement dans la domination des femmes.
Si la famille est donnée dans nos sociétés patriarcales comme havre de paix et siège d’un amour inconditionnel, elle constitue aussi pourtant un espace fermé et hiérarchisé, où l’ordre social peut sévir de façon absolue, sans barrières ni témoins. Les hommes frustrés et humiliés par ce même ordre social, ou bien en perte de sens, ont toute latitude pour tyranniser, humilier et brutaliser les personnes placées à leur charge, sans que personne intervienne. D’où la difficulté à mettre un terme aux violences intrafamiliales, dont fait partie l’inceste. Comme l’a démontré la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (CIIVISE), cette violence sévit bien plus souvent qu’on ne veut l’admettre et 70% des plaintes sont classées sans suite. Cela s’explique en partie parce que l’unité minimale qu’est la famille permet au collectif de fermer les yeux sur les pires brutalités pour préserver le statu quo.
Une évolution sociale proposée par la Non-violence politique à cet égard est de remplacer la famille dans son rôle de cellule de base de l’organisation sociale par le réseau. En effet, le réseau -amical, par affinités, localisation-, souple, ouvert et horizontal, n’empêche pas de former un couple et une famille, mais empêche les violences structurelles intrafamiliales de sévir.
Le procès des viols de Mazan a exposé au grand jour les traits les plus occultés des violences sexuelles et intrafamiliales, alors même qu’une bataille culturelle acharnée se livre autour d’elles en ce moment, pour les sortir de leur invisibilité.
Nous nous devons de remercier Gisèle Pélicot de faire face à ses sévices publiquement, pour peut-être diminuer ce type d’exactions. C’est l’horizon que nous devons toutes nous fixer, l’épaulant autant que possible dans son sacrifice, pour progresser sur le chemin laborieux de l’éradication des violences structurelles sur les femmes et les enfants. Peut-être qu’une façon de lui rendre hommage serait d’exiger du gouvernement Macron qu’il vote enfin une loi-cadre contre les violences sexistes et sexuelles.
Références: Sara Calderon, Pour une non-violence politique, ed. Verone, 2022.
CALDERON SARA - Pour une non-violence politique (editions-verone.com)
Gustav Moreau, Le Victorieux Sphinx (détail), 1876
El caso de las violaciones de Mazan, ¿un juicio para obtener una ley?
El pleito por violaciones que confronta Gisèle Pelicot interpela, tanto por el número de agresores como por la total sumisión química a que ha sido sometida la víctima. A fuerza de embestir algunos de los tabús sociales más antiguos relacionados con las violencias sexistas y sexuales quizá provoque evoluciones legales y sociales.
Octubre de 2024
En más de una ocasión las causas que defienden las mujeres han avanzado por sacudidas, ayudadas por las coyunturas o bien empujadas por fenómenos sociales o por sucesos relevantes. La oleada #MeToo, a la que corresponde la versión francesa #BalanceTonPorc, se encuentra entre esos fenómenos. Había liberado la palabra en torno a las violencias sexistas y sexuales. Iniciada por las actrices de Hollywood a partir de 2017, al principio concernía sobre todo el acoso sexual en contexto profesional. Luego había extendido su perímetro de acción, en el ámbito nacional e internacional. Cuando lanza el movimiento #BalanceTonPorc, la periodista Sandra Muller indica en su cuenta X (antes Twitter): “#BalanceTonPorc!! Cuenta tú también, con nombre y detalles, un acoso sexual que hayas sufrido en el trabajo. Os espero”
El juicio que ha comenzado este 2 de septiembre en Avignon podría provocar ese tipo de impulso. A veces, la prensa lo compara, por lo mediático, al que tuvo lugar en 1978 en Aix-en-Provence. Gisèle Halimi representaba a Anne Tonguet y a Araceli Castellano, que habían sido violadas por tres hombres. La abogada obtuvo que los inculpados fuesen condenados. Dos años después, en 1980, una ley redefinía la violación desde un punto de vista legal, como crimen. El juicio que hoy nos ocupa también es por violación. Gisèle Pélicot, una mujer de setenta años que reside en Mazan, ha descubierto por casualidad que su marido la ha drogado durante diez años sin que ella lo supiera, para permitir que hombres contactados por internet la violasen mientras estaba inconsciente. Dominique Pélicot difundía después las grabaciones de las violaciones en la página web donde había hecho los contactos. Aunque había sufrido durante años dolores ginecológicos, ausencias y cansancio, Gisèle Pélicot no tenía ningún recuerdo de los hechos, a causa de la sumisión química en que se encontraba. Los descubre por tanto durante la investigación policial por agresiones sexuales de la que es objeto Dominique Pélicot, cuando se incauta su material informático. La policía encuentra en su ordenador cientos de videos pornográficos, en los que es posible contar hasta 92 violaciones de la víctima, que tienen lugar en la habitación de la pareja. La hija de ambos aparece a veces, inconsciente, en ropa interior. Dominique Pélicot también ha filmado a sus hijastras, sin que ellas lo sepan.
Aunque de momento el juicio se ha detenido, a causa de problemas de salud del principal inculpado, debe durar hasta mediados de diciembre. De los 83 violadores que se han contado, 51 han sido identificados y arrestados, entre ellos se encuentra Dominique Pélicot. El caso ha chocado al país. Su mediatización ha hecho que sectores más amplios de la población tomen conciencia del carácter sistémico de las violencias hacia las mujeres y de la existencia de la cultura de la violación. Por ello, el sábado 14 de noviembre han tenido lugar en toda Francia concentraciones para exigir que la justicia vaya al fondo del asunto, sancione a los inculpados como es debido y revise su funcionamiento para prevenir este tipo de agresión.
Además de los hechos en sí, un primer elemento que ha llamado la atención a la opinión publica es el aspecto anodino de los inculpados. Se trata de hombres “ordinarios”, de entre 26 y 73 años, sin patología psicológica particular. Algunos son jubilados, otros ejercen profesiones variadas, algunas de las cuales, de utilidad pública, como bombero. Aunque varios han sido condenados por violencia conyugal o por violación, a otros difícilmente se les habría podido asociar con ese tipo de agresión. Todos parecen creer que son omnipotentes con relación a las mujeres. Escritoras y militantes han subrayado que el juicio podía derrumbar por fin el estereotipo del siniestro desconocido autor de agresiones, contra el cual luchamos desde hace tanto. La banalidad de los inculpados aleja la imagen tranquilizadora del monstruo, que sitúa al agresor en la más completa alteridad. Enésima defensa del sistema de dominación, dicha representación no podría ser más falsa, ya que la mayoría de los agresores provienen del entorno de la víctima, cuando no de su familia. En términos de la productora Anna Toumazoff, si #MeToo había mostrado que todas las mujeres pueden ser víctimas, el juicio de Mazan muestra que no hay un perfil tipo para los violadores.
El juicio de Dominique Pélicot y sus cómplices también permite desmitificar la sumisión química, asociada hasta ahora con fiestas y el exterior. La desplaza al interior del hogar, rompiendo otros estereotipos “asesinos”: los del domicilio pensado como “remanso de paz” y de la familia concebida como sede de obligada felicidad. Facilitar que se denuncie el incesto sigue siendo una carrera de obstáculos y la existencia de la violación conyugal todavía se niega, cuando denunciar malos tratos aún no es un reflejo natural. Gracias a su valentía, Gisèle Pélicot ha mostrado la realidad de las violencias dentro de las familias, mucho más recurrentes de lo que queremos creer.
Los extremos alcanzados por la defensa durante el juicio, aun cuando éste no hace sino empezar, han llevado a una tercera toma de conciencia. Aunque Gisèle Pélicot ha sufrido malos tratos que bien podrían haberla conducido a cometer algo irreparable, como el suicidio, los abogados de la defensa han pronunciado frases que incurren sin equívocos en la agresión a la víctima. Se pueden citar algunas: “¿Está segura de no tener inclinaciones exhibicionistas que no asume?” o “la señora consentía feliz”. Gisèle Pélicot dice haberse sentido “humillada” por la manera en que los debates se han desarrollado. Nadia El Bouroumi, una de las abogadas, ha llevado la provocación hasta difundir en las redes sociales un video de ella cantando la canción “Wake Me Up Before You Go-Go” (Despiértame antes de irte), del grupo Wham! Devolviéndole la jugada, CNEWS ha llevado la falta de empatía hasta calificarla de “abogada que rompe las convenciones”.
Deseémosle a Gisèle Pélicot que su gesto le sea devuelto con creces, destruyendo para siempre dos de los peores tabús que existen en materia de violencias sexistas y sexuales: el aspecto estructural de las violencias masculinas, que derivan de la propia construcción social de la masculinidad; la familia y el hogar como sede potencial de todo tipo de peligros.
El aspecto estructural de las violencias masculinas explica el alucinante número de hombres inculpados. La fuerza, el control y la dominación se exaltan en la construcción social de la masculinidad. Esta se establece de forma relacional: un hombre debe dominar a las mujeres, a los niños, a las personas mayores. Debe situarse en la cúspide de la pirámide de la estricta jerarquía que estructura las sociedades patriarcales occidentales. Además, debe situarse al mismo nivel que los otros hombres. La sociedad espera por tanto de un hombre que ocupe cierto lugar en el plano vertical, por encima de mujeres y de niños, y en el plano horizontal, al mismo nivel que sus semejantes. Sin embargo, aunque la construcción social no erija la violencia en norma, o incluso a veces la condene, ésta sí que constituye el camino que un porcentaje de hombres encuentra para percibirse a sí mismo como superior. En ese sentido, se la tolera. Situada en el cruce de la identidad social e individual, la violencia de género es para ellos una necesidad. Como lo señalaba la socióloga Colette Guillaumin, a veces incluso ésta integra rituales de fraternidad. Las violencias que ha sufrido Gisèle Pélicot parecen formar parte de ese tipo de ritual. Marcan la distancia con lo femenino e instalan entre hombres una complicidad a expensas de la víctima, reforzando sus vínculos en el plano horizontal. El mismo tipo de violencia ritual se da en violaciones colectiva o en cualquier otro tipo de agresión colectiva.
Para paliar los problemas que plantea la construcción relacional de la masculinidad, la ideología política que había ideado, hace ya algunos años, proponía que cada un@ tuviese un enfoque más existencial de sí mism@. Que cada un@ pensase su existencia tomando como referencia sus vivencias y percepciones, no a los demás, de forma a encontrar en su interior un sentido, que no es necesario divulgar o explicitar, pero que permita a cada cual alcanzar esa homogeneidad en la percepción de sí que los hombres violentos buscan actualmente en la dominación de las mujeres.
Si la familia se presenta en nuestras sociedades patriarcales como remanso de paz y sede de un amor incondicional, también constituye un espacio cerrado y jerarquizado, en el que el orden social puede darse de forma absoluta, sin barreras ni testigos. Los hombres frustrados y humillados por ese mismo orden social, o bien desorientados, tienen toda latitud para tiranizar, humillar y brutalizar a las personas situadas a su cargo, sin que nadie intervenga. De ahí la dificultad de terminar con las violencias familiares, de las que forma parte el incesto. Como lo ha demostrado la Comisión independiente sobre el incesto y las violencias sexuales sobre la infancia (CIIVISE), dicha violencia se da más de lo que se admite y el 70% de las denuncias son archivadas. En parte esto se explica porque la unidad mínima que es la familia permite que el colectivo ignore las peores violencias para preservar el statu quo.
A este propósito, una evolución que proponía la No-violencia política era que la familia fuese reemplazada en su rol de célula base de la organización social por la red. En efecto, la red -basada en la amistad, la afinidad, la localización-, flexible, abierta, horizontal, no impide formar una pareja ni una familia, pero impide que se den violencias estructurales intrafamiliares.
El juicio de las violaciones de Mazan ha expuesto los rasgos mas ocultos de las violencias sexuales e intrafamiliares, en el momento mismo en que se libra una encarnizada batalla cultural en torno a ellas, para sacarlas de la invisibilidad.
Debemos agradecer a Gisèle Pélicot que se esté enfrentando públicamente a todo esto, para quizá contribuir a que disminuya el tipo de agresión que ha sufrido. Es un horizonte que todas debemos fijarnos, apoyándola en su sacrificio tanto como sea posible, para avanzar en el arduo camino de la erradicación de las violencias estructurales ejercidas sobre mujeres y niños. Una manera de rendirle homenaje sería quizá exigir al gobierno de Macron que vote por fin una ley-marco contra las violencias sexistas y sexuales.
Referencias: Sara Calderon, Pour une non-violence politique, ed. Verone, 2022.
CALDERON SARA - Pour une non-violence politique (editions-verone.com)