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Billet de blog 3 octobre 2023

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Le harcèlement, une violence systémique

Le suicide récent de Nicolas, un élève de l’académie de Versailles, à la suite d’un harcèlement scolaire remet à l’ordre du jour ce grave problème de santé publique.

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Octobre 2023

Un malheureux événement a récemment rappelé le problème installé que supposent les pratiques de harcèlement, en milieu scolaire comme en entreprise. Un adolescent, le jeune Nicolas, scolarisé dans les Yvelines, s’est suicidé en septembre, à peine un jour après la rentrée. Il subissait un harcèlement scolaire si dur qu’il l’avait obligé à changer d’établissement, pour s’inscrire dans le privé. Malheureusement, cela n’a pas suffi.

Avant d’adopter cette mesure drastique, les parents de Nicolas avaient essayé de protester auprès du rectorat de Versailles, pour le manque d’attention accordée par la direction de l’établissement au problème que rencontrait leur enfant. Loin de s’en inquiéter, le rectorat leur avait adressé une lettre, scandaleuse, où il les menaçait d’entreprendre des poursuites pour « dénonciation calomnieuse ». Bien que le rectorat se soit sans doute senti attaqué -et peut-être même coupable, ou dépassé-, sa réaction relève de l’intimidation pure et simple, laissant voir qu’une telle institution peut difficilement s’occuper de venir à bout des comportements harceleurs qui existent parmi les élèves…

Pourtant, cela fait longtemps que le harcèlement a cessé d’être un fait anecdotique, ou exceptionnel, pour devenir un problème de santé publique. Pour ce qui est du milieu scolaire, les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus d’un élève sur dix des élèves scolarisés entre le CE2 et le CM2 est victime de harcèlement ; au collège, le pourcentage passe à 10%, tandis qu’il diminue dans les lycées, mais reste de 4%. 700000 élèves sont harcelés chaque année dans les établissements, avec des conséquences qui vont de l’échec scolaire au traumatisme sévère -angoisse, dépression, trouble du sommeil. Un harcèlement important laisse souvent des séquelles indélébiles et peut même conduire la victime au suicide : selon l’ONG Harcèlement sans frontières, 200.000 enfants et adolescents se donnent la mort chaque année dans le monde des suites d’un harcèlement scolaire.

Dans ses travaux sur le harcèlement, Marie-France Hirigoyen signalait que, si celui-ci est souvent mis en place par un individu pervers, qui s’attaque à quelqu’un dont il souhaite s’approprier les qualités, ou qu’il souhaite détruire, nous pouvons tous mettre en place des mécanismes de défense de type pervers pour parer à une agression. Le harcèlement est lié aux rapports de pouvoir, ce qui explique que ces dynamiques se mettent plus facilement en place dans des espaces de grande compétitivité -les entreprises- ou empreints d’un souci d’homogénéisation marqué -le cadre scolaire. Du point de vue de l’harceleur, il s’agit d’un mécanisme de compensation subjective à la perception d’un manque de pouvoir, d’une sorte de « réparation ». Le harcèlement peut aussi se mettre en place à partir d’une différence qui situe l’individu qu’elle caractérise en dehors du groupe.

Le harcèlement scolaire répond à ces mêmes schémas : il fait suite au besoin de puissance ressenti par un individu dont l’estime de soi est basse ; à la perception d’une personne différente comme étant extérieure au groupe ; à des conflits conjoncturels qui débouchent sur cette forme de vengeance. La jalousie ou des inimitiés dérivées d’un épisode de la vie du groupe peuvent ainsi déclencher le harcèlement. Dans le cas spécifiques des violences de genre qui empruntent cette forme, exercées par les garçons sur les filles, le harcèlement répond à un besoin de contrôle ou à la volonté de punition qui s’associe au contrôle et à la possession.

Comme les autres violences systémiques, le harcèlement peut avoir une part de conscience et une part d’inconscience et repose dans tous les cas sur les représentations mises en place par une société donnée et communes à tous les individus qui l’intègrent. Il est aussi associé aux différents liens prédéfinis entre identités sociales qui l’organisent. Des sociétés telles que les sociétés patriarcales et capitalistes, qui reposent sur l’extrême compétition, l’individualisme et la fragmentation, sont plus susceptibles que d’autres de mettre en place du harcèlement.  

Mettre en échec ces dynamiques en milieu scolaire passe par opérer des changements culturels profonds. Il est d’autant plus regrettable que le plan interministériel prévu pour les éliminer, exposé par Elisabeth Borne le 27 septembre dernier, reste si superficiel. Le gouvernement avait déjà mis en place un numéro pour venir en aide aux élèves harcelés, le 3018. Une mesure qui aurait libéré la parole, les témoignages montrant que le harcèlement déborde les salles de classe et touche de multiples sphères. A présent, le gouvernement Macron propose un plan axé surtout sur la judiciarisation du problème, puisqu’il préconise la saisine automatique du procureur, grâce à une plateforme commune à l’éducation et la justice. L’approche sanitaire et la détection précoce sont un autre pilier de ce plan : il s’agirait de faire évoluer le secret médical et d’impliquer les maisons adolescentes ainsi que les infirmières et médecins scolaires, pour favoriser les consultations de soutien psychologique. Puis, le plan cible les nouvelles possibilités de harcèlement que fournit le numérique : il prévoit la saisie du portable des élèves harceleurs et leur bannissement des plateformes Facebook, Instagram, TikTok, dès le début du contrôle judiciaire ou en aggravation de la peine. Les mesures proposées concernent aussi la formation à ce problème de toute la communauté éducative et de tout le personnel encadrant des jeunes. Puis, pour éviter le marasme constaté au rectorat de Versailles, le plan interministériel entend créer dans tous les rectorats des cellules spécifiques de lutte contre le harcèlement, ainsi que des brigades spécialisées qui se déplaceraient dans les établissements à leur demande. Finalement, le plan Borne intègre une mesure inspirée du Danemark : il propose de dispenser, dès le mois de janvier, des cours d’empathie destinés à développer les « compétences psychosociales » dès le plus jeune âge.

L’on peut, d’ores et déjà, formuler plusieurs critiques à cet ensemble de mesures. Les sphères judiciaires elles-mêmes se sont montrées sceptiques quant à la judiciarisation du problème, certains estimant que son ampleur pourrait pousser l’éducation nationale à passer le relai à la justice, dont le rôle doit être plutôt celui de constituer le dernier recours. L’approche sanitaire risque, elle, de buter sur le manque criant de personnel dans les établissements scolaires. Les mesures pour lutter contre le cyberharcèlement s’annoncent insuffisantes : d’une part l’élève harceleur peut toujours racheter un portable, pour remplacer celui qui a été saisi, d’autre part le bannissement des plateformes dépend de l’issue de la loi sur la régulation numérique. Puis, trop d’incertitudes entourent les projets de formation du personnel. Gabriel Attal parlait de généraliser le programme « pHARE », qui prévoit de former cinq individus référents, adultes et enfants, supposés essaimer leurs connaissances, mais ces formations restent aujourd’hui superficielles et les conditions dans lesquelles chaque individu formé devrait rediffuser les connaissances acquises sont inégales.

La façon dont le plan Borne approche le problème dénote une étude superficielle de la question. Dans la mesure où la mise en place de dynamiques de harcèlement relève pour beaucoup de nos représentations, et en particulier de celles liées à nos identités sociales, prises dans les rapports de pouvoir qui sous-tendent les systèmes patriarcal et capitaliste, il est impossible d’en venir à bout sans s’attaquer aux structures profondes de pensée et de ressenti affectif. Malheureusement, un plan émanant du gouvernement Macron ne s’y attèlera jamais, parce que cela impliquerait de s’attaquer aux piliers du capitalisme. Le plan proposé envisage en outre la question depuis un positionnement résolument patriarcal, qui normalise l’agression. En effet, il part du présupposé que c’est à l’élève harcelé de se défendre, considérant ainsi implicitement que le harcèlement est une fatalité. Le plan accorde trop peu d’attention aux élèves harceleurs. Or, les cas d’individus pervers sont en fait peu nombreux, beaucoup d’élèves pouvant se laisser entraîner à être partie prenante du harcèlement d’un autre. Le point de départ des dynamiques de harcèlement se situe en premier lieu dans les réponses affectives et relationnelles que notre culture commune nous a appris à donner aux situations de la vie quotidienne -la perception d’un manque de pouvoir entraînera ainsi souvent la réponse subjective d’écraser une autre personne, pour compenser ; la constitution d’un groupe dont la cohésion est donnée par la ressemblance mènera à poursuivre la différence, pour l’opposer à l’identité commune.

Un plan de lutte contre le harcèlement véritablement efficace doit partir de l’idée que ce n’est pas à l’élève harcelé de se défendre, mais à la société, à ses responsables politiques, d’obtenir qu’aucun élève contemple comme possibilité d’en harceler un autre. Plutôt que par la répression -qui laisse intacte dans l’esprit cette possibilité-, cela doit être obtenu par l’éducation et par l’évolution des normes sociétales. Y parvenir requiert d’abord d’impliquer tous les acteurs d’une situation de harcèlement dans sa mise en échec -harcelé, harceleur, parents des deux, personnel encadrant. Il est nécessaire aussi de travailler en profondeur, non seulement sur les impliqués, mais sur toute la société, en infléchissant les contenus de médias et réseaux sociaux et faisant évoluer les structures sociales présentes dans notre vie quotidienne -généraliser les réseaux de socialisation et d’entraide-, de même que les valeurs majoritaires -mettre au centre de l’humain, le développement spirituel, l’empathie, qui ne peuvent en aucun cas être subordonnés à l’impératif de croissance économique, l’économie n’étant, finalement, qu’une abstraction, une fiction, créée par l’être humain.

Harceler est un comportement destructeur, en venir à bout implique de regarder le problème en face, même si cela est difficile. En raison de nos valeurs et représentations sociales, la plupart des individus de nos sociétés peuvent en venir à harceler d’autres, de façon plus ou moins consciente. Pour ce qui est des élèves harceleurs, le gouvernement n’a fait que produire deux circulaires permettant leur exclusion rapide. Or, la majorité des élèves peuvent en devenir un -pas forcément l’instigateur, mais un de ceux qui se laissent emporter par la dynamique de groupe. Il faut donc se résoudre à envisager le harcèlement comme ce qu’il est devenu, un problème de santé publique, et à aborder l’élève harceleur comme ce qu’il est souvent : une autre victime, de nos traits culturels. L’élève harceleur doit apprendre à ne pas lier son identité aux rapports de pouvoir et à apporter un autre type de réponse aux situations de la vie quotidienne qui, subjectivement, peuvent l’agresser. Il faut bien sûr mettre en sécurité rapidement l’élève harcelé, mais résoudre de façon définitive le problème du harcèlement implique de faire disparaître les comportements de celui qui harcèle.

Souhaitons que nos représentants acceptent enfin que toutes nos violences systémiques ont un point commun, situé dans la constitution des identités sociales et dans les valeurs majoritaires, et s’attaquent enfin à modifier les deux pour venir à bout de ces violences.

Note : J’avais écrit un essai qui étudie les dynamiques sociales sous-tendant les violences systémiques. Il propose un projet de société complet, issu des conclusions obtenues et conçu pour en éliminer la plupart. Sara Calderon, Pour une non-violence politique, éditions Vérone.

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Illustration 1

Le Victorieux Sphinx (détail), Gustav Moreau, 1886.

El bullying, una violencia sistémica

El reciente suicidio de Nicolás, un alumno de la división administrativa de Versalles, a causa del acoso escolar que sufría, vuelve a sacar a la luz ese grave problema de salud pública.

Octubre de 2023

Un triste acontecimiento ha recordado el problema recurrente que suponen las prácticas de acoso, en el medio escolar y en el universo de la empresa. Un adolescente, el joven Nicolás, escolarizado en Yvelines, se ha suicidado en septiembre, apenas un día después de la vuelta al colegio. Sufría un acoso escolar tan duro que se había visto obligado a cambiar de centro e inscribirse en uno privado. Por desgracia, no ha bastado.

Antes de adoptar esa medida drástica, los padres de Nicolás habían señalado al rectorado de Versalles la negligencia que demostraba la dirección del centro en la gestión del problema de su hijo. Lejos de preocuparse, éste les respondió amenazando con denunciarles por “calumnia”, un escándalo. Aunque sin duda el rectorado se haya sentido atacado -y quizá incluso culpable o desbordado-, su reacción es de intimidación pura y dura, lo que demuestra las pocas probabilidades que tiene semejante institución de terminar con los comportamientos acosadores de los alumnos.

Hace ya tiempo sin embargo que el acoso ha dejado de ser algo anecdótico, o excepcional, para convertirse en un problema de salud pública. En el medio escolar las cifras hablan por sí solas: más de un alumno de diez es víctima de acoso entre los alumnos de menos de doce años, el porcentaje pasa a 10% a partir de esa edad y disminuye entre los alumnos de dieciséis a dieciocho años, aunque es todavía del 4%. 700000 alumnos sufren acosos cada año en los centros escolares, con consecuencias que van desde el fracaso escolar hasta el traumatismo severo -angustia, depresión, trastornos del sueño. Un acoso importante suele dejar secuelas definitivas y puede incluso conducir al suicidio: según la ONG Bullying sin fronteras, 200.000 niños y adolescentes se suicidan cada año en el mundo a causa del acoso escolar.

Marie-France Hirigoyen señalaba a propósito del acoso que, aunque suela ser obra de un individuo perverso, que ataca a alguien cuyas cualidades desea adquirir, o que quiere destruir, todos podemos poner en marcha frente a una agresión mecanismos de defensa de tipo perverso. El acoso se vincula a las relaciones de poder, lo que explica que se ponga en marcha con mayor facilidad en espacios de gran competitividad -la empresa- o caracterizados por una marcada preocupación por homogeneizar al conjunto de individuos -el marco escolar. Se trata, desde el punto de vista del acosador, de una compensación subjetiva a la percepción de una falta de poder, de una suerte de “compensación”. Una diferencia, que sitúa al individuo que marca fuera del grupo, puede también generar el acoso.

El acoso escolar responde a estos esquemas: lo origina la necesidad que tiene un individuo con baja autoestima de sentirse poderoso; la percepción de una persona diferente como exterior al grupo; conflictos coyunturales que desembocan en esa forma de venganza. La envidia o las hostilidades pueden así desencadenar el acoso. En los casos específicos de violencia de género, el acoso responde a la necesidad de control o a la voluntad de castigar que se asocia al control y a la posesión.

Como sucede con otras violencias sistémicas, el acoso puede ser en parte consciente y en parte inconsciente. Reposa en cualquier caso sobre las representaciones que informan una sociedad y son comunes a todos sus individuos. Deriva también del tipo de vínculos predefinidos entre identidades sociales que la organizan. Sociedades como las patriarcales y capitalistas, que reposan sobre la extrema competición, el individualismo y la fragmentación, tienen mayor probabilidad de recurrir al acoso.

Para terminar con el acoso escolar es necesario operar cambios culturales profundos. Resulta tanto más lamentable que el plan interministerial para eliminarlo, expuesto por Elisabeth Borne el pasado 27 de septiembre, sea tan superficial. El gobierno ya había abierto un número de ayuda para los alumnos que sufren acoso escolar, el 3018. La medida habría fomentado que afluyan testimonios que muestran que el problema no se limita a las aulas, sino que llega a muchos sectores. El plan que ahora propone el gobierno de Macron se basa ante todo en la judicialización del problema, ya que insta a presentar sistemáticamente recursos en fiscalía, gracias a una plataforma común a la educación y a la justicia. El enfoque sanitario y la detección precoz son otro pilar del plan: debe flexibilizarse el secreto médico e implicar a centros para adolescentes como a enfermer@s y médic@s escolares, para facilitar las consultas de apoyo psicológico. Se toman en cuenta las nuevas posibilidades de acoso que ofrece la tecnología: prevé que se les confisquen los móviles a los alumnos acosadores y que sean expulsados de las plataformas Facebook, Instagram, TikTok, desde el principio del control judicial o como agravación de la pena. El plan interministerial quiere formar a la comunidad educativa y a todo personal en contacto con adolescente al problema del acoso. Para evitar el marasmo del caso de Nicolas en el rectorado de Versalles, se abrirán células de lucha contra el acoso en todos los rectorados. Además, brigadas especializadas se desplazarán a los centros cuando éstos lo soliciten. Finalmente, el plan Borne se inspira en Dinamarca para proponer a partir de enero clases de empatía destinadas a desarrollar las “competencias psicosociales” desde la más tierna edad.

De entrada, se pueden criticar varias cosas en estas medidas. La propia judicatura ha mostrado escepticismo en cuanto a la judicialización del problema. Algunos estiman que es demasiado amplio, por lo que el ministerio de educación podría descargar sus responsabilidades sobre el de justicia, cuando apelar a él debería ser más bien el último recurso. La inmensa falta de personal en los centros obstaculizará sin duda el enfoque sanitario. Las medidas para luchar contra el ciberacoso parecen insuficientes: por una parte, el acosador siempre puede volver a comprarse un móvil, por otra la expulsión de las plataformas dependerá de cómo evolucione la ley sobre la regulación virtual. Finalmente, demasiadas incógnitas pesan sobre el proyecto de formación del personal. Gabriel Attal ha hablado de generalizar el programa “pHARE”, que prevé formar a cinco individuos referentes, adultos y niños, los cuales transmitirán a otros sus conocimientos. Pero esas formaciones son de momento demasiado superficiales y las condiciones de difusión de conocimientos demasiado diversas.

El enfoque que el plan interministerial le da a la cuestión denota un estudio superficial del problema. Que surjan dinámicas de acoso depende en gran medida de nuestras representaciones, y en particular de nuestras identidades sociales, imbricadas en las relaciones de poder que subyacen en el sistema patriarcal y en el capitalista. Por tanto, es imposible terminar con ellas sin incidir en las estructuras profundas de pensamiento y de constitución de los afectos. Por desgracia, el plan ideado por el gobierno de Macron jamás lo hará porque ello implicaría atacar los pilares del capitalismo. El plan propuesto aborda la cuestión con un enfoque abiertamente patriarcal, que normaliza la agresión. Parte de la premisa de que le corresponde al acosado defenderse, considerando así implícitamente que el acoso es una fatalidad. Les presta poca atención a los alumnos acosadores, cuando son muchos los alumnos que pueden dejarse llevar por un grupo a participar en el acoso de otro. El origen de las dinámicas de acoso se sitúa en las respuesta afectivas y relacionales que la cultura común nos ha enseñado a dar a las situaciones de la vida cotidiana –que un individuo con baja autoestima perciba que carece de poder desembocará en la respuesta subjetiva de aplastar a otro, para compensar; que un grupo se constituya en base al parecido de sus integrantes llevará a perseguir la diferencia, que se opone a la identidad común.

Para luchar con verdadera eficacia contra el acoso se debe considerar que no le corresponde al alumno acosado defenderse, sino a la sociedad, a sus responsables políticos, que ningún alumno se plantee siquiera acosar a otro. Eso no puede obtenerse con la represión -que permite que se mantenga en la mente esa posibilidad-, sino con la educación y la evolución de las normas sociales. Para resolver una situación de acoso en primer lugar se debe implicar a todos los que se ven afectados por ella -acosado, acosador, padres de ambos, personal docente. Se debe trabajar también en profundidad, no sólo sobre los implicados, sino sobre toda la sociedad, modificando los contenidos en medios y redes sociales y haciendo que evolucionen tanto las estructuras sociales presentes en nuestra vida cotidiana -generalizar las redes de socialización y de mutua ayuda- como los valores mayoritarios -poner en el centro lo humano, el desarrollo espiritual, la empatía, que en ningún caso puede quedar subordinados al imperativo de crecimiento económico, ya que la economía no deja de ser una abstracción, una ficción, creada por el ser humano.

Acosar constituye un comportamiento destructor, terminar con él implica hacer frente con sinceridad y entereza al problema, aunque cueste. A causa de los valores y de las representaciones que informan nuestras sociedades, la mayoría de los individuos puede terminar por acosar a otros, de formas más o menos consciente. Resulta del todo insuficiente que el gobierno se haya limitado a producir dos circulares que permiten la rápida exclusión de los alumnos acosadores. La mayoría de los alumnos pueden convertirse en uno de ellos -no forzosamente en el iniciador, sino en uno de los que se dejan llevar por la dinámica de grupo. Hay que resolverse por tanto a contemplar el acoso como el problema de salud pública que es y a abordar al alumno acosador como lo que suele ser: otra víctima, de nuestros rasgos culturales.  El alumno acosador debe aprender a no ligar su identidad a las relaciones de poder y a aportar otro tipo de respuesta a las situaciones de la vida cotidiana en las que, subjetivamente, se sienta agredido. Claro que hay que poner rápidamente a salvo al alumno acosado, pero resolver definitivamente el problema del acoso implica que desaparezcan los comportamientos del acosador.

Ojalá los responsables políticos terminen por aceptar que las violencias sistémicas tienen un punto común, situado en la constitución de las identidades sociales y en los valores hegemónicos, y se decidan por fin a cambiarlos para acabar con ellas.

Nota: He escrito un ensayo que estudia las dinámicas sociales subyacentes en las violencias sistémicas. Propone un proyecto de sociedad completo, elaborado a partir de las conclusiones y concebido para eliminar la mayoría de ellas. Sara Calderon, Pour une non-violence politique, editorial Vérone.

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