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Billet de blog 4 février 2020

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L'affaire Mila: attention, un scandale peut en cacher un autre

L'affaire Mila aura retourné le pays pendant plusieurs semaines. Bien qu'ayant coûté cher à l'adolescente, elle aura eu le mérite de secouer la chape de plomb qui est en train de se former autour du fait religieux.

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La phrase d’André Malraux, « Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas », est désormais devenue canonique et réapparaît citée à chaque événement dans lequel la religion prend une dimension excessive. La polémique concernant l’adolescente Mila la dote d’une dimension prophétique et lugubre, car cette affaire réavive des débats déjà anciens concernant la laïcité chancelante de la République française.

A la suite d’un conflit avec un jeune homme vraisemblablement musulman, Mila avait posté sur ses réseaux sociaux une vidéo devenue virale. Elle y fustigeait l’Islam, et surtout ses dérives intégristes, avec un certain emportement et en tombant même dans la provocation. En effet, elle a tout d’abord parlé d’une logique de « haine » puis s’est laissée emporter par sa colère, tombant dans la provocation de dire qu’elle « mettait un doigt dans le cul à Mahommet ». Les effets ne se sont pas fait attendre, Mila a reçu des dizaines d’insultes puis des menaces, de mort et de viol. Sa vidéo étant devenue virale, cela a pris une telle ampleur que Mila en est déscolarisée maintenant, aucun établissement scolaire ne se trouvant en mesure d’assurer sa sécurité.

Sans faire dans la provocation, l’affaire aura au moins le mérite d’ébranler l’importante chape de plomb qui était en train de durcir à vue d’œil autour de l’Islam. Mila a d’abord pointé avec ses mots, maladroits, une des réalités de l’Islam contemporain, l’intolérance. On le sait, aujourd’hui une partie du monde islamique emprisonne et/ou tue les femmes qui ne souhaitent pas porter le voile ; celles qui se détournent de l’institution du mariage ; les homosexuels ; tant d’autres… Puis l’adolescente s’est laissée emporter instinctivement vers la provocation, en empruntant la même logique de l’adversaire, puisqu’elle a été menacée de viol en rétorsion : la violence sexuelle.
Il est bien vrai que ces réalités ne sont pas les seules de l’Islam, et qu’elles ont été par ailleurs l’apanage de toutes les religions à un moment ou à un autre de leur histoire ; qu’elles constituent une sorte de pathologie de la pensée religieuse. Il n’empêche : elles constituent une des réalités actuelles de l’Islam.
Le geste de Mila a été révélateur à plus d’un titre. Tout d’abord, on pourrait se demander si le fait que sa vidéo ait suscité un pareil scandale ne tient pas un peu d’une énième violence de genre, car on n’aurait pas menacé un homme de viol en rétorsion. Puis, force est de reconnaître ce qui avait été déjà constaté lors de polémiques suscitées par les publications de Charlie Hebdo : le blasphème, qui existait déjà au Moyen Âge -beaucoup de cathédrales contiennent encore dans leurs bas-reliefs des scènes grivoises-, serait presque remis en question dans un monde de plus en plus policé et aliéné. Que cela plaise ou non, rappelons donc que penser que les dieux sont une invention de l’être humain faite pour se rassurer sur la mort et faciliter l’organisation sociale à une époque précédant l’existence même de l’Etat est une croyance positive -et non une absence de croyance- qui doit pouvoir aussi être énoncée -avec plus d’à-propos. Il est inquiétant d’ailleurs que cela soit à ce point oublié par la classe politique, qui s’est empressé ces temps-ci de réagir, peut-être parfois à des fins électoralistes, en bon signe des temps.
Certaines des personnalités politiques qui se sont exprimées à ce sujet ont en effet énoncé des points de vue qui épousent sans distance le discours religieux. Ainsi, Ségolène Royal a parlé d’une adolescente qui manque de respect et a surenchéri en disant que critiquer une religion n’empêche pas d’avoir du respect. La ministre Nicole Beloubet a, quant à elle, assimilé la critique des religions à une « atteinte à la liberté de conscience ». Rappelons à Mme Royal que le manque de respect était aussi de mise au Moyen Age, que les bas-relief des cathédrales peuvent contenir des représentations de vagins et de testicules et qu’en plaçant le débat au niveau du respect, elle élude la question posée sur la liberté d’expression. Rappelons à Mme Beloubet que l’athéisme correspond, lui aussi, à une liberté de conscience, et à toutes les deux qu’elles sont en train de reprendre sans philtres un discours religieux, ce qui à la limite correspond peut-être à leurs croyances à elles, mais ne peut être énoncé au titre d’une représentation de toute la population.
L’affaire Mila aura eu le mérite de secouer la chape de plomb qui, peu à peu, est en train de se former concernant le fait religieux en général, et l’Islam en particulier, alors même que dans beaucoup de pays musulmans les droits des femmes restent bafoués. Les vues de Mila ont beau être mal exprimées, elles doivent avoir droit de cité sous une autre formulation. Il faut peut-être commencer à se demander enfin si le fait que cette jeune fille soit actuellement déscolarisée, son intégrité physique mise en danger en raison de cette histoire, n’est pas un plus grand scandale que ses propos.

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Gustav Moreau, Le sphinx victorieux (détail),  1886.

En France nous soutenons le PPD et le NPA:

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El caso Mila: cuidado, un escándalo puede esconder otro

El caso Mila habrá movilizado el país durante semanas. Aunque le ha salido caro a la adolescente, habrá tenido el mérito de sacudir la capa de hormigón que empieza a formarse en torno al hecho religioso.

La frase de André Malraux, “el siglo XXI será religioso o no será” se ha vuelto ya canónica y es citada cada vez que, en un acontecimiento, la religión cobra un papel excesivo. La polémica que concierne a la adolescente Mila la dota de una dimensión profética y lúgubre, pues el caso reaviva debates ya antiguos, referidos a la actualmente dubitativa laicidad de la República francesa.
Tras un conflicto con un joven musulmán, Mila había subido a sus redes sociales un video que se ha vuelto viral. En ella fustigaba el Islam, y sobre todo sus derivas integristas, con cierta pasión y hasta provocación. En efecto, primero hablaba en ella de una lógica de “odio” y se dejaba llevar por la cólera incurriendo en la provocación de decir que “le metía un dedo por el culo a Mahoma”. Los efectos no se hicieron esperar, Mila ha recibido decenas de insultos y de amenazas, de muerte y de violación. Su video se ha vuelto viral, ha tomado tal amplitud que Mila se encuentra ahora desescolarizada, pues ningún establecimiento escolar se encuentra en medida de asegurar su seguridad.
Sin incurrir en provocaciones, el caso habrá al menos tenido el mérito de resquebrajar la imponente capa de hormigón que estaba formándose a ojos vista en torno al Islam. Mila en primer lugar ha señalado con sus palabras, torpes, una de las realidades contemporáneas del Islam, la intolerancia. Sabido es que hoy una parte del mundo islámico encierra y/o mata a las mujeres que no quieren llevar velo; a las que se alejan de la institución del matrimonio; a los homosexuales ; a tantos otros… Y la adolescente se ha dejado llevar instintivamente hacia la provocación, adoptando la misma lógica que el adversario, puesto que en retorsión ha sido amenazada con ser violada: la violencia sexual.
Bien es cierto que esas realidades no son las únicas del Islam, y que además han sido las de todas las religiones en un momento o en otro de su historia; que constituyen una suerte de patología del pensamiento religioso. No obsta: constituyen una de las realidades actuales del Islam.
El gesto de Mila ha sido revelador a más de un título. En primer lugar, puede un@ preguntarse si el que el video haya suscitado tal escándalo no constituye una enésima violencia de género, pues no se habría amenazado a un hombre con violarlo como medida de retorsión. Además, forzado es constatar lo que ya había aparecido en las polémicas suscitadas por las publicaciones de Charlie Hebdo: la posibilidad de blasfemar, que ya existía en la Edad Media -muchas catedrales contienen aún en sus bajos relieves escenas de connotacion sexual- casi es cuestionada en un mundo cada vez más liberticida y alienado. Que guste o no, recordemos que pensar que los dioses son inventos del ser humano hechos para apaciguar el miedo a la muerte y facilitar la organización social en una época precedente a la existencia misma del Estado es una creencia positiva -y no una ausencia de creencia- que también debe poder ser enunciada -con mayor saber estar. Es inquietante de hecho que la clase política lo olvide hasta ese punto. En efecto, se ha apresurado últimamente a reaccionar, quizá a veces a fines electoralistas, en buen signo de los tiempos.
Algunas personalidades políticas que se han expresado a ese propósito han enunciado, en efecto, puntos de vista que retoman sin distancia el discurso religioso. Así, Segolene Royal ha hablado de una falta de respeto de Mila, y profundiza en la idea añadiendo que criticar una religión no impide mostrar respeto. La ministra Nicole Beloubet ha asimilado, en cuanto a ella, la crítica de las religiones a una “ofensa a la libertad de conciencia”. Recordemosle a la señora Royal que la falta de respeto también era usual en la Edad Media, que los bajos relieves de las catedrales pueden contener representaciones de vaginas o de testículos y que, al situar el debate al nivel del respeto, elude la cuestion de la Libertad de expresion. Recordémosle a la señora Beloubet que el ateismo también corresponde a una libertad de conciencia, y a las dos que están retomando sin filtros un discurso religioso, lo que corresponde quizá a sus creencias, pero no puede ser enunciado al titulo de una representación de toda la población.
El caso de Mila habrá tenido el mérito de resquebrajar la capa de hormigón que, poco a poco, está formándose respecto del hecho religioso en general, y del Islam en particular, aun cuando en muchos paises musulmanes los derechos de las mujeres son pisoteados. Por mas que los puntos de vista de Mila hayan sido mal expresados, deben poder ser expresados de otra manera. Quizá haya que empezar a preguntarse por fin si el hecho de que la joven se encuentre actualmente desescolarizada, con la integridad física en peligro debido a su gesto, no constituye un escandalo mayor que sus aseveraciones.

En Esania apoyamos a Iniciativa Feminista y a PACMA:

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