J’ai travaillé, durant ces six dernières années, sur les violences relationnelles sociales structurelles. A ce motif, j’ai pu systématiser certains des ressorts de la violence subordonnante qui parfois retombe sur les femmes et qui reste à ce jour la première cause de mortalité féminine dans le monde pour les femmes de moins de 44 ans, devant la guerre ou la famine. La loi cadre espagnole de mesures de protection intégrale contre les violences de genre la définit comme « une violence dirigée sur les femmes, du simple fait d’être des femmes, parce qu’elles sont considérées par leurs agresseurs dépourvues des droits fondamentaux que sont la liberté, le respect et la capacité de décision ».
Le prix à payer pour le simple fait d’être une femme peut être ainsi le contrôle maladif que le partenaire exerce sur sa personne au sein d’une relation affective, pour asseoir sur ce contrôle sa propre identité perçue comme forte ou supérieure. C’est un contrôle qui se vérifie dans le cadre des relations amoureuses, mais aussi dans le cadre des relations de parentalité. Il se décline en une palette de nuances qui vont de la simple contrainte à l’imposition tyrannique et exempte de toute pitié ; à une déshumanisation presque complète, une réification absolue supposant le retrait complet de toute empathie.
Le prix à payer pour être une femme peut aussi se décliner en violence normalisante et subordonnante, lorsque la personne concernée déroge à l’identité sociale prévue pour les femmes. Bien que cette identité sociale se soit un peu assouplie par rapport à l’image la plus traditionnelle de la femme dans la plupart des pays de l’hémisphère nord, les instances de pouvoir y restent pour beaucoup dominées par des hommes ; les rémunérations féminines souvent inférieures à celles des hommes, à formation et responsabilités égales ; les heures de travail ménager et de soin de la maisonnée inégalement réparties ; les peines de prison souvent plus longues pour les femmes que pour les hommes à délits égaux… Et bien d’autres indices qu’il serait possible de continuer à énumérer disent encore aujourd’hui l’existence de cette identité sociale façonnée par le système de domination. Puisque l’identité sociale féminine existe, la violence subordonnante qui lui était associée comme mécanisme pour rétablir l’ordre établi lorsque celui-ci était brisé, aussi. Beaucoup de femmes brillantes ou puissantes continuent ainsi à payer en attaques et agressions le prix de déroger aux limites identitaires fixées par le système, comme cela se vérifie souvent en politique avec les attaques que subissent des femmes comme Hillary Clinton, Angela Merkel, Christine Lagarde ou Margareth Thatcher…, souvent amenées à surjouer la dureté pour parer aux attaques incessantes qui sont faites à leur féminité.
Face aux nombreuses violences systémiques que les femmes subissent encore, et face aux chiffres malheureusement à peu près stables de féminicides que l’on peut noter dans tous les pays -l’Espagne comptant, en fait, parmi un des seuls qui ont réussi à les faire diminuer significativement de façon permanente avec sa loi cadre-, on peut, en tant que femme, se demander si nous sommes enfin véritablement devenues au XXIème siècle des citoyennes à part entière. Avons-nous enfin accès aux mêmes droits et garanties que les hommes ? Force est d’admettre que la réponse semble pointer la négative et que, lorsque nous nous trouvons confrontées aux violences systémiques, nous en sommes encore bien souvent réduites à emprunter des voies qui sont plus de l’ordre de la débrouillardise que de la garantie pleine et réelle. Des décisions de justice particulièrement médiatisées continuent ainsi à dire cet état de fait : on peut penser au combat de Julie pour faire reconnaître les viols répétés qu’elle a subis aux mains des pompiers, alors qu’elle se trouvait en un double état de vulnérabilité, donné par son âge et par la torpeur produite par la dose de médicaments qu’exigeait son affection. On peut penser au combat social qu’exigea en Espagne qu’une affaire relativement claire comme celle de la Meute aboutisse à une peine proportionnelle aux faits.
Quelles sont les ressources dont dispose une femme confrontée à des situations de violence relationnelle systémique ? Il faut déjà qu’elle identifie ces situations, ce qui ne va pas autant de soi que l’on pourrait le penser, les informations à propos des relations affectives violentes étant encore relativement peu distribuées et la pornographie normalisant encore pour beaucoup les violences sexuelles. Et une fois que la femme a identifié ces situations, quelles sont les ressources dont elle dispose ? Car il est usuel qu’elle tarde à obtenir une protection de l’Etat, comme le montrent bien les cas de féminicide qui avaient été précédés de plainte, et que malheureusement la presse qualifie encore plus volontairement de « drame » que de négligence. Celui d’Isabelle Thomas reste assez emblématique, dans la mesure où il a abouti à un procès pour négligence contre l’Etat, et à une précieuse condamnation qui pose, on l’espère, la base pour obtenir de meilleures garanties de protection pour toutes les femmes. Les ressources face aux situations de violence passent donc encore souvent par ce qu’on peut penser comme de la débrouillardise, et vont du recours à la solidarité et la médiatisation jusqu’à l’intimidation de l’agresseur, lorsque celle-ci est possible, en passant par le développement des capacités d’auto-défense. J’en suis bien consciente, car je me trouve aujourd’hui confrontée, comme d’autres fois au cours de ma vie, à ce type de situation. En litige avec un groupe de militants de gauche très perturbés qui ont cherché à me démolir psychologiquement par jalousie intellectuelle en instrumentalisant une personne vulnérable, je suis en bataille pour obtenir une ordonnance de protection pour mauvais traitements, soit une interdiction judiciaire de me côtoyer, compte tenu de leurs impulsions destructrices largement manifestées à mon encontre. Cela me demande plus d’effort que prévu, compte tenu de ce que je représente, somme toute, pour la région et au vu de l’évidente motivation de l’impulsion destructrice, la jalousie. Pour autant je mène le combat avec méthode et sérénité, sans pouvoir toutefois éviter de m’interroger sur ce que nous, femmes, avons réussi à être aujourd’hui. Car le fond de la question qui se manifeste à chaque occurrence de violence patriarcale subordonnante est bien celui-ci : le combat toujours en vigueur pour les femmes pour être, tiraillées comme elles sont entre la qualité de sujet et celle d’objet.
Je suis un sujet de droit et d’action, défini par mes compétences, mes habiletés, mes inclinations, mes attentes, mes goûts et mes réalisations ou suis-je encore et toujours l’objet de diversion, d’assistance, de production et de reproduction que les puissants font de moi ? Luttons ensemble, mes soeurs, encore, encore et encore, pour être ce sujet.

Gustav Moreau, Le Victorieux Sphinx (détail), 1886.
El precio a pagar
Cuando un@ vive en patriarcado, el simple hecho de ser mujer supone aún demasiado a menudo un precio a pagar. Como me encuentro en estos momentos confrontada a dicha situación, deseo producir una reflexión sobre la cuestión.
He trabajado, estos seis últimos años, sobre las violencias relacionales sociales estructurales. Por ese motivo, he podido sistematizar ciertos resortes de la violencia subordinante que a veces recae sobre las mujeres y que sigue siendo todavía hoy la primera causa de mortalidad femenina en el mundo para las mujeres de menos de 44 años, por delante de la guerra o del hambre. La ley marco española de medidas de protección integral contra las violencias de género la define como “una violencia dirigida contra las mujeres, por el simple hecho de ser mujeres, por ser consideradas por sus agresores como desprovistas de los derechos fundamentales que son la libertad, el respeto y la capacidad de decisión”.
El precio a pagar por el simple hecho de ser una mujer puede ser el control enfermizo que la pareja ejerce sobre su persona en el seno de una relación afectiva, para sentar sobre ese control su propia identidad percibida como fuerte o superior. Es un control que se verifica en el marco de las relaciones amorosas, pero también en el marco de las relaciones de parentalidad. Se declina en una paleta de matices que van desde la simple influencia hasta la imposición tiránica y exenta de toda piedad; a una deshumanización casi completa, una total reificación que supone la absoluta ausencia de empatía.
El precio a pagar por ser una mujer también se puede declinar en violencia normalizante y subordinante, cuando la persona concernida deroga a la identidad social prevista para las mujeres. Aunque esa identidad social se haya vuelto más flexible respecto a la imagen más tradicional de la mujer en la mayoría de los países del hemisferio norte, las instancias de poder todavía están en gran parte constituidas por hombres; las remuneraciones femeninas a menudo son inferiores a las de los hombres, a formación y responsabilidades iguales; las horas de trabajo en el hogar y de trabajo de cuidado permanecen desigualmente repartidas; las penas de prisión siguen siendo a menudo más largas para las mujeres que para los hombres a delitos iguales… Y muchos otros indicios que sería posible seguir desgranando dicen todavía hoy la existencia de esa identidad social construida por el sistema de dominación. Puesto que la identidad social femenina existe, la violencia subordinante que aparece asociada como mecanismo para restablecer el orden establecido cuando éste se ve roto, también. Muchas mujeres brillantes o poderosas siguen pagando así en ataques o agresiones el precio de derogar a los límites identitarios fijados por el sistema, como sucede a menudo en política con los ataques que sufren mujeres como Hillary Clinton, Angela Merkel, Christine Lagarde o Margareth Thatcher… a menudo obligadas a sobreactuar fingiendo dureza para anticipar frente a los ataques incesantes que recaen sobre su feminidad.
Frente a las numerosas violencias sistémicas que las mujeres sufren todavía, y frente a las cifras por desgracia más o menos estables de feminicidios que se puede notar en todos los países -España es en realidad uno de los pocos que han logrado disminuirlas significativamente de forma permanente con su ley marco-, puede una preguntarse, en tanto que mujer, si por fin en el siglo XXI nos hemos convertido en verdaderas ciudadanas de pleno derecho. ¿Tenemos por fin acceso a los mismos derechos y garantías que los hombres? Hay que admitir que la respuesta parece tender a la negativa y que, cuando nos vemos confrontadas a las violencias sistémicas, todavía nos vemos reducidas a tomar vías que tienen más que ver con desenvolverse que con la garantía plena y real. Decisiones de justicia particularmente mediatizadas siguen así poniendo esto en evidencia : puede un@ pensar en el combate de Julie para que se reconozcan las violaciones repetidas que ha sufrido por parte de bomberos, cuando se encontraba en un doble estado de vulnerabilidad, a causa de su edad y del torpor en que la sumía la dosis de medicamentos que exigía su dolencia. Puede un@ pensar en el combate social que exigió en España que un caso relativamente claro como el de la Manada recibiese una sanción acorde a los hechos.
¿De qué recursos dispone una mujer confrontada a situaciones de violencia relacional sistémica? En primer lugar tiene que identificar la situación, lo que no es tan evidente como podría pensarse, ya que las informaciones acerca de las relaciones afectivas violentas todavía se encuentran relativamente poco distribuidas y la pornografía normaliza todavía mucho las violencias sexuales. Y una vez que la mujer ha identificado este tipo de situación ¿de qué recursos dispone? Pues es usual que tarde en obtener una protección del Estado, como lo muestran muchos casos de feminicidio en los que la mujer había depositado previamente una denuncia, y que por desgracia la prensa califica todavía más como “drama” que como negligencia. El de Isabelle Thomas es bastante emblemático, en la medida en que desemboca en una denuncia por negligencia contra el Estado, y en una preciosa condena que sienta quizá, lo esperamos, la base para obtener mejores garantías de protección para todas las mujeres. Los recursos frente a las situaciones de violencia todavía pasan a menudo por lo que podría un@ pensar como apaño, y van del recurso a la solidaridad y la mediatización hasta la intimidación del agresor, cuando esta es posible, pasando por el desarrollo de capacidades de autodefensa. Soy consciente de ello, pues hoy me encuentro confrontada, como en otras ocasiones a lo largo de mi vida, a este tipo de situación. Trato esta vez de obtener una orden de alejamiento por maltrato machista para un grupo de militantes de izquierda extremadamente perturbados que han tratado de destruirme psicológicamente por envidia intelectual, instrumentalizando para ello a una persona vulnerable, manifestando sobradamente las impulsiones destructoras que tienen hacia mí. Me está costando más de lo previsto, habida cuenta de lo que yo in fine represento para la región y de la evidente motivación de la impulsión destructora, la envidia. Sin embargo, llevo el combate con método y serenidad, sin poder evitar no obstante interrogarme sobre lo que nosotras, las mujeres, hemos logrado ser hoy. Ya que ese es el fondo de la cuestión que se manifiesta en cada ocurrencia de violencia patriarcal subordinante: el combate todavía en vigor de las mujeres para ser, divididas como lo están entre el rol de sujeto y el de objeto.
¿Soy un sujeto de derecho y de acción, definido por mis competencias, mis habilidades, mis inclinaciones, mis esperanzas, mis gustos y mis realizaciones o bien sigo siendo el objeto de diversión, de asistencia, de producción y de reproducción que los poderosos han hecho de mí? Luchemos juntas, hermanas, sin cejar, para ser el sujeto que queremos ser.
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