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Billet de blog 9 mai 2020

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Demain aujourd'hui

Une anecdote du quotidien m’a fait plus palpablement prendre conscience du tournant décisif dans lequel nous nous trouvons…

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Depuis bien longtemps avant le coronavirus, j’avais acquis la certitude que nous vivions une époque charnière, le moment précis d’un point d’inflexion où un tournant civilisationnel était en train de se déterminer. Désormais, nous cheminerions vers le monde où la pollution atmosphérique ferait aussi objet de marchandages, où les ours polaires n’existeraient plus et où les pays en voies de développement seraient effectivement devenus l’arrière-cour d’un autre monde, cloisonné et brillant, le premier monde, comme nous appellent ces pays-là. Ou bien, nous cheminerions ver le monde où l’être humain vivrait en symbiose avec la nature, où la biodiversité ferait l’objet du plus grand respect et où les cultures et identités subordonnées dans le sang par la colonisation seraient remises sur pied d’égalité avec celles qui se sont accaparé l’imaginaire de l’humain.

Le coronavirus a accentué et accéléré ce sentiment -et cette peur- là. Je regarde ainsi avec un mélange d’angoisse et d’espoir l’évolution de la planète confrontée à cette épidémie. Plus que jamais, nous sommes en train de décider aujourd’hui quel sera le monde de demain. Ce sentiment a refait surface, comme souvent avec les choses réellement importantes, à l’occasion du constat de ce qui semble, à premier abord, une banalité : je suis tombée sur la publicité de masques imprimés à petits chats, oiseaux tropicaux, et même de Frida Khalo, vendus 20 euros la pièce ; puis, sur une publicité de marques plus sophistiquées de masques design à combiner avec la tenue portée. A peine Emmanuel Macron a-t-il déclaré que, finalement, il était judicieux de porter un masque que celui-ci est déjà devenu une marchandise capitaliste -peut-être Macron a-t-il attendu qu’il en soit ainsi pour estimer judicieux de le porter, me dira-t-on. Peu importe, cela me semble annoncer le début du cauchemar, le cheminement vers ce monde dont je ne veux pas, où la pollution fait l’objet de marchandages. Le monde des romans de science-fiction. Je repense à ces romans, justement : c’est tellement souvent que leur trame narrative inclut un événement fondateur où des mesures provisoires qui deviennent définitives sont adoptées …
Ces morts suffisent bien à rendre la situation cauchemardesque, je ne veux pas vivre, littéralement -ou littérairement- un cauchemar. Le coronavirus est dangereux, mais beaucoup de personnes y ont survécu, sans compter tous les porteurs sains qui ne sauront jamais qu’ils l’ont été parce que nous ne sommes pas massivement dépistés. Nous ne savons toujours pas pourquoi le coronavirus a un impact si différent suivant les individus -une personne de 102 ans y a survécu en Espagne, des enfants en bas âge tombent malades en Europe et aux USA-, mais nous savons qu’il a un impact très différent suivant les individus, qu’il n’est pas par système l’équivalent de la mort, non plus. Cela n’enlève pas la prudence à adopter face à lui, certes, mais cela veut dire que le plus grand danger que recèle ces virus nous vient de nos gouvernements, de leur manque de prévision, de leur gestion qui privilégie leurs intérêts à chacun d’entre eux, sans même prendre la peine de le voiler.
Le coronavirus ne doit pas constituer l’événement fondateur qu’incluent les trames des romans de science-fiction : il doit au contraire être une crise salutaire, un sursaut de survie destiné à nous mener au monde qui peut assurer notre permanence comme espèce.
Depuis quelques années, un changement du quotidien annonçait, me semble-t-il, le tournant civilisationnel. Si depuis plus d’un siècle notre alimentation avait égalisé l’espérance de vie des êtres humains des pays de l’Europe occidentale et de l’Amérique du nord, voilà que depuis deux décennies nous revenons, lentement mais sûrement, à un écart alimentaire, pur produit de notre monde, qui détermine déjà la durée de nos vies. Entre ceux qui peuvent manger du bio et ceux qui par manque d’information et d’éducation s’alimentent surtout de graisses saturées et de viande issue des élevages industriels le fossé se creuse. Bien avant le coronavirus nous étions déjà en passe de revenir à un écart alimentaire équivalent à celui qui sévissait dans l’Ancien Régime entre la noblesse et le peuple, ou à celui de la Révolution Industrielle, entre la haute bourgeoisie et le prolétariat le plus humble. Un écart alimentaire où se chiffre la vie des individus.
Le coronavirus est venu altérer l’évolution déjà présente et amorcée. Les masques imprimés, à 20 euros la pièce, m’ont fait l’effet d’une vision anticipatoire que j’espère voir déjouée. Nous devons décider aujourd’hui du monde que nous voulons, et que nous aurons, demain. Je souhaite que nous sortions dans la rue dès que la rigueur du confinement diminuera ; je souhaite que nous fassions pression pour qu’elle diminue -car enfin celui-ci n’est que la manière de compenser leur incompétence qu’ont trouvé les pouvoirs en place- ; je souhaite que nous réclamions massivement des gouvernements qui s’intéressent véritablement à nous, par-delà la démagogie nécessaire à la période électorale. Réclamons à ces gouvernements que nos villes soient entourées de ceinturons verts d’autonomie alimentaire ; qu’elles soient pourvues de dispositifs visant à produire de l’énergie renouvelable. Réclamons-leur que les êtres humains soient réellement égaux en droits ; que les pays ayant subi l’insulte et le pillage de la colonisation marchent de nouveau la tête haute, leurs cultures et leurs savoirs restaurés, par-delà les extrémismes ayant surgi en réaction à la violence occidentale. Réclamons que l’être humain parvienne véritablement à son aboutissement et son épanouissement en tant qu’être humain, qu’il ne demeure pas à jamais tel un bonsaï aux racines coupées par ses individus les moins scrupuleux.

Illustration 1

 Gustav Moreau, Le Sphinx victorieux (détail), 1886.

En France nous soutenons le PPD et le NPA

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Mañana hoy

Una anécdota de la vida cotidiana me ha hecho tomar conciencia de forma más palpable del giro decisivo en el que nos encontramos…

Mucho antes del coronavirus, ya había adquirido la certeza de que vivíamos una época bisagra, el momento preciso de un punto de inflexión en el que un giro civilizatorio se estaba determinando. Después de él, caminaríamos hacia el mundo en el que la contaminación atmosférica también sería objeto de comercio, en el que los osos polares ya no existirían y en el que los países en vías de desarrollo se habrían convertido en el patio trasero de otro mundo, cerrado y brillante, el primer mundo, como nos llaman en esos países. O bien, caminaríamos hacia el mundo en el que el ser humano viviría en simbiosis con la naturaleza, en el que la biodiversidad sería objeto del mayor de los respetos y en el que las culturas e identidades subordinadas a sangre y fuego durante la colonización serían puestas en pie de igualdad con aquellas que se han acaparado el imaginario de lo humano.
El coronavirus ha acentuado y ha acelerado ese sentimiento -y ese miedo. Miro por tanto con una mezcla de angustia y de esperanza la evolución del planeta confrontado a esa epidemia. Más que nunca, estamos decidiendo hoy cuál será el mundo de mañana. Ese sentimiento ha resurgido, como a menudo sucede con las cosas realmente importantes, con ocasión de la constatación de lo que a primera vista parece una banalidad: me topé con una publicidad de mascarillas impresas con gatitos, pájaros tropicales y hasta con Frida Kahlo, vendidas a 20 euros la unidad; luego, con una publicidad de mascarillas más sofisticadas de marcas de diseño, para combinar con la ropa que se lleva. Emmanuel Macron ha declarado apenas que, finalmente, parece prudente llevar mascarilla cuando ésta ya se ha convertido en una mercancía capitalista -quizá Macron ha esperado que así sea para estimar prudente que se lleve, se me objetara. Poco importa, ello me parece anunciar el principio de la pesadilla, un caminar hacia ese mundo que yo no quiero, en el que la contaminación es objeto de negociaciones. El mundo de las novelas de ciencia ficción. Pienso de nuevo en esas novelas, justamente: su trama narrativa incluye tan a menudo un acontecimiento fundador en el transcurso del cual se adoptan medidas provisionales que al final se convierten en definitivas…
Las muertes que estamos viendo suceder bastan para convertir nuestra situación en pesadilla, yo no quiero, literalmente -o literariamente- vivir una pesadilla. El coronavirus es peligroso, pero muchas personas han sobrevivido a él, sin contar tod@s l@s portador-e/a-s sanos que jamás sabrán que lo fueron porque no somos masivamente sometidos a test. Seguimos sin saber por qué el coronavirus tiene un impacto tan diferente en los distintos individuos -una persona de 102 años ha sobrevivido a ello en España, mientras que niñ@s pequeñ@s se ponen enfermos tanto en Europa como en EEUU-, pero sabemos que puede tener un impacto muy diferente según los individuos, que no equivale tampoco por sistema a la muerte. Claro que ello no quita que hay que ser prudentes, pero ello quiere decir que quizá el mayor peligro que encierra ese virus venga de nuestros gobiernos, de su falta de previsión, de su gestión que privilegia los intereses de cada uno de ellos, sin apenas tomarse la molestia de ocultarlo.
El coronavirus no debe constituir el acontecimiento fundador que incluyen las tramas de las novelas de ciencia ficción: debe, al contrario, ser una crisis que aporte, un sobresalto de supervivencia destinado a llevarnos hacia el mundo que pueda asegurar nuestra supervivencia como especie.
Desde hace algunos años, un cambio anunciaba en la vida cotidiana, me parece, el giro civilizatorio. Si desde hace más de un siglo nuestra alimentación había igualado la esperanza de vida de los seres humanos en los países de Europa occidental y de América del norte, he aquí que desde hace dos décadas volvemos, lentamente pero seguramente, hacia un desfase alimenticio, puro producto de nuestro mundo, que ya es determinante para la duración de nuestras vidas. Entre l@s que pueden comer comida ecológica y aquell@s que por falta de información y de educación se alimentan sobre todo de grasas saturadas y de carne producida en criaderos industriales crece la distancia. Mucho antes del coronavirus ya estábamos en camino de volver a un desfase alimenticio equivalente al que había en el Antiguo Régimen entre la nobleza y el pueblo, o al de la Revolución industrial, entre la alta burguesía y el proletariado mas humilde. Un desfase alimenticio en el que se cifra la vida de individuos.
El coronavirus ha venido a alterar la evolución ya presente y empezada. Las mascarillas impresas, a 20 euros la unidad, han sido como el esbozo de una visión anticipatoria que espero no se realice. Debemos decidir hoy el mundo que queremos, que tendremos, mañana. Yo deseo que salgamos a la calle en cuanto disminuya el rigor del confinamiento; deseo que presionemos para que éste disminuya -pues al fin y al cabo esta no es sino la manera de compensar su incompetencia que han encontrado nuestros gobiernos-; deseo que les reclamemos masivamente a nuestros gobiernos que se preocupen de veras por nosotr@s, más allá de la demagogia necesaria en periodo electoral. Reclamemos a esos gobiernos que nuestras ciudades estén rodeadas por cinturones verdes de autonomía alimenticia; que estén provistas de dispositivos encaminados a producir energía renovable. Reclamemos que los seres humanos tengan de veras los mismos derechos; que los países que han sufrido el insulto y el expolio de la colonización caminen de nuevo con la cabeza alta, con sus culturas y sus saberes restaurados, más allá de los extremismos que han podido surgir en reacción a la violencia occidental. Reclamemos que el ser humano llegue de veras a realizarse en tanto que ser humano, que no sea para siempre cual un bonsái de raíces cortadas por sus individuos menos escrupulosos.

En Espania apoyamos a Iniciativa feminista y a Pacma 

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