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Billet de blog 10 décembre 2020

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La « loi trans » de Podemos : une ode à la démagogie

Avec l’ouverture de l’étape de consultation, la « loi trans » tant annoncée par la formation espagnole est revenue au centre des débats, de plus en plus houleux, et à juste titre nous semble-t-il.

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Avec la publication récemment d’un écrit signé de huit féministes historiques, dont la philosophe Amelia Valcarcel, pour se prononcer contre le principe d’autodétermination du genre, qu’elle définit comme « effacement de femmes », le projet de « Loi pour l’égalité pleine et effective des personnes trans » du groupe Unidas Podemos revient de nouveau à l’actualité. Ce projet, cher au groupe, l’affronte au PSOE et à ses féministes, à l’origine du projet qui a finalement débouché sur la loi cadre concernant les violences de genre. Celles-ci considèrent que « bien que la sexualité soit influencée par la culture, il est impossible de nier que le sexe est une donnée objective dans ses aspects génétique, gonadal, hormonal, anatomique et génital. On ne peut pas parler d’une « autodétermination du sexe » comme d’un exercice de la libre volonté ». Elles redoutent en effet, non sans raison, l’impact sur les violences qu’aurait le fait de poser que le fait d’être une femme ou un homme relève du libre choix, car le sexe que nous avons à la naissance est ce qui « détermine le genre dans lequel nous sommes socialisés ».

Les féministes socialistes sont à vrai dire bien inspirées d’émettre ces remontrances car c’est bien le schéma même de complémentarité des rôles de genre qui est à l’origine des violences faites aux femmes, comme cela a été déjà très largement étudié et comme le signale la loi cadre de mesures de protection intégrale contre les violences de genre. Par ailleurs, les rôles dudit schéma sont attribués en fonction du sexe de naissance.

L’idée de façonner une loi cadre pour la question des transidentités a un impact sur les multiples violences faites aux femmes, car elle renforce les rôles qui en sont à l’origine tout en effaçant le mécanisme d’attribution desdits rôles. Cette loi cadre, en résumé, peut fort bien augurer de très beaux jours aux violences faites aux femmes en les retournant à l’invisibilité dont elles viennent à peine de sortir. La secrétaire générale du Groupe Parlementaire de l’extrême droite de Vox, Macarena Olona, l’a d’ailleurs très bien compris puisqu’elle twittait à cette occasion : « Jamais je n’ai imaginé que le féminisme de @IreneMontero serait notre meilleur allié. LA VIOLENCE N’A PAS DE GENRE ». C’est bien dommage que le groupe aborde la question comme il aborde tout, dans la superficialité consternante qui est celle de ses figures les plus visibles, dont Irene Montero. La ministre s’est en effet bornée à déclarer que l’agenda féministe et les droits des personnes transexuelles « sont des questions compatibles, qui peuvent cheminer en parallèle. Nous devons avancer dans notre pays dans des droits innovants ».

Bien entendu que l’agenda féministe et les droits des personnes transexuelles « sont des questions compatibles », la question étant qu’encore faut-il les compatibiliser car, comme le montre bien la tournure que prend le cheminement de cette loi, en l’absence de réflexion de fond, leurs combats débouchent sur des logiques opposées. Pour assurer les droits des femmes, le féminisme marche vers un assouplissement des rôles sociaux et une moindre fatalité d’association à la naissance. A l’opposé, assurer les droits des personnes transexuelles peut déboucher si on ne s’attèle pas à réfléchir sur les implications de ces droits, à renforcer la rigidité des rôles tout en gommant la matérialité sur laquelle leur attribution repose, celle du sexe.

Pour éviter que la question des droits des personnes transexuelles ne divise le féminisme, et arrange par là même le patriarcat, il est nécessaire, comme je l’avais par ailleurs précédemment signalé, de partir du constat que revendiquer les droits des transexuels et ceux des femmes obéit, si on ne s’en prémunit pas, à des logiques opposées. Tandis qu’un combat renforce les rôles genrés, l’autre les efface. Et cela même quand la superficialité des leaders de Podemos se gargarise de non-binarisme et d’autres concepts à la mode qu’on se demande s’ils mesurent.

Le fait même d’envisager de voter une loi cadre pour les questions concernant « l’identité sexuelle » exige de se poser des questions de fond pour bien délimiter les concepts. En effet, qu’est-ce que le sexe ? On ne peut pas dénier sa réalité matérielle au sexe. On ne peut lui nier que les attributions sociales qu’on lui confère dans la culture, et le fait qu’une inclinaison sexuelle particulière y soit adossée -étant donné que l’homosexualité existe aussi dans la nature. De là qu’il soit sans doute nécessaire de réfléchir à la convenance d’employer l’expression « libre autodétermination du sexe » glosée à loisir dans le texte. On ne peut pas autodéterminer librement son sexe, on ne peut que choisir l’identité sociale à laquelle on souhaite être identifiée, et prendre les mesures qu’on estime opportunes pour obtenir cela.

Bien sûr, les personnes dérogeant à la connexion sexe matériel-identité sociale subissent d’importants désagréments et stigmatisations au quotidien qui débouchent sur des inégalités réelles du point de vue des droits humains. Il va de soi qu’il est souhaitable de remédier à cette situation, cependant, il est possible de se demander s’il est pour autant nécessaire de faire voter une loi cadre : les mécanismes visant à remédier aux discriminations à l’embauche, aux droits à la retraite, aux droits à la sécurité sociale… de tout un chacun.e ne suffiraient-ils pas pour peu qu’on s’assure de bien les garantir, au plus près des réalités du social ?

Par manque de réflexion, la loi trans revient sur un acquis fondamental du féminisme : ni les hommes ni les femmes n’« existent », en réalité. En effet, c’est bien là le sens de la célèbre maxime de Simone de Beauvoir : « on ne naît pas femme, on le devient ». Les individus de sexe féminin, pas plus que ceux du sexe masculin, ne naissent avec les caractéristiques qui leur sont attribuées, ils et elles les acquièrent par l’éducation. Il est par là même grave que la problématique des individus transexuels de souhaiter adhérer à une autre identité sociale que celle culturellement associée à leur sexe essentialise ces identités sociales créées de toutes pièces, pour tout le monde. Et ce d’autant plus que, comme bien le signale une très grande partie du féminisme, la loi trans efface dans sa formulation le « support » -dirons-nous- sur lequel prennent appui ces identités, et avec elles les violences structurelles relationnelles qui contribuent à les fixer. C’est sans doute là toute l’insistance que mettent les féministes à souligner l’impératif de maintenir la dénomination de « femme » pour désigner les individus de sexe féminin : c’est afin d’établir leur subordination que leur sont adressées la majorité des violences structurelles.

Finalement, il est possible de dire que les mesures prévues par la loi pour les enfants transexuels sont pour le moins questionnables, y compris sans doute par une grande partie des individus transexuels. Rappelons avant toute chose que la plupart de nos démocraties ont établi l’âge légal du vote à 18 ans, cela parce que nos Etats ont estimé qu’auparavant un individu n’avait pas assez de discernement pour choisir en pertinence et responsabilité quelqu’un pour diriger le collectif. Je ne mets pas en doute qu’un individu qui ne se sent pas en adéquation avec l’identité sociale qui lui est d’office attribuée en souffre beaucoup et sans doute dès l’enfance. Cependant, il semble aberrant de permettre aux individus d’opérer sur leur corps un changement définitif nécessitant d’autant mettre en danger leur santé avant que ne soient mûres toutes leurs capacités de jugement. En effet, le social peut déparer beaucoup de souffrance à tout individu se trouvant en décalage avec son identité assignée sans que pour autant la solution réside en un changement de sexe. Nous sommes sans doute nombreu.x.ses à avoir fait l’expérience d’un rejet social dû à cela. Il est nécessaire de bien accompagner les enfants dans leur ressenti afin de les conduire réellement à la bonne décision, et pour ce faire rien de tel qu’éliminer tous les rejets sociaux liés à l’inadéquation au modèle, soit, rien de tel que de quasiment éliminer le modèle en actant que les hommes comme les femmes en réalité n’ « existent » pas ; que tout individu peut être comme il/elle le souhaite. Il faut par conséquent venir à bout des rejets dus à ce motif, et en particulier des phénomènes de harcèlement scolaire, qui continuent d’être un vrai calvaire. Il ne fait pas de doute que le quotidien des enfants trans s’en trouvera tellement amélioré qu’en leur expliquant qu’il est nécessaire qu’ils soient sûr.e.s parce que les traitements sont très lourds et les changements définitifs, ils pourront attendre d’en effet, être bien sûr.e.s.

Dans ses formulations comme dans ses mesures la « loi trans » semble, au minimum, à revoir. Elle se trouve malheureusement en parfaite adéquation avec la superficialité dont Podemos fait preuve de façon générale.

En France nous soutenons le PPD et le NPA:

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 Gustav Moreau, Le victorieux Sphinx (détail), 1886.

La « ley trans » de Podemos : una oda a la demagogia

Con la apertura de la etapa de consulta, la “ley trans” tan anunciada por la formación española ha vuelto a ser centro de debates, cada vez más pasionales, y con razón.

Con la reciente publicación de un escrito firmado por ocho feministas históricas, entre las que se encuentra la filósofa Amelia Valcarcel, para pronunciarse contra el principio de autodeterminacion de género, que el escrito denomina “borrado de mujeres”, salta de nuevo a la actualidad el proyecto de “Ley para la igualdad plena y efectiva de las personas trans” del grupo Unidas Podemos. El grupo ha hecho del proyecto uno de los objetivos de su legislatura, si bien éste lo enfrenta con el PSOE, cuyas feministas, instigadoras del proyecto que desembocó sobre la ley marco contra las violencias de género, consideran que «si bien la sexualidad está influida por la cultura, no podemos negar que el sexo es un dato objetivo en sus aspectos genético, gonadal, hormonal, anatómico y genital. No puede hablarse de ‘autodeterminación del sexo` como ejercicio de la libre voluntad». Temen en efecto, no sin motivo, el impacto sobre las violencias que tendría el hecho de establecer que ser un hombre o ser una mujer es algo que resulta de la libre elección, pues el sexo que tenemos al nacer es lo que “determina el género en que se nos socializa».

Las feministas socialistas tienen mucha razón al formular estas objeciones pues sabido es que el propio esquema de complementariedad de roles de género origina las violencias ejercidas sobre las mujeres, como ha sido ampliamente estudiado y lo formula por lo demás abiertamente la ley marco de medidas de protección integral contra la violencia género. Los papeles de dicho esquema son atribuidos en función del sexo de nacimiento.

La propia idea de elaborar una ley marco para la cuestión de las transidentitdades tiene un impacto sobre las múltiples violencias ejercidas sobre las mujeres, puesto que refuerza los papeles situados en el origen de éstas a la vez que oculta el mecanismo de atribución de dichos géneros. En resumen, esta ley marco perfectamente puede prolongar los días de relativa impunidad de las violencias ejercidas sobre las mujeres, regresándolas a la invisibilidad de la que acaban apenas de salir. La secretaria general del Grupo Parlamentario de Vox, Macarena Olona, lo ha entendido de hecho perfectamente ya que twiteaba : «Nunca imaginé que el feminismo de @IreneMontero sería nuestro mejor aliado. LA VIOLENCIA NO TIENE GÉNERO». Es una lástima que el grupo aborde la cuestión como lo aborda todo, en la consternante superficialidad propia a sus figuras mas visibles, entre las que se encuentra Irene Montero. La ministra se ha limitado en efecto a declarar que la agenda feminista y los derechos de las personas transexuales “son cuestiones compatibles, pueden caminar en paralelo. Tenemos que avanzar en nuestro país en derechos innovadores”.

Por supuesto que la agenda feminista y los derechos de las personas transexuales “son cuestiones compatibles”, siendo la cuestión que para ello habría que pensar en compatibilizarlas puesto que, como lo muestra el giro que está tomando la evolución de este texto de ley, en ausencia de una reflexión de fondo, sus combates terminan por desembocar en lógicas opuestas. Para asegurar los derechos de las mujeres, el feminismo se encamina hacia una mayor flexibilidad de los roles sociales y una menor rigidez en su vinculación al sexo de nacimiento. Al contrario, asegurar los derechos de las personas transexuales puede desembocar, si un@ no reflexiona sobre lo que implican dichos derechos, en reforzar la rigidez de los roles a la vez que se borra en efecto la materialidad sobre la que reposa su atribución, la del sexo.

Para evitar que la cuestión de los derechos de las personas transexuales divida al feminismo, conviniéndole de paso al patriarcado, es necesario, como por lo demás lo he precisado ya en otras ocasiones, partir de la constatación que reivindiccar los derechos de los transexuales y los de las mujeres obedece, si un@ no presta atención a ello, a lógicas opuestas. Mientras que un combate refuerza los roles de género el otro los diluye, incluso cuando la superficialidad de los lideres de Podemos se gargariza con no-binarismos y otros conceptos de moda que una se pregunta si miden.

El propio hecho de pensar en votar una ley marco para las cuestiones vinculadas a “la identidad sexual” exige plantearse interrogantes de fondo para delimitar de forma adecuada los conceptos. En efecto, ¿qué es el sexo ? No se puede negar la realidad material del sexo. Solo se puede negar que las atribuciones sociales que le confiere la cultura o el hecho de que una inclinación sexual particular tenga que serle asociada –dado que la homosexualidad también existe en la naturaleza- sean una fatalidad.

De ahí que sea sin duda necesario reflexionar sobre la conveniencia de utilizar la expresión “libre autodeterminación del sexo, a profusión glosada en el texto de ley. No se puede autodeterminar libremente su sexo, solamente se puede elegir la identidad social a la que un@ desea ser identificad@, y tomar las medidas que un@ estime oportun@s para obtenerl@.

Por supuesto, las personas que derogan a la conexión sexo material-identidad social sufren importantes perjuicios y estigmatizaciones cotidianas que desembocan sobre desigualdades reales desde el punto de vista de los derechos humanos. De más está decir que es deseable poner fin a esta situación. Sin embargo, es posible preguntarse si por ello es necesario que se vote una ley marco: ¿los mecanismos destinados a eliminar las discriminaciones en el medio laboral; a asegurar el derecho a recibir una pensión de jubilación; a recibir una cobertura social… de cada individuo no serían suficientes para ello, por poco que se garantice su aplicación tan cerca como sea posible de las realidades de lo social?

Por falta de reflexión, la ley trans cuestiona postulados fundamentales del feminismo: ni los hombres ni las mujeres “existen”, en realidad. En efecto, ése es el sentido de la célebre máxima de Simone de Beauvoir: “no se nace mujer, se llega a serlo”. Los individuos de sexo femenino, como los de sexo masculino, no nacen con las características que les son atribuidas, sino que las adquieren durante su educación. Por eso mismo es grave que la problemática de los individuos transexuales de desear adherir a otra identidad social que la que culturalmente se asocia a su sexo esencialice identidades sociales del todo artificiales, para todo el mundo. Y ello tanto mas cuanto que, como lo señala gran parte del feminismo, la ley trans borra en su formulación el “soporte” -diremos- sobre el cual toman apoyo esas identidades, y con ellas las violencias estructurales relacionales que contribuyen a fijarl@s. De ahí sin duda el empeño que ponen las feministas en subrayar el imperativo de mantener la denominación “mujer” para designar a los individuos de sexo femenino: es con el fin de establecer su subordinación con el que a ellas se dirigen la mayoría de las violencias estructurales.

Finalmente, es posible decir que las medidas que prevé la ley para l@s niñ@s transexuales son cuanto menos cuestionables, incluid@s sin duda para una parte de los individuos transexuales. Recordemos antes que nada que la mayoría de nuestras democracias han establecido la edad legal del voto en los 18 años, debido a que nuestros Estados han estimado que antes de esa edad un individuo no tiene bastante discernimiento para decidir con pertinencia y responsabilidad quien puede dirigir al colectivo. No pongo en duda que un individuo que no se sienta en adecuación con la identidad social que le es atribuida de oficio pueda sufrir mucho con ello, inclusive desde la infancia. Sin embargo, parece aberrante que se le permita a un individuo operar sobre su cuerpo un cambio definitivo que demanda poner hasta tal punto en peligro su salud antes de que hayan madurado todas sus capacidades para juzgar una situación. En efecto, la sociedad puede deparar mucho sufrimiento a todo individuo que se encuentre en desfase con su identidad asignada sin que por ello la solución resida en un cambio de sexo. Sin duda somos numeros@s l@s que hemos experimentado un rechazo social debido a ell@. Es necesario acompañar correctamente a l@s niñ@s en su sentimiento a fin de conducirl@s a tomar la decisión correcta, y para ello nada como eliminar todos los rechazos sociales vinculados a la inadecuación al modelo, esto es, nada como eliminar casi el modelo, aceptando que hombres como mujeres en realidad “no existen”; que todo individuo puede ser como él/ella lo desee. Es necesario por consiguiente terminar con los rechazos debidos a ese motivo, y en particular con fenómenos como el acoso escolar, que siguen siendo un verdadero calvario. No cabe duda de que, con ello, la vida cotidiana de los niños trans se encontrará mejorada hasta tal punto que al explicarles que es necesario que se sientan seguros de sus decisiones porque los tratamientos son muy pesados y los cambios definitivos, podrán en efecto esperar a estar segur@s de ello.

En sus formulaciones como en sus medidas la “ley trans” parece, como mínimo, necesitar una revisión. Se encuentra por desgracia en perfecta adecuación con la superficialidad de la que Podemos hace gala de forma general.

En Espana apoyamos a Iniciativa Feminista y a PACMA:

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