Sara Calderon (avatar)

Sara Calderon

Enseignante-chercheuse

Abonné·e de Mediapart

171 Billets

0 Édition

Billet de blog 18 avril 2022

Sara Calderon (avatar)

Sara Calderon

Enseignante-chercheuse

Abonné·e de Mediapart

Teresa Maffeis

Nice a perdu une des personnalités emblématiques de sa vie militante, quelqu’un d’une cohérence remarquable, qui aura consacré toute sa vie aux causes de la démocratie, l’alphabétisation et l’intégration des secteurs plus modestes, notamment les personnes issues de l’immigration. Elle développera un activisme spécifique, qui pousse chacun à l’action et sollicite la mouvance artistique.

Sara Calderon (avatar)

Sara Calderon

Enseignante-chercheuse

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nice est en deuil, elle a récemment perdu un des personnages phares de sa vie militante et associative, Teresa Maffeis. Teresa était un personnage charismatique, cohérent et engagé, un modèle pour nous tou.te.s, surtout en ces temps de recul de la démocratie.

Née à Orléans, Teresa est issue de l’immigration, avec des parents arrivés en France de Bergame, et elle a travaillé toute sa vie à améliorer l’accueil des migrants. Née en 1949, elle a fait ses études à Nanterre, participant ainsi aux événements de mai 68, où elle a rencontré certaines des personnalités qui vont participer à la vie politique française de la deuxième moitié du XXème siècle, comme Daniel Cohn-Bendit, entre autres. Pleinement intégrée à la mouvance révolutionnaire de l’époque, elle sera toujours mue par un instinct de terrain. Etant toutefois assez jeune à ce moment, elle fait plutôt, à cette époque, la découverte de la vie militante et elle maintiendra toute sa vie une cohérence exemplaire, qui se démarque bien du parcours de personnalités comme Cohn-Bendit

Elle fait des études en lettres et découvre pendant ses années étudiantes le monde, en faisant notamment le tour des USA avec une copine. Puis, elle est engagée à la CIPS, un groupe privé de protection sociale où elle s’occupera de l’aide sociale et s’engagera pour la défense des salariés, prenant même ses distances avec les syndicats, vis-à-vis desquels elle est assez critique. Tant et si bien qu’en 1976 la mutuelle la déplacera à la nouvelle antenne ouverte à Nice, toute seule, pour tenter de la neutraliser.

A Nice, elle devient plus tard administratrice de l’ASTIAM (Association de Solidarité avec les Travailleurs Immigrés des Alpes-Maritimes) et elle dispensera aussi des cours bénévoles de français. Elle acquiert alors une dimension militante qui va la suivre toute sa vie. Elle crée ainsi, en 1995, l’association NOUS (Nice-Ouverture-Union-Solidarité), destinée à alphabétiser les femmes étrangères et à apporter du soutien scolaire à leurs enfants. Très consciente des enjeux que sous-tend le combat pour l’éducation, toute sa vie elle s’investit dans l’alphabétisation des plus démunis. Elle visite ainsi au début du XXIème siècle les camps de roms pour scolariser aussi leurs enfants.

L’engagement pour assainir la vie démocratique la suivra également toute sa vie. Elle fonde en 1991 l’association AdN (Association pour la démocratie à Nice) avec deux autres personnes pour faire barrage à l’extrême droite, face à l’annonce de candidature de Jean-Marie Le Pen. C’est à partir de ce moment qu’elle commence à développer un militantisme qui lui est propre et vise à pousser les individus à l’action, à en faire plutôt des acteurs que des spectateurs. Il s’agit également d’un militantisme axé sur le culturel, qui implique de nombreux artistes : Ben, Pignon-Ernest, Pedinielli, Vivien Isnard, Farioli… Son militantisme acquiert de la sorte une forte dimension culturelle, l’implication de ces artistes participant à le faire connaître, car ils ont donné des œuvres pour ses causes. L’AdN n’a ainsi jamais vécu des subventions, elle a pu mener à bien son action uniquement grâce au soutien des adhésions et au don d’œuvres, la plupart des artistes ayant posé comme condition que celles-ci ne servent pas à spéculer mais soient vendues uniquement à des militants, et non à des collectionneurs. Une condition qui peut être lue comme une forme d’engagement, car elle permet d’ouvrir l’accès aux œuvres à des catégories plus modestes de la population.

L’AdN va organiser tout au long de son évolution plusieurs expositions engagées : « Sommes-nous des barbares », une exposition d’affiches ; « Ouvriers du tram », lors de la construction de la première ligne de tram ; « Vivons la commune! », pour les 150 ans de la commune… Elle organisera aussi des séances de ciné-débat, suivies d’un débat citoyen et faisant intervenir des personnalités extérieures. Les thématiques traitées visent à œuvrer pour les droits de chacun, certaines thématiques liées à l’homosexualité ayant participé à faciliter à des personnes de tendance homophobe la compréhension et l’intégration de celle-ci dans la vie publique. Par choix politique, l’AdN organise bien des événements publics, qu’elle met en place sans jamais demander autorisation en préfecture : elle cherche à revendiquer le droit de manifester sans en demander l’autorisation, un choix qui vise à souligner que l’institutionnalisation du procédé pose de fait une fausse infériorité du peuple.

A partir de 1999, l’AdN rejoint le collectif citoyen Diables Bleus, qui occupe des casernes restées à l’abandon. Cela permet à des associations citoyennes et des artistes sans local de s’y réunir pour travailler, car l’obtention d’un local n’est pas aisée pour la vie associative à Nice. Au bout de cinq ans ces casernes seront détruites pour y construire un pôle universitaire. Certains collectifs en place occuperont alors de façon provisoire d’autres locaux, jusqu’à ce qu’ils acquièrent une place définitive avec la création du 109, un pôle artistique et associatif.

A partir de 1993, Teresa Maffeis s’implique dans des permanences destinées à aider les sans-papiers dans leurs démarches, mises en place par le COVIAM (Comité de Vigilance des Alpes-Maritines). Puis, à partir de 2011 cet engagement évolue également vers l’intégration des réfugiés politiques, avec l’arrivée de réfugiés tunisiens qui ont été refoulés à la frontière de Vintimille. Elle va tourner notamment des documentaires sur la question. En 2015, une nouvelle vague de refugiés érythréens, soudanais… se trouve bloquée à la frontière. Teresa Maffeis sera alors très active dans l’engagement humanitaire, elle collecte ainsi des vêtements dont elle pourvoira les réfugiés puis s’occupera également de mineur.e.s isolé.e.s, avec lesquel.le.s elle restera le plus souvent en contact par la suite. Dépassant l’engagement humanitaire, la conviction qui l’occupe s’avère donc réellement politique.

La défense des droits des femmes est une autre des causes qui toute sa vie occupera Teresa Maffeis. La préoccupation de donner l’exemple sera constante et elle s’impliquera aussi avec de collectifs qui existaient déjà. Bien qu’ayant été sollicitée pour intégrer des listes électorales, les divergences politiques ont empêché ces propositions de se concrétiser.

Au début du XXIème siècle Teresa Maffeis s’engage pour le DAL (droit au logement) dans le 06. L’AdN avait déjà développé des activités en ce sens, organisant un repas de rue pour la fin de la trêve hivernale et aidant les personnes concernées dans leurs démarches administratives. Parer à la fracture numérique, qui pose de fait une inégalité très pénalisante, constitue une autre des causes pour laquelle elle voulait développer de nouveaux projets.

Tout au long de sa vie, Teresa Maffeis a démontré posséder une grande cohérence et intégrité, s’inquiétant de suivre dans le temps l’évolution des causes dans lesquelles elle s’est impliquée, prouvant qu’elle possédait une pleine conscience politique de ses actions. En parallèle à l’implication artistique, qui constitue un des sceaux de sa militance, Teresa Maffeis a œuvré aussi pour le développement de fêtes populaires qui resserrent le lien social et font croître la conscience citoyenne. Le carnaval de Nice étant payant, et donc pas accessible à tous, elle participera ainsi chaque année au carnaval indépendant, dont l’accès est gratuit et qui se trouve investi de la préoccupation de préserver l’esprit originel du carnaval, poser un monde à l’envers qui dénonce les travers de la société. Elle était également assidue à la festivité de la Santa Capellina, une festivité populaire qui se tient le 1er mai et se trouve située dans la prolongation de l’esprit du Carnaval, visant à souligner l’opportunisme de la classe politique au travers de la métaphore du chapeau, que tous les assistants doivent porter, de préférence confectionné par eux/elles-mêmes.

Contrastant avec un militantisme plus traditionnel, qui peut parfois être monochromatique, Teresa Maffeis développe au travers de son activité un point de vue unique, situé au carrefour du culturel, du social et du politique. En ces temps de recul démocratique, de désinvestissement et d’égoïsme, sa préoccupation pour le vivre ensemble, sa cohérence et sa vitalité nous manqueront irrémédiablement. Gardons à l’esprit son exemple, afin de lui rendre en le suivant, un hommage largement mérité.

 En France nous soutenons le PPD et le NPA:

Illustration 1
Illustration 2
Illustration 3

 Gustav Moreau, Le Victorieux Sphinx (détail), 1886.

Teresa Maffeis

Niza ha perdido a una de las personalidades emblemáticas de su vida militante, alguien de increíble coherencia, que habrá dedicado toda su vida a las causas de la democracia, la alfabetización y la integración de los sectores más desfavorecidos, entre los cuales el de las personas procedentes de la inmigración. Desarrolla por otra parte una forma específica de activismo, que empuja a tod@s a la acción y solicita ampliamente el universo artístico.

Niza está de luto, ha perdido recientemente uno de los personajes más emblemáticos de su vida militante y asociativa, a Teresa Maffeis. Teresa era una persona carismática, coherente y comprometida, un modelo para tod@s, sobre todo en estos tiempos de retroceso democrático.

Aunque nace en Orléans, los padres de Teresa llegan a Francia desde Bérgamo, lo cual determina sin duda la honda preocupación que la animará toda su vida por mejorar la acogida dada a l@s migrantes. Nacida en 1947, estudia en Nanterre, participando en los acontecimientos de mayo del 68, en los que conoció a algunas de las personalidades que van a conformar la vida política francesa de la segunda mitad del siglo XX, como Daniel Cohn Bendit, entre otros. Plenamente integrada en las aspiraciones revolucionarias de la época, siempre la moverá cierto sentido pragmático. Como era sin embargo bastante joven en esos momentos, descubre entonces la vida militante y mantendrá toda su vida una coherencia ejemplar, que se desmarca bastante del recorrido de personalidades como Cohn-Bendit.

Estudió letras y descubrió el mundo durante sus años de estudio, recorriendo entre otras cosas los Estados Unidos con una amiga. La contrató después el CIPS, un grupo privado de proteccion social donde se ocupará de las ayudas sociales y se comprometerá en defensa de los asalariados, distanciándose incluso de los sindicatos, hacia los cuales se muestra bastante crítica. Tanto es así que la compañía la desplaza a su nueva antena de Niza, para intentar neutralizar su actuación.

En Niza, termina ocupando el puesto de administradora del ASTIAM (Asociación de Solidaridad con los Trabajadores Inmigrados de los Alpes-Marítimos) y dispensa clases gratuitas de francés. Adquiere entonces una dimensión militante que la seguirá toda su vida. Crea de este modo en 1995 la asociación NOUS (Niza-Apertura-Unión-Solidaridad), destinada a alfabetizar a las mujeres extranjeras y a aportarles apoyo escolar a sus hij@s. Muy consciente de lo que se juega en el combate por la educación, toda su vida le va a dedicar esfuerzos a la alfabetización de los más desfavorecidos. Visita así a principios del siglo XXI distintos campamentos gitanos para asegurar la escolarización de los niños.

El compromiso con la causa democrática también la va a seguir toda su vida. Funda en 1991 la asociación AdN (Asociación para la democracia en Niza), junto a otras dos personas, para obstaculizar la progresión de la extrema derecha, frente al anuncio de la candidatura de Jean-Marie Le Pen. Es a partir de ese momento cuando comienza a desarrollar un militantismo que le es propio y trata de empujar a tod@s a la acción, de hacer de tod@s actores más que espectadores. Se trata también de un militantismo centrado en lo cultural, que implica a numerosos artistas: Ben, Pignon-Ernest, Pedinielli, Vivien Isnard, Farioli… Su militantismo adquiere así una fuerte dimensión cultural y la implicación de estos artistas participa en darle difusión, pues donaron obras para sus causas. La AdN no ha recibido nunca subvenciones, sino que ha podido llevar a cabo sus acciones únicamente gracias a las adhesiones y a la donación de obras, si bien la mayoría de los artistas han fijado como condición que éstas no sirvieran para especular y que fueran vendidas únicamente a militantes. Una condición que puede ser leída como forma de compromiso, pues permite que categorías más modestas de la población accedan también a las obras.

La AdN organiza a lo largo de su recorrido exposiciones comprometidas: “Somos bárbaros?”, una exposición de carteles; “Obreros del tranvía”, cuando se construyó la primera línea de tranvía; “Vivamos la comuna”, cuando se celebró el 150 aniversario de la comuna… También organizará sesiones de cine-debate, que acompaña con debates ciudadanos y para las que solicita a personalidades del exterior. Las temáticas tratadas se enfocan a asegurar los derechos de tod@s, de modo que algunas, vinculadas a la homosexualidad, contribuyeron a facilitar que personas de tendencia homófoba la comprendieran e integraran mejor en la vida pública. Por decisión política, la ADN organiza de este modo numerosos acontecimientos públicos, siempre sin solicitar la autorización de la Diputación Provincial: busca reivindicar el derecho a manifestar sin solicitar autorización, un procedimiento encaminado a subrayar que la institucionalización de ese procedimiento sienta de hecho la falsa inferioridad del pueblo.

A partir de 1999, la AdN integra el colectivo ciudadano Diablos Azules, que ocupa varios cuarteles abandonados. Eso permite a distintas asociaciones ciudadanas y a artistas que no tenían local reunirse en ellos para trabajar, pues obtener un local no es algo fácil para la vida asociativa de Niza. Al cabo de 5 años los cuarteles son derruidos para construir un campus. Algunos colectivos que los ocupaban ocupan entonces de forma provisional otros locales, hasta adquirir un emplazamiento definitivo con la creación del 109, un polo artístico y asociativo.

A partir de 1993, Teresa Maffeis se implica en permanencias puestas en marcha por el COVIAM (Comité de Vigilancia de los Alpes Maritimos) para ayudar a los sin-papeles con los trámites administrativos. Y a partir de 2011 ese compromiso evoluciona hacia la integración de refugiados políticos, con la llegada de refugiados tunecinos, bloqueados en la frontera con Vintimilla. Entre otras cosas, va a filmar varios documentales sobre la cuestión. En 2015, una nueva oleada de refugiados eritreos, sudaneses… se encuentra bloqueada en la frontera. Teresa Maffeis va a desplegar entonces una gran actividad en el plano humanitario, recogiendo ropa que luego donará a los refugiados y ocupándose de los menores aislados, con los que a menudo seguirá en contacto después. Mas allá del compromiso humanitario, la convicción que la anima es por consiguiente política.

La defensa de los derechos de las mujeres es otra de las causas que durante toda su vida movilizó a Teresa Maffeis. La preocupación de dar ejemplo es constante en ella y también se implica con colectivos ya existentes. Aunque fue solicitada para integrar listas electorales, dentro del marco del imperativo de paridad, las divergencias políticas impidieron que esas propuestas se concretizaran.

A principios del siglo XXI, Teresa Maffeis se compromete en favor del DAL (derecho al alojamiento) en el 06. La AdN ya había desarrollado actividades en ese sentido, organizando una comida en la calle cuando llegaba el final de la tregua hibernal y ayudando a las personas concernidas con los trámites administrativos. Paliar la fractura numérica, que constituye una desigualdad muy penalizadora, es otra de las causas para la que queria desarrollar nuevos proyectos.

A lo largo de toda su vida, Teresa Maffeis demuestra poseer gran coherencia e integridad, preocupándose además por seguir la evolución de las causas en las que se había implicado y haciendo con ello alarde de la plena conciencia política de sus acciones. A la vez que desarrollaba su implicación artística, que constituye una de las marcas de su militancia, Teresa Maffeis también trabaja para que se desarrollen fiestas populares que refuerzan los vínculos sociales y hacen crecer la conciencia ciudadana. Como el carnaval de Niza es de pago, y por tanto no se encuentra abierto a tod@s, participa cada año en el carnaval independiente, cuyo acceso es gratuito y en el que domina la preocupación por preservar el espíritu original del carnaval, esto es, organizar un mundo al revés que denuncie las taras sociales. También era asidua a la fiesta de la Santa Capellina, una fiesta popular organizada el 1° de mayo que se sitúa en la prolongación del espíritu del Carnaval y trata de subrayar el oportunismo de la clase política a través de la metáfora del sombrero, que todos los asistentes deben llevar, de preferencia confeccionado por ell@s mism@s.

En contraste con un militantismo más tradicional, que puede incluso parecer monocromático, Teresa Maffeis desarrolla a través de su actividad un punto de vista único, situado en el cruce de lo cultural, lo social y lo político. En estos tiempos de retroceso democrático, de indiferencia y de egoísmo, su preocupación por el vivir junt@s, su coherencia y su vitalidad nos faltarán siempre. Guardemos en mente su ejemplo, para rendirle, al seguirlo, un ampliamente merecido homenaje.

En Espania apoyamos a PACMA:

Illustration 4

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.