L’été a été fourni en rebondissements concernant l’affaire de la Meute, parmi lesquels l’initiative d’Antonio Manuel Guerrero Escudero d’aller renouveler son passeport malgré l’interdiction qui lui avait été faite de sortir du pays, le retour en prison d’Angel Boza après avoir commis un délit de vol et de fuite avec agression des agents de sécurité ou la demande de deux autres membres du groupe, au chômage avant les faits, de toucher l’aide à la réinsertion professionnelle pour les prisonniers. Il ne fait pas de doute qu’ils continueront, comme il ne fait pas de doute que, même si la réforme légale en matière de délits sexuels est pratiquement en route, avec deux forces politiques, PSOE et Unidos Podemos, déterminées à ce qu’elle voit le jour, le tribunal chargé du procès en appel aura une responsabilité historique –et une occasion également historique d’asseoir un précédent, afin de diminuer la récurrence de ce type de délits.
En attendant ces événements, il est possible d’ouvrir l’année scolaire en prodiguant de nouveaux conseils à cette fille, consacrés cette fois-ci à ce qu’elle gère au mieux l’objectivation sociale. En effet, elle retombe sur les victimes de viol beaucoup plus que sur n’importe quelle autre femme, avec la circonstance aggravante que l’agression les a rendues beaucoup plus sensibles à l’objectivation. Toute une épreuve, qui, dans son cas, a été si extrême qu’elle frôle l’intolérable.
La violence institutionnelle pour ce qui est de la violence de genre est quelque chose que le féminisme dénonce depuis longtemps, sans qu’une réforme significative ait été mise en marche en ce sens, au delà des aspects que l’Espagne envisage grâce à la Loi de Protection Intégrale contre la Violence de Genre. La violence institutionnelle est diffuse mais terrible, on peut la détecter à certains signes spécifiques : la remise en question systématique des propos de personnes se trouvant en situation de vulnérabilité ; l’examen séparé que font la Justice et les forces de l’ordre de faits qui ont des liens, parfois de cause à effet –comme il est arrivé à Juana Rivas- ; l’omission de prendre en compte les processus psychologiques que traversent les victimes –ce à quoi ont dû se confronter autant la victime de la Meute que Juana Rivas ; la seule assignation au rôle de victime de cette personne –comme si ce qui lui est arrivé absorbait son identité, comme si les choses ne guérissaient pas, au moins partiellement, comme si une survivante n’avait pas démontré ce que ceux qui n’ont pas été confrontés à la violence n’ont pas démontré : qu’elle a la trempe pour survivre. La violence institutionnelle est un problème dans tous les pays parce que toutes les sociétés de la planète sont patriarcales. Les institutions sont le reflet de la société qui les a créées, et elles contribuent à la construire et à la préserver. La violence mise en œuvre vis-à-vis des femmes y est minimisée, à niveau d’échelle –on peut penser au peu de priorité que l’on donne à certaines questions- et au niveau individuel –comme il est arrivé à la victime de la Meute.
Cette jeune fille, qui à ce stade a gagné le titre de survivante, a été confrontée à une violence institutionnelle –par l’omission qui a été faite de prendre en compte ses probables processus psychologiques, par exemple- et une violence sociale terrible d’objectivation. Comme son nom l’indique, l’objectivation est une violence psychologique consistant à transformer un individu en objet, niant son humanité et son individualité. En réalité, toute notre culture repose sur l’objectivation partielle des femmes, mais ce qui est habituel, c’est que la plupart des gens mobilisent à la fois la notion d’objet et de sujet au moment d’aborder une femme. La violence de genre consiste précisément à mobiliser davantage la notion d’objet que celle de sujet au moment de l’aborder ou, d’ailleurs, à ne mobiliser que celle d’objet, en la considérant en dehors de ses aspirations et problématiques individuelles, pour ce qu’elle représente en tant qu’objet pour son agresseur.
Le viol est en soi une objectivation, et une des plus violentes, puisqu’il implique l’infraction des limites corporelles à des fins de domination. Le viol dont a été victime la jeune fille agressée par la Meute est particulièrement objectivant, puisque les schémas narratifs des fictions pornographiques contemporaines sous-tendent la mise en scène effectuée par le groupe. Ceux-ci reposent sur le tandem de l’extrême objectivation des femmes versus la fantaisie de puissance masculine, donnée par la capacité à soumettre. La victime de la Meute a été ainsi triplement objectivée : par le groupe, par l’institution… et par la société. En effet, la brutalité de l’agression, le sentiment d’impunité des agresseurs, le ras-le-bol de la population féminine à propos des agressions sexuelles, le précédent de Nagore Laffage, ont transformé cette affaire en polémique nationale. Et qui dit polémique, dit objectivation. Le camp aux mains duquel la jeune fille a subi de nouvelles objectivations est, sans surprise, celui du machisme le plus passéiste. Surveillance, constante remise en question de son non-consentement (au delà de la cour de justice), divulgation volontaire de ses données personnelles, interminables discussions élucidant ses prétendus torts… des objectivations à répétition qui, chacune en leur mesure, ont été une agression faite sur quelqu’un qui était déjà en train de guérir d’une objectivation.
En effet, la violence de l’objectivation réside dans le fait de nier son individualité et sa qualité d’être humain à la personne concernée. Bien que psychologique, il s’agit d’une violence qui peut être extrême. Pour l’individu violenté, cette violence est psychologique-ontologique et réside dans le fait même d’être nié en tant qu’être humain, niant tout ce que l’on associe à cette condition.
Pour ma part, cela fait des années que je ne crois pas aux possibilités qu’offre l’actuelle organisation de la justice pour aborder certaines des violences que subissent les femmes. Je lutte dans mon quotidien pour que cela s’améliore et que ces possibilités existent, mais je n’ai porté plainte ni pour la violence exercée par mon compagnon, ni pour une autre plus récemment subie, dans les deux cas pour le même motif : gagner du temps de vie et optimiser mes possibilités de me régénérer. Mon expérience de l’objectivation ne peut donc venir du rapport à l’institution, elle vient du rapport au social. Elle n’en est pas moins déjà assez grande, et elle est liée aux violences précédemment vécues.
La guérison d’un traumatisme pour violence de genre est quelque chose de long, mais qu’il est possible d’accomplir en cheminant avec tranquillité et méthode, en tâchant de profiter le plus possible de la vie. Dans mon cas, deux sont les personnes qui, parce qu’elles avaient reçu de moi cette information, l’ont utilisée pour compromettre volontairement la guérison, à savoir, trois ou quatre ans de travail, et deux les groupes d’individus qui ont défendu le droit de ces personnes à compromettre ma guérison, c’est-à-dire, leur droit à me faire tomber au niveau zéro de ces trois ou quatre années de travail. Il s’agit d’une violence extrême, puisqu’il s’agit d’une négation sociale pure et simple de mon droit à la vie ; l’affirmation de ma vie comme insignifiante par essence.
Les descendants des fusillés par le franquisme, ou ceux des victimes des dictatures latino-américaines, le savent : la négation du droit à la justice est quelque chose qui complique beaucoup tant le travail de deuil de soi ou d’un autre que celui de guérison. En bonne logique, il m’a été pour ma part plus difficile de surmonter cette violence que celle subie par mon compagnon, mais j’ai dû le faire, car à ce jour je reste en mauvais termes avec ces deux groupes, qui défendent toujours le droit de mon agresseur à compromettre ma thérapie. Le fait que je rigole aujourd’hui d’une position si aberrante –et de la prétention encore plus aberrante de ces groupes à rester en de bons termes avec moi, à qui ils n’ont pas pu dire plus clairement de quelle façon ils me considéraient- est un bon indice qu’aujourd’hui c’est derrière moi, sans que justice ait été faite, avec quelqu’un qui socialement a le droit de détruire cinq ans de ma vie parce qu’il en a envie, parce qu’il/elle est plus humain que la sous-humaine que je suis J Cependant, je peux dire que cela a été dur. Je sais, parce que je l’ai vu, que la victime de la Meute a été confrontée à des problématiques similaires : alors qu’elle n’a même pas commencé le travail de reconstruction, qu’elle ne fait probablement que finir d’assimiler ce qu’elle a vécu, un nouveau machisme, furieux, la poursuit pour nier son humanité, pour la punir de ne pas accepter le geste de domination, la dépeindre en être omnidésirant construit à la mesure de ses propres fantaisies non assumées… De ce fait, et anticipant ce qui viendra probablement en automne, j’ai décidé de commencer l’année scolaire en lui disant ce que, à mon avis, elle peut faire face à l’objectivation sociale.
Si la solution sur le court terme est pour elle de s’éloigner de ce monde là, par un voyage ou un séjour en milieu rural, la solution sur le long terme va lui demander plus d’effort, un effort de rationalisation et d’introspection, afin de définir clairement tant les limites de son identité que ses points forts et ses succès. Elle doit être extrêmement consciente que, même si c’est sa vie que ces personnes compromettent en justifiant ce qui n’a pas de justification possible, une fois de plus, l’objectivation qu’elles mettent en place n’a pas tant à voir avec elle qu’avec la défense de structures de domination qui la précédent et qui, cela est dur, mais plus tôt elle l’acceptera mieux ce sera, leur importent plus que sa vie à elle. Elle doit effectuer un travail d’introspection parce que, au moment où son identité chancellera sous le poids des négations réitérées de son humanité et de ses droits, alors qu’elle ne s’est pas encore reconquise elle-même, il sera plus important que jamais qu’elle sache qui elle est. Il sera important qu’elle ne laisse pas ces voix –celles du machisme assoiffé de sang ; celles de l’égoïsme ordinaire se refusant à remettre en question les cadres de son monde- entrer dans sa tête, qu’elle sache ce qui s’est passé et qui elle est ; qu’elle sache par exemple que sa passivité correspond à l’état de choc ou au désir de ne pas mourir et être partiellement dépecée, comme Nagore Lafage, et non à la luxure identifiée par Ricardo González ou par certains intervenants dans les débats. Nous ne savons pas comment l’affaire finira, et il est probable, comme je le disais, que cette jeune fille devra encaisser de nouvelles violences, tant institutionnelles que sociales. Précisément de ce fait, elle doit savoir qu’un troisième élément qui l’aidera à lutter contre l’objectivation sera d’avoir à l’esprit les succès liés à cette affaire qu’elle peut, d’ores et déjà, s’attribuer : elle peut être certaine que, sans son cas, la nouvelle loi contre les violences sexuelles qui est en préparation n’aurait pas vu le jour, ou l’aurait vu bien plus tard. Il s’agit d’une loi qui, sur le modèle de celle qui a été approuvée en Suède en juillet, exigera que le consentement soit explicite et ne prendra plus en compte l’exercice de la violence comme indice de l’existence d’un viol. Une loi qui élimine la distinction entre abus et agression sexuelle, qui est à l’origine de la réduction de tant de peines. Qu’elle n’hésite pas à s’en attribuer partiellement le mérite, parce qu’elle peut le faire.
Etre transformé en objet, alors que nous sommes tous sujets, est une violence. L’être après que quelqu’un se soit permis de la transformer en objet au point de décider sur son futur, s’arrogeant tel un dieu de l’Averne le droit de vie et de mort sur elle –comme l’ont fait les membres de la Meute-, l’est encore plus. Le chemin qui lui reste à parcourir est sans doute long, et il est très probable qu’elle devra confronter de nouvelles objectivations pendant le procès en appel : qu’elle sache que c’est injuste, et qu’elle a la force d’y faire face. Ces personnes défendront bec et ongles leurs structures de domination, mais celles-ci ne constituent pas, pour beaucoup d’entre nous, un héritage si précieux qu’elle ou tant d’autres doivent payer de leurs vies leur préservation. Qu’elle travaille l’extrême conscience de son être et qu’elle sache que le discours de ces personnes est animé par une manque de vision maladif, se battant comme elles se battent avec l’énergie de celui qui préserve ses propres privilèges, ou par la vacuité du serf qui a vendu sa liberté pour une bagatelle.
Carta abierta a la víctima de la Manada, II : mi experiencia de la objetivación
A la vista de los sucesos del verano, e intuyendo lo que es probable que se avecine, me he decidido a retomar el blog completando el último artículo.
El verano ha transcurrido entre altibajos aferentes al caso de la Manada, entre los cuales que Antonio Manuel Guerrero Escudero decidiera ir a renovar pasaporte pese a haber recibido la prohibición de salir del país, que Angel Boza volviese a la cárcel tras haber cometido un delito de hurto con fuga y agresión a agentes de seguridad o que dos otros miembros del grupo, en paro antes de los hechos, soliciten la ayuda de reinserción en el mercado laboral para presos. No nos cabe duda de que los altibajos seguirán, ni de que, a pesar de que la reforma legal en materia sexual está ya prácticamente en curso, con dos fuerzas políticas, PSOE y Unidos Podemos, determinadas a ponerla en marcha, el tribunal que tenga que juzgar el recurso tendrá una responsabilidad histórica – y una ocasión igualmente histórica de sentar precedente, a fin de disminuir la recurrencia de este tipo de delitos.
A la espera de estos acontecimientos, quizá se pueda abordar esta nueva temporada de blog con nuevos consejos, dedicados esta vez a que esa muchacha gestione quizá mejor la objetivación social. En efecto, ésta suele recaer sobre las víctimas de violaciones en doble medida que sobre cualquier otra mujer, con el agravante de que la agresión las ha vuelto más sensibles a ser objetivadas. Una prueba con mayúsculas, que en su caso ha sido tan extrema que roza lo intolerable.
La violencia institucional en el ámbito de la violencia de género es algo que el feminismo denuncia desde hace mucho, sin que se haya emprendido una reforma significativa en ese ámbito, más allá de los aspectos que contempla España gracias la Ley de Protección Integral contra la Violencia de Género. La violencia institucional es difusa pero terrible, se la detecta en aspectos inequívocos : cuestionamiento sistemático de personas en situación de vulnerabilidad ; examen inconexo por la Justicia y las fuerzas del orden de hechos que están conectados –como le ha sucedido a Juana Rivas- ; omisión de tomar en cuenta los procesos psicológicos que atraviesan las víctimas –algo que les ha sucedido tanto a la víctima de la Manada como a Juana Rivas ; única asignación de la persona al rol de víctima –como si lo que hubiese sucedido se antepusiese al resto de su identidad, como si las cosas no pudiesen curarse, al menos parcialmente, como si una superviviente no demostrase algo que los que no se han confrontado a ninguna violencia no demuestran : que sobrevive. La violencia institucional es un problema en todos los países porque todas las sociedades del planeta son patriarcales. Las instituciones son el reflejo de la sociedad que las ha creado, y contribuyen a construirla y preservarla. La violencia puesta en marcha hacia las mujeres se minimiza, a nivel de escala –con la poca prioridad dada todavía a algunos asuntos- y a nivel individual –como le ha ocurrido a la víctima de la Manada.
Esta chica, que a estas alturas se ha ganada el título de superviviente, ha sufrido violencia institucional –por la omisión de tomar en cuenta sus probables procesos psicológicos, por ejemplo- y una violencia social terrible de objetivación. Como su nombre indica, la objetivación es una violencia psicológica consistente en transformar a un individuo en objeto, negando su humanidad y su condición de individuo. En realidad, toda nuestra cultura reposa sobre la objetivación parcial de las mujeres, pero lo usual es que la mayoría de las personas puedan movilizar la noción de objeto y la de sujeto a la vez a la hora de tratar a una mujer. La violencia de género consiste precisamente en movilizar más la noción de objeto que la de sujeto a la hora de tratar a una mujer, o de hecho, en movilizar sólo la de objeto, considerándola al margen de sus aspiraciones y problemáticas individuales, por lo que ella representa para su agresor en tanto que objeto.
La violación es en sí una objetivación, y una de las más violentas, puesto que implica la infracción de los propios límites corporales a fines de dominación. La violación sufrida por la víctima de la Manada es particularmente objetivante, ya que subyacen a la puesta en escena efectuada por el grupo las trilladas pautas narrativas de las ficciones pornográficas contemporáneas, que reposan sobre el tándem extrema objetivación de la mujer versus fantasía de potencia masculina, dada por la capacidad a someter. La víctima de la Manada ha sido así triplemente objetivada por el grupo, por la institución… y por la sociedad. En efecto, la brutalidad de la agresión, el sentimiento de impunidad de los agresores, el hartazgo de la población femenina respecto a las agresiones sexuales, el precedente de Nagore Laffage convirtieron el asunto en una polémica nacional. Y quien dice polémica, dice objetivación. El campo por parte de quien esta chica ha sufrido nuevas objetivaciones es, sin sorpresa, el campo del machismo más trasnochado. Vigilancia, cuestionamiento constante de su no-consentimiento (más allá del tribunal de justicia), divulgación voluntaria de datos, interminables foros deslindando su posible culpa… objetivaciones a repetición que, cada una en su medida, han sido un agresión a alguien que ya se estaba reponiendo de eso.
Y es que, en efecto, la violencia de la objetivación consiste en negar la individualidad y la calidad de ser humano de la persona concernida. Aunque psicológica, es una violencia que puede ser extrema. Para el individuo violentado, dicha violencia es psicológica-ontológica y reside en el hecho mismo de negarlo en tanto que ser humano, con todo lo que a esa condición va asociada.
Por mi parte, hace años que no creo en las posibilidades que ofrece la actual organización de la justicia para algunas de las violencias que sufren las mujeres. Lucho en mi día a día por que eso mejore y éstas existan, pero ni denuncié la violencia de mi pareja, ni otra más recientemente sufrida, en los dos casos por el mismo motivo : ganar tiempo y optimizar mis posibilidades de regenerarme. Mi experiencia de la objetivación no puede venir por tanto del ámbito institucional, viene del ámbito social. Aún así es ya grande y está vinculada a las anteriores violencias vividas.
La cura de un traumatismo por violencia de género es algo largo, pero que se hace, tranquila y metódicamente, disfrutando lo más posible de la vida. En mi caso, dos han sido las personas a quienes, habiéndole dado yo esa información, la han usado para comprometer voluntariamente mi cura, esto es, tres o cuatro años de trabajo, y dos los grupos de individuos que han defendido el derecho de esas personas a comprometer la cura, esto es, su derecho a devolverme al nivel cero de los tres o cuatro años de trabajo. Se trata de una violencia extrema pues se trata de la pura y simple negación social de tu derecho a la vida ; la afirmación de tu vida como insignificante en esencia.
Lo saben los descendientes de los fusilados del franquismo y aquellos de las víctimas de las dictaduras latinoamericanas : la negación del derecho a la justicia es algo que complica mucho tanto el duelo como la sanación. En buena lógica, a mí me costó casi más superar esa violencia que la violencia de mi pareja, pero tuve que hacerlo, porque a día de hoy permanezco enfrentada con esos grupos, que defienden el derecho de mi agresor a comprometer la terapia. El hecho de que hoy me ría de tan aberrante posición –y de la todavía más aberrante pretensión de esos grupos de permanecer en buenos términos conmigo, a quien no han podido dejar más claro cómo consideran- es un buen indicio de que hoy la superación está efectuada, sin justicia, con alguien que oficialmente tiene derecho a destruir cinco años de tu vida porque le apetece, porque él/ella es más humano que la subhumana que eres J. Pero sí puedo decir que fue duro. Sé porque lo he visto que la víctima de la Manada se ha visto confrontada a problemáticas similares : casi sin empezar todavía el trabajo de reconstrucción, con toda probabilidad terminando justo el de asimilación de lo sucedido, y más machismo, enfurecido, persiguiéndola para negar su humanidad, castigarla por no aceptar el gesto de dominación, plasmarla como ser omnideseante construido a la medida de sus propias fantasías inasumidas… Por eso, y sabiendo lo que probablemente venga este otoño, decido retomar el blog diciéndole lo que, en mi opinión, puede hacer frente a la objetivación social.
Si la solución a corto plazo para ella es alejarse de ese mundo, por un viaje o una estancia en medio rural, la solución a largo plazo le va a requerir mayor esfuerzo, un esfuerzo de racionalización y de introspección, para definir claramente tanto los límites de su identidad como sus logros. Debe ser extremadamente consciente de que, aunque sea su vida la que esas personas comprometan justificando lo injustificable, una vez más, la objetivación que ponen en marcha no tiene tanto que ver con ella como con la defensa de unas estructuras de dominación que la preceden y que, esto si es duro, pero cuanto antes lo acepte mejor, les importan más que su vida. Debe efectuar un trabajo de introspección porque, en el momento en que su identidad se tambalea bajo el peso de esas negaciones reiteradas de su humanidad y de sus derechos, ahora que todavía no se ha reconquistado a sí misma, va a ser más importante que nunca que sepa quién es. Va a ser importante que no deje esas voces –del machismo sediento de sangre ; del egoísmo ordinario negándose a cuestionar las pautas de su mundo- entrar en su cabeza, que sepa lo que pasó y quién es ; que sepa por ejemplo que su pasividad corresponde al estado de choc o al deseo de no querer morir y ser descuartizada, como Nagore Lafage, y no a la lascivia identificada por Ricardo González o por ciertos tertulianos. No sabemos bien cómo va a terminar el asunto, y es como decía probable que tenga aún que encajar cierta violencia, tanto institucional como social. Pero por eso precisamente, un tercer elemento que la ayudará a luchar contra la objetivación es tener presentes los logros vinculados a este asunto que, desde ya, puede atribuirse : puede tener la certeza de que, sin su caso, la nueva ley contra las violencias sexuales ahora en gestación o no habría visto el día, o lo habría visto mucho más tarde. Se trata de una ley que, sobre el modelo de la ley aprobada en Suecia en julio, requerirá que el consentimiento sea explícito y no tomará ya el ejercicio de violencia como índice de la existencia de una violación. Una ley también que elimina la distinción entre abuso y agresión sexual que tantas penas ha rebajado. Que no dude en atribuirse parcialmente el mérito, porque puede hacerlo.
Ser convertido en objeto cuando todos somos sujeto es una violencia. Serlo después de que alguien la haya convertido en objeto al extremo de decidir sobre su futuro, dándose cual dios del averno derechos de vida y de muerte sobre ella –como lo hicieron los componentes de la Manada- lo es aún más. El camino que le queda por recorrer es sin duda largo aún, y es absolutamente probable que tenga que hacer frente a nuevas objetivaciones durante el juicio de recurso : que sepa que es injusto, y que está en ella la fuerza de hacerles frente. Esas personas defenderán con uñas y dientes sus estructuras de dominación, pero éstas no constituyen para muchas de nosotras un legado tan preciado como para que ni ella, ni tant@s otr@s, paguen con su vida por ellas. Que trabaje la extrema conciencia de su propio ser y que sepa que el discurso de esas personas está animado por una enfermiza estrechez de miras, batiéndose con la energía que quien preserva sus propios privilegios, o por la vacuidad del siervo que ha vendido a precio de ganga su libertad.