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Billet de blog 23 février 2017

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Hégémonies

Une réflexion sur genre et discours politique soulevée par la suite des débats en Espagne.

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Outre les nouvelles pratiques qu’ils disent vouloir mettre en marche, et qu’ils mèneront à terme avec plus ou moins de succès, les mouvements politiques et sociaux qui ont surgi en Espagne ces deux dernières années ont eu, de mon point de vue, le double intérêt de rendre plus ou moins publics les débats autour des stratégies à mettre en place pour conquérir le pouvoir, ainsi que de poser la question d’une plus grande représentation des femmes et une mise dans l’agenda politique des questions de genre.

J’étais pour ma part plus coutumière d’un autre angle d’approche du pouvoir, que de celui de comment parvenir à s’y hisser. Aussi, cela m’a semblé intéressant de suivre les débats entre positionnement sur la carte idéologique ou indétermination qui les ont longtemps divisés. D’autre part, la question de la « dépatriarcalisation » ou de la « féminisation » de la politique, suivant l’angle d’approche et les postulats des parties en lice, a fait aussi son chemin, rencontrant sans doute sur son passage les embûches que l’on pouvait anticiper, puisque l’impression qui résulte de l’ensemble est celle d’une progression tutelée –donc limitée- par des figures fortes masculines. Progression toujours, cela est vrai.

Je passerai sur le fait que la structure finalement choisie pour le parti Podemos soit la plus pyramidale, et que cela se soit doublé du remplacement du jusque là numéro 2, Iñigo Errejón, par Irene Montero, la compagne du numéro 1, Pablo Iglesias. L’encre a déjà coulé sur ce choix. J’imagine que c’est le type de choix qu’il faut aborder au cas par cas : si cela peut se prêter en effet à des dérives, nombreuses ont été le exemples de collaborations de couples qui ont porté un fruit supplémentaire au travail (Pierre et Marie Curie, Simone de Beauvoir et Sartre etc). Disons simplement que cela peut être un choix de quitte ou double, et que l’on entend bien que, s’il a été fait de façon parallèle à la mise en place d’une structure de pouvoir plus pyramidale, à la place de l’autre plus horizontale qui était proposée, cela en ait gêné certains dans le parti.

C’est pour ma part à une question ayant trait à la construction idéologique que j’ai ici envie de réfléchir. Forcément, dans une course au pouvoir, c’est bien à fédérer des majorités qu’il faut s’atteler. En ce qui concerne la question des femmes, cela situe la démarche dans la tension entre la volonté de progrès et le fait avéré qu’une partie de nos sociétés reste machiste. Le débat entre un clair positionnement sur la carte idéologique ou l’indétermination, revenait pour la formation à s’atteler à la tâche de convaincre –donc à créer une hégémonie discursive- ou à se conformer, à tout le moins dans les apparences, aux paramètres de secteurs de population le plus larges possibles. Il en est de même, à mon sens, pour le débat concernant la progression des femmes et la « dépatriarcalisation » du politique. Toute personne s’étant intéressé de près ou de loin aux catégories–nombreuses- d’individus symboliquement « subalternes » sait que c’est bien la notion même d’hégémonie qui pose problème. En effet, par définition l’hégémonie crée une subalternité, ce qui fait que probablement le seul chemin pour éradiquer cette dernière soit tout simplement de renoncer à produire une hégémonie pour s’acheminer vers des notions telles que la pluralité ou la tolérance. Cela n’implique pas pour autant de tomber dans l’essentialisme qu’on peut voir dans certaines configurations multiculturelles, mais plutôt de prendre en compte les relations de pouvoir qui structurent le social, de les admettre jusqu’à preuve de contraire pour l’instant comme fatalité, et en ce sens de faire le nécessaire pour les compenser.

Il ne s’agit pas ici de douter du travail acharné des femmes conscientes de ces enjeux inclues dans ces formations, ce qui est de toutes façons en soi une nouveauté, mais simplement de souligner que lesdites formations ne se sont départies pour l’instant ni du vocabulaire belliqueux, ni des structures de pouvoir pyramidales –reposant, somme toute de façon patriarcale, sur le fantasme du « pater familias » par essence vertueux, dont il n’est en conséquent pas nécessaire de limiter les éventuelles nuisances-, ni de la compétition, ni bien entendu de mettre en avant pour l’instant surtout les femmes les moins autonomes, reléguant à l’arrière, en principe en raison du jeu démocratique, celles ayant pris le plus souvent l’initiative. Les personnes qui, comme moi, souhaitent des sociétés plurielles, participatives et apaisées, voulons bien croire à la coïncidence, mais force est de signaler qu’elle reste pour l’instant dans la ligne des traditions.

Plus que de suivre la progression discursive, qui saupoudre les « a » à foison (1), il s’agira donc de suivre la progression des pratiques. Entre temps la plupart des femmes ayant ces inquiétudes seront cantonnées à faire face au dilemme, qui est vieux comme les luttes des femmes et qui avait divisé par exemple déjà les suffragettes, de se réjouir d’une progression dialoguée et lente ou bien de passer à la vitesse supérieure, ne serait-ce que dans la divulgation des discours déjà existants et peu menés pour l’instant à la pratique.

(1) En espagnol, le « a » caractérise le féminin. Il est ainsi devenu d’usage de féminiser le plus possible le langage, plutôt que de faire du masculin l’universel de façon systématique.

Hegemonías

Una reflexión a propósito del género y del discurso político suscitada por la continuación de los debates en España.

Más allá de las nuevas prácticas que declaran querer poner en marcha, y que realizarán con más o menos éxito, los movimientos políticos y sociales que han surgido en España estos dos últimos años han tenido, desde mi punto de vista, el doble interés de hacer más o menos públicos los debates en torno a las estrategias a desarrollar para conseguir el poder y de plantear la cuestión de una más amplia representación femenina y una mayor inclusión en la agenda política de cuestiones aferentes al género.

Estaba por mi parte habituada a otro enfoque del poder que el de cómo lograr obtenerlo. Por tanto me ha parecido interesante seguir los debates entre la conveniencia de posicionarse en el mapa ideológico u optar por la indeterminación que durante mucho tiempo los han dividido. Por otra parte, la cuestión de la “despatriarcalización” o de la “feminización” de la política, siguiendo el enfoque y los postulados de las dos partes enfrentadas, también ha seguido su camino, encontrando sin duda obstáculos en él puesto que la impresión que resulta del conjunto es la de una progresión tutelada –y por tanto limitada- por figuras fuertes masculinas. Lo cual no obsta para que haya una progresión, bien es cierto.

Pasaré sobre el hecho de que la estructura finalmente adoptada para el partido Podemos sea la más piramidal, y sobre el que a esto se haya añadido la novedad de la sustitución del hasta ahora número 2, Iñigo Errejón, por Irene Montero, la compañera del número 1, Pablo Iglesias. La tinta ya ha corrido al respecto. Imagino que es el tipo de configuración que hay que abordar caso por caso : si eso se puede prestar a derivas, numerosos han sido los ejemplos de colaboraciones de parejas que han dado fruto de forma más pronunciada en el trabajo (Pierre y Marie Curie, Simone de Beauvoir y Sartre etc). Digamos simplemente que puede constituir una elección de doble o nada, y que se puede entender que, si se ha efectuado de forma paralela a la puesta en marcha de una estructura de poder más piramidal, en lugar de la otra más horizontal que fue propuesta al voto, haya podido molestar a sectores del partido.

Pero me interesa más por mi parte considerar un aspecto aferente a las ideas. En una carrera por lograr el poder, forzosamente habrá que enfocarse a federar mayorías.  En lo que respecta a la cuestión de las mujeres, eso sitúa el proceder en una tensión entre la voluntad de progreso y el hecho comprobado de que una parte de la sociedad sigue siendo machista. El debate entre un claro posicionamiento en el mapa ideológico o la indeterminación equivalía para la formación a enfocarse en la tarea de convencer –luego de crear una hegemonía discursiva- o a la de conformarse, al menos en apariencia, a los parámetros vigentes en sectores de población lo más amplios posibles. Lo mismo sucede, a mi modo de ver, en el debate referido a la progresión de las mujeres y a la “despatriarcalización” de lo político. Toda persona que se haya interesado de cerca o de lejos por las –numerosas- categorías de individuos simbólicamente “subalternos” sabe que es la noción misma de hegemonía la que es problemática. En efecto, por definición la hegemonía genera subalternidad, lo cual hace que probablemente el único camino para erradicar esta última sea simplemente renunciar a producir hegemonía para encaminarse hacia nociones tales como la pluralidad o la tolerancia. Esto no tiene por qué implicar caer en el esencialismo que se puede observar en algunas configuraciones multiculturales, sino más bien una toma en consideración de las relaciones de poder que estructuran lo social, admitiéndolas hasta prueba de lo contrario de momento como fatalidad, y haciendo en ese sentido lo necesario para compensarlas.

No se trata con esto de dudar del trabajo denodado de las mujeres conscientes de estas problemáticas incluidas en estas formaciones, lo cual es de todos modos en sí una novedad, sino sólo de subrayar que dichas formaciones no han prescindido de momento ni del vocabulario bélico, ni de las estructuras de poder piramidales –que reposan, de forma finalmente bastante patriarcal, sobre la fantasía del “pater familias” virtuoso por esencia, cuyos daños eventuales no es por consiguiente necesario limitar-, ni de la competición, ni por supuesto del hecho de que de momento se promociona sobre todo a las mujeres menos independientes, dejando en segundo plano, en principio con motivo del juego democrático, a las que más iniciativas han tomado. Las personas que deseamos sociedades plurales, participativas y apaciguadas, no tenemos problemas en creer en la coincidencia, pero forzoso es señalar que se sitúa de momento en la línea de la tradición.

Más que de seguir la progresión discursiva, que disemina “aes” en abundancia, se tratará por tanto de seguir la progresión de las prácticas. Entre tanto, la mayoría de las mujeres nos veremos obligadas a confrontar el dilema, viejo como las luchas de las mujeres y que ya había dividido a las sufragistas, de alegrarnos de una progresión dialogada y lenta o bien de pisar el acelerador, al menos en la divulgación de discursos a veces ya existentes pero de momento poco llevados a la práctica.

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