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Billet de blog 23 avril 2025

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Sodomie

A la suite de violences subies j’entends parler de cette pratique depuis cinq ans à Nice et je risque aujourd’hui le licenciement. De lassitude, donc, pour faire quelque chose, je fais le point.

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Mai 2025

La sodomie est un rapport sexuel consistant en une pénétration de l’anus du ou de la partenaire avec le pénis ou avec un objet, comme un godemichet. Bien que non lubrifiée, la zone est érogène. Ainsi, la pratique peut conduire à l’orgasme, chez l’homme par la situation de la prostate.

Le terme est attesté en France dès la fin du XIIème siècle. Emprunté au bas latin chrétien « sodomia », il est dérivé du nom de la ville de Sodome, détruite par Dieu selon la Bible, à la suite de ses multiples manquements, dont l’orgueil et l’inhospitalité, et la tentative de ses habitants de violer des anges de Dieu réfugiés chez Loth, le neveu d’Abraham.

Jusqu’au XVIIè, le terme désigne toute pratique sexuelle ne conduisant pas à la procréation - masturbation, cunnilingus, fellation et relations anales ou homosexuelles. Aux Etats-Unis, le terme conserve cette acception dans les classifications légales des Etats fédérés où existe encore une législation à ce propos.

La perception de la pratique a été diverse suivant les sociétés. A partir de l’émergence des monothéismes, elle a été souvent considérée comme déviante et stigmatisée en tant que telle, puisque ne menant pas à la reproduction. Dans l’Antiquité classique, elle était pratiquée de façon assez courante, mais paramétrée. Dans le rapport sexuel entre un hommes plus âgé, le maître, actif, et son élève, passif, plus jeune, elle était considérée comme une façon de transmettre le savoir. Dans le rapport entre un homme libre et ses esclaves, elle montrait sa puissance. Chez les Celtes, en particulier les Gaulois, elle était acceptée.

Aujourd’hui, la sodomie reste pénalisée dans une dizaine de pays du globe, par des peines allant jusqu’à la peine de mort, en Arabie Saoudite par lapidation. Aux Etats-Unis, ce n’est qu’en 2003 que la Cour suprême déclare anticonstitutionnelles les lois de certains Etats contre la sodomie. Au Canada, la législation à ce propos s’assouplit en 1969, mais existe encore : la pratique est interdite entre mineurs et ne peut être pratiquée que dans l’intimité.

Historiquement, ce n’est qu’au XIe siècle que cette notion est instituée en Europe en droit canon, mais le concept englobe alors toutes les pratiques ne conduisant pas à la procréation. Les notions de nature et contre-nature ne s’installent cependant qu’entre le XIIIè et le XVè, où l’Eglise condamne la pratique, en parallèle au début de la sacralisation du mariage. Cette condamnation débouche encore rarement sur une pénalisation active.

Sous l’Inquisition espagnole des XVIe et XVIIe, la pratique est mise sur pied d’égalité avec la zoophilie, et considérée comme « péché abominable ». Elle est encore une fois conçue au sens large, désignant les pratiques non procréatrices. Elle peut valoir à ses auteurs le bûcher, les galères, la prison à vie, le bannissement, des pénitences, le fouet.

Après un relâche à la Renaissance, sous influence de l’Antiquité, les Lumières reprennent la condamnation de l’homosexualité, au nom de la Raison et du contrôle des passions. En France, c’est en 1750 que se produit la dernière condamnation à la peine capitale contre des « sodomites » : Jean Diot et Bruno Lenoir, sont pris en flagrant délit en pleine rue, étranglés et brûlés en place de Grève. Cependant, elle est le premier pays à dépénaliser complètement l’homosexualité : en 1791, l’Assemblée nationale législative ne retient pas le « crime de sodomie » dans le Code pénal.

Aujourd’hui, les enquêtes pour l’analyse des comportements sexuels en France établissent que la pratique reste relativement marginale : seules 12% des femmes de 25-49 disent la pratiquer souvent ou parfois. Si l’enquête réalisée en 1992 établissait que 24% des femmes en avaient déjà fait l’expérience, contre 30% des hommes, celle de 2007 établit 37 % des femmes et 45 % des hommes. Les études démontrent qu’un déterminant de la pratique est la « précocité » sexuelle. En effet, pour une tranche d’âge, on observe plus de pratiquants parmi les 25% du groupe ayant leur premier rapport le plus tôt que parmi les 25% ayant leur rapport le plus tard.

La sodomie est utilisée de façon récurrente pour surmonter certains « obstacles ». Dans des milieux très religieux, elle peut être utilisée comme alternative à la pénétration vaginale, pour ne pas rompre l’hymen de la femme avant le mariage. Elle est aussi utilisée pour contrôler les naissances, aux Etats-Unis elle l’est souvent chez les adolescentes pratiquantes, en particulier évangéliques. Dans l’Antiquité, elle faisait partie des méthodes de contraception.

A la suite d’une violence subie, j’entends parler de sodomie depuis cinq ans à Nice et risque aujourd’hui le licenciement. Par la force des choses, j’ai donc entrepris ces réflexions.

Mon compagnon m’avait violée à l’époque en me sodomisant. Je vais éviter de préciser si j’avais ou non réalisé cette pratique avant, pour ne pas exciter les pervers avec des fantasmes de virginité, j’ai assez subi ces cinq dernières années. Surtout que je ne sais pas ce que je pense de la sodomie, je crois que je m’en fous. Toujours est-il que mon compagnon est tellement en difficulté, puisqu’il a été maltraité dans l’enfance, que je pense qu’en fait il n’a même pas réalisé le viol, réellement. Cependant, l’information étant tombée entre des hommes d’âge mûr qui le connaissaient et étaient jaloux de mes livres, ils l’ont répété à foison dans toute la ville, et même la région, puisqu’on m’en a parlé dans l’arrière-pays. Le but était, de façon assez évidente, de réaliser une forme de violence sexuelle sur ma personne, tout en me stigmatisant pour m’isoler – puisqu’il paraît que j’aime cela, bien sûr, une femme aime toujours cela, ça va de soi.

Aujourd’hui, il est question que je puisse être virée pour ce motif, mais comme je suis la victime, du viol comme du débat, je refuse de me comporter en coupable. J’en suis donc venue à parler de ce viol pour poser un acte politique, il ne faut jamais sous-estimer le patriarcat. Je ne pousserai cependant pas jusqu’à m’étendre à l’extrême, c’est déjà assez ridicule. Je n’ai rien ressenti de particulier, mais je suis entrée en état de choc et je n’ai pas trop pu bouger, je suis sortie de l’état de choc au bout d’un moment.

Que l’université fasse ce qu’elle a à faire, je ferai de même. Je pense par ailleurs qu’il faudrait radier les psychiatres qui me disent obsédée par ce garçon, ce sont surtout des pervers excités par la sodomie, ou peut-être par le fantasme de me violer moi, j’ai quand même un certain talent.

Ma vie à Nice reprend relativement plaisante, quel que soit le temps qu’elle dure encore. Je considère ma relation rompue avec un certain nombre de personnes, le pourcentage usuel qui considère les femmes folles, caractérielles etc. Le clivage politique est… farfelu, je suppose, mais il ne faut jamais sous-estimer le patriarcat… J’espère le billet du mois de juin plus intéressant, je suis sûre qu’il en sera ains. Merci de me suivre.

[30 ANS DE PRISON, POUR STERILISATION FORCEE ET SEVICES]

Illustration 1

Gustav Moreau, Le Victorieux Sphinx (détail), 1886.

Sodomía

Por haber sufrido una agresión, oigo hablar en Niza de esta práctica desde hace cinco años y se baraja hoy mi despido. Por hastío, por hacer algo, hago un balance.

Mayo de 2025

La sodomía es una relación sexual que consiste en penetrar el ano del o de la pareja con el pene o con un objeto, como un dildo. Aunque no lubrificada, la zona es erógena. Por eso, la práctica puede conducir al orgasmo, en el hombre por la situación de la próstata.

El término se utiliza en Francia desde el siglo XII. Tomado del bajo latín cristiano “sodomía”, deriva del nombre de la ciudad de Sodoma, destruida por Dios según la Biblia, a causa de sus múltiples incumplimientos, como el orgullo o la inhospitalidad, y la tentativa de sus habitantes de violar a unos ángeles de Dios refugiados en casa de Loth, el sobrino de Abraham.

Hasta el siglo XVII, el término designa toda práctica sexual que no conduzca a la procreación – masturbación, cunnilingus, felación y relaciones anales u homosexuales. En Estados Unidos, el término conserva esa acepción en las clasificaciones legales de los Estados federados donde todavía existe una legislación a ese respecto.

La percepción de la práctica ha sido diversa según las sociedades. A partir de la emergencia de los monoteísmos a menudo se la ha considerado como desvío y estigmatizado como tal, ya que no conduce a la reproducción. En la Antigüedad clásica se practicaba con frecuencia, pero en contextos establecidos. En la relación sexual entre un hombre de más edad, el maestro, activo, y su discípulo, pasivo, más joven, se la consideraba como una manera de transmitir un saber. En la relación entre un hombre libre y sus esclavos demostraba el poder de éste. Entre los celtas, los galos en particular, era aceptada.

La sodomía todavía es penalizada en unos diez países del planeta, con penas que pueden ir hasta la pena de muerte, en Arabia Saudí por lapidación. En Estados Unidos no es sino hasta 2003 cuando la Corte suprema declara anticonstitucionales las leyes de algunos Estados contra esa práctica. En Canadá, la legislación al respecto se hace más flexible en 1969, pero aún existe: la práctica está prohibida entre menores de edad y sólo puede practicarse en la intimidad.

Históricamente no es sino hasta el siglo XI cuando la noción se instituye en Europa en derecho canónico, pero el concepto engloba entonces todas las prácticas que no conducen a la procreación. Las nociones de natura y contra natura sólo aparecen entre los siglos XIII y XV, cuando la Iglesia condena la práctica, de forma paralela al inicio de la sacralización del matrimonio. La condenación es todavía seguida con poca frecuencia de una penalización activa.

La Inquisición española de los siglos XVI y XVII pone en pie de igualdad dicha práctica y la zoofilia, considerando a ambas como “pecado abominable”. Otra vez se la concibe en sentido amplio, designando las prácticas no procreadoras. Puede valer a los que la practican la hoguera, las galeras, la cadena perpetua, el exilio, penitencias o el azote con látigo.  

Tras una flexibilización durante el Renacimiento, por influencia de la Antigüedad Clásica, la Ilustración condena de nuevo la homosexualidad, en nombre de la Razón y del control de las pasiones. Es en 1750 cuando se condena en Francia por última vez a la pena capital a “sodomitas”: Jean Diot y Bruno Lenoir, sorprendidos en flagrante delito en plena calle, son ahorcados y quemados en la plaza de Grève. No obstante, Francia es el primer país que despenaliza completamente la homosexualidad: en 1791, la Asamblea nacional legislativa no vota el “crimen de sodomía” en el código penal.

Hoy en día, las encuestas para analizar los comportamientos sexuales en Francia establecen que la práctica sigue siendo relativamente marginal: solo el 12% de las mujeres de 25 a 49 años dicen practicarla a menudo o a veces. Si la encuesta realizada en 1992 establecía que el 24% de las mujeres ya había practicado la sodomía, contra el 30% de los hombres, la de 2007 establece que el porcentaje ha pasado al 37% en las mujeres y el 45% en los hombres. Los estudios demuestran que un determinante en esta práctica en la “precocidad” sexual. En efecto, en cada franja de edad se observan más personas que recurren a ella entre el 25% que antes ha tenido su primera relación sexual que entre el 25% que lo ha tenido más tarde.  

La sodomía se utiliza de forma frecuente para sobrepasar ciertos “obstáculos”. En medios muy religiosos puede ser utilizada como alternativa a la penetración vaginal, para no romper el himen de la mujer antes del matrimonio. También se utiliza como medio de contracepción, en Estados Unidos a menudo es así entre adolescentes religiosas, en particular evangélicas. En la Antigüedad se la utilizaba de forma frecuente para ese uso.

Tras haber sufrido una violencia, oigo hablar de sodomía en Niza desde hace cinco años y corro hoy el riesgo de ser despedida. Forzada por la situación, emprendo estas reflexiones.

Mi compañero me violó en aquella época sodomizándome. Evitaré precisar si yo había realizado o no antes esa práctica, para no excitar a pervertidos con fantasías de virginidad, bastante he sufrido estos cinco años. Sobre todo, que ni sé lo que pienso de la sodomía, creo que me da igual. Como quiera que sea, mi compañero tiene tantas dificultades, ya que ha sufrido maltrato en la infancia, que ni creo que se haya dado cuenta realmente de que me violaba. Sin embargo, la información cayó en manos de hombres de edad madura que lo conocían a él y sentían celos de mis libros. La difundieron por toda la ciudad, e incluso la región, puesto que me la han comentado hasta en un pueblo de las montañas. De manera bastante obvia, el objetivo era ejercer una forma de violencia sexual sobre mi persona, a la vez que me estigmatizaban para aislarme – ya que parece que me gustó, por supuesto, a una mujer siempre le gusta todo, se sobreentiende.

Hoy se discute que se me pueda despedir por el escándalo, pero como soy la víctima, de la violación como del debate, me niego a comportarme como culpable. Me he resignado por tanto a hablar de la violación como acto político, nunca hay que subestimar al patriarcado. No iré hasta extenderme en extremo, ya es bastante ridículo. No sentí nada particular, pero entré en estado de choc y no pude moverme en exceso, salí del estado de choc al cabo de un rato.

Que la universidad haga lo que le parezca, yo haré lo mismo. Pienso por otra parte que habría incapacitar a los psiquiatras que me dicen obsesionada por ese chico, se trata ante todo de perversos excitados por la sodomía, o quizá por la fantasía de violarme a mí, a causa de mi talento.

Mi vida en Niza retoma, bastante agradable, sea cual sea el tiempo que dure aún. Considero mi relación rota con cierto numero de personas, el porcentaje usual que considera a las mujeres locas, ciclotímicas etc. La polarización política es… descabellada, supongo, pero nunca hay que subestimar al patriarcado… Espero que el artículo del mes de junio sea mas interesante, estoy segura de que así será. Gracias por seguirme.

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