C’est récemment, vendredi 12 novembre, qu’a pris fin la scandaleuse tutelle de la chanteuse Britney Spears, grâce à une décision de la juge Brenda Penny. Emue, la star a écrit sur ses réseaux sociaux qu’elle profitait de sa première coupe de champagne depuis 13 ans.
Pour rappel, la chanteuse avait été mise sous tutelle en 2008, à la suite d’une année 2007 néfaste, où elle avait connu des dérives importantes. Plongée dans une vie d’excès, où l’alcool et les substances hallucinogènes étaient bien présentes, elle avait été hospitalisée deux fois, avait divorcé de Kevin Federline et avait perdu la garde de ses enfants. Son apparition devant les flashs des paparazzis avec le crâne rasé avait marqué les esprits.
A la suite de ces faits, elle est donc placée sous la tutelle de Jamie Spears, son père, chargé de veiller sur son quotidien et ses choix de carrière, puis d’un avocat, Andrew Wallet, chargé de gérer sa fortune. La tutelle devait être initialement de courte durée, mais la justice a décidé de la pérenniser indéfiniment, jusqu’à ce que la star présente des « signes d’amélioration durable de son état mental ». Une bataille judiciaire s’est ainsi installée entre Britney Spears et son père, qui aura duré treize ans. Il ne fait pas de doute que le soutien de ses fans, qui ont mis dès 2009 en place le hashtag #FreeBritney, persuadés qu’elle envoyait des appels à l’aide codés depuis son compte instagram, aura été déterminant comme moyen de pression pour qu’au final tombe cette tutelle pour le moins questionnable, la fortune de la chanteuse étant estimée à 60 millions de dollars et la dépression étant, tout compte fait, un mal courant dans nos sociétés.
La fin de la tutelle aura été cependant le résultat d’une (trop ?) lente progression. En 2019, la demande de la chanteuse d’un arrêt définitif de la tutelle exercée par son père débouche sur l’attribution de la gestion du quotidien et des décisions médicales de la star à une curatrice professionnelle, tandis que son père continue de co-gérer sa carrière. Bien qu’elle renouvelle sa demande en 2020, recevant le soutien de sa mère, cette demande débouche sur un échec, la cour confirmant la tutelle de Jamie Spears. En avril 2021, un documentaire basé sur une enquête du New York Times relance la polémique sur la tutelle de la chanteuse, faisant remarquer des côtés abusifs, comme le fait que la chanteuse doive payer non seulement ses propres frais d'avocat mais aussi ceux des tuteurs qui contestent ses demandes devant un tribunal. En juin 2021, au cours d’une audience en visio-conférence au tribunal de Los Angeles, Britney Spears se dit « traumatisée » et « déprimée » par le comportement de son père : elle affirme avoir été forcée à se produire sur scène, à prendre des médicaments puis à rester sous contraception. Elle remet aussi en cause la façon dont son propre avocat, qui touche des honoraires substantiels, la conseille et la défend. En juillet 2021, plusieurs personnes concernées par le dossier, dont son avocat commis d’office par la justice pour la représenter dans le cadre de sa mise sous tutelle, démissionnent spontanément : Britney Spears est autorisée à choisir son propre avocat. En août 2021, Jamie Spears se dit prêt à abandonner son rôle de tuteur. La fin officielle de sa tutelle n’a été prononcée, comme il a été dit, que le 12 novembre 2021.
Bien qu’ayant connu des dérives, Britney Spears ne s’est jamais rendue actrice de faits qui puissent justifier une telle tutelle prolongée pendant 13 ans. Le montant de sa fortune, 60 millions de dollars, ne rend que plus discutable cette tutelle, car ses tuteurs contrôlaient sa fortune. Par ailleurs, si tutelle il devait toutefois y avoir, il est encore plus improbable qu’on l’ait confiée à son père, même pour un court laps de temps. Il est en effet bien connu que Britney Spears a débuté sa carrière à l’âge de 11 ans en présentant le Mickey Mouse Club. Si à cet âge ses activités nécessitaient de l’approbation de ses parents, les revenus que celles-ci produisaient étaient également gérés par eux. Seul le système de domination de sexe qui encadre les faits peut expliquer que personne ne se soit interrogé au moment d’établir une tutelle sur la part qu’un tel parcours de vie, avec une enfance volée, passée à travailler, pouvait avoir dans les difficultés rencontrées par la star, et donc sur la pertinence d’octroyer cette tutelle aux mêmes personnes responsables en dernière instance selon toute probabilité des difficultés. Cela s’est malheureusement vérifié souvent : lorsque ce type de difficultés concerne une femme, personne ne s’interroge plus sur leurs causes, elles sont d’office attribuées à un défaut constitutif, la femme en question faisant les frais de ce prisme culturel.
Le parcours de Britney Spears durant ces 15 dernières années illustre bien l’inclémence d’un système qui s’empresse de broyer les femmes sorties de la condition qu’il prévoit pour elles dès qu’elles font un faux pas. La chanteuse intègre en effet la cohorte de femmes qu’on aura publiquement vu être démolies sans que personne leur vienne en aide. Marilyn Monroe ou Amy Winehouse constituent des exemples notoires, également produits par le monde du spectacle au XXème siècle, mais ils sont loin d’être les seuls. De plus, si les cas des femmes célèbres sont connus, celui des femmes anonymes passent encore plus sous silence, la mémoire des faits, même biaisée, disparaissant complètement. Il est grand temps que les institutions de pays que nous contribuons tou.te.s à construire perdent leur biais patriarcal au moment d’aborder des choses aussi fondamentales que la justice ou la protection, auxquelles tout individu est en droit de prétendre.
En France nous soutenons le PPD et le NPA:
Gustav Moreau, Le Victorieux Sphinx (détail), 1886.
La tutela de Britney Spears lleva el sello del patriarcado
El 12 de noviembre la justicia terminó con la tutela a la que estaba sometida la cantante Britney Spears desde hace 13 años, para alegría de los fans que la apoyaban en ese combate. Una tutela que sin duda no habría sido posible sin el prisma cultural que determina aun la forma en que se considera a las mujeres.
Es el viernes 12 de noviembre cuando terminó la escandalosa tutela de Britney Spears, gracias a una decisión de la juez Brenda Penny. Emocionada, la cantante escribió en sus redes sociales que disfrutaba de su primera copa de champan en 13 años.
La cantante había sido puesta bajo tutela en 2008, tras un año 2007 nefasto, durante el cual había conocido importantes derivas. Sumida en una vida de excesos, en la que el alcohol y las sustancias alucinógenas estaban muy presentes, había sido hospitalizada dos veces, se había divorciado de Kevin Federline y había perdido la custodia de sus hijos. Su aparición ante los flashes de los paparazzis con el cráneo rapado aun permanece en las memorias.
Como consecuencia de estos hechos, es asignada a la tutela de Jamie Spears, su padre, que tenía el cometido de controlar su vida cotidiana y las decisiones vinculadas a su carrera, y a la de un abogado, Andrew Wallet, a quien se encarga la gestión de su fortuna. Inicialmente, la tutela debía ser de corta duración, pero la justicia decidió perennizarla de forma indefinida, hasta que la estrella presentase “signos de mejora durable en su estado mental”. Una batalla jurídica se inicia aquí entre Britney Spears y su padre, que habrá durado trece años. No cabe duda de que el apoyo de sus fans, que pusieron en marcha ya desde 2009 el hashtag #FreeBritney, persuadidos de que enviaba señales cifradas de socorro desde su cuenta Instagram, habrá sido determinante como medio de presión para que finalmente se abandone una tutela cuanto menos cuestionable, ya que la fortuna de la cantante se estima en 60 millones de dólares y la depresión constituye, a fin de cuentas, un mal corriente de nuestras sociedades.
El fin de la tutela habrá resultado sin embargo de una (¿demasiado?) lenta progresión. En 2019, la petición de la cantante de que se detenga de forma definitiva la tutela ejercida por su padre desemboca en la atribución de la gestión de su vida cotidiana y de las decisiones médicas que la conciernen a una profesional, mientras que su padre continua co-gestionando su carrera. Aunque renueva esta demanda en 2020, y recibe el apoyo de su madre, la iniciativa fracasa y el tribunal confirma la tutela de Jamie Spears. En abril de 2021, un documental basado sobre una encuesta del New York Times relanza la polémica sobre la tutela de la cantante, al visibilizar aspectos abusivos, como el hecho de que la cantante tenga que pagar no solo sus propios gastos de abogado, sino también los de los tutores que defienden prolongarla. En junio de 2021, durante una audiencia en visio-conferencia en el tribunal de Los Angeles, Britney Spears afirma estar “traumatizada” y “deprimida” por el comportamiento de su padre: afirma haber sido forzada a producirse en escena, a tomar medicamentos y a seguir bajo contracepción. También cuestiona la forma en que su propio abogado, que recibe un salario extraordinario, la aconseja y la defiende. En julio de 2021, varias personas concernidas por el dossier, entre las cuales el abogado de oficio designado por la justicia para representarla en el marco de la tutela dimiten espontáneamente: Britney Spears es autorizada a escoger su propio abogado. En agosto de 2021, Jamie Spears se declara dispuesto a abandonar su papel de tutor. El fin oficial de la tutela no ha sido pronunciado, como ya se dijo, sino el 12 de noviembre de 2021.
Aunque haya conocido derivas, Britney Spears jamás ha sido protagonista de actos que puedan justificar una tutela de 13 años. El montante de su fortuna, 60 millones de dólares, no hace sino volver mas discutible dicha tutela, ya que sus tutores controlan esa fortuna. Además, si tutela debía existir, es aun mas improbable que haya sido confiada a su padre, incluso por un corto lapso de tiempo. Bien conocido es, en efecto, que Britney Spears comenzó su carrera a la edad de 11 años, presentando el Mickey Mouse Club. Si a esa edad sus actividades necesitaban que sus padres las aprobasen, los ingresos que éstas producían también eran legalmente gestionados por ellos. Sólo el sistema de dominación de sexo que sirve de marco a estos hechos puede explicar que nadie se haya preguntado en el momento de establecer una tutela qué incidencia semejante recorrido vital, con una infancia robada, pasada en el trabajo, podía tener en las dificultades que encontraba la estrella, y por tanto si era pertinente otorgar la tutela a las mismas personas responsables en ultima instancia según toda probabilidad de sus dificultades. Esto se ha verificado por desgracia a menudo: cuando este tipo de dificultades conciernen a una mujer, nadie se interroga sobre sus causas, sino que son de oficio atribuidas a algún defecto constitutivo. La mujer en cuestión es así víctima del prisma cultural.
El recorrido de Britney Spears en estos últimos 15 años ilustra bien la inclemencia de un sistema que se apresura a machacar a las mujeres que salen de la condición que prevé para ellas en cuanto dan un paso en falso. La cantante integra en efecto la cohorte de mujeres que habrán sido públicamente destruidas sin que nadie venga a ayudarlas. Marilyn Monroe o Amy Winehouse son dos ejemplos notorios, también producidos por el mundo del espectáculo en el siglo XX, pero están lejos de ser los únicos. Además, si los casos de las mujeres célebres se conocen, los de las mujeres anónimas son silenciados y la memoria de los hechos, aun orientada, desaparece completamente. Ya es hora de que las instituciones de países que tod@s contribuimos a construir pierdan su sesgo patriarcal cuando deben abordar cosas tan fundamentales como la justicia o la protección, a las que todo individuo puede pretender.
En Espana apoyamos a Iniciativa Feminista y a PACMA:
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