Bien que devenue actuellement une fête de la consommation, la fête de Saint-Valentin possède des origines historiques. Elles ne sont toutefois pas assez claires pour qu’on puisse y faire allusion sans ambiguïtés. En effet, on lui signale diverses origines. Certaines sources situent son origine dans des festivités romaines, les lupercales, qui avaient lieu du 13 au 15 février et marquaient la fin de l’année romaine, dont le début était le 1er mars. D’autres la situent dans la célébration de la festivité de Juno Februata, pendant laquelle les jeunes hommes devaient choisir le nom de leur partenaire en l’extrayant d’une boîte. Il arrivait d’ailleurs que ces unions passagères débouchent sur des mariages de longue durée.
Le personnage de Saint Valentin lui-même se situe quant à lui dans la Rome du IIIème siècle, qui voyait progresser le christianisme. Alors que l’empereur Claude II avait interdit aux jeunes hommes de se marier pour qu’ils rejoignent plus facilement l’armée, le jeune prêtre Valentin célébrait en secret des mariages entre amoureux. Découvert, il fut jeté en prison et, bien qu’ayant relevé le défi qui lui avait été lancé de rendre la vue à la fille de son geôlier, il fut lapidé et décapité le 14 février 269. Plusieurs siècles plus tard, le Pape Gélase Ier déclara le 14 février journée de Saint Valentin. Celle-ci fut célébrée jusqu’à ce que, confronté aux doutes quant à la possible origine païenne de la célébration, le Concile Vatican II l’élimine du calendrier saint. Dans la deuxième moitié du XXème siècle, la société de consommation réinvestit la date comme journée des amoureux et fête de la consommation.
Outre le fait qu’elle constitue l’énième prétexte pour donner libre cours à ce culte à la consommation auquel nos sociétés lâchent si facilement la bride, la journée de Saint-Valentin porte une idée bien particulière de l’amour, renforcée par la déferlante publicitaire qui ne manque pas d’accompagner la date. En effet, l’idée de l’amour que pose usuellement la célébration de la Saint-Valentin est l’idée patriarcale de l’amour que Coral Herrera nomme « l’amour romantique ». L’amour étant, comme le reste, politique, emprunter une de ses conceptions ou une autre ne peut manquer d’avoir de nombreuses implications.
« L’amour romantique » est une idée de l’amour axée sur le couple hétérosexuel. Elle pose des rapports de séduction, plutôt que de fraternité ou de camaraderie, entre les individus concernés. De façon finalement assez peu réaliste, ceux-ci sont par ailleurs supposés évoluer avec le temps vers un attachement inconditionnel et à vie. Il s’agit d’une conception de l’amour assez excluante, en quelque sorte territorialiste, qui est porteuse de tout un projet de société. Dans cette société, les rôles et les assignations des hommes et des femmes sont assez différenciés et clairement attribués. Si les femmes sont tenues au rôle passif de réceptrices, les hommes doivent remplir le rôle actif de conquérants. La famille hétérosexuelle constitue par ailleurs l’unité d’organisation minimale de cette société.
En réalité, généraliser cette idée de l’amour ne va pas sans inconvénients. Il s’agit en effet d’une idée cohérente avec la constitution des identités sociales masculines et féminines que fait le patriarcat, qui participe à assigner les femmes au rôle subordonné d’êtres émotionnels, sans grand contenu humain et rationnel, particulièrement prédisposés à la fonction biologique maternelle. Elle participe donc aussi à installer les logiques de possessivité et de domination qui se situent à l’origine même des violences relationnelles que nous combattons avec autant d’acharnement.
Il n’est pas possible de continuer à lutter d’un côté contre les violences faites aux femmes dans le couple et hors du couple par des hommes et de ne pas remettre en question de l’autre la construction culturelle de « l’amour romantique » que l’on peut retrouver partout, depuis dans les films jusqu’à dans le débordement de consommation qu’est devenue la célébration de la Saint-Valentin. Combattre les violences de façon cohérente suppose aussi de poser d’autres rapports humains, informés par d’autres identités sociales.
Les modèles concurrents de l’amour doivent, il est évident, fuir toute superposition à un schéma de subordination. Ils doivent impliquer des êtres situés en position d’égalité, donc ne plus adopter la conquête comme métaphore ni axer sur la séduction pour privilégier au contraire des liens de fraternité et de camaraderie, dans les cas des attachements plus profonds, ou le partage de moments ou d’une rencontre, dans les cas d’une interaction plus superficielle. Sans que le polyamour devienne une fatalité, le seul modèle du couple hétérosexuel est ainsi également à fuir : non seulement le couple n'a pas à être uniquement hétérosexuel, mais par ailleurs l’idée du sentiment amoureux peut être étendue aux réseaux, à l’amitié… Puis, si l’amour peut certes évoluer au fil des expériences vitales, changer, et parfois durer une vie, cela ne doit en aucun cas constituer la seule issue imaginable, car les deux expériences amoureuses font partie de la vie : celles qui évoluent, se transforment et perdurent, puis celles que le changement de conjoncture dépasse et achève.
Une idée concurrentielle de l’amour doit insister enfin, cela semble évident, sur le respect de l’autre comme base inéluctable de tout lien. Pour qu’il y ait respect, il doit y avoir également par ailleurs individualité, c’est-à-dire, individualité de tous les impliqués dans ce lien, et pas uniquement individualité de l’homme, comme cela reste encore pour beaucoup le cas encore aujourd’hui.
La festivité de la Saint-Valentin contribue malheureusement encore à empêcher que gagnent du terrain des idées concurrentielles de l’amour à celle que véhicule le patriarcat. Ce faisant, elle retarde aussi le combat contre les violences sociales relationnelles, car elle participe à renouveler les inerties qui en sont la propre origine : la séduction comme trait dominant du rapport amoureux ; la conquête comme métaphore du lien ; la domination et la possessivité comme traits dominants de la relation établie ; la famille hétérosexuelle comme horizon du lien humain…
Au-delà du besoin de combattre la surconsommation qui a déjà été signalé depuis quelques années, la festivité de la Saint-Valentin devrait aussi, sinon disparaître, cesser du moins de constituer la parfaite ambassadrice d’un patriarcat renouvelé pour ouvrir sur des horizons plus divers. Elle devrait se faire porteuse d’une idée de l’amour plus inclusive, souple, réaliste et susceptible de déboucher sur différentes possibilités vitales qui ne seraient plus comparées à des destins.
En France nous soutenons le PPD et le NPA:



Gustav Moreau, Le Victorieux Sphinx (détail), 1886.
San Valentín, una fiesta capitalista y patriarcal
Febrero suele traer consigo uno de los tradicionales eventos de la sociedad de consumo, la celebración de San Valentín. Sin duda la ocasión para interrogarse desde una perspectiva crítica sobre las implicaciones de esta jornada.
Aunque se haya convertido en una fiesta de consumo, la fiesta de San Valentín posee orígenes históricos. No son sin embargo lo bastante claros para que se pueda aludir a ellos sin ambigüedades. En efecto, se señala a esta fiesta distintos orígenes. Algunas fuentes sitúan su origen en festividades romanas, las lupercales, que tenían lugar del 13 al 15 de febrero y marcaban el fin del año romano, cuyo principio se situaba el 1 de marzo. Otras la sitúan en la celebración de la festividad de Juno Februata, durante la cual los jóvenes debían elegir el nombre de su pareja extrayéndolo de una caja. Sucedía de hecho que esas uniones pasajeras desembocasen en matrimonios de larga duración.
En cuanto al personaje en si de San Valentín, se sitúa en la Roma del siglo III, en la cual progresaba el cristianismo. Aunque el emperador Claudio II había prohibido a los jóvenes casarse para que se alistaran más fácilmente en el ejército, el joven sacerdote Valentín celebraba en secreto matrimonios entre enamorados. Al ser descubierto, fue encarcelado y, a pesar de que cumplió el desafío que le había sido lanzado de devolverle la vista a la hija de su carcelero, fue lapidado y decapitado el 14 de febrero de 269. Varios siglos más tarde, el Papa Gelasio I° declara el 14 de febrero día de San Valentín. Este fue celebrado hasta que, confrontado a las dudas en cuanto al posible origen pagano de la celebración, el Concilio Vaticano II lo elimine del calendario santo. En la segunda mitad del siglo XX, la sociedad de consumo hace de la jornada el día de los enamorados y una fiesta del consumo.
Más allá de que constituye el enésimo pretexto para dar libre curso a ese culto al consumo que tan fácilmente se desencadena en nuestras sociedades, el día de San Valentín se hace también portador de una idea particular del amor, que refuerza la avalancha publicitaria que siempre acompaña a esta fecha. En efecto, la idea de amor que habitualmente instala la celebración de San Valentín es la idea patriarcal del amor que Coral Herrera nombra “el amor romántico”. Siendo el amor, como todo, político, adoptar una u otra de sus concepciones no puede sino tener numerosas implicaciones.
“El amor romántico” es una idea del amor centrada sobre la pareja heterosexual. Instala relaciones de seducción, mas que de fraternidad o de camaradería, entre los individuos concernidos. De forma finalmente bastante poco realista, se supone que éstas evolucionen con el tiempo hacia un vínculo incondicional y de por vida. Se trata de una concepción del amor bastante excluyente, en cierto modo territorialista, que es portadora de todo un proyecto de sociedad. En dicha sociedad, los roles y las asignaciones de hombres y de mujeres se encuentran bastante diferenciados y son claramente atribuidos. Si se espera de las mujeres que se conformen al papel pasivo de receptoras, los hombres deben cumplir el papel activo de conquistadores. La familia heterosexual constituye por lo demás la unidad de organización mínima de esa sociedad.
En realidad, generalizar esta idea del amor conlleva muchos inconvenientes. Se trata en efecto de una idea coherente con la constitución de las identidades sociales masculinas y femeninas que hace el patriarcado, que participa en asignar a las mujeres al papel subordinado de seres emocionales, sin gran contenido humano y racional, particularmente predispuestos a la función biológica materna. Contribuye también en instalar las lógicas de posesividad y de dominación que se situan en el origen mismo de las violencias relacionales que combatimos con tanto tesón.
No es posible seguir por un lado luchando contra las violencias ejercidas por hombres hacia las mujeres dentro y fuera de la pareja y no cuestionar por el otro la construcción cultural del “amor romántico” que puede encontrarse en tantos sitios, desde películas hasta el desbordamiento de consumo en que se ha convertido la celebración de San Valentín. Combatir las violencias de forma coherente supone por tanto sentar otras relaciones humanas, informadas por otras identidades sociales.
Como parece evidente, los modelos alternativos del amor deben huir de toda superposición con un esquema de subordinación. Deben implicar a seres situados en posición de igualdad, esto es, no adoptar ya la conquista como metáfora ni centrarse sobre la seducción para privilegiar al contrario vínculos de fraternidad y de camaradería, en los casos de vínculos más profundos, o el compartir momentos o un encuentro, en los casos de una interacción mas superficial. Sin que el poliamor se convierta en una fatalidad, también se debe huir de la omnipresencia del modelo de la pareja heterosexual: no solo la pareja no tiene por qué ser únicamente heterosexual, sino que además la idea del sentimiento amoroso puede ser extendida a las redes, a la amistad… Por otra parte, si el amor puede desde luego evolucionar al hilo de las experiencias vitales, cambiar, y a veces durar toda una vida, ello no debe en ningún caso constituir la única salida posible, pues los dos tipos de experiencias amorosas forman parte de la vida: las que evolucionan, se transforman y perduran, y las que el cambio de coyuntura desborda y termina.
Una idea competidora de amor debe insistir por fin, como parece evidente, sobre el respeto al otro como base ineludible de todo vínculo. Para que haya respeto, también debe haber individualidad, es decir, individualidad de todos los implicados en ese vínculo, y no únicamente individualidad del hombre, como todavía sucede mucho hoy en día.
La fiesta de San Valentín contribuye aun por desgracia a impedir que ganen terreno concepciones del amor alternativas a las que vehicula el patriarcado. Al hacerlo, retrasa también el combate contra las violencias sociales relacionales, puesto que participa en renovar las inercias que las originan: la seducción como rasgo dominante de la relación amorosa; la conquista como metáfora del vínculo; la dominación y la posesividad como rasgos dominantes de la relación establecida; la familia heterosexual como horizonte del vínculo humano…
Más allá de la necesidad de combatir el sobreconsumo que ya ha sido señalada desde hace algunos años, la fiesta de San Valentín también debería, si no desaparecer, cesar por lo menos de constituir la perfecta embajadora de un patriarcado renovado para abrirse a horizontes más diversos. Debería hacerse portadora de una idea del amor más inclusiva, flexible, realista y susceptible de desembocar sobre diferentes posibilidades vitales que ya no serían pensadas como destinos.
En Espania apoyamos a PACMA y a Iniciativa Feminista:

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