Il est convenu de considérer que la pensée féministe naît au moment de l’Illustration, partant du constat qu’ont fait les femmes, et quelques hommes, dont Poullain de la Barre, que les femmes étaient exclues de la catégorie d’universel. C’est à partir du constat de leur différence de traitement et de possibilités vitales, qui sévissait malgré le discours sur l’universalité, que les femmes ont commencé à penser leur oppression. Le féminisme a évolué depuis, dans un rapport complexe au pouvoir politique, qu’il a longtemps essayé d’infléchir dès l’extérieur, à défaut de pouvoir y agir de l’intérieur. Ses conquêtes ont été progressives, douloureuses, et ce n’est somme toute que très récemment, au XXe siècle, que le féminisme a acquis la possibilité d’agir de l’intérieur de l’institution. Pour autant son action en son sein est toujours soumise à débat et à questionnement, car les inerties patriarcales laissent toujours peser le soupçon sur les possibilités d’efficacité réelle d’un féminisme institutionnel. Les exemples à ce propos sont nombreux : récemment la gestion qu’a fait le gouvernement Macron de son initiative de mettre en place un Grenelle des violences faites aux femmes a ainsi été très commentée. Si les mesures décidées furent globalement bien reçues, y compris par beaucoup d’associations, le regret qu’un budget à la hauteur du problème ne soit pas attribué à la question à cette occasion a aussi été massivement formulé. Certaines des mesures furent par ailleurs jugées timides, comme cela fut le cas pour la pose du bracelet électronique sur les personnes condamnées pour violences, et pour laquelle il faut l’accord de la personne. La difficulté à poursuivre les violences sexuelles lorsqu’elles sont exercées au sein de l’institution fournit encore un autre exemple des limites qui affectent le féminisme institutionnel : le scandale des abus commis par les casques bleus il y a quelques ans ou celui plus récent de la prostitution de mineurs qui se trouvaient sous la tutelle de l’Etat sont deux cas probants.
Depuis son entrée dans l’institution, le féminisme établit ainsi à celle-ci un rapport de tiraillement, d’avancées et de résistances, de constantes allées et venues. Ce d’autant plus que, si le féminisme souhaite de vrais changements dans la situation et la condition des femmes, il a toujours montré de grandes réticences à intégrer le système politique tel qu’organisé par les sociétés patriarcales. Il semble cependant dernièrement dresser le constat de l’impossibilité d’opérer purement de l’extérieur les changements qu’il souhaite et a commencé à fonder de véritables partis purement féministes. Un réseau commence ainsi à naître, dont l’origine est, sans surprise, la Suède. Ce pays de profonde tradition féministe a vu naître le parti Feministik Initiativ en 2005, qui a depuis établi des ramifications en Espagne puis, plus récemment, en Italie. Il nous reste à voir quel rapport établira le féminisme à l’institution lorsque de véritables partis entièrement féministes auront conquis des places de pouvoir et seront susceptibles d’exercer une plus grande influence au sein des institutions, capable d’être de plus de poids face aux inerties de la logique patriarcale. En Espagne, le parti Iniciativa Feminista a ainsi constaté que, malgré l’affichage que font tous les partis des listes crémaillère, la plupart situent en fait des femmes en tête de liste dans les endroits où ils ne pensent pas être élus, ce qui débouche sur une moindre présence des femmes dans les organes de l’Etat. Pour compenser, et avec l’accord des hommes du parti, ce parti situe ainsi par système des femmes en tête de liste et organise la parité par blocs de cinq personnes, comme le permettent les lois, avec en règle générale 3 femmes puis 2 hommes, afin d’augmenter la présence féminine dans les institutions pour qu’elle soit plus équilibrée.
Le rapport du féminisme à l’institution reste donc complexe. Il est utile, bien entendu, que l’institution donne une place aux politiques féministes. Cependant, le temps n’est pas venu où celle-ci a même la possibilité de se défaire des inerties patriarcales, comme le prouve bien le fait que le Grenelle des violences conjugales n’ait pas été accompagné de l’attribution d’un budget conséquent à la tâche qu’il s’est donné.
Le féminisme ne doit donc pas abandonner sa présence dans l’institution, mais ne peut pas non plus encore s’y fier. Il doit continuer à exercer une pression sociale et militante sur celle-ci, tout en cherchant à l’infléchir profondément dès l’intérieur. Cela, non depuis l’exercice de ce que permet l’institution actuelle, mais depuis l’infléchissement des structures mêmes de celle-ci, en accord avec les principes du féminisme : horizontalité, participation, véritable parité etc.
Le rapport du féminisme à l’institution reste donc aujourd’hui problématique, fait d’avancées et de résistances, mais il reste sans doute la seule voie pour que celui-ci puisse avoir un plus grand impact de transformation sur le social. La possibilité d’exercer cet impact passe cependant par l’infléchissement de l’institution elle-même, qui doit évoluer pour accorder ses structures et ses actions aux principes du féminisme. C’est un chantier en cours et à mener avec résolution qui s’ouvre à nous.
Gustav Moreau, Le sphinx victorieux (détail), 1886.
En France nous soutenons le PPD et le NPA:
Feminismo e institución
Puesto que el pensamiento feminista está tomando amplitud en el panorama internacional, he decidido publicar una serie de reflexiones a propósito del feminismo. La primera concierne la relación entre feminismo e institución.
Es usual considerar que el pensamiento feminista nace durante la Ilustración, partiendo de la constatación que hicieron las mujeres, y algunos hombres, entre los cuales Poullain de la Barre, de que las mujeres eran excluidas de la categoría de universal. Es a partir de la constatación de la diferencia en el tratamiento que recibían y las posibilidades vitales que tenían, que permanecían pese al discurso sobre la universalidad, como las mujeres comenzaron a pensar su opresión. El feminismo ha evolucionado desde entonces, en una relación compleja con el poder político, sobre el que ha intentado durante mucho tiempo tener una influencia desde el exterior, a defecto de poder actuar sobre él desde el interior. Sus conquistas han sido progresivas, dolorosas, y no es en definitiva sino recientemente, en el siglo XX, cuando el feminismo ha adquirido la posibilidad de actuar desde el interior de la institución. Sin embargo, la acción en su seno sigue estando sometida a debate y a cuestionamiento, puesto que las inercias patriarcales todavía hacen sospechar de las posibilidades de eficacia real de un feminismo institucional. Los ejemplos a propósito de esto son numerosos: recientemente la manera en que el gobierno Macron ha gestionado su iniciativa de realizar una consulta sobre las violencias de género constituye uno de ellos. Si las medidas que han sido decididas se han recibido globalmente bien, incluso entre numerosas asociaciones, está generalizada la crítica de que no se le haya atribuido al problema un presupuesto a su altura. Algunas medidas han sido además estimadas insuficientes, como el que el brazalete electrónico solo se imponga con el acuerdo del penado. La dificultad que todavía recela penalizar las violencias sexuales cuando éstas son ejercidas en el seno mismo de la institución proporciona otro ejemplo de los límites que afectan al feminismo institucional: el escándalo de los abusos sexuales cometidos por los cascos azules hace algunos años o el otro más reciente de la prostitución de menores que se encontraban bajo la tutela del Estado constituyen dos buenos ejemplos de ello.
Desde que entrase en la institución, el feminismo ha establecido con esta una relación de “estira y afloja”, de avances y de resistencias, de constantes idas y venidas. Tanto más por cuanto que, si bien el feminismo desea que haya auténticos cambios en la situación y la condición de las mujeres, siempre ha mostrado resistencias a integrar el sistema político tal y como ha sido organizado por sociedades patriarcales. Sin embargo, últimamente parece constatar unánimemente la imposibilidad de operar puramente desde el exterior los cambios que desea y ha empezado a fundar verdaderos partidos, solamente feministas. Una red ha empezado así a nacer, cuyo origen está, sin sorpresa, en Suecia. Dicho país de tradición profundamente feminista ha visto nacer el partido Feministik Initiativ en 2005, que desde entonces ha establecido ramificaciones en España y, más recientemente, en Italia. Nos queda por ver qué relación establecerá el feminismo con la institución cuando verdaderos partidos auténticamente feministas hayan conquistado parcelas de poder y sean susceptibles de ejercer una mayor influencia en el seno de las instituciones, capaces de tener más peso frente a las inercias de la lógica patriarcal. En España, el partido Iniciativa Feminista ha constatado así que, a pesar de que todos los partidos se jactan de tener listas cremallera, la mayoría sitúan en realidad a las mujeres en cabeza de lista sólo en los lugares donde piensan que no serán elegidos, lo cual desemboca en una menor presencia de las mujeres en los órganos del Estado. Para compensar, y con el acuerdo de los hombres del partido, ese partido sitúa así por sistema mujeres en cabeza de lista y organiza la paridad por bloques de cinco personas, como de hecho lo permiten las leyes, con 3 mujeres y 2 hombres por lo general, con el fin de aumentar la presencia femenina en las instituciones para que ésta sea más equilibrada.
La relación del feminismo con la institución sigue por tanto siendo compleja. Es útil, por supuesto, que la institución le de un lugar a las políticas feministas. Sin embargo, no ha llegado aun el momento en que esta tiene siquiera la posibilidad de deshacerse de las inercias patriarcales, como lo prueba el hecho de que la consulta de Macron no haya sido acompañada de la atribución de un presupuesto consecuente con la tarea que se le ha dado.
El feminismo no debe por tanto abandonar su presencia en la institución, pero tampoco puede fiarse a ella. Debe seguir ejerciendo una presión social y militante sobre ésta, a la vez que busca incidir en ella profundamente desde el interior. Ello, no desde el ejercicio de lo que permite la actual institución, sino desde la inflexión de las estructuras mismas de esta, en acuerdo con los principios del feminismo: horizontalidad, participación, auténtica paridad etc.
La relación del feminismo con la institución sigue por tanto siendo hoy problemática, hecha de avances y de resistencias, pero es sin duda la única via para que éste pueda tener mayor impacto de transformación en lo social. La posibilidad de ejercer ese impacto pasa sin embargo por la inflexión de la propia institución, que debe evolucionar para acordar sus estructuras y sus acciones a los principios del feminismo. Es un trabajo en curso y que hay que llevar con resolución el que se abre ante nosotr@s.
En Espania apoyamos a Iniciativa Feminista y a Pacma :
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