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Billet de blog 27 février 2020

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Que reproche le féminisme aux lois d’identité ?

L’expulsion du Parti Féministe Espagnol de la Gauche Unie, et de la coalition que celle-ci forme avec Unidas Podemos, a modifié le panorama politique espagnol, compte tenue de la force que le féminisme a dans de pays.

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L’expulsion récente du Parti Féministe d’Espagne de la Gauche Unie a provoqué une forte polémique, à juste titre tel est le degré d’insulte qui l’accompagne. En effet, le 22 février la Gauche Unie a communiqué sans ménagement au PFE son expulsion, votée par 85% du parti et motivée d’après eux par son opposition aux lois de libre détermination de l’identité et de l’expression de genre conçues par le groupe parlementaire confédéral Unidas Podemos-En comu Podem-En Marea, celle-ci leur a même valu l’insultante accusation d’être transphobes.
On a dit beaucoup d’inexactitudes depuis. Les différends qu’il y a au sein du féminisme à propos de l’oppression de genre dérivent de la source théorique où elles se nourrissent. Bien de revendications qui ont trait à l’oppression subie par les dissidences sexuelles se nourrissent des apports théoriques dérivés du queer, tandis que la plupart de celles qui ont trait aux oppressions subies par les femmes se nourrissent toujours des écrits d’intellectuelles radicales, marxistes, ecoféministes… Les perspectives théoriques sont en soi différentes, et elles suscitent d’importants débats entre les universitaires, cheminer jusqu’aux dernières conséquences des unes ou des autres peut finir, en effet, par les opposer. La loi proposée par Unidas Podemos peut ainsi, comme le signalait le PFE entre autres, renforcer certaines des violences que subissent les femmes.
D’une part, le queer mal compris peut déboucher sur une réaffirmation des marqueurs de genre, l’idée étant que chacun puisse définir son appartenance de genre comme il le souhaite, ou sa non appartenance, et même cheminer des unes vers les autres. Pour les perspectives queer l’appartenance de genre est une performance -une mise en scène. Cependant, renforcer les marqueurs de genre suppose dans la pratique renforcer ce qui active et légitime aujourd’hui les violences exercées envers les femmes, les retournant à une invisibilité qu’elles n’ont pas encore fini de quitter. Cela implique rendre plus difficile aux femmes la tâche de finir de laisser derrière elles les nombreuses oppressions dont elles sont encore victimes.
D’autre part, paradoxalement, le queer peut aussi effacer l’existence des femmes en tant que sujets. Puisque l’identité de genre est une performance, les lois d’identité ont recours en effet à des expressions telles que « progénitrices gestantes », pour faire allusion aux mères, qui floutent l’existence des femmes et invisibilisent l’oppression qu’elles vivent du simple fait d’être des femmes.
Tout en renforçant les marqueurs qui sont la cause elle-même de la violence de genre envers les femmes, les lois trans font donc disparaître les sujets qui en sont victime. Signaler le danger qu’elles peuvent impliquer si on ne met pas en place des mesures pour le limiter est loin de faire de celles qui le pointent du doigt des transphobes. Comme le signalait Nuria Varela, il est dommage que la situation ait débouché sur l’expulsion de celles qui ont mis en garde contre ce danger, et non sur le dialogue et la modification de la formulation de ces lois pour qu’elles ne supposent plus aucun danger pour les femmes.
Nous nous étions déjà exprimé à ce propos auparavant : Unidas Podemos nous semble comporter, malheureusement, beaucoup de populisme et d’ambitions personnelles. L’épisode a beau altérer le panorama politique espagnol, on ne doit pas lui donner plus d’importance qu’il n’en a. Que Lidia Falcon et les intégrantes du PFE ne pleurent plus leur expulsion et qu’elles s’adonnent à la tâche de former d’autres coalitions qui placent véritablement la vie au centre, avec qui elles l’estimeront opportun, nous serons nombreu-x/-ses à nous en rejouir.

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Gustav Moreau, Le sphinx victorieux (détail), 1886.

En France nous soutenons le PPD et le NPA:

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¿Qué tiene el feminismo contra las leyes de identidad?

La expulsión del Partido Feminista de España de Izquierda Unida, y de la coalición que ésta forma con Unidas Podemos ha trastocado el panorama político español, habida cuenta de la fuerza que tiene en dicho país el feminismo.

La reciente expulsión del Partido Feminista de España de Izquierda Unida ha desatado, con justo motivo tal es el grado de insulto que la acompaña, una fuerte polémica. En efecto, el 22 de febrero, Izquierda Unida ha comunicado sin mayores trámites al PFE su expulsión, votada por un 85% del partido y motivada según ellos por su oposición a las leyes de libre determinación de la identidad y la expresión de género ideadas por el grupo parlamentario confederal de Unidas Podemos-En comu Podem-En Marea, que les ha llegado a valer la insultante acusación de transfobia.
Se han dicho sin duda muchas inexactitudes desde entonces. Los diferendos a propósito de la opresión de género en el seno del feminismo derivan de la diferente vertiente teórica en que se nutren. Muchas de las reivindicaciones referidas a la opresión que sufre la disidencia sexual se nutren de los aportes teóricos derivados de lo queer, mientras que la mayoría de las referidas a las opresiones que sufren las mujeres siguen nutriéndose de los escritos de intelectuales radicales, marxistas, ecofeministas... Los enfoques teóricos son de por si distintos, y suscitan importantes debates entre universitarios, caminar hasta las últimas consecuencias de unas o de otras puede terminar a veces, en efecto, por oponerlas. Asi, como lo señala entre otras entidades el PFE, la ley propuesta por Unidas Podemos puede en efecto reforzar algunas de las violencias que sufren las mujeres
Por una parte, lo queer mal entendido puede desembocar en una reafirmación de los marcadores de género, ya que la idea es que cada quien puede definir como lo desea su pertenencia de género, o su no pertenencia, e incluso transitar de unas a otras. Para los enfoques queer la pertenencia de género es una performance -una puesta en escena. Sin embargo, a efectos prácticos, reafirmar los marcadores de género supone reafirmar lo que hoy día activa y legitima las violencias ejercidas hacia las mujeres, devolviendo esas violencias a una invisibilidad de la que ni siquiera han terminado de salir completamente. Supone volverles más difícil a las mujeres terminar de deshacerse de las numerosas opresiones que todavía las yugulan.
Por otra parte, paradójicamente, lo queer puede también desdibujar la existencia de las mujeres en tanto que sujetos. Puesto que la identidad de género es una performance, las leyes de identidad recurren en efecto a expresiones tales como “progenitoras gestantes”, para hacer alusión a las madres, que desdibujan la existencia de las mujeres e invisibilizan la opresión que viven por el simple hecho de serlo.
A la vez que reafirman los marcadores que son la causa misma de la violencia de género hacia las mujeres, las leyes trans por tanto desdibujan los sujetos que son víctima de ella. Señalar el peligro que pueden suponer si no se idean medidas para limitarlo está lejos de convertir en tránsfobas a quienes lo hacen. Como lo señalaba Nuria Varela, es una lástima que en lugar de con el dialogo y la modificación de la formulación de esas leyes para que no representen ningún peligro para las mujeres, la situación se haya solventado con la expulsión de quien ha alertado de ese peligro.
Ya nos hemos expresado a este propósito anteriormente: Unidas Podemos nos parece, por desgracia, mucho de populismo y de ambiciones personales. Por más que trastoque el panorama político español, no se debe dar al episodio más importancia de la que tiene. Que Lidia Falcon y las integrantes del PFE no lloren más su expulsión y se den a la tarea de formar otras coaliciones que de veras pongan la vida en el centro con quien vean y estimen oportuno, somos numeros@s l@s que nos alegraremos de ello.

En Espania apoyamos a Iniciativa Feminista y a PACMA :

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