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Billet de blog 29 avril 2017

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Le sursaut républicain

Au regard de la foison de commentaires qu’ont suscités sur la toile et ailleurs les résultats du premier tour et compte tenu de ce que le programme de Marine Le Pen implique aussi en termes de droits des femmes et LGBT, j’ai eu envie de faire une observation…

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 Depuis que le premier tour de l’élection présidentielle nous a enjoint à nous décanter pour Emmanuel Macron ou Marine LePen au deuxième tour, débats et pronostics se multiplient. Chacun y va de son hypothèse, de son opinion. Ce billet ne prétend pas se joindre à ce chœur impressionnant, comme il ne prétend surtout pas infléchir la réflexion personnelle que chacun mène pour le 7 mai, plutôt émettre un simple constat.

 Bien que le vote Le Pen ait perdu le caractère inavouable qu’il avait par le passé, le discours majoritaire, y compris de l’étranger, reste celui du sursaut républicain. C’est une bonne chose et pourtant, le contraste évident entre 2002 et 2017 ne peut que pousser à la révolte. Comme en 2002, les citoyens français sont mis en demeure d’arrêter le FN. Mais aujourd’hui la question n’est pas, il me semble, de savoir si on voudrait voir Marine Le Pen élue présidente, la question est si c’est à nous, non votants du FN, de porter le poids de son ascension au pouvoir. Je pense pour ma part, et je souhaite le dire aujourd’hui, que la responsabilité de l’ascension éventuelle de Marine LePen au pouvoir reviendrait … aux votants du FN, précisément.

Comme 82% des électeurs, j’ai voté pour Jacques Chirac au deuxième tour en 2002. A l’époque, Jean-Marie Le Pen avait obtenu 16,86% des voix au premier tour. Son passage au deuxième tour avait fait à beaucoup l’effet d’une claque en pleine figure, le pays entier semblait consterné, les autorités s’alarmaient. Aujourd’hui, c’est 21,3% que Marine Le Pen obtient au premier tour. La question face à ce simple constat est, il me semble : est-ce à nous, citoyens non votants du FN, d’arrêter un FN qui a progressé de 5% en 15 ans ?

N’étant pas politologue de formation, je n’aurai pas la prétention de faire ici une analyse des raisons pour lesquelles le vote FN a progressé, lentement mais sûrement. Mais on peut dire tout au plus qu’il est assez consensuel d’établir que le FN est un « monstre » crée par Mitterrand dans les années 80, bien nourri par les dommages sociaux causés par la mondialisation et l’incapacité en ce laps de temps des formations de gauche d’atteindre leur public le plus évident. Toujours est-il cependant que les moyens pour arrêter le FN coulent, eux, sous le sens : renforcement de l’éducation, diminution de la précarité - notamment dans les régions désindustrialisées-, désactivation du sursaut communautariste… Ces choses là n’ayant pas été faites, je refuse pour ma part d’assumer une quelconque responsabilité pour l’ascension hypothétique de Marine Le Pen au pouvoir. Elle reviendrait aux votants du FN ; aux autorités qui n’ont pas voulu tenir compte du fait qu’un si grand pourcentage de la République –et oui- adhère aux postulats, analyses, et surtout à la rhétorique de Marine Le Pen.

Bien évidemment toute personne ne souhaitant pas voir Marine Le Pen au pouvoir peut voter Emmanuel Macron. La question est que c’est la deuxième fois que cette sorte de « hold-up électoral » se produit et que nous sommes tout de même nombreux à souhaiter que ce type de prise en otage reste une exception. Nous ne souhaitons pas que le FN devienne une sorte d’inconfortable mécanisme de régulation électorale, pas plus que nous ne souhaitons offrir à Marine Le Pen le tremplin pour 2022 et  nous ne souhaitons surtout pas que les autorités puissent continuer à repousser la question de s’interroger publiquement sur les raisons qui font grandir l’extrême-droite. Marine Le Pen est là parce que beaucoup de citoyens français ont souhaité qu’elle le soit, et nous aimerions que nos gouvernants l’admettent et en tirent les conclusions pertinentes, nous ne souhaitons pas assumer à leur place leurs responsabilités.

Chacun sait maintenant que plusieurs études annoncent que l’abstention peut avoir pour résultat de permettre à Marine Le Pen de se hisser à la présidence ; chacun sait aussi que la perspective d’un vote téléguidé de façon récurrente n’est pas beaucoup plus réjouissante pour la démocratie que ne l’est son ascension au pouvoir. Chacun fera en son âme et conscience, mais si la question ne reçoit pas également un traitement de fond,  le sursaut républicain risque de n’être en rien un sursaut démocratique.

El impulso republicano (1)

La vista de los comentarios que los resultados de la primera vuelta han suscitado y habida cuenta de lo que el programa de Marine Le Pen implica también en términos de derechos de las mujeres y LGBT, me apeteció hacer una observación…

Desde que la primera vuelta de la elección presidencial nos ha obligado a decantarnos por Emmanuel Macron o por Marine Le Pen en la segunda vuelta, se multiplican los debates y los pronósticos. Cada quien añade su hipótesis, su opinión. Este artículo no pretende unirse a ese impresionante coro, como no pretende influir  la reflexión personal que cada quien habrá iniciado de cara al 7 de mayo, sólo emitir una constatación.

Aunque el voto a favor de LePen haya perdido el carácter inconfesable que tenía en un pasado, el discurso mayoritario, incluido el del extranjero, es el del “impulso republicano”. Es una buena cosa y sin embargo el contraste evidente que hay entre 2002 y 2017 sólo puede llevar a indignarse. Como en 2002, los ciudadanos franceses son instados a detener al FN. Pero hoy la cuestión no es, me parece, si quisiéramos o no ver a Marine Le Pen de presidenta, la cuestión es si nos corresponde a nosotros, no votantes del FN, cargar con el peso de su ascenso al poder. Pienso por mi parte, y deseo expresarlo hoy, que la responsabilidad del ascenso eventual de Marine Le Pen sería… de los votantes del FN, precisamente.

Como el 82% del electorado voté por Jacques Chirac en 2002. En aquella época, Jean-Marie Le Pen había obtenido un 16,86% de votos en la primera vuelta. Su paso a la segunda vuelta había sido como un tortazo para muchos, todo el país parecía consternado, las autoridades se alarmaban. Hoy Marine Le Pen ha obtenido un 21,3% en la primera vuelta. La cuestión frente a esa simple constatación es, me parece : ¿nos corresponde a nosotros, ciudadanos no votantes del FN, detener a un FN que ha progresado en un 5% en 15 años?

Por no ser politóloga de formación no pretenderé hacer aquí un análisis de los motivos por los cuales el voto del FN ha progresado, lenta pero inexorablemente. Se puede decir como mucho que está bastante consensualmente establecido que el FN es un “monstruo” creado en los años 80 por Mitterand, bien alimentado por los daños sociales causados por la mundialización y por la incapacidad en este lapso de tiempo de las formaciones de izquierda de llegar a su público más evidente. No obsta para que los medios para detener al FN sean bastante evidentes : reforzar la educación, disminuir la precariedad –sobre todo en las zonas desindustrializadas-, desactivar la dinámica comunitarista… Puesto que esas cosas no se han hecho, me niego por mi parte a asumir cualquier responsabilidad en la ascensión hipotética de Marine Le Pen al poder. Esta le incumbiría a los votantes del FN ; a las autoridades que no han querido tener en cuenta que un porcentaje tan amplio de la República –así es- adhiere a los postulados, análisis, y sobre todo a la retórica de Marine Le Pen.

Por supuesto, toda persona que no desee ver a Marine Le Pen en el poder puede votar por Emmanuel Macron. La cuestión es que es la segunda vez que esta suerte de “asalto electoral” se produce y que somos muchos los que deseamos que ese tipo de toma de rehenes siga siendo la excepción. No deseamos que el FN se convierta en una suerte de inconfortable mecanismo de regulación electoral, como tampoco deseamos ofrecer a Marine Le Pen un trampolín para 2022 y sobre todo no deseamos que las autoridades puedan continuar dejando para más tarde la cuestión de interrogarse públicamente sobre los motivos que hacen crecer a la extrema derecha. Marine Le Pen está ahí porque muchos ciudadanos franceses han deseado que lo esté, y nos gustaría que el gobierno lo admita y saque las conclusiones que se impongan, no deseamos asumir en su lugar sus responsabilidades.

Sabemos ahora que varios estudios anuncian que la abstención puede permitir a Marine Le Pen llegar a la presidencia ; sabemos también que la perspectiva de un voto teledirigido de forma recurrente no es mucho mas halagüeña para la democracia que su ascenso al poder. Cada quien hará lo que le dicte su conciencia, pero si la cuestión no recibe también un tratamiento de fondo el impulso republicano no tiene por qué coincidir con un impulso democrático.

(1) La expresión se usa en Francia para designar la necesidad en un contexto de crisis de llevar a cabo una acción que preserve el orden de la República francesa.

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