Août 2023
Des élections générales se sont tenues le 23 juillet en Espagne, qui ont attiré l’attention en Europe, par les enjeux qui les sous-tendaient. Depuis 2008, l’Espagne a traversé bien de crises et de tensions. La crise mondiale du capitalisme, en 2008, est venue ternir la fin de la présidence de José Luis Rodriguez Zapatero. En grippant deux des moteurs de l’économie du pays, le tourisme et la construction immobilière, elle a engagé l’Espagne dans une crise durable, qui a facilité le retour de la droite, au gouvernement. Mais ce retour a pris fin pour elle dans le plus grand déshonneur, le président Mariano Rajoy ayant été déchu en 2018, par une motion de censure, à la suite de la condamnation du PP dans le scandale politico-financier de « l’affaire Gürtel ». Le manque d’empathie et la répression systématiques vis-à-vis des conséquences de la crise ont caractérisé le gouvernement de la droite. Ignorant la souffrance sociale, il a réprimé toute protestation en découlant avec la plus grande brutalité. Rappelons que, si le mouvement de protestation du « 15-M », né en 2010, dont sont issues bien des personnalités politiques espagnoles, a interpellé la scène internationale, il n’a en revanche pratiquement suscité comme réaction pour la droite de Rajoy que l’adoption en 2015 de la très décriée « loi bâillon ». Une loi qui cherche à diminuer et à étouffer ce mouvement, portant atteinte aux libertés publiques, dont le droit de manifester, avec des mesures propres d’une dictature. Elle aura manqué son objectif, car, si les mouvements sociaux se sont figés, ils ont aussi changé le paysage politique, constituant le terreau des nombreuses mesures adoptées par le gouvernement de Pedro Sanchez.
Bien que longtemps moqué pour son physique parfait et les échecs qu’il a essuyé à être investi président, dans le contexte d’un pays que les différentes crises avaient rendu chaotique, Sanchez a largement prouvé ses compétences à travers les déboires qu’il a publiquement traversés de façon assez honorable. Il prend les fonctions de président à la suite de la motion de censure contre Rajoy, qu’il a lui-même présenté en 2018. Cela suppose des conditions très défavorables pour exercer sa fonction : président et Congrès ne sont pas issus du même parti ; le principal groupe parlementaire siège dans l’opposition et le chef de l’exécutif ne détient aucun mandat parlementaire. Dans un pays où le féminisme est devenu une force politique incontournable -les grèves féministes du 8 mars 2018 et 2019 avaient mobilisé des millions de personnes-, Sanchez forme le gouvernement le plus féminisé au monde : parmi les onze femmes et six hommes qui l’intègrent, les postes clés, comme la vice-présidence ou le ministère de l’économie, sont en outre tenus par des femmes. La difficulté du contexte pousse Sanchez à convoque des élections générales anticipées. Puis, l’impossibilité réitéré de former gouvernement pour toute force politique conduit à les répéter. C’est de là qu’est issue la coalition entre gauche et gauche critique qui a gouverné l’Espagne jusqu’en 2023. Sanchez est pour la première fois investi président par le Congrès des députés, après presque neuf mois de gestion des affaires courantes en un contexte très hostile.
Malgré la virulence des attaques de la droite et de l’extrême-droite, le bilan du mandat de Sanchez est très positif. La croissance s’est maintenue à 5% et son gouvernement a mis en place des mesures sociales à faire pâlir toute l’Europe, en ces temps de montée de l’extrême droite. Le SMIC a augmenté, de 900 euros en 2019 à 1080 en 2023 ; le taux de chômage est au plus bas depuis 2015 ; la hausse de retraites est prévue en fonction de l’inflation. Une loi significative est adoptée en mai 2023, visant à parer au problème ancien que constituent la spéculation immobilière et le manque de logements locatifs, c’est la loi sur le logement. Elle réglemente les expulsions, la possibilité de taxer davantage les logements vides, le plafonnement des mises à jour des loyers, établit de nouvelles incitations fiscales pour les propriétaires et crée un nouvel indice de référence. Plusieurs lois emblématiques du projet politique qui réunit les gauches, et les oppose à la droite, ont été votées durant ce premier mandat : la loi de la mémoire démocratique, pour faire justice aux victimes du franquisme ; la loi d’euthanasie ; la loi des familles, qui sort la famille du cadre hétéronormatif ; la loi de garantie des personnes LGBTI, qui lutte contre les exclusions dont ils/elles sont victimes ; la loi 2023 sur la santé sexuelle.
Malgré tout cela, et sans doute faisant suite au trop récent passé chaotique, les élections municipales et régionales de mai 2023 ont mis la gauche en difficulté, avec six des dix régions et beaucoup de villes qui sont passées aux mains de la droite. Avec le parti d’extrême-droite Vox comme troisième force politique du pays, les pactes PP-Vox se sont multipliés, constituant parfois un repoussoir pour certains électeurs de centre-droite -donc un passif encombrant pour la campagne aux élections générales de Feijoo. Des coalitions ont vu le jour dans plus de 140 villes. C’est la crise découlant de ce raz-de-marée qui aboutit à l’anticipation des élections. Sans doute autant par honnêteté envers ses électeurs que par stratégie politique, Sanchez fait ce choix, qui permet aussi de ne pas laisser aux électeurs le temps de minimiser les alliances passées par le PP.
La campagne électorale a opposé principalement Pedro Sanchez, président sortant, du PSOE, à Alberto Nunez Feijoo, président de la Galice entre 2009 et 2022, du PP. Elle a constitué aussi un enjeu de taille pour la gauche critique et pour l’extrême droite, respectivement représentées par Yolanda Diaz, de la coalition Sumar, et Santiago Abascal, de Vox. Si la gauche critique cherche à devenir la troisième force politique du pays, Vox cherche à augmenter son poids politique, afin d’imposer une coopération plus récurrente au PP, qui dispose de moins de possibilités d’alliances électorales que le PSOE.
Le résultat des élections n’a pas apporté de grande surprise, mais il a déjoué les prévisions, et constitué une déception pour les deux candidats mineurs en lice. Feijoo a remporté les élections, mais sans raz-de-marée, avec tout juste 33% des voix (136 sièges au Congrès), presque à égalité de Sanchez, qui le talonne avec 31,7% (122 sièges). Or, en Espagne il faut rassembler au moins 176 sièges sur 350, la majorité absolue, pour être investi président. Il est donc difficile que Feijoo y parvienne, même s’il va essayer. Vox chute et n’obtient que 12,3% (33 sièges, contre 52 aux législatives précédentes). Les deux forces réunies ne totalisent donc que 169 sièges. Les régionalistes de Navarre et des Canaries peuvent encore soutenir Feijoo pour l’investiture, mais ils n’ont que 2 députés : au mieux il ne rassemblerait que 171 sièges, manquant la majorité absolue. Aussi, il plaide pour que le parti arrivé en premier puisse gouverner en solitaire et appelle à « éviter la situation de 2015 ». Seulement, Sanchez a de réelles possibilités de d’être à nouveau investi. Bien que Yolanda Diaz n’ait pas réussi son pari de faire de Sumar la troisième force politique du pays, elle a obtenu 12,3% des voix, soit 31 députés. Elle a donc fait remonter le score de la gauche critique aux municipales et aux régionales. PSOE et Sumar ne totalisent que 153 sièges, un résultat aussi en deçà de la majorité absolue. Mais des possibilités d’alliances régionales dont ne dispose pas Feijoo s’offrent à Sanchez. Néanmoins, s’il n’y parvenait pas, la perspective de nouvelles élections est probable.
Les médias européens ont beaucoup commenté la présence inédite d’un parti d’extrême-droite, Vox, né en 2013, fondé essentiellement par des cadres dissidents du PP. Il serait le signe d’une dérive inquiétante qui fait écho à celle du reste de l’Europe. L’extrême droite espagnole est un peu différente de l’européenne, pour plusieurs motifs. Tout d’abord, elle n’a pas été absente d’Espagne pendant quarante ans, depuis la fin du franquisme. Elle a au contraire été intégrée à la droite, dont elle se sépare en 2013. Puis, bien que l’extrême-droite espagnole tienne, comme l’européenne, des discours de haine raciale envers les migrants, c’est en premier lieu vers l’intérieur du pays que le fascisme espagnol dirige sa haine de l’autre : dans la tradition franquiste, il la dirige envers les régionalismes basque, catalan et galicien, dont il a fait des ennemis déclarés. Concernant les migrants, il faut signaler que, tant la droite que l’extrême-droite s’appliquent à établir des catégories. Les migrants de l’est, du Maghreb, de l’Afrique subsaharienne ou d’Amérique Latine ne sont pas logés à la même enseigne. Parmi les latino-américains, les Vénézuéliens se distinguent du reste, les droites tentant de capitaliser la dissidence du chavisme pour attirer les fortunes et faire de Madrid un autre Miami. Finalement, en raison de l’importance du féminisme comme force politique, et de l’aspect pionnier du cadre législatif espagnol en matière des droits des femmes, l’extrême-droite a aussi fait de l’antiféminisme un de ses chevaux de bataille. Son discours électoral se structure, dans cet ordre, contre les régionalismes ; contre l’Europe ; contre le féminisme ; contre la population migrante. Elle est, aussi, monarchiste, centraliste, libérale économiquement et moralement conservateur.
La bataille qui se livre en Espagne autour des droits des femmes et des populations LGBTIQ+ est d’une importance capitale. Pour des circonstances inhérentes à son histoire, le féminisme a acquis en Espagne une force -et un poids politique- qu’il n’a pas ailleurs. Cela explique que le premier gouvernement de Sanchez ait été le plus féminin au monde et qu’un arsenal de loi pionnières protègent les droits des femmes et des populations LGBTQI+. Mais les forces réactionnaires l’attaquent avec beaucoup plus de hargne, dans une bataille que le féminisme ferait mieux de ne pas perdre, car on ne compte pas les territoires qui lui restent à gagner. Une de ces lois pionnières est devenue le texte phare du gouvernement Sanchez. Elle fait suite à la mobilisation sociale déclenchée par le viol collectif d’une fille de 18 ans durant les fêtes de Pampelune, en 2016, l’affaire de « la Meute ». La loi de garantie intégrale de la liberté sexuelle -loi du « seul oui veut dire oui » - a suscité un grand remous politique. Il s’agit en effet d’une loi pionnière, car elle place le consentement explicite au centre de la définition des délits sexuels : il y a agression si la femme ne dit pas oui. C’est une très grande avancée, car auparavant la victime devait démontrer qu’il y avait eu violence ou intimidation pour que le viol soit reconnu. Cependant, une erreur dans sa conception a permis le réaménagement de la peine de 47 condamnés. Cela découlerait du fait que le texte fusionne les notions d’abus sexuel et d’agression sexuelle (laquelle peut aller jusqu’au viol), ce qui élimine du code pénal le délit d’abus sexuel. La fourchette de peines pour délit d’agression est plus large, car l’éventail de faits davantage varié. Les hommes condamnés à la peine minimale avec le code pénal précédent ont donc requis le réexamen de leur peine, pour solliciter une moindre peine minimale. Focalisant sur la durée des peines, la droite a exploité l’épisode, pointant l’inexpérience de la ministre. Une partie du féminisme s’est aussi déchaîné. Plutôt que de reconnaître la bavure de son équipe, la ministre Montero a nié les faits -certains juristes signalent qu’il aurait suffi de doter le texte d’une clause sur la période de transition, pour bloquer la rétroactivité. L’épisode a coûté cher à la coalition, car, alors que Sanchez avait défendu le texte comme s’l venait de son parti, il a finalement été contraint de le modifier sans les voix de Podemos -qui considère que les modifications sur les peines reviennent à réintroduire un élément de preuve, violence ou intimidation- mais avec celles du PP.
L’avancée vers des sociétés plus plurielles, où la conception de l’humain dépasserait le cadre hétéronormé imposé par le patriarcat, est déjà un fait en Espagne, où la loi de garantie des personnes LGBTI permet de changer de sexe à l’état civil, seulement en sollicitant le changement par écrit et le confirmant en un délai de trois mois, sans preuves, témoins ni rapport médical. A un moment où, à l’extrême opposé, des pays tombés sous la coupe du fascisme peuvent se retrouvent à flirter avec l’eugénisme, comme c’est le cas en Italie, avec le récent retrait aux mères lesbiennes non porteuses de leur statut de mère, il est vital que les citoyens partageant un projet de société antéposent son avènement aux différences qui les séparent, et livrent au cas par cas chacune des batailles nécessaires là où elles se trouvent.

Le Victorieux Sphinx (détail), Gustav Moreau, 1886.
Extrema derecha y feminismo: las elecciones generales españolas
Las elecciones generales han sido observadas en Francia y Europa, a causa de la preocupación general por la pérdida del espacio político de la izquierda y por una extrema derecha que gana terreno.
Agosto de 2023
Las elecciones generales españolas del 23 de julio han suscitado inquietud en la escena internacional, por todo lo que en ellas se jugaba. Desde 2008, España ha atravesado muchas crisis y tensiones. La crisis mundial del capitalismo, en 2008, ha empañado el final de la presidencia Zapatero. Al paralizar dos de los motores de la economía del país, el turismo y la construcción, ha engendra una crisis duradera, que facilita el regreso de la derecha al poder. Pero el regreso termina para ella con el mayor oprobio, ya que Rajoy deja sus funciones tras el voto de la moción de censura presentada a causa de la condena del PP en la trama Gürtel. Su gobierno se habrá caracterizado por la ausencia de empatía y la represión sistemáticas hacia las consecuencias de la crisis. Ignorando el sufrimiento social, ha reprimido toda protesta con la mayor brutalidad. Recordemos que, si el movimiento del “15-M”, del que vienen muchas de las actuales personalidades políticas españolas, atrae la atención de la escena internacional, no suscita en la derecha de Rajoy mayor reacción que la adopción en 2015 de la “ley mordaza”. Una ley que trata de disminuir y ahogar el movimiento atacando las libertades públicas, entre las cuales el derecho a manifestar, con medidas propias de una dictadura. No ha logrado su objetivo ya que, aunque los movimientos sociales han perdido espontaneidad, también han cambiado el paisaje político, abonando el terreno para las medidas adoptadas por el gobierno de Sánchez.
Aunque a menudo haya sido objeto de burlas por su físico perfecto y los fracasaos que ha conocido antes de ser investido como presidente, dentro de un contexto que las distintas crisis habían vuelto caótico, Sánchez ha demostrado con creces sus competencias al atravesar públicamente múltiples dificultades de forma bastante honorable. Sánchez se convierte en presidente como resultado de la moción de censura que él mismo presenta en 2018 contra Rajoy. Ello supone condiciones muy desfavorables para ejercer esa función: presidente y Congreso no proceden del mismo horizonte político; el principal grupo parlamentario es de oposición y el jefe del ejecutivo no tiene mandato parlamentario. En un país en que el feminismo se ha vuelto una fuerza política ineludible -las huelgas feministas del 8 de marzo de 2018 y 2019 movilizan a millones de personas-, Sánchez forma el gobierno más feminizado del mundo: lo integran once mujeres y seis hombres, y muchos puestos clave -la vicepresidencia del gobierno o el ministerio de la economía- son ocupados por mujeres. El contexto obliga a Sánchez a anticipar las elecciones generales, y la imposibilidad reiterada de formar gobierno para todas las fuerzas políticas le obliga a repetirlas. Es así como llega al poder la coalición que ha gobernado España hasta 2023. Tras nueve meses de gestión del gobierno en un contexto muy hostil, Sánchez es por primera vez investido presidente por el Congreso de los diputados.
Pese a la saña de los ataques de derecha y extrema derecha, el balance de Sánchez es muy positivo. El crecimiento se ha mantenido en el 5% y su gobierno ha adoptado medidas sociales que son la envidia de toda Europa. El salario mínimo ha aumentado, de 900 euros en 2019 a 1080 en 2023; la tasa del paro es la más baja desde 2015; está previsto que las pensiones aumenten en función de la inflación. En mayo de 2023 adopta una ley significativa, para paliar el problema ya antiguo que suponen la especulación inmobiliaria y la falta de alojamientos locativos, es la ley por el derecho a la vivienda. Reglamenta las expulsiones, la posibilidad de aumentar el impuesto sobre alojamientos vacíos, limita el aumento de los alquileres, establece nuevos incentivos fiscales para los propietarios y crea un nuevo índice de referencia. Varias leyes emblemáticas del proyecto político que reúne a las izquierdas fueron votadas durante el primer mandato: la ley de memoria democrática, para hacer justicia a las victimas del franquismo; la ley de eutanasia; la ley de las familias, que saca a la familia del marco heteronormativo; la ley de garantía de las personas LGBTI, que lucha contra las exclusiones de las que son víctima; la ley de 2023 sobre la salud sexual.
A pesar de todo, y sin duda como herencia del reciente pasado caótico, las elecciones municipales y regionales de mayo provocan una crisis para la izquierda, con seis de las diez comunidades autónomas y muchas ciudades que pasan a manos de la derecha. Con Vox como tercera fuerza política, los pactos entre PP y Vox se han multiplicado, chocando a veces al electorado de centro derecha -y condicionando con ello la campaña de Feijoo: se han formado coaliciones en más de 140 ciudades. La crisis que esto suscita lleva a Sánchez a anticipar las elecciones, sin duda tanto por honestidad hacia su electorado como por estrategia política, no dando tiempo al electorado para minimizar las alianzas del PP.
La campaña ha opuesto principalmente a Sánchez, anterior presidente, del PSOE, a Alberto Núñez Feijoo, presidente de Galicia entre 2009 y 2022, del PP. También ha supuesto un gran desafío tanto para la izquierda critica como para la extrema derecha, respectivamente representadas por Yolanda Diaz, de la coalición Sumar, y Santiago Abascal, de Vox. Mientras que Sumar esperaba convertirse en tercera fuerza política, Vox buscaba aumentar su peso político, para imponer al PP, que dispone de menos posibilidades de alianza electoral que el PSOE, cooperaciones más frecuentes.
El resultado de las elecciones no ha constituido una gran sorpresa, pero ha desafiado las previsiones, y supuesto una decepción para los dos candidatos menores en liza. Feijoo ha ganado, pero sin mucho margen, con sólo el 33% de votos (136 escaños), casi igualado a Sánchez, que obtiene un 31,7% (122 escaños). Pero en España es necesario reunir al menos 176 escaños, la mayoría absoluta, para ser investido presidente. Es por tanto difícil que Feijoo lo logre, aunque lo intente. Vox pierde votos, y sólo obtiene un 12,3% (33 escaños, lejos de los 52 de las anteriores legislativas). Las dos fuerzas totalizan sólo 169 escaños. Aunque el regionalismo canario y navarro todavía puede apoyar a Feijoo, sólo poseen dos escaños: como mucho reuniría 171 escaños. Feijoo aboga por que el partido vencedor gobierne en solitario y llama a “evitar la situación de 2015”, pero Sánchez tiene verdaderas posibilidades de lograr la investidura. Aunque Yolanda Diaz no haya logrado hacer de Sumar la tercera fuerza política del país, ha obtenido un 12,3% de votos, esto es, 31 diputados. La situación de la izquierda crítica mejora por tanto con respecto a las municipales y regionales. PSOE y Sumar sólo totalizan 153 escaños, pero Sánchez tiene posibilidades de alianzas regionales de las que Feijoo carece. Si no lograse la investidura, lo más probable es que se repitan de elecciones.
Los medios europeos han comentado ampliamente la presencia inédita de un partido de extrema derecha, Vox, fundado en 2013 por disidentes del PP. Sería según algunos el signo de una deriva inquietante que hace eco a la del resto de Europa. La extrema derecha española es algo distinta a la europea, por varios motivos. En primer lugar, no ha desaparecido de España, desde finales del franquismo. Al contrario, estaba integrada en la derecha, de la que se separa en 2013. Por otra parte, aunque vehicule, como la europea, discursos de odio racial hacia los inmigrantes, es hacia el interior del país hacia donde el fascismo español dirige en primer lugar el odio hacia el otro: entroncando con la herencia franquista lo dirige hacia los regionalismos vasco, catalán y gallego, que convierte en enemigos declarados. A propósito de los inmigrantes, hay que mencionar que tanto la derecha como la extrema derecha establecen entre ellos categorías: los procedentes del este, del Magreb, del África subsahariana o de América Latina no son abordados de la misma manera. Entre los latinoamericanos, los venezolanos reciben un tratamiento distinto, ya que las derechas intentan capitalizar la disidencia del chavismo para atraer hacia España las grandes fortunas venezolanas y hacer de Madrid otro Miami. Finalmente, dados el peso del feminismo como fuerza política y el aspecto pionero del marco legislativo español en derechos de las mujeres, la extrema derecha también ha hecho del antifeminismo uno de sus caballos de batalla. Su discurso electoral se posiciona, en este orden, contra los regionalismos, contra Europa, contra el feminismo, contra los migrantes. La extrema derecha española es también monárquica, centralista, económicamente liberal y moralmente conservadora.
La batalla que se libra en España a propósito de los derechos de las mujeres y de la población LGBTIQ+ tiene capital importancia. Por circunstancias inherentes a la historia del país, el feminismo ha adquirido una fuerza -y un peso político- que no tiene en otros lugares. Ello explica que el gobierno de Sánchez haya sido el más feminizado del mundo y que un arsenal de leyes pioneras protejan los derechos de las mujeres y de la población LGBTQI+. Pero,, precisamente por ello, las fuerzas reaccionarias lo atacan con saña, en una batalla que haría mejor en ganar, habida cuenta de la cantidad de territorios que le quedan por conquistar. Una de las leyes pioneras se ha convertido en el texto emblemático del gobierno de coalición de Sánchez. Constituye la respuesta aportada a la intensa movilización provocada por el caso de “la manada”, durante las festividades de San Fermín en 2016. La ley de garantía integral de la libertad sexual -de “sólo sí en sí”- ha provocado muchas tensiones. Se trata de una ley pionera, que hace del consentimiento explícito el centro de la definición de los delitos sexuales: hay agresión si la mujer no dice sí. Se trata de un gran avance, pues antes la victima debía demostrar que había habido violencia o intimidación para que la violación fuera reconocida. Sin embargo, un error en la concepción de la ley ha permitido que sean revisadas las penas de 47 condenados. Como el texto fusiona las nociones de abuso sexual y de agresión sexual (la cual puede ir hasta la violación), queda eliminado del código penal el delito de abuso sexual. El intervalo de penas por agresión es más amplio, ya que cubre distintos tipos de hechos. Los hombres condenados a la mínima pena con el anterior código penal han solicitado así que su pena sea reexaminada, para reducirla. La derecha ha explotado el episodio, focalizando los ataques sobre la duración de las penas, y tildando de inexperta a Irene Montero. Una parte del feminismo también ha protestado con vehemencia. En vez de reconocer el error de su equipo, Montero ha negado los hechos -algunos juristas señalan que habría bastado con dotar el texto de una cláusula sobre el periodo de transición, para impedir toda retroactividad. La coalición ha pagado caro el episodio ya que, pese a que Sánchez ha defendido el texto como si emanara de su partido, se ha visto obligado a modificarlo sin los votos de Podemos -que estima que modificar las penas supone reintroducir elementos de prueba, violencia o intimidación-, pero con los del PP.
El avance hacia sociedades plurales, en las que la concepción de lo humano exceda el marco heteronormativo impuesto por el patriarcado, ya es un hecho en España, donde la ley de garantía de las personas LGBTI permite el cambio de sexo en el registro civil, simplemente con solicitarlo y confirmarlo en un espacio de tres meses, sin pruebas, testigos o informe médico. En un momento en que, en el extremo opuesto, los países gobernados por el fascismo pueden llegar hasta a resucitar el fantasma del eugenismo, como sucede en Italia, con la reciente desposesión para las madres lesbianas no portadoras del estatus jurídico de madre, es vital que los ciudadanos que comparten un un proyecto de sociedad antepongan su consecución a las diferencias que los separan, y libren cada una de las batallas necesarias a lograrlo, se encuentren donde se encuentren.