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Billet de blog 31 octobre 2023

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Israël-Palestine : une spirale de haine qui s’autoalimente

A la suite de l’attaque du Hamas le 7 octobre dernier, une guerre vieille de 70 ans a repris au Proche Orient. Comment est née cette spirale de haine qui s’autoalimente et qui dure encore ? Quels horizons pour la paix ?

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Novembre 2023

A la suite des attaques terroristes perpétrées par le Hamas le 7 octobre, Emmanuel Macron s’est rendu au Proche Orient, ce mardi 24 octobre. Coïncidant avec le cinquantenaire de la guerre du Kippour, le groupe armé a lancé l’opération « Déluge d’Al-Aqsa », attaquant par l’air, la terre et la mer le sol israélien. Il s’agit d’une attaque surprise sans précédent depuis la création du pays, au cours de laquelle des membres des Brigades Ezzedine Al-Qassal ont franchi une des frontières plus sécurisées au monde et déjoué le Dôme de fer, dispositif de défense antiaérienne, faisant plus de 1400 morts. La réponse d’Israël a été disproportionnée et décevante pour les partisans de la paix.

Lors de sa visite, Emmanuel Macron a tenu des propos problématiques au sujet de cette attaque et du cycle d’hostilités qu’elle inaugure, car ils impliquent une analyse partiale de la situation. Le président de la République a communiqué son intention de contribuer à relancer un vrai processus de paix. Pour ce faire, il entend apporter toute sa solidarité à Israël, relancer la lutte contre les groupes terroristes et rouvrir une perspective politique. Il a condamné des « actes qui dépassent tout entendement » et reconnu le « droit légitime » d’Israël de se défendre, estimant que « cette cause est juste ». Il a précisé toutefois qu’il est impératif de respecter le droit international. Bien qu’il ait évoqué le droit des Palestiniens à disposer d’un Etat, il a souligné que reconnaître l’existence d’Israël serait une « condition première » pour qu’il existe. Le chef de l’Etat n’a pas fait allusion à l’arrêt de la colonisation, question qui avait pourtant été soulevée par l’Elysée avant son départ. Finalement, Emmanuel Macron a qualifié le Hamas de groupe terroriste assimilable à Daech ou Al-Quaïda, groupes « associés dans l’action et dans l’intention », et souhaité mettre en place une coalition internationale contre le terrorisme, traçant un parallèle entre la situation au Proche Orient et celle de l’Irak et de la Syrie en 2014.

Même s’il a fait allusion à plusieurs reprises à une solution à deux Etats et qu’il a rendu visite au président de l’Autorité palestinienne, les propos d’Emmanuel Macron s’éloignent de cette position traditionnelle française pour se rapprocher des vues des Etats-Unis et d’Israël. A force de simplification, ils en sont mensongers, attitude qui ne contribuera pas à apporter une solution pacifique à un conflit enkysté et meurtrier. Pourtant, le président de la République ne manque pas d’éléments permettant de comprendre la réalité du terrain : l’association des différents groupes islamistes, réductrice, est contestée par bien de spécialistes. Une connaissance, même faible, de l’histoire du conflit israélo-palestinien ne peut en outre qu’amener à le voir comme une spirale de haine qui s’autoalimente, créée par les puissances internationales en 1947 et négligée par elles depuis.

Les conditions qui président à la création d’Israël pouvaient difficilement engendrer autre chose que cette hydre aux mille têtes qui accapare de façon récurrente l’attention internationale. Des Juifs affluent en Palestine dès la fin du XIXème siècle, mais ce n’est qu’après la Shoa que l'ONU vote, le 29 novembre 1947, son partage en deux États, un juif et un arabe, avec Jérusalem sous contrôle international. Accepté par les dirigeants sionistes, le plan est rejeté par les leaders arabes. Le 14 mai 1948, David Ben Gourion proclame la création de l'Etat d'Israël. Plus de 760.000 Palestiniens sont poussés à l'exode par les forces juives, c’est la "Nakba" ("catastrophe" en arabe). La Cisjordanie revient à la Jordanie, et la bande de Gaza à l’Égypte.

Le plan de l’ONU n’ayant jamais été accepté par les deux parties, la légitimité d’un Etat d’Israël sur les terres palestiniennes n’a pas été entérinée aux yeux des Palestiniens, ce qui rend bancale sa fondation. La Nakba ne fait que renforcer cette vision d’illégitimité, qui se trouve à la source du problème. Dans la guerre meurtrière ainsi engendrée, une inégalité fondamentale se met peu à peu en place sur le plan international : alors que les civils meurent injustement dans les deux camps, les vies des Palestiniens et celles des Israéliens n’ont jamais eu la même valeur. D’où l’énorme retentissement que chaque épisode du conflit trouve dans le monde arabe, dévoré par un sentiment d’injustice qui fait écho à la blessure coloniale, toujours ouverte.

Juifs et Palestiniens partagent un même sentiment d’injustice, qui découle de cette création déficiente. Les Juifs estiment qu’ils ont le droit d’avoir un pays ; les Palestiniens que les Juifs leur ont volé leurs terres par un processus de colonisation public et sanglant. Et tous les deux se sentent lésés, victimes d’injustice. En refusant d’assumer sa part de responsabilité dans le conflit, la communauté internationale fait preuve d’une inconséquence criminelle.

Depuis 1948, les épisodes sanglants se sont multipliés. Israël en a été souvent à l’origine. En 1967, il donne le coup d’envoi pour une colonisation de territoires qui ne s’est jamais arrêtée. Il s'empare en six jours de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie, de la bande de Gaza, du plateau syrien du Golan et de la péninsule égyptienne du Sinaï, occupation à laquelle l’Egypte et la Syrie répondent par la guerre du Kippour, en 1973. En 1982, il envahit le Liban. L’OLP de Yasser Arafat, qui s’y était réfugiée, doit quitter le pays. Des massacres sont perpétrés dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila. Les deux intifada, soulèvements de la population palestinienne (1987-1993 ; 2000-2005), sont durement réprimées par une armée israélienne suréquipée.

Les tentatives d’obtenir la paix se sont multipliées, elles aussi. Israël étant le pays le plus équipé du point de vue militaire, le type de projet politique qui anime ses dirigeants reste fondamental pour l’atteindre. L’assassinat de Yitzhak Rabin en 1995, aux mains d’un extrémiste juif opposé aux accords d’Oslo, semble avoir marqué un tournant néfaste. Convaincu que la paix était le meilleur gage de sécurité pour les Israéliens, Rabin s’était donné cet horizon. Ancien général, il avait à leurs yeux une légitimité qui le rendait susceptible de conduire un processus auquel certains rechignaient. Pour obtenir la paix, Arafat était un interlocuteur valable. Il avait ouvert le chemin pour les accords de 1993 en faisant voter en 1988 par le Conseil National Palestinien en exil d’établir l’Etat palestinien à l’intérieur des frontières de 1967, ce qui impliquait d’accepter de résoudre le conflit par la voie diplomatique. Les deux leaders confrontaient, à l’intérieur de leur propre camp, le désaccord de la droite. Partisans de la paix et de la guerre s’affrontaient. Le 13 septembre 1993 les deux leaders signent une "Déclaration de principes" sur une autonomie palestinienne transitoire, de cinq ans. En 1994, après 27 ans d'exil, Arafat retourne dans les Territoires palestiniens, où il établit l'Autorité palestinienne. Le processus est interrompu par l’assassinat de Rabin, remplacé par Shimon Peres. Des Palestiniens de premier plan, comme Hanane Achraoui et Edward Saïd, estiment les accords trop favorables aux Israéliens. Leur caractère temporel, qui devait permettre aux deux camps de forger la confiance nécessaire au dialogue, a permis à Israël de poursuivre la colonisation. Ainsi, le nombre de colonies en Cisjordanie est passé de 140.000 en 1993 à plus de 700.000 aujourd’hui.

La violence éclate de nouveau après l’assassinat de Rabin et des gouvernements mus par une logique sécuritaire se succèdent à la tête d’Israël. Des militants de la paix, comme Orly Noy, pointent le cycle oppression-terrorisme-représailles qui s’est installé depuis. La dérive vers l’extrême droite a supposé que s’installe dans les plus hautes sphères la volonté d’établir une domination totale d’Israël. Cette dérive se manifeste également dans l’armée, creuset idéologique structurant la société israélienne. Hommes et femmes sont en effet tenus de réaliser leur service militaire. Le différend entre partisans et adversaires des colons sévit aussi dans les files de l’armée, en particulier par sa théocratisation rampante. Depuis 1982, la présence de jeunes orthodoxes se fait sentir, surtout dans l’armée de terre, les gradés religieux constituant 25% des cadres dans les années 2000. Cette présence s’est faite au détriment de l’impartialité à laquelle sont tenus les soldats, renforçant la discrimination systémique des Palestiniens. La violence des colons à leur égard intègre le projet d’accaparation des terres, une mission biblique pour les ultraorthodoxes. Etrangère à toute perspective critique, l’armée est en passe de devenir le principal instrument de la stratégie d’occupation, de colonisation et d’annexion.

Le mur qui traverse la Cisjordanie, construit en 2002 par Ariel Sharon, aggrave le conflit. Il devait protéger les Israéliens du terrorisme, mais il a permis aux plus conservateurs de finir avec les possibilités d’une paix fondée sur la création d’un Etat palestinien. Son tracé ne correspond plus à la frontière de 1949, reconnue par le Conseil de Sécurité des Nations Unies en 1967, mais dessine une séparation qui assure la protection et le développement de la colonisation. Pour les Palestiniens, il constitue une humiliation, qui leur rappelle au quotidien leur occupation et l’impunité d’Israël. Le mur annexe des territoires, coincés entre l’ancienne frontière et le nouveau rempart. Pour les Palestiniens qui y possèdent des terres, la vie est devenue un enfer : un permis est nécessaire pour franchir les check-points et une carte de résident permanent pour y habiter. La Cour internationale de Justice de l’ONU condamne l’existence du mur en 2004 et la Cour Suprême d’Israël le déclare illégal en 2005, mais il constitue aujourd’hui une réalité sans appel, qui divise le territoire palestinien et détruit son tissu social et culturel.

A Gaza, l’islamisme s’est développé en parallèle à l’essor du Hamas. L’implantation de ce mouvement est un exemple notoire des dégâts qu’une culture machiste et patriarcale peut produire. Créé en 1987 par des membres de l’organisation islamique des Frères musulmans, le Hamas prône l’instauration d’un Etat islamique palestinien sur tout le territoire de l’ancienne Palestine. Les Frères musulmans sont nés en Egypte : lorsqu’en 1967 il perd la bande de Gaza, ils s’y trouvaient. Pour combattre l’OLP d’Arafat, Israël négocie avec eux un apaisement à Gaza, contre la construction d’un réseau de mosquées, œuvrant par là à leur développement. Se dotant d’une branche politique, le Hamas emporte les élections législatives en 2006 et prend en 2007 le contrôle de Gaza. Israël répond par plusieurs opérations militaires, en 2009, 2012 et 2014, condamnées pour leur brutalité par les ONG et les institutions internationales, qui parlent même de « crime contre l’humanité ». Pris dans cette spirale meurtrière, les Palestiniens ripostent, avec beaucoup moins de forces et de moyens. Depuis 2018, les altercations entre Israël et le Hamas se sont multipliées. Une protestation palestinienne permanente s’installe le long de la barrière de sécurité, pour réclamer la fin du blocus israélien, en vigueur depuis 2006.

En dehors des milieux de gauche ou militant pour la paix, l’occupation, la colonisation et l’annexion sont absentes du débat provoqué par la crise politique que vit Israël. Le gouvernement actuel ne laisse aucun espoir qu’une perspective critique y soit introduite. Issu de la droite nationaliste, Benjamin Netanyahou en est venu, pour échapper aux poursuites engagées contre lui pour fraude, corruption et abus de confiance, à s’allier aux secteurs les plus extrémistes, jusqu’à en devenir leur otage. Il se trouve aujourd’hui engagé dans une fuite en avant. Délaissant la dérive de l’armée, il envisage la Palestine avec la volonté de l’écraser complètement. Aussi, plutôt que de chercher à tisser des liens avec l’organe de représentation politique palestinien le plus apte au dialogue, l’Autorité palestinienne, il cherche à mettre à profit le prestige acquis par le Hamas pour invalider aux yeux de l’opinion internationale la possibilité même de dialogue et faciliter ainsi ses frappes sur Gaza.

Obtenir la paix au Proche Orient ne passe par la répression, mais par la fin du blocus et de l’apartheid, par la conciliation et le vivre ensemble. Le chemin est long, mais pas impossible. Pour arrêter le bain de sang, la communauté internationale doit prendre ses responsabilités et se résoudre à jouer le rôle de neutralité qui lui échoit. Elle doit retirer ses œillères néocoloniales et capitalistes, pour fournir l’immense effort d’impartialité désormais incontournable, car la paix sera impossible tant que durera la sensation d’injustice, partagée par les deux camps.

Illustration 1

Gustav Moreau, Le Victorieux Sphinx (détail), 1886.

Noviembre de 2023

Israel y Palestina: una espiral de odio que se autoalimenta

El ataque de Hamás sobre Israel, el pasado 7 de octubre, reactiva en Oriente Próximo una guerra que ya tiene 70 años. ¿Cómo ha nacido esa espiral de odio que se autoalimenta y que aún dura? ¿Qué medios hay para llegar a la paz?

Después del ataque terrorista perpetrado por Hamás el 7 de octubre, Emmanuel Macron ha viajado a Oriente Próximo, este martes 24 de octubre. Coincidiendo con el cincuenta aniversario de la guerra de Kipur, el grupo armado ha lanzado la operación “Diluvio de Al-Aqsa”, atacando por aire, tierra y mar el suelo israelí. Se trata de un ataque sorpresa sin precedente desde la creación del país, durante el cual miembros de las Brigadas de Ezedine Al-Quasal han cruzado una de las fronteras más seguras del planeta y burlado la cúpula de hierro, un dispositivo de defensa antiaéreo, causando más de 1400 muertes. La respuesta de Israel ha sido desproporcionada y decepcionante, para los partidarios de la paz.

Las declaraciones hechas por Emmanuel Macron a propósito del ataque y del ciclo de hostilidades que inaugura son problemáticas, ya que implican un análisis parcial de la situación. El presidente de la República ha comunicado su intención de contribuir a relanzar el proceso de paz. Para lograrlo, entiende que hay que solidarizarse con Israel, reanudar con la lucha contra los grupos terroristas y con un enfoque político. Ha condenado “actos que sobrepasan el entendimiento” y reconocido el “derecho legítimo” de Israel a defenderse, estimando que “esa causa es justa”. Ha precisado sin embargo que es imperativo respetar el derecho internacional. Aunque haya evocado el derecho de los Palestinos a disponer de un Estado, ha subrayado que reconocer la existencia de Israel sería una “condición necesaria” para que ello ocurra. El jefe del Estado no ha aludido a detener la colonización, cuestión evocada sin embargo por el gobierno antes del viaje. Finalmente, Emmanuel Macron ha calificado a Hamás de grupo terrorista asimilable al Estado Islámico o a Al-Quaida, grupos “asociados en la acción y en la intención”, y ha instado a retomar la coalición internacional contra el terrorismo, estableciendo un paralelismo entre la actual situación de Oriente Próximo y la de Irak y Siria en 2014.

Aunque haya aludido varias veces a la constitución de dos Estados y se haya entrevistado con el presidente de la Autoridad palestina, las declaraciones de Emmanuel Macron se alejan de esa postura tradicional francesa para acercarse a las perspectivas de Estados Unidos y de Israel. A fuerza de simplificación, resultan falsas, actitud que no va a contribuir a aportar una solución pacifica a un conflicto enquistado y asesino. Sin embargo, al presidente de la República no le faltan elementos para comprender la realidad del terreno: asimilar los distintos grupos islamistas es algo reductor que muchos especialistas cuestionan. Un conocimiento, así sea escaso, de la historia del conflicto entre Israel y Palestina no puede sino conducir a verlo como una espiral de odio que se autoalimenta, creada por las potencias internacionales en 1947 y abandonada por ellas desde entonces.

Las condiciones que presiden a la creación de Israel difícilmente podían engendrar otra cosa que esa hidra de mil cabezas que acapara de forma recurrente la atención internacional. Los judíos afluyen hacia Palestina desde finales del siglo XIX, pero es después del genocidio cuando la ONU vota, el 29 de noviembre de 1947, que ésta se divida en dos Estados, uno judío y otro árabe, con Jerusalén bajo control internacional. El plan es aceptado por los dirigentes judíos, pero rechazado por los árabes. El 14 de mayo de 1948, David Ben Gurión proclama la creación del Estado de Israel. Las fuerzas judías empujan al exilio a más de 760.000 palestinos, es la Nakba (“catástrofe”, en árabe). Jordania se ampara de Cisjordania y Egipto de la banda de Gaza.

Como el plan de la ONU jamás ha sido aceptado por las dos partes, a ojos de los palestinos la legitimidad de un Estado de Israel en tierras palestinas no ha sido validada, lo que vuelve inestable su creación. La Nakba no hace sino acentuar esa visión de ilegitimidad, que es la fuente del problema. En la guerra sin cuartel así engendrada, una desigualdad fundamental se pone en marcha poco a poco en el plano internacional: aunque los civiles mueran injustamente en ambos campos, jamás se les ha dado el mismo valor a las vidas de los palestinos y de los israelíes. De ahí la enorme repercusión que cada episodio del conflicto tiene en un mundo árabe devorado por un sentimiento de injusticia que hace eco a la herida colonial, aún abierta.

Judíos y palestinos comparten la sensación de injusticia, que deriva de esa creación deficiente. Los judíos estiman que tienen derecho a tener un país, los palestinos que los judíos les han robado sus tierras en un proceso de colonización público y sanguinario. Y los dos se sienten estafados, víctimas de una injusticia. Al negar su parte de responsabilidad en el conflicto, la comunidad internacional demuestra una inconsciencia criminal.

Los episodios mortíferos se han multiplicado desde 1948. A menudo los origina Israel. En 1967, da el toque de salida a una colonización que jamás se ha detenido. Se ampara en seis días del este de Jerusalén, de Cisjordania, de la banda de Gaza, de la meseta siria de Golán y de la península egipcia de Sinaí, a lo que Egipto y Siria responden en 1973 con la guerra del Kipur. En 1982 invade Líbano. La OLP de Yaser Arafat, que se había refugiado allí, debe abandonar el país. Varias masacres tienen lugar en los campos de refugiados palestinos de Sabra y Chatila. Dos sublevaciones de la población palestina, las intifadas (1987-1993; 2000-2005), son reprimidas por un ejército israelí ultra equipado.

Las tentativas de alcanzar la paz también han sido múltiples. Como el ejército más preparado es el de Israel, el tipo de proyecto político que anima a sus dirigentes es fundamental para obtenerla. El asesinato de Isaac Rabin a manos de un extremista judío opuesto a los acuerdos de Oslo, en 1995, parece haber marcado un giro nefasto. Convencido de que la paz era la mayor garantía de seguridad para los israelíes, Rabin se había fijado ese objetivo. El general jubilado gozaba de una legitimidad que lo volvía susceptible de conducir un proyecto al que muchos eran reticentes. Arafat era un buen interlocutor para obtener esa paz. Había abierto el camino para los acuerdos de 1993 al hacer que el Consejo Nacional Palestino en exilio votara en 1988 que el futuro Estado palestino se estableciera dentro de las fronteras de 1967, lo que implicaba aceptar que el conflicto se resolviera por la vía diplomática. Los dos líderes confrontaban la oposición de la derecha dentro de sus propios campos. Partidarios de la paz y de la guerra se afrontaban. El 13 de septiembre de 1993 ambos líderes firmaban una “Declaración de principios” sobre una autonomía palestina transitoria, de cinco años. En 1994, tras 27 años de exilio, Arafat vuelve a los territorios palestinos, donde establece una autoridad palestina. El asesinato de Rabin, que Simón Peres reemplaza, interrumpe el proceso. Palestinos de primer orden, como Hanane Achraui o Edward Said, estiman que los israelíes salen beneficiados por los acuerdos. Su carácter temporal, que debía facilitar que se forjara la confianza necesaria al diálogo, permite que Israel prosiga la colonización. Si en 1993 había 140.000 colonias de Cisjordania, hoy hay más de 700.000.

La violencia vuelve a estallar tras el asesinato de Rabin. Los gobiernos movidos por una lógica de enfrentamiento se suceden en Israel. Militantes por la paz, como Orly Noy, señalan el ciclo opresión-terrorismo-represión que se ha instalado desde entonces. La deriva hacia la extrema derecha de Israel ha supuesto que se instale en las altas cúpulas la voluntad de que Israel domine por completo. Esa deriva también se da en el ejército, crisol ideológico que estructura la sociedad israelí. Hombres y mujeres deben realizar el servicio militar. La influencia de la ortodoxia, que se ha abierto paso con insidia en las filas del ejército, instala en ellas el enfrentamiento entre partidarios y adversarios de los colonos. La presencia de jóvenes ortodoxos, sobre todo en el ejército de tierra, se advierte desde 1982 y se desarrolla tanto que un 25% de los mandos tiene esas creencias en los años 2000. Ello repercute en detrimento de la imparcialidad que se les exige a las tropas y refuerza la discriminación sistémica de los palestinos. La violencia de los colonos hacia ellos es inherente al proyecto de acaparar las tierras, una misión bíblica para los ultraortodoxos. Ajeno a toda perspectiva crítica, el ejército se está convirtiendo en el principal instrumento de la estrategia de ocupación, colonización y anexión de los colonos.

El muro que atraviesa Cisjordania, construido en 2002 por Ariel Sharon, agrava el conflicto. Iba a proteger a los israelíes del terrorismo, pero ha permitido a los más conservadores acabar con las posibilidades de una paz fundada sobre la creación de un Estado palestino. Su trazado no corresponde a la frontera de 1949, reconocida por el Consejo de Seguridad de Naciones Unidas en 1967, sino que dibuja una separación que asegura la protección y el desarrollo de la colonización. Constituye una humillación para los palestinos, a los que cada día recuerda su ocupación y la impunidad de Israel. Anexiona tierras situadas entre la antigua frontera y la nueva muralla. Para sus propietarios palestinos la vida se ha convertido en un infierno: necesitan una autorización para cruzar los controles y un carné de residente permanente para vivir en las tierras. La Corte internacional de Justicia de la ONU condena la existencia del muro en 2004 y la Corte Suprema de Israel lo declara ilegal en 2005, pero constituye una realidad inapelable, que divide el territorio palestino y destruye su tejido social y cultural.

El islamismo se desarrolla en Gaza de forma paralela a la expansión de Hamás, cuya implantación constituye un ejemplo notorio de los destrozos que puede realizar una cultura machista y patriarcal. Tres miembros de la organización islámica Hermanos musulmanes fundan Hamás en 1987. Este aboga por la creación de un Estado islámico palestino sobre todo el territorio de la antigua Palestina. Hermanos musulmanes nace en Egipto: cuando en 1967 éste pierde Gaza, ya están allí. Para combatir a la OLP de Arafat, Israel negocia con ellos la paz en Gaza, a cambio de la construcción de una red de mezquitas, ayudando con ello a que se desarrollen. Hamás se dota de una rama política, gana las elecciones legislativas de 2006 y toma el control de Gaza en 2007. Israel responde con varias operaciones militares, en 2009, 2012 y 2014, condenadas por su brutalidad por las ONG y las instituciones internacionales, que aluden a un “crimen contra la humanidad”. Presos de esa espiral asesina, los palestinos responden, con bastante menos medios y fuerzas. Desde 2018, los altercados entre Israel y el Hamás se multiplican. Una protesta palestina permanente se ha instalado a lo largo de la barrera de seguridad, para reclamar el fin del bloqueo israelí, en vigor desde 2006.

La ocupación, colonización y anexión no se abordan en el debate provocado por la crisis política que vive Israel, fuera de los círculos de izquierda o militantes en favor de la paz. El gobierno actual no deja mucha esperanza de que al fin se introduzca en él una perspectiva critica. Benjamín Netanyahu viene de la derecha nacionalista. Para escapar a acusaciones de fraude, corrupción y abuso de confianza, se ha aliado con los sectores más extremistas, hasta convertirse en su rehén. Se encuentra hoy sumido en una huida hacia adelante. Desdeña la deriva del ejército y contempla Palestina con voluntad de aplastarla. En vez de crear vínculos con el órgano de representación política palestina más apto para el diálogo, la Autoridad palestina, intenta explotar el prestigio adquirido por Hamás para invalidar ante la opinión internacional la posibilidad misma de un diálogo y facilitar los bombardeos sobre Gaza.

Obtener la paz en Oriente Próximo no puede hacerse mediante la represión, sino terminando con el bloqueo y con el apartheid, conciliándose para vivir juntos. El camino es largo, pero no imposible. La comunidad internacional debe asumir sus responsabilidades para detener el derramamiento de sangre y resolverse a desempeñar el papel de neutralidad que le corresponde. Debe deshacerse de los filtros neocoloniales y capitalistas para realizar el inmenso esfuerzo de imparcialidad, ahora ineludible, ya que la paz será imposible mientras dure la sensación de injusticia que ambos campos comparten.

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