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Billet de blog 13 mars 2021

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Le Capitalisme est déjà mort, mais son cadavre bouge encore.

« Lorsque Rousseau croit qu’avec la propriété nous sortons de l’état de nature pour entrer dans un état de culture, il se trompe : nous restons dans la nature avec une culture qui singe la nature. »

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nous autres, occidentaux, par le développement accéléré des sciences
physiques rendu possible par un travail acharné et cumulatif de notre « Cogito »
dont l’unique finalité était de nous rendre « maîtres et possesseurs de la nature »,
n’avons fait jusqu’à présent qu’adapter notre intelligence à la représentation que
nous nous faisons de la nature. Car nous ne l’avons jamais possédée, et nous ne
maîtriserons jamais le fondement même de ce qu’est la nature dans son vaste
ensemble, le cosmos.

Michel Onfray nous l’explique parfaitement bien dans son livre « Cosmos »,
page 225 : « […] quand nous imaginons nous en émanciper (de la nature), nous
nous y soumettons, quand nous pensons la laisser derrière nous, nous nous plions
à son ordre. Jamais autant que lorsque nous croyons nous affranchir nous ne
signifions mieux notre subordination. » Tout est dit, et les signes de surchauffe
apparaissent dorénavant partout, mais on feint de les ignorer, ou presque. Il
ajoute ensuite, concernant notre vieille obsession de posséder la nature :
« Lorsque Rousseau croit qu’avec la propriété nous sortons de l’état de nature
pour entrer dans un état de culture, il se trompe : nous restons dans la nature
avec une culture qui singe la nature. » C’est dire à quel niveau nous en sommes,
nous, les modernes libéraux.

Enfin, toujours à la même page, Michel Onfray nous explique le rôle de la
police dans cette représentation « singesque » de la nature qui valorise la
propriété privée, alors qu’absolument rien ne nous appartiendra jamais, en
réalité, si ce n’est nous-mêmes, je le cite : « La police qui la préserve (la
propriété) procède de l’agencement de la force en meute ; la justice qui la défend
dérive des jeux de force et d’intimidation des mâles dominants et de leur cour
[...] »

Donc tout notre système libéral social (ou social-libéral) dont l’architecture est
imposée par la force de la loi de la meute des dominants, des plus puissants,
repose sur un contrôle hyper « policier » et hyper militarisé de l’ensemble des
éléments agencés en strates bien délimitées et superposées (individus ou pays).
Le plan est linéarisé (de même que nos vies, de la naissance à la mort), et de
manière superposée (car tout le monde est contraint, sous peine d’exclusion, de
se plier à chercher son point sur la ligne mais pas forcément sur un même
niveau, cela dépend principalement de notre généalogie, de notre filiation, en
Occident comme en Orient). Chacun d’entre nous doit occuper un point sur la
ligne tracée par le système dominant.

La structure de la pyramide est donc tridimensionnelle, et hyper territorialisée.

La mise en perspective, la recherche de lignes de fuite nous
permettant de sortir de nos points (enfermement, prison psychique) se fait de
plus en plus difficile. On ne peut plus bouger de notre place, du point auquel
nous avons été assignés.

Quand bien même nous trouverions de nouvelles lignes de fuite, nous ouvrant
d’autres possibilités d’évolution et de devenir (lignes essentielles à la vie ou à la
survie des artistes), le système libéral social nous rattrape partout physiquement,
il se reterritorialise en absorbant nos lignes de fuite qui se trouvent alors
relinéarisées de manière militaire dans l’espace-temps du pouvoir mis en forme
par la pyramide libérale sociale tridimensionnelle, véritable machine de guerre
des mâles dominants et de leurs meutes. L’espace vital nécessaire se réduit, l’air
nous manque, tout devient irrespirable, nous suffoquons. Car, au fond, nous ne
désirons rien de plus que de pouvoir danser d’un pas sûr, léger et maîtrisé sur
toutes les courbes voluptueuses et à tous les niveaux de perspective que la vie
peut nous offrir naturellement, et non artificiellement. 

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