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Billet de blog 3 janvier 2018

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Ahed Tamini, jeune "chutzpah" palestinienne.

Ahed Taminie est une "chutzpah", écrit Gideon Levy, journaliste israélien courageux.

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Dans le fait d'être juif, dans la représentation peu définie que j'en ai aujourd'hui, intime et naïve, faite de si peu de choses, de si peu de souvenirs, il y a une volonté de résister à l'injustice, de la défier, de contribuer à une œuvre d'émancipation. Je pense à cette tradition de juifs communistes européens qui se retrouve, d'une manière lointaine et indirecte, chez mon cousin Alberto, disparu dans l'Argentine des militaires à l'âge de 19 ans et qui avait étudié le droit parce qu'il voulait défendre les travailleurs, m'avait dit son frère, S, qui avait réussi à quitter l'Argentine, dans notre exile commun à Séville, alors que j'étais adolescent.

Mais cette idée de la judaïté peut prendre des couleurs moins sombres. Le Juif est alors un enfant, un Gavroche, qui, effronté, défie à la fois les traditions de son peuple et les oppressions, qui le révoltent. Il y a quelque temps, j'ai appris, au hasard de mes lectures, un mot anglais venu de l'hébreu qui reflétait cette idée : chutzpah. Le mot existe aussi en yiddish : l'ont-ils dit, mes grands-parents, en Argentine ?

Aujourd'hui, je retrouve le mot dans un article du journal israélien Haaretz, qui explique que Ahed Tamimi, jeune fille palestinienne et effrontée, rend fou Israël (is diving Israel insane) en faisant vaciller par ses défis ces mythes forgés autour de l'armée et de ses soldats qui permettent au pays de ne pas trop voir les souffrances et l'oppression qu'il impose aux Palestiniens.

Je veux ici rendre hommage à Gideon Levy, journaliste israélien courageux et auteur de l'article, qui, aujourd'hui, transmet le témoin de ce mot hébreux empreint d'espoir et de dignité à cette jeune fille qui mérite de le recevoir et qui en porte le souffle. Quant à Ahed Tamimi, fière chutzpah palestinienne de 16 ans qui, le front haut, défie et ébranle l'occupant, je ne saurais cependant la saluer comme l'héroïne qu'elle est, car les enfants-héros, aussi admirables soient-ils, m'emplissent de tristesse. Qu'Israël libère Ahed Tamimi, que les yeux clairs de la jeune fille puissent à nouveau regarder la mer et que ceux qui, par l'oppression qu'ils imposent, transforment en héros les enfants palestiniens consentent enfin à voir en les enfants, femmes et hommes qui composent le peuple de Palestine nos frères humains. Agissons : ne souffrons pas que des épaules encore frêles portent des charges qui sont le nôtres, pas les leurs.

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