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Billet de blog 14 octobre 2023

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Madagascar : début de campagne pour Rajoelina vs cafouillage de l’opposition

Le premier tour des prochaines élections présidentielles à Madagascar qui devait se tenir le 9 novembre prochain est repoussé au 16 sous pression de certains opposants.

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Illustration 1

La campagne durera donc une semaine de plus. Ce sera le troisième scrutin présidentiel de la IVe République issue de la crise politique de 2009. Elu depuis 2019, le président Andry Rajoelina a officiellement annoncé le 6 septembre dernier qu'il se portait candidat à un nouveau mandat lors des prochaines élections afin de poursuivre le travail engagé il y a bientôt cinq ans. Mais le tour est loin d'être joué et les tensions se multiplient depuis plusieurs semaines.

Rajoelina a cédé le pouvoir au Président du Sénat qui devait gouverner le temps de la campagne électorale. Mais, bien que proche du Président, il aurait renoncé pour des histoires de menaces aux originesclairement discutables. Du coup, afin d’éviter la vacance du pouvoir, le gouvernement a repris l’intérim de l’intérim. Il faut aujourd’hui pour Rajoelina compter sur la détermination de ses opposants à vouloir tourner la page et lui ravir la place, et qui ont lancé déjà depuis des semaines un certain nombre d'attaques et provoqué nombre de polémiques pour tenter de le déstabiliser. Ils semblent prêts à tout pour l’emporter même à faire un coup d’Etat si le scrutin ne tournait pas en leur faveur.

L’histoire du report du premier tour en est un exemple. Les 11 candidats d’opposition tournent en rond avec leurs contradictions. D’un côté, ils réclamaient une annulation pure et simple du scrutin du 9 novembre 2023. D’un autre côté, ils souhaitent former et intégrer un gouvernement d’entente nationale. Un autre jour, ils exigent une intervention des Casques Bleus. Le lendemain, ils demandent un accord politique. Le surlendemain, ils aspiraient donc à un report des élections.

En attendant les manifestations se sont multipliées dernièrement dans la capitale. Pendant que certains cherchent à provoquer une agitation grandissante, voir le chaos, l’actuel Président, prêt à défendre son bilan, est entré le premier en campagne le 10 octobre dernier, prêt à prendre des coups. Si la population de la région Diana, là où il a démarré, s’est montrée enthousiaste de la visite de Rajoelina, c’est parce que 90 projets ont été réalisés sous son mandat.En vrac, c’est le cas de la Centrale Hybride et des Parcs Solaires. Au chapitre des grandes chantiers, il faut mentionner la construction du Tribunal de Première Instance et de l’Hôtel des Finances, les réhabilitations de la station TVM/RNM et du Palais Royal Andavakotoko, la construction de plusieurs salles de classe à Antsiranana, Ambilobe et Ambanja. De nombreuses voies de dégagement, voies internes, rues et ruelles ont été réhabilitées. Depuis les meetings de Rajoelina se multiplient partout dans l’île pendant que ses adversaires protestent sans se lancer et avancer leur projet pour l’île.

Ce collectif des 11 s’est même constitué avant tout pour rivaliser et essayer de peser face à l’actuel Président. S’il semble former un bloc monolithique, ce n’est qu’une apparence. Des fissures se font jour à mesure que la lutte s’enlise alors que la date de démarrage de la propagande officielle avance à grands pas. En effet, les 11 candidats ont évoqué en catimini l’éventualité d’un soutien à un candidat unique de l’opposition mais la proposition se heurte aux ambitions personnelles. Lors de la discussion, certains candidats ont choisi Marc Ravalomanana, d’autres ont préféré Siteny Randrianasoloniaiko, d’autres ont exprimé leur penchant pour HeryRajaonarimampianina, d’autres sont convaincus que Hajo Andrianainarivelo a toutes ses chances. Le choix du candidat unique n’a pas été arrêté, faute de consensus, du moins pour l’instant. De plus, ce n’est pas parce qu’un candidat du collectif s’efface au profit d’un autre qu’il emportera l’adhésion de sa base électorale. Les choses risquent de se compliquer avec le temps voir d’exploser car chacun à son agenda. Une nouvelle paralysie assurée dès la campagne et le risque de ne parvenir à aucun débat concret pour le futur du pays d’ici le scrutin. Or, Madagascar est dans l’urgence.

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