On peut aujourd’hui parler de haine des Émirats arabes unis envers l'Algérie et qui s'est accrue ces derniers temps, et qui pousse de nombreux responsables émiratis à aider le Maroc, de tout leur cœur et de toute leur âme contre son ennemi régional juré. Des campagnes en ligne et indirectes cherchent à attiser les tensions entre Rabat et Alger sans penser aux conséquences. Certains disent même que le royaume chérifien a acquis des systèmes très avancés d’espionnage de la part d’Abu Dhabi pour scruter son voisin.
Dans ce contexte, le "Citizen Lab" de l'université canadienne de Toronto, spécialisée dans la sécurité électronique, a révélé, en avril dernier, un nouveau programme d'espionnage israélien développé par la société "Quadream", et opéré par les Emirats Arabes Unis sur son territoire, visant à pirater les téléphones des officiels et des journalistes dans 10 pays[1].
La montée des revendications des responsables émiratis contre l'Algérie surviennent au moment même où leur pays exerce de terribles pressions sur la Mauritanie pour qu'elle les rejoignent en normalisant ses relations avec Israël. Ce n’est d’ailleurs pas un hasards si le ministre mauritanien de la Défense s'est récemment rendu en Israël, en passant par Dubaï.
Les émiratis veulent, à tout prix et par tous les moyens, imposer la présence de leur pays dans la région du Sahel, et au-delà de leur influence jusque-là sur l’Egypte et la Libye. La Tunisie est une autre cible des Emiratis, d’autant que le Président Kaïs Saïed qui a mis un couvercle sur la cocotte démocratique a tout pour plaire à Abu Dhabi en favorisant l’autoritarisme au libéralisme depuis deux ans.
Même topo : proposer une aide financière substantielle à une Tunisie en grande difficulté économique à la condition de normaliser ses relations avec Israël. C’est l’arc des Accords d’Abraham qui semble se tendre un peu plus chaque jour. Abu Dhabi demandait dans le même temps de rompre ses relations avec l'Algérie, qui n'a jamais renoncé à la solidarité avec la Tunisie. Sur le plan économique, les Emirats placent leurs pions : on se souvent en 2021 des manifestations de quelques militants contre l’opération de rachat de près de 35% du capital de Tunisie Télécom par le groupe émirati Abraaj. Problème et inquiétude numéro un de ces derniers : les risques d’espionnage des lignes et dont les Emirats se sont fait une spécialité, biberonnés par l’allié israélien, et ce depuis bien plus longtemps que la signature des accords d’Abraham.
Les médias en Tunisie ont également accusé les Émirats arabes unis de tenter d'orienter les politiques intérieures et étrangères de certains pays, dont la Tunisie, selon eux, dans le but de construire un "nouvel ordre régional" conforme à ses perceptions. Ce n’est pas une surprise tant l’on a pu voir la contre-révolution arabe qu’a mené Abu Dhabi contre tous les processus révolutionnaires de la région et qui ont vu le retour des dictatures : Soudan, Libye, Syrie, Egypte, Tunisie, etc. Le loup émirati savait très bien ce qu’il faisait en commençant par normaliser sa relation à l’Etat hébreu, en attendant que tout le tapis rouge se déroule en Afrique du Nord ensuite.
[1] https://www.washingtonpost.com/technology/2023/04/11/quadream-spyware-reports-citizen-lab/