Sans remettre évidemment en cause la probité de la justice et son indépendance, l’équipe du juge Michel Claise a pris en flagrant délit une série d’individus soupçonnés de corruption et pour une partie jetés en prison le temps de la poursuite de l’enquête.
Sans être complotiste ou paranoïaque, il n’est pas absurde de s’interroger dans un premier temps sur la manière dont l’équipe en charge de cette enquête a pu prendre sur le vif les personnes suspectées avec des sacs de billets à leur domicile ou en train de les déplacer. Il fallait être certes bien renseigné ou qu’on les informe. On ne tombe pas au hasard sur ces faits.
Dans un second temps, il n’est pas totalement absurde non plus de se demander à qui pouvait profiter le crime de la sortie d’une telle affaire à ce moment-là: à qui pouvait profiter la survenue d’un tel scandale alors que nombre de polémiques d’avant Coupe du Monde avaient fini par s’éteindre ? Le Qatar, qui avait fait l’objet d’un bashing inédit pour un tel évènement, s’était plutôt bien sorti en termes d’image depuis le début de la compétition qui sera sans failles jusqu’au bout et présentée comme une des meilleurs de l’histoire.
Récemment, relayé par un journal italien, les hypothèses d’un site américain vont bon train en se demandant si ce Qatargate, devenu EUGate, en mouillant non seulement de plus en plus de pays mais en suspectant également de plus en plus de personnel européen, n’a pas été orchestré par un acteur tiers pour nuire au Qatar directement, sans minorer les soupçons de corruption le visant à ce stade ? A ce jour, quatre des protagonistes de l’affaire en cours sont en prison depuis le 8 décembre. Certes, il y avait des soupçons des services de police belge autour du personnage de Pier Antonio Panzeri, ancien député européen suspecté d’être à la tête de ce groupe interne mafieux au cœur des institutions européennes.
Alors que d’autres pays financent un intense lobbying auprès des institutions depuis des années, que ce soit la Chine, la Russie, un pays est resté relativement discret depuis le début de l’affaire : les Emirats arabes unis. Personne ne s’est interrogé des conditions de travail de millions de ressortissants étrangers depuis des décennies pour construire Dubaï, Abu Dhabi, jusqu’à la dernière Exposition Universelle abritée par la confédération cette année, pendant que les médias du monde entier s’acharnaient sur le Qatar et sa construction des stades.
Le site d’informations italien Ilgiornale accusait directement la main d’Abu Dhabi dans le déclenchement du scandale du « Qatargate ». Ayant repris des informations des sites Dagospai.com et du Nyweekly.com, l’ensemble de ces sources ciblent directement Tahnoon bin Zayed Al Nahyan, le frère du Président des Emirats, Mohamed Ben Zayed, et chef des services secrets locaux[1], accusé d’opérer un intense lobbying en faveur de son pays et surtout contre son rival historique auprès de Bruxelles. Le site Middleeastmonitor (https://www.middleeastmonitor.com/20221230-eu-to-probe-uae-involvement-in-corruption-cases/) annonçait dernièrement l’ouverture d’une enquête interne dans les institutions européennes sur une potentielle responsabilité des EAU dans le déclenchement de l’affaire.
Dans les cercles bruxellois, un rapport est déja sorti en juin dernier sur la stratégie d’influence et de lobbying d’Abu Dhabi auprès des institutions européennes. Il a été présenté par Nicola Giovannini, de l’ONG Droit au Droit[2]. Le dossier de 150 pages analyse en détail la toile qu’Abu Dhabi a tissé, via des centres de recherches factice, des contacts auprès du parlement européen, ou d’agences de communication politique. Toutes avec un ennemi à abattre : le Qatar, éternel rivage politique régional et mondial.
Il est donc normal de s’interroger sur les intérêts que certaines personnes ou entités peuvent tirer à ce stade d’un nouveau bashing contre Doha, qui a fait pschitt et qui aujourd’hui vise directement les failles éthiques du Parlement européen, un nombre de pays croissant suspecter de pratiquer un lobbying totalement illégal. C’est aussi pour cela que l’on parle de plus en plus de EUGate, le plus grand des scandales à l’heure actuelle au cœur de ce bastion de la morale humaniste et de ce parangon de vertu qui connait de violents tourments depuis le début de l’affaire.
[1] https://www.ilgiornale.it/news/europa/manina-degli-emirati-arabi-allorigine-
qatargate-2100400.html
[2] https://brusselsmorning.com/parliamentary-hearing-reveals-uae-foreign-lobbying-in-eu/24177/