La laïcité nourrit l'égalité. C'est pourquoi elle n'est pas à confondre avec le sécularisme. Le sécularisme peut correspondre à deux choses.
-Soit un état de fait, à savoir le caractère séculier de la société, un monde où ce n'est plus la religion qui encadre la politique, l'économie, la société. Dans ce cas, le sécularisme n'est ni bon, ni mauvais pour l'égalité.
-Soit un modèle qui vise à privatiser la religion, et à obtenir sur ce plan la neutralisation de la société civile. Dans ce cas, le sécularisme est mauvais pour l'égalité, car il discrimine les marqueurs religieux par rapport à d'autres marqueurs identitaires.
La laïcité c'est autre chose. Ce n'est ni la sécularisation triomphante, ni l'aseptisation forcée de l'espace public. C'est un principe d'organisation de la vie sociale et politique, et un mode de régulation du religieux et du non-religieux dans une société pluraliste, qui assure l'égalité de toutes et tous, quelles que soient les convictions, religieuses ou non. Pour consolider la laïcité et ainsi renforcer le principe d'égalité qui fait partie de la devise de la République française, voici trois propositions.
1/ Pour parfaire l'égalité entre les religions et consolider le pacte laïque, il convient d'abord d'ABOLIR LE CONCORDAT d'Alsace-Moselle et les DISPOSITIONS DISCRIMINATOIRES en vigueur dans certains territoires d'outre-mer. Guyane, Mayotte. Ces héritages d'un autre temps qui alimentent certaines religions de perfusions d'argent public trahissent grossièrement la laïcité, à la fois sur le plan de la séparation nécessaire des religions et de l'Etat mais aussi au respect du principe d'égalité. Au XXIe siècle, dans un pays qui se prétend laïque, l'argent des impôts n'a pas à financer les salaires de certains clergés.
2/ Pour renforcer égalité et dialogue, la laïcité mise en pratique gagnerait aussi à ELARGIR LA TABLE DE LA REPUBLIQUE aux acteurs religieux du pays réel. Les modes de relations entre Etat et représentants religieux, c'est parfois du théâtre. Ces dispositifs gagneraient en pertinence en s'ouvrant davantage aux forces religieuses du pays réel. Ce serait un moyen, parmi d'autres, de corriger cette "déconnexion de la France réelle et de ses représentants politiques et médiatiques" dont parle, par exemple, Emmanuel Todd. Le paysage religieux, en France, à changé. Les chercheurs payés par la République, parfois sous-utilisés, sont à disposition pour éclairer tout cela.
3/ Enfin, une contribution à une laïcité d'Egalité serait de créer un espace pédagogique ambitieux sur l'athéisme et l'agnosticisme. La laïcité, ce n'est pas que pour les croyants. En France, athéisme et agnosticisme rassemblent grosso modo la moitié de la population. Mais la non-religion et la non-croyance sont peu expliquées, contextualisées, tout en étant parfois violemment attaqués par certains fanatiques. Avec les 70 millions d'euros d'économie que générera l'abolition du Concordat en Alsace-Moselle, donnons nous les moyens de créer cet espace pédagogique.