"Nous sommes encerclés par de très nombreux militaires avec des chars. Venez à notre secours, au nom de Dieu, je vous en prie !
Allô ! Allô ! Moi, Monseigneur Kpodzro, Archevêque Émérite de Lomé, je lance cet appel solennel à partir du domicile de notre président élu démocratiquement, Monsieur Gabriel Messan Agbeyomé Kodjo.
Je lance cet appel de détresse à tous les hommes de bonne volonté à commencer par notre cher père le Pape François lui-même, à tous les présidents des pays voisins et des pays amis ainsi qu’à tous les Togolais de bonne volonté de venir à notre secours parce que nous sommes actuellement encerclés dans le domicile même du président démocratiquement élu.
Nous sommes encerclés par de très nombreux militaires avec des chars. On ne connaît pas leur esprit, que veulent ils de nous, sans doute non pas nous embrasser et nous féliciter mais nous faire du mal, pour nous détruire, nous tuer."
Personne ne répondra à cet appel du camp de la démocratie au Togo, lancé quelques temps après l'élection présidentielle volée de février 2020.
Faure Gnassingbé organise régulièrement ces élections depuis 2005, date à laquelle il avait succédé à son père décédé (lequel avait pris le pouvoir en 1967). A chaque fois, le résultat est maitrisé d'avance, tout cela s'organise à la barbe et au nez des puissances occidentales très présentes sur place. France, Allemagne, Etats-Unis ne manquent pas de jouer, d'influer, de faire et défaire la politique de ce petit pays, un peu plus grand et peuplé que la Suisse, mais, O surprise, quand il s'agit de maintenir le dictateur en place, le camp démocratique occidental ne manque pas de soutenir le tyran, et surtout d'affaiblir son adversaire...
Que penser de cette plainte de l'ambassadeur de France contre des journalistes d'opposition au cœur du combat entre démocrates togolais et le dictateur ? Que penser de la suspension (suite à la plainte de la France contre la presse togolaise) des parutions des journaux d'information de Lomé alors que le pouvoir du tyran vacille face au coups de buttoir du camp démocratique ? Une seule réponse : la France a choisi son camp, et c'est celui du dictateur. Les exemples ne manquent pas et sont à peine masqués tant les "affaires étrangères" de la France échappent à tout contrôle. Elle met même tout son zèle à le soutenir alors que les forces populaires lui sont contraires. C'est que les intérêts français - vendre du matériel militaire pour les forces de sécurité qui l'utilisent contre des civils togolais - sont premiers. Pas question d'avoir à faire à une démocratie, on prendrait le risque que les dirigeants ainsi venus s'inquiètent du sort de leur peuple, et du coup, démonte le système néocolonial à l'œuvre.

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La France est impliquée dans le meurtre du premier Président de la République du Togo Sylvanus Olympio, en 1963. Depuis, elle n'a de cesse d'organiser sa mainmise sur le pactole togolais. Contrairement à ce qu'elle prétend, la patrie des droits de l'homme fait ingérence permanente dans la vie politique togolaise. Agbeyomé Kodjo, candidat malheureux de l'opposition réunie en 2020 le sait bien. A chaque fois qu'il a été emprisonné, son sort (et sa sortie) a été réglé depuis Paris en un coup de téléphone... Allô, ici Chirac, ici Hollande.
Ce livre "Togo ! La démocratie étouffée", paru aux éditions Teham le 27 avril, retrace des étapes importantes de la vie du Togo et recense de nombreuses interventions malfaisantes de la France depuis l'indépendance du pays en 1960.
Mais le vent tourne. Centrafrique, Mali, Burkina... Les vieilles méthodes françafricaines ne font plus recettes. En étouffant la démocratie dans les pays dont elle se dit amie, la France se prive de tout avenir en Afrique. L'Afrique est pourtant l'avenir du monde.