Le 12 janvier 1963, des soldats démobilisés de la guerre d'Algérie entrent chez le président de la jeune République Togolaise Sylvanus Olympio avec l'intention de l'arrêter. Sylvanus Olympio leur avait refusé l'intégration à l'armée togolaise peu de temps auparavant.

Le Président de la République du Togo se réfugie à l'ambassade américaine, mais il est repéré par les militaires qui l'abattent le lendemain au petit matin. Le sous-officier d’alors, Eyadéma Gnassingbé, revendiquera l'assassinat avant de se rétracter quelques années plus tard (il est devenu Président du Togo à la suite d’un nouveau coup d’Etat et doit améliorer son image dans les médias français).
Un mystère entoure l'identité de l'auteur de ce meurtre ainsi que le niveau de responsabilité de la France dans cet assassinat.
Sylvanus Olympio montrait beaucoup trop d’indépendance à l’égard de l’ancienne puissance coloniale... Panafricaniste, très lié aux américains du Président John Fidgerald Kennedy, il venait notamment d’annoncer sa volonté de sortir le Togo de la zone du franc CFA. En mai 1960, il avait déjà confié à l’AFP : « Je vais faire mon possible pour que mon pays se passe de la France ». Aucune enquête ne sera menée ! Difficile d’évaluer aujourd’hui où se situent précisément les responsabilités de la France – seulement au niveau de l’ambassadeur de France Henri Mazoyer ? Sur ordre de Jacques Foccart, le conseiller de l'Elysée pour l'Afrique qui déclarera dans un entretien en 1995 que « Sylvanus Olympio n’était pas un de nos amis. Avec lui, mes relations n’ont jamais été cordiales » ? Toujours est-il que la France, même si elle n’a jamais plaidé coupable dans ce meurtre, aura a minima beaucoup facilité les choses…
Nicolas Grunitzy, un opposant alors en exil et néanmoins beau-frère de Sylvanus Olympio revient au pays et accède à la présidence. Meurtre et coup d’Etat, le nouveau régime sera tout de même reconnu par la communauté internationale. Nicolas Grunitzy sera à son tour renversé par Eyadéma Gnassingbé en 1967.
Pourquoi évoquer ce 60e anniversaire de l’assassinat de Sylvanus Olympio, Président de la République du Togo quand on est français ? D’abord parce qu’il faut regarder en face son passé, assumer les responsabilités du pays, même dans ses torts les moins avouables mais aussi pour regarder le présent et le futur.
Le présent du Togo : c’est une dernière élection Présidentielle tronquée en février 2020 ou plutôt truquée et dont le vainqueur fut celui qui commandait l’armée, pas nécessairement celui qui était issu du verdict des urnes. C’est finalement une dictature familiale installée au pouvoir avec l’agrément de la France et toujours aujourd’hui chouchoutée comme s’il s’agissait d’un pays ayant recouvré la normalité.
La France ne s’honore pas dans sa relation actuelle au Togo. Elle a pourtant une dette envers toutes les Togolaises et les Togolais.