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Ecrire, comprendre l'histoire, un peu d'anthropologie du sport... anciennement Citoyen - Représentant de la nation de juin 2017 à juin 2022.

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Billet de blog 15 avril 2024

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La politique étrangère de la France est dans l'égarement. Encore.

La politique étrangère de la France existe-t-elle encore ? Est-elle autre chose que l'addition d'intérêts de quelques capitaines d'industrie ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La France du 20e siècle, avec son lot de mauvaises pratiques, a largement participé à façonner le droit international, le berceau d'une communauté internationale certes jamais encore réellement constituée. Aujourd'hui elle est atone. Mais plus encore, elle génère des dégâts que nous ne commençons qu'à peine à mesurer.

Avec l'effritement du pouvoir des Nations-Unies, dont l'intervention américaine en Irak en 2003 a sonné la fin, les relations internationales sont revenues en arrière, là où la raison et le droit n'ont guère la parole dans le règlement des conflits. Reste l'usage de la force.

Dans ce jeu de la domination, on pourrait se féliciter de la position de la France, détentrice de l'arme atomique et 2e exportatrice mondiale d'armes, juste derrière l'indépassable Amérique des présidents Bush, Obama, Trump et Biden. Républicains ou démocrates, les armes, comme l'argent n'ont pas d'odeur et leur business, puisqu'il faut parler ainsi, ne s'arrête devant aucune considération humaine, encore moins humanitaire dès qu'il s'agit du menu peuple. En réalité, la France ne tire pas son épingle du "jeu".

1) Discours et pratiques en matière de politique africaine doivent concorder. 

Le pays des droits de l'homme peut-il être un champion des ventes d'armes ?

Le pays des droits de l'homme peut-il être l'un des meilleurs pour fournir du renseignement satellitaire pour permettre ensuite aux engins de la mort d'être efficaces ?

Le pays des droits de l'homme peut-il avoir une telle géométrie variable dans ses prises de position à l'international ?  

Que dire des conflits en Afrique où la France a joué cette dernière décennie une très mauvais rôle et pour tout dire, une partition qui ne lui correspond pas et surtout, affiche un discours trompeur, à des années lumières de ce qui se passe concrètement dans les interventions françaises en Afrique. Résumé ici : 

La politique étrangère de la France est dans l'égarement © Culture, sport, musique et géopolitique

La récente élection présidentielle au Sénégal, les turpitudes de la France au Sahel et la manière dont elle en a été partiellement congédié (la France continue son mauvais travail au Niger, Tchad, Togo, Bénin, Cote d'Ivoire etc...) : tout indique que puisque la France ne veut pas changer de cap, les autres le feront à sa place - mais sans elle, voire contre elle.

2) Le gouvernement doit écouter la volonté populaire, notamment en reconnaissant l'Etat Palestinien.

Dans le conflit entre la Russie et l'Ukraine, le rôle de la France est celui de la petite belliqueuse. Dans la guerre en Israël et le massacre palestinien, on apprend au détour d'un commentaire de chef de guerre israélien que la France a choisi son camp, sans en référer jamais à son peuple, lequel peuple fait preuve d'une mollesse à ce sujet assez désespérante. Et quoi ! Vos enfants iront à la guerre sans que jamais vous n'ayez eu droit à exprimer votre approbation ou désapprobation ? 

En matière de politique étrangère, le gouvernement écoute encore moins qu'ailleurs les françaises et les français, c'est dire...

Généralement, la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale est une gentille chambre d'enregistrement des décisions du gouvernement, lequel n'a que très peu de collégialité sur ce sujet - en résumé, le Président de la République décide sans consulter. Ce qui est dangereux...

Dans les rares cas où l'Assemblée nationale veut se faire entendre, le Président de la République fait la sourde oreille. Rien dans la Constitution ne l'oblige...

Faut-il rappeler que les représentants du peuple avaient dès 2014 "invité" le gouvernement français à reconnaitre l'Etat palestinien ?

Illustration 2
L'Assemblée nationale "invite" le gouvernement français à reconnaitre l'Etat de Palestine

Autre exemple : le système des exportations d'armes est totalement en dehors du jeu démocratique en France (ce qui nous distingue des Etats-Unis où les questions d'exportations d'armes viennent très régulièrement au Sénat américain qui dispose d'un pouvoir d'interdiction). 

La politique étrangère parait éloignée, lointaine, dans l'esprit des français. Les dirigeants politiques ne se sentent pas redevables... Elle est pourtant centrale dans un pays aussi ouvert au monde que le notre et ayant construit un modèle d'interdépendance aussi poussé.

On comprend donc que :

1° la Constitution française, élaborée pour diriger un empire en 1958 (et ses millions de Km2 en Afrique), n'a plus d'efficacité pour piloter les affaires étrangères

2° la pratique des présidents de la République est très médiocre en terme de principes démocratiques concernant les affaires étrangères.

3° la politique étrangère de notre pays n'est pas celle chantée fièrement partout des principes universels des droits humains et cela commence à se savoir ! 

Résultat : cette impression qu'un monarque décide seul de tout concernant la position de la France dans ses rapports au monde.

Vu de l'étranger, cette situation montre un point de faiblesse essentiel : le dirigeant prend des décisions contre son peuple. Ce qui est sans conséquence dans une dictature, l'est davantage en démocratie.

En conclusion :

Tant que la France ne saura pas s'organiser selon des principes démocratiques en matière d'affaires étrangères, le risque de continuer dans l'égarement, sans boussole et on ne sait pour qui ni pour quoi demeure. Quand les principes et les valeurs sont absents, ne restent que violence et principes financiers voraces à la barre... au détriment des gens, ici ou ailleurs. 

Tant que la France n'aura pas repris en main son destin en matière de politique étrangère, elle ne pourra pas non plus participer de la nécessaire construction des institutions internationales trop en défaut actuellement. 

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