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Auteur - écrivain, anciennement Citoyen - Représentant de la nation de juin 2017 à juin 2022.

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Billet de blog 24 mars 2023

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Droit de retrait

L'éruption de colère est là. La réforme des retraites est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Faute de proposer un projet de société, une vision consciente des enjeux planétaires, le locataire de l'Elysée s'agite en gestionnaire tatillon et autiste. Face à lui, la France veut exercer son droit de retrait.

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Match nul. Très nul.

Violences policières contre dégradations stériles de mobilier urbain...

Même la très égocentrée scène médiatique parisienne s'aperçoit du pas en avant de trop, franchit allègrement par le Président Macron. L'entêtement de celui qui se disait volontiers pragmatique, à l'écoute, sensible aux souffrances des gens, est sans précédent dans la vie démocratique française.

On comprend bien que l'homme qui gère tout, fait tout, sait tout, a misé depuis plusieurs semaines sur la division de l'opinion, puis son renversement devant le fracas des casseurs, dont on se demande au service de quoi et de qui, ils agissent.

Se frotte-t-il les mains quand la mairie de Bordeaux brule, quand les poubelles de Paris sont devenues les nouvelles lanternes des rues ou quand le mobilier urbain toulousain vole, comme s'il voulait rejoindre les avions d'Airbus dans le ciel ?

Comment sommes nous arrivés à ce point de déliquescence démocratique qu'un seul homme puisse passer à côté de son mandat, puisse s'inviter sur les plateaux de télévision pour expliquer que les smicards n'ont jamais été si bien lotis (alors que l'inflation galope), puisse décider de tout sans que personne ne lui dise ses 4 vérités ?

Entre surdité du pouvoir et blacks blocks nihilistes, le peuple de France est certainement en train de retrouver son essence, de se régénérer, de chercher à se rebâtir. Le délabrement politique national est suffisamment visible pour que plus personne ne veuille s'en remettre à son personnel, la plupart du temps ébahis d'apprendre la vivacité du monde au-delà du périphérique parisien. Gilets jaunes et Covid ont laissé des traces. Se mettre en retrait, c'est souffler, se reposer. Une nécessité.

Il reste que le peuple de France est exposé aux plus grands risques, intérieurs comme extérieurs. D'abord parce qu'il reste fragmenté avec des univers parallèle qui ne se croisent pas et au mieux s'ignorent. Ensuite parce que la faillite du pouvoir montre une place à prendre qui risque de tomber dans l'escarcelle du plus populiste (On ne refera pas les médias et l'éducation de plus sieurs générations en une soirée). Le mouvement social est devenu mouvement politique pour devenir mouvement.

Enfin parce qu'à ce rythme, les propos de Frantz Fanon viendront prendre sens là où on ne les attendait pas : "la violence hisse le peuple à la hauteur de son leader". Bref, faute de projet de société, le risque d'une plongée dans la violence est bien réel.

Vers quel mouvement ? 

Mouvement de retrait.

Comme dans un poème. Il n'y a pas de honte à faire marche arrière.

Le Président de la République peut faire marche arrière.

Le Président de la République doit faire marche arrière.

Les troupes de Poutine doivent faire marche arrière.

Les ennemis de la République doivent faire marche arrière.

Le peuple de France, lui, trouvera la marche arrière.

Pour cela, écoute notre planète. Pour cela, prends les mesures nécessaires.

Le réchauffement climatique et l'affaissement de la biodiversité commandent. 

Car le voilà le combat, le vrai. Celui qui regarde dans le rétroviseur puis devant lui.

Se dire qu'on a marché à fière allure mais sur le mauvais chemin !

Le voilà le combat, sans rage avec courage, encouragé par son peuple.

Le monde nous regarde ? Pour la vie, la santé, la jeunesse et son futur.

Pas de planète... pas de retraite. Et bonne journée ensoleillée.

Illustration 1

A Londres, que d'envie à voir ces français toujours rebelles. En Afrique, quel plaisir de voir les dominés résister aux dominants, ceux-là même qui se paient des séjours d'arrogances et des bains de foule respectueuse de la fonction. La Chine a montré qu'elle serait autoritaire pour l'écologie comme pour le reste. Les Etats-Unis ne prennent pas le sujet de l'écologie au sérieux, en tout cas en le conditionnant toujours au reste, et donc... Bref, qui d'autre que la France et sa vocation universelle pour montrer le chemin ?

Président Macron, mettez votre intelligence et votre énergie ailleurs que dans votre croisade hostile sur les retraites. Vous y gagnerez quelques lignes positives dans le dictionnaire...

Dans sa diversité, dans ses oppositions parfois féroces, dans ses luttes de classe, ses débats incompréhensibles hors de l'hexagone, dans sa part sombre aussi, de racisme et de rejet de l'autre, le peuple de France sait qu'il ne veut plus avancer sur des réformes de gestionnaire à courte vue, pour des machins qui s'appellent Black Rock, Blackstone, KKR, Carlyle et Apollo pour ne citer que les américains (la flemme de l'auteur à chercher ceux des autres pays, de la Chine à l'Arabie Saoudite, de la Russie à la Suisse).

Le peuple de France exerce son droit de retrait.

Nous n'avons pas 4 ans à gaspiller en saupoudrages de poudre de perlimpinpin.

Non qu'il ne faille pas se préoccuper des impératifs économiques. Mais pensez au gens et si vous ne voulez pas penser aux retraités qui vous empêchent (peut-être) de dormir en ce moment, pensez aux plus jeunes, et donc à ce que le pays des Lumières serait capable d'initier s'il se mettait enfin au diapason de l'environnement qui lui permet de vivre.

Tant qu'aucun projet de société ne sera proposé au peuple de France, celui-ci boudera ce que vous appelez le processus démocratique.

Tant que les sirènes médiatiques et financières mèneront par le bout du nez les calculs des dirigeants sans courage du pays, le peuple de France restera dans sa retraite.

Tant que l'ordre des priorités n'aura pas été revu, point de salut ! 

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