L'annonce de la suppression de 13500 postes a « ému » les abonnés de de Mediapart [1]. Personnellemnt, j'y ai vu la confirmation d'une annonce qui nous a été faite à la mi-juin. Il nous a été fortement recommandé de ne plus partir en classes transplantées (voyages scolaires).
Voilà ce que l'administration nous a dit (entre parenthèses mes commentaires): « Vous comprenez, cela ne rentre pas dans les heures de mathématiques et de français (tiens, donc) et puis pourquoi vous embêter à faire ces dossiers longs et compliqués (c'est vrai en fait. Ah oui, ça y est, je me souviens, on faisait ça pour les élèves); toutes ces heures en supp. non payées (la prime au départ a été supprimée il y a quelques années). Et les risques ! vous avez pensé aux risques, non ? (Je ne crois pas avoir pensé à la visite d'un barrage la dernière fois ?) De toute façon, cela serait pris sur votre quota d'heures d'intervenants extérieurs (tiens, c'est nouveau ça ?), soit 36 h (alors, je calcule..., on part à 9h00, on arrive vers 12h00, 36h plus tard, cela fait...heu...heu...24 aller à 36, 12 heu... un jour et demi donc, on revient dans la nuit suivant notre arrivée...bof, pas terrible comme séjour, même pas le temps de les mettre au travail dans une classe. Mais au fait, maths-français, maths-français ! Mais c'est que l'on bosse lorsque l'on va en classe transplantée. On écrit aux parents, on fait des comptes rendus de visites, des articles pour le journal scolaire; et d'ailleurs, on le fait dans des classes installées sur place, avec de vraies bureaux, de vraies chaises et même un tableau comme une classe mais...transplantée ailleurs. Découvrir...) les dossiers seront donc (je n'écoute plus, à quoi je pensais déjà, ah oui, découvrir des espaces que l'on ne connait pas : connaître la montagne quand on vit en ville et que l'on ne part jamais en vacances... Souvent les gamins enrichissent leur stock lexical...Mais, j'y pense, même si les plus démunis qui payaient en plusieurs fois les 50 € du voyage perdent une chance d'ouverture, c'est les parents des zones pavillonnaires bourgeoises qui vont être « touchés » par la mesure ! Eux qui n'ont que cette question à la bouche lors de la réunion de rentrée : « Et alors, vous partez où cette année ? Au ski j'espère, non ? En Corse ! Super ! Pour faire de la voile, chouette ! Tu as vu ça Thymauté ! Et combien ? 200 €, mouwouais, ça va. » (je vous jure, véridique).
Le lendemain, retour à l'école :
Moi : Bon, c'est fini les classes transplantées. On nous l'a dit hier à la réunion des directeurs.
Une collègue : C'est n'importe quoi ! Pour l'ouverture des gamins... Comme si on travaillait pas avant, pendant et après ! Du travail rattaché à ce que vive les élèves.
Une autre : Et pour la construction de l'enfant ! Se séparer de ses parents, voir qu'il peut faire plein de choses sans eux, ça, ça les aider à grandir (souvent ça aide surtout les parents qui apprennent à se séparer de leur enfant) et il y a des répercussions dans les apprentissages, on le voit bien.
Une autre encore : Et la vie de classe ! Une classe, c'est pas seulement un lieu où on gave les élèves, c'est aussi un lieu de vie, sans cela on meurt à passer 6 heures avec des personnes sans créer des liens avec elles. Des adultes ne le supporteraient pas. Pourquoi font-ils ça ?
Moi : ils raclent les fond de tiroir et il y a des instits dans ces structures qui sont encore rattachés aux lignes budgétaires de l'Education nationale. Il y en a aussi dans les services éducatifs de certains musées, etc...Les IA doivent avoir la pression avec la LOLF. Ils grattent le moindre postes. D'ailleurs les centres de ressources ferment peu à peu. Ces instits vont devoir retourner à la mine ! (rires!)
Déclaration de X. Darcos dans le Libé du 8 juillet 2008 :
« Nous avons environ 30 000 personnes qui ne sont pas devant les élèves car elles sont dans des services de toute nature. Il s’agit entre autres de mises à disposition dans des administrations, dans des associations, des structures culturelles, sociales, sans doute utiles. Mais ces personnes peuvent être mises au service des élèves, et nous allons les ramener au bercail. » En bref, la fin des classes transplantées, de l'Education populaire, et des coopératives scolaires...c'est le monde hérité de 45 qui s'en va sous nos yeux...
-Epilogue-
Comptes : Vos enfants ne partiront plus en classes vertes
[1] Je dis « ému » car je crois que c'est la dernière des réactions que suscite ce genre d'annonce...