Enquêtes, statistiques, déclarations publiques de fins connaisseurs de la question scolaire, et devenu depuis Ministre de l'Education, tout concorde à dire que l'école est une source anxiogène pour les élèves et les enseignants. Les enseignants du primaire en resistance demandent, à l'occasion de l'initiative du Ministre du travail, l'ouverture de négociation sur le "stess" à l'école.
Le stress au travail n'est qu'un mot qui cache et transforme une réalité : des conditions de travail dégadées et l'abus d'une position dominante au sein d'une entreprise ou d'une institution. L'ouverture de négociations, sans vouloir trop mettre mal l'aise les entreprises, voulue par Xavier Darcos, est un premier pas louable mais rien ne remplacera un bon rapport de force équilibré. Entendu comme cela, on comprendra le lien qu'il y a entre des mobilisations fortes au printemps et une démobilisation aussi forte sur les mêmes sujets à l'automne : le sentiment qu'il ne sert à rien de lutter.
Ce n'est pas ce que pense les désobéisseurs. Voici leur communiqué .
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M. Xavier Darcos, Ministre du Travail, a annoncé un plan d’urgence pour la prévention du stress au travail, notamment en proposant l’ouverture de négociations sur le stress dans toutes les entreprises de plus de 1000 salariés.
Nous demandons au Ministre de l’Education nationale, M. Luc Chatel, et aux organisations syndicales représentatives des enseignants d’ouvrir rapidement ce débat sur les conditions de travail au sein de l’Education nationale. Le tableau est plutôt sombre. Avec 39 cas de suicides par an pour 100 000 enseignants (contre 21,6 en moyenne en France pour 100.000 habitants ), la profession est la plus touchée par ce phénomène avec les fonctionnaires de police (35 pour 100 000).
Cela se traduit clairement dans les sondages : 93 % des enseignants jugent leur profession dévalorisée et près de la moitié sont prêts à changer de métier. Alors conseiller de M. Nicolas Sarkozy, M. Xavier Darcos, dans un rapport sur la situation morale des enseignants, évoquait en 2006 cette dévalorisation comme un élément objectif.
Le désarroi des enseignants face au désengagement de l’Etat, à la perte de sens de leur travail, à l’absence de dialogue et de concertation, aux abus de pouvoir de la hiérarchie, à l’atteinte à la liberté pédagogique, à l’échec et à la violence scolaire, au non respect des besoins et des droits fondamentaux des enfants, entravent fortement la possibilité d’une évolution positive de l’école.
Les attaques de Xavier Darcos contre l’Ecole l’année dernière ont aggravé incontestablement la situation morale des enseignants. Notre désobéissance dans ce contexte est un sursaut de conscience professionnelle face à une situation que beaucoup de collègues jugent sans espoir.
Le tableau ne serait pas complet si l’on n’évoquait pas le stress des élèves, voire leur détresse, qu’il devient difficile d’’entendre par manque chronique de moyens humains (RASED, infirmières, médecins scolaires, personnels de vie scolaire, ...).
M. le Ministre doit donc faire face à une situation de crise que personne ne veut voir. Il y a urgence à ouvrir une enquête sur le stress des enfants et des enseignants dans l’école d’aujourd’hui.