Sebastien Rome (avatar)

Sebastien Rome

Nouveau Front Populaire, instit, ex-Président Villes et Territoires, lo reviure du Midi Rouge

Abonné·e de Mediapart

163 Billets

11 Éditions

Billet de blog 17 avril 2011

Sebastien Rome (avatar)

Sebastien Rome

Nouveau Front Populaire, instit, ex-Président Villes et Territoires, lo reviure du Midi Rouge

Abonné·e de Mediapart

Une disparition lourde de conséquences pour les écoles et les élèves

C'est avec regret et amertume que j'ai appris la disparition de la Coopérative de l'université club (CUC). Cette coopérative permettait aux écoles, aux collèges, lycées, bibliothèques... d'avoir un accès privilégié aux livres et aux manuels. Cette disparition limitera fortement à coût sûr l'accès au savoir et à la culture pour les élèves les plus défavorisés... à moins que les politiques décident de reprendre la main sur les banquiers.

Sebastien Rome (avatar)

Sebastien Rome

Nouveau Front Populaire, instit, ex-Président Villes et Territoires, lo reviure du Midi Rouge

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C'est avec regret et amertume que j'ai appris la disparition de la Coopérative de l'université club (CUC). Cette coopérative permettait aux écoles, aux collèges, lycées, bibliothèques... d'avoir un accès privilégié aux livres et aux manuels. Cette disparition limitera fortement à coût sûr l'accès au savoir et à la culture pour les élèves les plus défavorisés... à moins que les politiques décident de reprendre la main sur les banquiers.

---------

Le 15 mars 2011, Tanguy Le Doujet, Président Directeur Général du CUC, faisait parvenir une lettre à tous les maires, les proviseurs, directeurs de France. La coopérative qui fournissait aux établissements publics les manuels scolaires avec une remise de 25%, devait cesser toute activité aux 31 mars 2011.

Voir la lettre de Tanguy Le Doujet ci-dessous.

http://www.cuc-livres.com/Courrier_Officiel.pdf

Sur mon école par exemple, la municipalité octroie une enveloppe d'environ 3800€ pour couvrir tous les frais de fonctionnement liées aux activités d'enseignement (achats de stylos, cahiers, peintures, ballons de sport, papier photocopie, matériel pédagogique, livres, manuels...). La part du budget que nous consacrons dans l'école aux commandes de livres et aux manuels chez le CUC était, en 2010, d'environ de 24 %; Cette part passera à prés de 32 % l'année prochaine, soit une inflation de près de 33%! (936 € en 2010 / 1248 € sans les 25% de remise).

Quel est la raison de cette disparition? Mauvaise gestion? Activités commerciales vieillissantes? Non rien de tout cela. Plus simplement, l'alliance des gros éditeurs et des banques pour faire mourir un acteur du bien public.

L'équation est celle que rencontre beaucoup d'entreprises; la position du grain de blé entre le marteau et l'enclume. La plupart des commandes qui sont passées par les établissements scolaires au CUC le sont en mai, juin et sont réglées en juillet, voire septembre et pour cause; c'est la préparation et la mise en train de la rentrée suivante. De l‘autre côté, certains fournisseurs refusent pour la première fois de livrer les livres scolaires à cette période charnière de l'année. Ils souhaitent être payés immédiatement. Les banquiers, qui sont toujours là pour aider les entrepreneurs, permettre la création de richesses et qui avaient juré qu'ils contribueraient à la relance de l'économie après leur crise parce que l'Etat les avait renfloués, ne souhaitent pas faire le relais de trésorerie.

La coopérative met donc la clef sous la porte. Dans cette période de diminution de moyens pour l'école, c'est un nouveau coup dur pour les élèves. Est-ce que les collectivités territoriales, les régions pour les lycées, les départements pour les collèges et les mairies pour les écoles couvrirons cette hausse? Les villes où les élèves sont le plus en difficulté, sont généralement celles qui sont les plus pauvres. L'inégalité est criante.

Je ne peux croire que les éditeurs en question aient voulu tuer la seule entreprise qui pouvait offrir de tels rabais sur les livres afin de rehausser leur marge. Je ne peux croire que les banques soient si légères, qu'elles n'ont même pas perçu la particularité, mais aussi la viabilité économique, d'un tel projet.

Où est le politique? Va-t-il laisser mourir une entreprise qui contribue si clairement au bien de tous?

La caisse des dépôts et consignation ne peut-elle pas intervenir dans ce projet? C'est le cas si l'on en croit sa présentation sur son site : «Le groupe Caisse des Dépôts est un groupe public, investisseur de long terme au service de l'intérêt général et du développement économique du pays. Créateur de solutions durables, il invente en permanence de nouvelles manières d'appuyer les politiques publiques nationales et locales. Il anticipe, innove et s'adapte aux défis de demain.»

N'y avait-il pas un médiateur du crédit ? «La mission de médiation du crédit est ouverte à tout chef d'entreprise, artisan, commerçant, profession libérale, créateur ou repreneur d'entreprise, entrepreneur individuel qui rencontre avec sa ou ses banques des difficultés pour résoudre ses problèmes de financement ou de trésorerie. Cette mission placée auprès de Christine Lagarde, ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi, a été confiée par le Président de la République à René Ricol , Président d'honneur du Conseil supérieur de l'Ordre des experts comptables ainsi que de la Compagnie des Commissaires aux comptes, puis, depuis octobre 2009, à Gérard Rameix, ancien Secrétaire général de l'Autorité des marchés financiers (AMF). Ce dispositif s'intègre au plan d'ensemble mis en place dans chaque département auprès des préfets et qui mobilise avec le concours des Trésoriers Payeurs Généraux, les différents services de l'Etat

Si la SCOP ne peut être sauvée, les éditeurs, à qui l'on fait régulièrement des nouveaux programmes, ne peuvent-ils pas faire un effort tel que l'ont fait les pétroliers et les grandes surfaces ?

Ou n'y a-t-il que l'indifférence de voir les écoles tomber dans la précarité matérielle?

Porté à la connaissance publique, et ne rien faire, c'est décider d'instituer cette situation en choix politique d'abandon des écoles

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.