Monsieur le Préfet de l’Hérault, François Xavier Lauch,
Madame la Présidente de Région, Carole Delga,
Monsieur le Président de la Métropole de Montpellier, Michael Delafosse,
Par cette lettre, je souhaite ouvrir publiquement un débat sur l’aménagement des transports de notre territoire. Je souhaite également vous faire part de mes préoccupations concernant le futur projet de service express régional métropolitain (SERM) dans l'aire urbaine de Montpellier.
Cette demande s'inscrit dans une stratégie de dé-métropolisation de notre territoire. De nombreuses recherches scientifiques démontrent les effets néfastes de la métropolisation pour les habitants hors et dans la métropole. Ce phénomène est d’autant plus marqué dans l’Hérault avec un étalement urbain plus important, plus ancien, résultant du plan Racine et de la primauté donnée au tourisme. C’est pourquoi nous devons garantir une répartition équilibrée du développement économique, des services et des infrastructures. Cette stratégie se place dans une perspective historique de notre héritage « septimanien ». Depuis l’Antiquité, notre territoire languedocien est structuré autour d’un réseau multipolaire et non autour d’un centre. La reconnaissance de ce réseau de villes, petites et grandes (elles étaient sept du temps de la Septimanie), par des investissements conséquents et massifs dans des voies de transports efficaces sera la force du développement à venir. Nous sortirons alors de la « thrombose » écologique et sociale actuelle, qui ne fera que s’accentuer avec l’arrivée exponentielle de nouveaux habitants et la pression touristique.
Suite à mes échanges avec Monsieur le Préfet de Région, qui a reconnu l’aire urbaine comme espace de déploiement du SERM, je tiens à souligner l'importance d'inclure, le Gard et particulièrement, les communautés des communes du Piémont Cévenol, du Pays de Sommières ainsi que celles disposant d'une gare en petite Camargue et de la ville de Nîmes. Les besoins en mobilité ne connaissent pas de frontières administratives et il est crucial d'anticiper les futurs défis liés à l'arrivée de nouvelles populations dans ces régions. Aujourd’hui, on habite à Vergèze pour travailler à Montpellier.
De plus, je souhaite attirer votre attention sur la nécessité de mettre en place des dispositifs de participation citoyenne pour recueillir les besoins et l'expertise des habitants. Par la même occasion, nous sensibiliserons le public aux alternatives à la voiture. Cette démarche participative est essentielle pour assurer une gouvernance démocratique et inclusive. L’article 2 de la loi SERM, que j’ai amendé avec mes collègues, insiste particulièrement sur ce fait. Qu’avez-vous prévu pour rendre effective cette participation citoyenne à la hauteur des enjeux auxquels ne répondent que très faiblement les rencontres du 23 mai 2024 ?
Enfin, je souhaite souligner l'importance de renforcer la desserte ferroviaire et de déployer des lignes de bus à haut niveau de service (BHS) dans la région. Le retard dans la mise en place de ces BHS constitue un frein majeur pour notre territoire, face à une croissance démographique rapide et à l'étalement urbain. Nous devons donc envisager des solutions novatrices pour répondre efficacement à ces enjeux, telles que la création d'un SERM structuré par du ferroviaire et des lignes de BHS. Cela implique la réouverture de lignes ferroviaires dans les zones rurales. Les études à venir ne doivent pas écarter cette dernière hypothèse. Elle pourrait être in fine moins coûteuse à mettre en place, quand on connaît les difficultés de mise en œuvre des solutions routières.
En résumé, il est primordial de ne pas se contenter d'études qui entérinent la situation actuelle, mais plutôt de viser l’exploration de pistes ambitieuses, avec le retour du train, pour répondre aux besoins présents et futurs de mobilité de nos concitoyens.
Je ne doute pas que ces éléments retiendront votre attention et qu’ils seront partie intégrante de nos débats ce jeudi 23 mai lors de la rencontre des mobilités. Les territoires ruraux ne doivent ni n'être oubliés, ni n’avoir accès à des solutions moins disantes car les enjeux majeurs de notre région se jouent dans ces villages et ces petites villes. Il est temps de remettre du train en Septimanie.
Sébastien Rome,
Député de l’Hérault