Quand des policiers déshonorent nos institutions en commettant une exécution extra-judiciaire sur Nahel et en mentant dans leur déclaration ou en commettant un lynchage sur la personne de Hedi et, là encore, en n’assumant pas leurs actes, les responsabilités des gouvernements Sarkozy, Hollande et Macron sont lourdes.
On a supprimé la police de proximité en contact avec la population. On a réduit et affaibli les moyens d'enquête de la police judiciaire réduisant la capacité de remonter aux sources de la délinquance. On a concentré les efforts sur une politique du chiffre, faisant perdre son efficacité et le sens du travail de la police, pour ouvrir un cycle infernal d'opérations coups de poing ne servant qu'une politique du spectacle, cherchant à "pacifier" comme on pacifie une zone de guerre.
Dans ce climat, pour un regard, un mot, certains policiers se sont sentis légitimes à massacrer un jeune, à se faire juge de la vie ou de la mort d'un être humain. Mais que fait la police ? Quand des policiers se mettent hors la loi en affirmant se mettre en maladie, comment ne pas voir que nous sommes à un point de non-retour, à un moment de rupture ? Il serait un peu rapide de dire qu'il s'agit d'arrêts de complaisance dans une profession qui craque et qui a un taux de suicide très supérieur à la moyenne nationale. La situation n'est plus tenable. Quand des policiers contestent la loi et la Justice et reprennent la proposition du Rassemblement national de présomption de légitime défense, comment ne pas voir que nous sommes à un point de non-retour, à un moment de rupture ? Il serait un peu rapide d'écarter les intentions politiques de cette attitude dans laquelle Darmanin, celui qui trouve Le Pen trop molle, fonce tête baisser rêvant du parcours de Sarkozy.
"Œil pour œil, dent pour dent", "si ce n'est pas toi, c'est donc ton frère", sont-elles les nouvelles maximes de notre police ?
La République, c'est l'humanisme qui passe par le droit et la Justice. Qui peut croire qu'il y a de l'humanité et du droit dans ces pratiques qui se passent de justice ? Nous voilà revenus en arrière.
À Marseille, en 1973, il y a eu une succession de crimes racistes à l'aveugle, classés sans suite. L'hypothèse la plus sérieuse est que les services de police de la région, qui comptaient d'anciens membres de la "sûreté algérienne", "voulaient protéger la France de l'invasion des Algériens" et se venger. 50 ans après, en sommes-nous là ?
Le visage d'Hedi, c'est celui des principes de notre République. Ils sont jetés à terre, écrasés, entre la vie et la mort. Il est temps de revisiter notre modèle de Police. Il nous faut une police mieux formée et plus longtemps, en contact avec la société civile (associations de femmes battues, psychologues, magistrats…). Il nous faut une police qui puisse déambuler librement dans l’espace public, qui puisse emmener ses enfants à l’école en uniforme, qui puisse se loger à côté des personnes qu’elle doit protéger et dans les quartiers où on a le plus besoin d’elle. Pour certains, cela serait impossible, irréaliste, et portant cela existe déjà. On veut simplement d’une police qui s'inspirer de la formation et de la culture professionnelle de la gendarmerie.