Quand Jean alluma la radio ce matin-là, il s’attendait à entendre parler, comme chaque jour, de la guerre en Ukraine, des tensions au Moyen-Orient, peut-être même des élections américaines. Mais ce qu’il entendit le fit sursauter.
"Les combats s’intensifient à l’est de la République démocratique du Congo, où les rebelles du M23 ont pris le contrôle de Bukavu après avoir conquis Goma le mois dernier. Le conflit a déjà fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés..."

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Jean haussa un sourcil. Le Congo ? Une guerre aujourd’hui ? Il se souvenait vaguement des images de sa jeunesse : de Mobutu, des guérillas perdues dans la jungle et du Zaïre, l'ancien nom du pays dont une flamme était dessiné sur le drapeau. Mais c’était du passé, non ? Il croyait que tout ça s’était terminé avec la chute du dictateur en costume léopard, dans les années 1990 et que le pays était devenu la République Démocratique du Congo.
Curieux, il attrapa son téléphone et tapa "guerre Congo 2025". Et là, le choc.
Un conflit oublié, mais jamais terminé
Les articles défilaient sous ses yeux. Des villes tombées aux mains de rebelles. Des civils massacrés. Des millions de déplacés. Un soutien présumé du Rwanda. Une guerre qui, en réalité, ne s’était jamais arrêtée.
Il apprit que tout avait commencé bien avant 2025. En fait, l’histoire remontait à 1994, quand le génocide rwandais avait poussé des milliers de Hutus, y compris des génocidaires, à se réfugier au Congo. Ce chaos avait déclenché deux guerres, impliquant plusieurs pays africains, faisant des millions de morts et laissant derrière elles un territoire morcelé, contrôlé par des dizaines de groupes armés.
Et aujourd’hui, tout recommençait.
Goma et Bukavu aux mains du M23 : une guerre sous nos yeux
Jean découvrit que depuis fin 2023, un groupe rebelle, le Mouvement du 23 mars (M23), avait repris les armes contre le gouvernement congolais. Officiellement, ces combattants tutsis disaient vouloir protéger leur communauté des discriminations. Officieusement, tout le monde murmurait qu’ils étaient soutenus par le Rwanda voisin, intéressé par les richesses minières de l’est du Congo.
En janvier 2025, après des mois d’affrontements, le M23 avait lancé une offensive fulgurante. En quelques semaines, Goma, ville stratégique et carrefour économique, était tombée.
Et voilà que maintenant, en février, c’était Bukavu qui venait de tomber. Une ville peuplée d’un million d’habitants. Les témoignages qui circulaient en ligne parlaient d’exécutions sommaires, de viols de guerre, de pillages. Jean sentit une boule dans son estomac.
Pourquoi n’en avait-il pas entendu parler ?
Il se surprit à se demander pourquoi personne ne parlait de cette guerre. Pourquoi les journaux n’en faisaient pas la une. Était ce parce que c’était en Afrique ? Parce que le monde était déjà submergé par d’autres conflits ? Parce qu’aucune grande puissance occidentale ne semblait directement impliquée ?
Pourtant, les conséquences étaient désastreuses. Des millions de morts. Des centaines de milliers de personnes déracinées. Selon le HCR, plus de 237 000 personnes ont été déplacées depuis le début de l'année. Une économie locale paralysée. Des groupes armés qui profitaient du chaos pour piller les mines de coltan, ce précieux minerai qui alimentait les smartphones et les ordinateurs du monde entier – y compris celui qu’il tenait dans ses mains.
Jean se sentit soudainement mal à l’aise. Il referma son téléphone et s’enfonça dans son canapé.
Et maintenant ?
Il ne savait pas ce qu’il pouvait faire, lui, simple citoyen français, pour changer quelque chose à ce drame lointain. Mais il savait au moins une chose : il ne pourrait plus jamais dire qu’il ne savait pas.
Avant de refermer l’onglet, il tomba sur une vidéo expliquant la situation. Il hésita, puis cliqua.
▶️ République Démocratique du Congo : La guerre sans fin dans l'Est du pays (Goma et Bukavu) ?