9 MAI 2016 - PAR FABRIZIO POGGI (Contropiano.org)
Un défilé aura lieu (ou a déjà eu lieu, selon le fuseau horaire) dans les grandes villes de la Russie.
Le contingent russe en Syrie a organisé la parade du 9 mai à Latakia. Certaines des anciennes républiques soviétiques cette année ont décidé de ne pas célébrer officiellement l'anniversaire; dans d'autres les parades ont été organisées sans la participation des autorités de l'Etat.
Même dans le Donbass libéré on est en train de descendre dans la rue à Donetsk, à Lougansk et d'autres villes, pour commémorer une libération du nazisme et du bandérisme qui, malheureusement, ne l'a pas été pour toujours. A tel point que à Kiev, tout en défiant le régime putschiste, des groupes de citoyens se sont rassemblés sur la place pour célébrer la journée.
D'autres républiques anti-soviétiques, par contre, avaient décidé cette année de célébrer à leur manière la chose et avaient décidé de le faire dans l'ancien territoire soviétique : elles en ont été empêchées par ceux qui, surtout aujourd'hui, ne se sentent pas du tout "en sécurité sous le parapluie protecteur de l'OTAN." Pendant des manœuvres conjointes américano-moldaves "Dragon Pioneer-2016", en cours en Moldavie, le commandement du 2e régiment US Cavalry avait prévu, pour la journée du 9 mai, l'exposition d'une partie de ses moyens militaires sur la place centrale de la capitale moldave Chisinau. Du reste, de très récentes études ont montré comment, en général, dans la population des États-Unis, soit très répandue la perception de la victoire sur le nazisme comme "le mérite de l'effort de guerre USA", auquel l'Union soviétique n'aurait fourni qu'une modeste contribution. De toute évidence, les manuels d'histoire américains continuent d'ignorer le simple donné de fait de comment, sur le total des forces armées allemandes et leurs alliés et satellites, près de 240 divisions fussent déployées sur le front de l'Est, contre une soixantaine engagées sur plusieurs fronts occidentaux et nord-africains.
Et donc, dès hier matin, sur la base du postulat que la victoire yankee est célébrée le 8 et non le 9 mai, les blindés USA étaient déjà exposés dans la place principale de Kishinev, lorsqu'ils ont été affrontés par des centaines de citoyens moldaves : plus ou moins les mêmes manifestants qui, dirigés par le Parti socialiste, le 3 mai dernier avaient bloqué pendant plusieurs heures le passage des moyens militaires US à leur entrée en Moldavie, pour le début des exercices conjoints.
Face aux protestations des manifestants, aux bannières avec "On n'a pas besoin de l'OTAN", "Stop aux bases de l'OTAN," aux paroles du député socialiste, Vlad Batrîncea - "la Moldavie est neutre ; nous ne faisons pas partie de blocs militaires ; nous savons ce qui est arrivé en Yougoslavie, en Libye, en Syrie. Si avant demain vous n'avez pas libéré la place, nous serons des milliers "- le commandement a décidé hier après-midi de faire rentrer les blindés dans l'aire de leur déplacement, au polygone Negreşti. Avant que les militaires USA quittassent la place, les manifestants ont distribué leurs rubans de Saint-Georges, symbole de la Victoire. Le chef du Parti socialiste (la fraction la plus forte dans le Parlement moldave), Igor Dodon, a déclaré à Tass qu'il avait proposé au commandement USA la participation des soldats à la parade du 9 mai, mais sans la présence de moyens militaires, considérés comme une démonstration d'ingérence Otan. Même le leader du PC moldave et ex-président de la République, Vlad Voronin, avaient demandé au gouvernement de revenir sur le défilé de véhicules militaires. La président de l'Association des anciens combattants de Moldavie, Alla Mironik, avait déclaré ces derniers jours que la Moldavie "a vécu et vit tranquillement dans les conditions de l'indépendance, de la souveraineté et de la neutralité" et n'a donc pas besoin d'être incorporée dans l'Alliance Atlantique. Bien que la Moldavie soit formellement un état neutre, relève Tass, dans le pays est actif un Centre d'information de l'Otan et, depuis 1994, l'Alliance atlantique est présente dans le cadre du "partenariat individuel". Selon les chiffres publiés la semaine dernière par l'Institut international républicain des Etats-Unis, seulement 16% des Moldaves accueillerait favorablement l'entrée du pays dans l'OTAN ; 40% a déclaré y être contraire et 24% a refusé de participer à l'enquête.
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Le défilé USA, prévu depuis longtemps au 9 mai, avait reçu immédiatement l'approbation du ministre de la Défense Anatol Salaru, le même qui se distingua au cours des derniers mois pour la mise en place du "Musée de l'occupation soviétique", sa guerre contre les monuments soviétiques et la ventes d'armes à certaines entreprises ukrainiennes non mieux identifiées. Le Président de la République Nicolae Timofti, qui s'était prononcé dans un premier temps contre l'exposition des moyens de l'OTAN, au cours des derniers jours s'est aligné sur les positions de Salaru, définissant "inappropriée la rhétorique anti-américaine et anti-OTAN, déclenchée par des forces politiques étrangères au peuple moldave et qui nous fait revenir à l'époque de la guerre froide."
Au-delà de la frontière moldave, dans l'Ukraine putschiste, tandis que la Rada examine la question de l'anticipation du 9 au 8 mai de la célébration, le président Porochenko, d'une part déclare que "sans l'Ukraine l'URSS n'aurait pas gagné la guerre" et de l'autre célèbre, aussi avec les bandéristes vétérans de l'OUN, non plus la victoire sur le nazisme, mais plutôt la "Journée de la mémoire et de la réconciliation ", que l'observateur de Novorosinform, Vitalij Darenskij, définit un tournant vers "la schizophrénie d'état" et une phrase "ouvertement blasphématoire, avec la réhabilitation de fait du nazisme." Est-il suffisant de poser la question, écrit Darenskij, "qui devrait se pacifier avec qui? Les victimes du fascisme avec les bourreaux fascistes ? Les anciens combattants libérateurs avec les larbins pro-hitlériens de OUN-UPA ? ". D'ailleurs, il n'y a rien d'étrange, poursuit Darenskij, étant donné que "depuis un certain temps en Occident court la thèse sacrilège selon laquelle dans la Seconde Guerre mondiale combattirent deux totalitarismes : l'hitlérien et le stalinien." Tout comme Porochenko, l'ex "Commandant d'Euromaïdan" et nouveau porte-parole de la Rada, Andrei Parubi (indiqué par beaucoup comme l'un des principaux responsables du massacre de Odessa du 2 mai 2014) avaient affirmé hier que "les revanchistes impériaux russes ont oublié les leçons amères de la guerre, et la rallument à nouveau dans le centre de l'Europe", bien sûr tout en passant sous silence qui a allumé les flammes d'Euromaïdan derrière la régie du Département d'Etat.
À chacun ses commémorations.
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9 MAI 2016 | PAR SEGESTA3756
Petro Porochenko a inauguré hier à Poltava, sur les lieux de la bataille où en 1709 Pierre 1er de Russie vainquit le Suédois Charles XII, le monument à l'individu qui, selon l'historiographie russe, fut de cette guerre le héros négatif, le hetman* Ivan Mazepa.