Moi non plus, je ne suis pas un grand fan de ton jeu alliant coups de coude involontaires et contrôles du dos. Moi aussi, je t’ai détesté lorsqu’il a montré cette image déplorable de toi dans les couloirs du Parc du Prince, face au malicieux Thiago Motta. Mais il ne s'agit pas ici de parler de football, il s'agit de parler de la République.
Je t’en prie, Brandao, peut-être faudrait-il penser à quitter ce pays qui t’a condamné à un mois ferme de prison pour cet acte, au prix de « l’exemplarité » que les footballeurs doivent montrer à nos enfants… Après un débat public à charge, Monsieur le Juge envoie Evaeverson Lemos da Silva croupir dans les geôles de la République. Mais quelle tristesse de faire payer à un homme la colère du peuple, tandis que le Dieu Zidane continue à nous donner chaud sur les plateaux de Canal + sans que personne ne lui rappelle qu’il a lui aussi manqué d’exemplarité, un soir de Finale de Coupe du Monde 2006, avec le maillot bleu sur les épaules…
Voilà pourquoi Brandao, au même titre que de nombreux citoyens malheureux pour d’autres raisons, devrait au moins une fois penser à quitter ce pays parfois si amnésique, au point que j’en vienne à détester une partie de moi-même. La France des cabales inconscientes en tout genre avec une incroyable faculté à occulter, une fabuleuse capacité de mauvaise foi et surtout une merveilleuse envie de faire payer une frustration certaine à des victimes parfaites. Brandao n’est pas français, Brandao n’est pas une star, Brandao a fait des erreurs dans son passé. C’est là que ça coince. Et pendant ce temps là, la violence insidieuse de la république des puissants fait son oeuvre. Et ça, ce n’est pas un coup de boule, c’est un coup en dessous de la ceinture.