-Tu seras flic mon fils
- Oui Papa
Certains reconnaîtront les premiers dialogues du film de 1980 Inspecteur la Bavure, gentille comédie portée par Coluche et Gérard Depardieu.
Aujourd’hui, si mon fils venait quant à lui à me dire "je serais flic papa", je penserai fort "non mon fils"! Non, ne rejoint pas ces tristes hommes. Bien sûr, certains rêvaient d’arrêter les bandits. Mais d’autres, j’en suis sûr, rêvaient surtout de protéger.
Si ces derniers n'étaient pas morts encore, ils le sont depuis ce jour où le petit nicolas, toujours le même soit dit en passant, est venu parader avec les fidèles caméras de TF1 devant un gradé et ses hommes. Qui avaient eu l’impudence de se rapprocher de l’homme des prisons au travers d’une partie de football. L’impudence de créer du lien. L’impudence d’être socialement intelligent. Plus que parader, il s’était, en ce jour gravé dans mes tripes, servi de ces flics comme d’un outil pour ses petites envies de pouvoir. Comme un symbole. Les flics doivent désormais réagir sous peine d’être à tout jamais le bâton des puissants.
Ou alors à jamais ils toiseront de leurs yeux vides leurs concitoyens et amis, ceux là même qu’ils étaient censés protéger.
Et alors ils rejetteront la faute à nouveau sur l’homme de la rue, celui-là même qui les déteste. Oui, il y en a, j’en fais partie, j’exècre de par mon histoire personnelle l’autorité mal placée. Mais ce n’est pas la vraie raison du désamour pour nos flics. Non, nous ne vous aimons pas car vous êtes la cravache des puissants et un formidable outil d’éducation…
Dans un milieu familial, l’éducation par la force et la peur détruit les enfants. J’en suis le terrible fruit.
Il y a quelques jours, dans le métro parisien, là où la proportion de fraudeurs est effectivement élevée, je les ai vu ces pauvres flics tapis derrière un mur pour tomber les resquilleurs. Il serait si simple de se tenir sereinement en face des futurs usagers du métro.
La voix des flics mécontents se fait trop peu entendre, j’en viens même bêtement à penser qu’il y a du plaisir là-dedans. Faites sentir vos différences d’âme… Car le jour où le pouvoir va trop loin, que ferez-vous?
Désobéir à un supérieur, c’est notre lot à tous quand une situation n’est plus acceptable. C’est ce qui s’appelle la dignité. Ayez-en les poulets, ne continuez pas à être la main armée de ce coq sans tête.
Et mon fils dans tout ça…