Semcheddine

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Billet de blog 27 juillet 2025

Semcheddine

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Les  9 guerres  des Algériens qui se sont battus pour la France

« Sans eux, la libération du sud aurait été impossible. Ils ont montré ce que valent les fils de l’Algérie. Leurs charges resteront dans l’Histoire. Sans les tirailleurs, jamais la Provence n’aurait été libérée. Ils furent les fers de lance de notre armée. » Général de Lattre de Tassigny

Semcheddine

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Résumé

 Dans cette contribution qui fait partie d’un récit où j’ai la modeste ambition dé décrire en quelques articles l’aventure coloniale de la France Une aventure vue du côté de celles et ceux qui l’ont  subie. Sans haine ni passion,  je m’en tiendrais aux faits , rien que les faits. Je décris comment à leur corps défendant les Algériens ont épousé toutes les querelles de la France sur les théâtres de guerre.  Déraciéns, ils ont affronté la mort pour une cause qui n’étaient pas la leur. Ils moururent et n’eurent pas la reconnaissance par le sang versé.      Depuis 1830,  l'implication des Algériens dans les conflits avec la France a été une constante, marquée par des résistances, des guerres et des révoltes. De la conquête française à la guerre d'indépendance, la population algérienne a participé activement aux événements, que ce soit par la force, la collaboration ou la résistance passive.  Du fait de la conscription obligatoire, pratiquement chaque famille eut un soldat engagé, qui mourut ou qui revint gazé ou traumatisé à vie.  

 Les neuf  guerres menées par la France entre 1830 et 1962 ont impliqué de force, des Algériens.  Les  conséquences humaines et matérielles pour l’Algérie furent tragiques : Des morts, blessés, destructions, et impacts durables.  Comment rendre justice et sortir de l'oubli des milliers d'hommes dont les sacrifices ne sont toujours pas reconnus ?. Sait on que le soldat inconnu de l’arc Triomphe en France aurait pu être algérien ?  Nous allons lister les neufs conflits et guerres imposés aux Algériens pour une patrie dont ils ne connaissent que les avanies. Nous verrons que les Algériens, même dans des conditions de vie désastreuses en France en tant qu’émigrés malgré eux, ont défendu la France en s’engageant pour une partie dans la résistance, et d’autres ont sauvé les juifs qui étaient  abandonnés par  uen partie des Français de souche pétainistes.

 Les Algériens étaient préparés  à mourir pour  la gloire  de la   France

 Dès le XIXe siècle, après la conquête de l’Algérie, l’armée française installe plusieurs institutions militaires en Algérie, Dès le départ des Algériens furent recrutés dans les troupes françaises depuis 1837 par tous les moyens coercitifs  possibles Ainsi  l’École des enfants de troupe de Miliana, fondée en 1856,   Médéa et enfin à Koléa. : "Les enfants de troupe en Algérie étaient des jeunes issus de milieux modestes, pris en charge par l’armée française dans des établissements militaires   où ils recevaient  une formation militaire. Ces enfants   destinés à servir dans les troupes coloniales, comme les Tirailleurs algériens  Certains Algériens passés par ces écoles sont devenus officiers ou sous-officiers de l’armée française.   L’un des éléments clés à souligner dans l’histoire des enfants de troupe "musulmans" en Algérie, est la discrimination qui  s'exprimait notamment dans la hiérarchie militaire, les traitements, et les perspectives de carrière. Affectés surtout dans les troupes dites "indigènes", avec un plafond de verre systématique. Les postes stratégiques (état-major,) étaient rarement confiés à des musulmans, même s’ils étaient plus anciens ou plus compétents. Le cas du colonel Mohamed Bendaoud,  est révélateur : Malgré son grade, il n’a jamais eu le commandement réel équivalent à celui d’un colonel européen. cette hiérarchie de grades à deux vitesses, où l’origine religieuse et ethnique primait sur la compétence et la loyauté .  Des centaines de sous-officiers et officiers musulmans ont connu des situations similaires : Cantonnés aux régiments de Tirailleurs, Obligés de franciser leurs noms pour espérer une promotion"  (1)

Liste des guerres que les Algériens  (1830–1962)

  Après la prise d’Alger en 1830  la politique du talon de fer fut  un concentré de sauvagerie et dura jusqu’au tournant du siècle. Des centaines de milliers de morts  algériens de traumatisés :  la  destruction  de milliers de  villages rasés, famines Une spoliation foncière massive : 2,7 millions d’hectares confisqués.

1.L’éxpédition de Rome

Ce fut l’un des premiers engagements  1849 -1850 ~2 000 soldats algériens furent engagés et connurent l’épreuve du feu.    

2.La guerre de Crimée, 1853-1856

   L’objectif de la France de Napoléon III était de renforcer son influence au Moyen-Orient  et défendre les chrétiens d’Orient  Les troupes algériennes engagées dans la guerre  avaient un total estimé : 8 000 à 10 000 soldats d’origine algérienne. Les conditions furent épouvantables : froid, épidémies (choléra, typhus), manque de ravitaillement. Il y eut  ~500 morts au combat ~1 000 morts de maladie (choléra, typhus)  ~600 à 800 blessés Le  total  des pertes estimées est de 2 000 à 2 300. Certains officiers français ont même salué leur résistance au froid et au feu, bien supérieure à celle de conscrits français peu endurcis.

3.La guerre du Mexique 1861_1867

Entre 3 000 et 3 500 soldats algériens, engagés sur plusieurs années. Ils formaient environ 10 à 15 % du corps expéditionnaire français.  Ils ont participé à : La prise de Puebla (1863), La prise de Mexico, Environ 400 à 500 morts au combat.Environ 800 Morts de maladie Le climat, les maladies (fièvre jaune, dysenterie), et la guerre causèrent des pertes sévères. Entre 500 et 800 blessés. Quelques tirailleurs algériens ou spahis sont restés au Mexique après 1867. Certains ont épousé des femmes mexicaines, notamment dans les campagnes.  Il existe quelques traces familiales et orales dans les régions de Puebla, Veracruz et Querétaro.

4.La guerre franco-prussienne de 1870-71

 Après une série de défaites, le gouvernement français de Napoléon III s’effondre. Le gouvernement de défense nationale s’enfuit à Bordeaux alors que Paris est assiégé. Les  soldats algériens,  sont envoyés   pour défendre la France. Ils  arrivèrent à enlever une colonne à Wissembourg, moins d'une centaine de rescapés sur les 800. Ils ont aussi combattu avec bravoure à la bataille de Frœschwiller. Les trois régiments de tirailleurs (environ 9.000 hommes)  sont décimés et après Frœschwiller et le 2éme Tirailleurs ne compte plus que 450 hommes valides sur 3.000. Ils furent décimés à 90%. Ils montèrent à la baïonnette jusqu’aux batteries prussiennes, chantant.   

   En janvier 1871 Bismarck proclamait l’empire allemand à la  galerie des glaces du  château de Versailles, Ce geste hautement symbolique humilie la France vaincue. Curieusement alors que la France avait d’autres préoccupations existentielles, Adolphe Isaac  Crémieux  ministre de la Justice  publie le décret qui accorde, automatiquement , la nationalité française à tous les Juifs d’Algérie (environ 35 000 personnes). Les musulmans algériens, eux, restent sujets français sans citoyenneté,   La guerre de 1871 fut l’une des plus atroce en Algérie.  La France vaincue mène une guerre d’extermination , d’expropriation des terres, de paiement des dettes. La France   déverse sa haine sur les Algériens. En plus c’est le début des déportations en nouvelle Calédonie. Les Algériens moururent pour défendre la France contre l’Allemagne, d’autres sont tués , blessés, voire déportés leurs familles seront ruinés par les sanctions qu’ils mettront des années à payer.

5.Première Guerre mondiale (1914–1918)

Près de 45 ans plus  tard, les Algériens seront engagés.  Ce fut le   cauchemar de Verdun et du Chemin des dames, des milliers d'Algériens y laissèrent leur vie.  155.221 soldats venant d'Algérie  35 900 soit un taux de pertes de 23%  72 000 blessés. Les batailles les plus tragiques furent celles du Chemin des Dames (1917) : les unités algériennes sont en première ligne, décimées. Au cours de l'offensive   d’avril 1917  Les tirailleurs algériens  furent envoyé en première ligne, En ces temps-là, écrit René Naba «la chair à canon» carburait à la gnôle. La revendication ultime préludant au sacrifice suprême - «Aboul Gnoul» - apporte l'alcool - finira par constituer la marque d'une stigmatisation absolue «Bougnoule» tire son origine de  cette expression argotique ante mortem.  Le maréchal Foch  rendit hommage aux Régiments de Tirailleurs Algériens le 12 novembre 1918 «  Vous avez gagné la plus grande bataille de l'histoire et sauvé la cause la plus sacrée : La liberté du monde soyez fiers ! »

 6.Les guerres du Levant 1920-1927

Après la défaite de l’Empire ottoman, la France obtient un mandat sur la Syrie et le Liban ( Guerre du Levant 1920 1927 ).: Plusieurs milliers de soldats algériens sont engagés  1200  morts 2000 blessés Des témoignages rapportent le désarroi moral de certains tirailleurs algériens en Syrie, ne comprenant pas pourquoi ils devaient combattre des musulmans arabes comme eux, sous commandement français.  Certains soldats algériens ont épousé des Syriennes ou Libanaises et ne sont jamais rentrés, mais cela reste rare.

 7.La "guerre du Maroc" des années 1920-1930,

Elle est  souvent désignée comme « les guerres du Rif » . Ce fut une série de guerres coloniales brutales menées par la France et l’Espagne  dans le Rif, contre le chef indépendantiste Abdelkrim El Khattabi. Les troupes algériennes (RTA), ont été massivement engagées dans cette guerre coloniale, ~12 000 à 14 000 Algériens furent engagés. Il y eut 1200 morts   au combat ~2 500 à 3 000 blessés ou mutilés. Beaucoup de soldats algériens ont ressenti un malaise profond à combattre d'autres musulmans berbères. Quelques centaines d’anciens tirailleurs algériens sont restés vivre au Maroc.  Beaucoup ont épousé des femmes marocaines Certains  algériens engagés dans la guerre du Rif ont rejoint plus tard le mouvement nationaliste algérien.

 8.Seconde Guerre mondiale (1939–1945)

    Lors de la Seconde Guerre mondiale, Les soldats formaient le cœur de l’Armée d’Afrique, qui a participé à la libération de la France, Sur les 267.000 hommes que comptaient la 1ère Armée lors du Débarquement de Provence en août 1944, les tirailleurs algériens représentaient environ 50 % des effectifs soit plus de 130.000 hommes.   Ils furent, d'emblée, massivement   et, placées en première ligne, elles payèrent un très lourd tribut lors des combats de mai et juin 1940. Plus tard, les troupes alliées, furent cependant bloquées à Monte Cassino. On fit appel, une fois de plus, aux troupes coloniales constituées de tirailleurs algériens et marocains. Elles défoncèrent, au prix de pertes très lourdes, les lignes allemandes le 22 mai 1944.

Par la suite, sous le commandement du général de Lattre de Tassigny, 260.000 soldats, majoritairement nord-africains, débarquent en Provence et libèrent Toulon et Marseille le 15 août 1944.  Les régiments algériens ouvrent la route de la libération. Les 3e, 4e, 7e régiments de tirailleurs algériens débarquent à   Saint-Raphaël.  Des Algériens du 7ème régiment de tirailleurs,   entraient dans Marseille pour libérer la ville. Le bilan est lourd, plus de 1800 morts et blessés du côté des soldats de la troisième division d'infanterie algérienne.    Au total  Il y eut 14.000 morts et 42.000 blessés. Ce sont, en partie, ces soldats qui revinrent   au pays, pour voir leurs familles massacrées un jour de mai 1945. Leurs sacrifices ont été reconnus par des éloges de hauts responsables militaires louant leur rôle indispensable dans l'histoire militaire française.  

« Vous avez gagné la plus grande bataille de l’Histoire. Une gloire immortelle couvre vos drapeaux. »  « Ils ont brisé la ligne Gustav.» Général Juin :

« Sans eux, la libération du sud aurait été impossible.   Sans les tirailleurs, jamais la Provence n’aurait été libérée» Général de Lattre de Tassigny :

 9.Guerre d’Indochine (1946–1954)

Chaque fois que la France est menacée, ce sont les Algériens qui sont ne première ligne. Environ 60 000 à 70 000 soldats nord-africains, dont 30 000 à 35 000 Algériens, participent à la guerre d’Indochine entre 1946 et 1954. Les combats   furent extrêmement violents. On estime à 6 000 à 7 000 le nombre de tirailleurs nord-africains morts en Indochine, Plusieurs milliers furent blessés ou mutilés ; Après la défaite française   Plusieurs centaines de soldats des RTA ont été faits prisonniers, notamment après la chute de Dien Bien Phu (mai 1954).

   La majorité des tirailleurs valides  sont rapatriés en Algérie ou en France. Certains ont été engagés dans la guerre contre le FLN (1954–1962),  Beaucoup sont réintégrés dans l’armée française en Algérie après 1954. Certains ont rejoint le FLN . Quelques dizaines de soldats nord-africains, dont des Algériens, sont restés en Indochine après 1954.   

 Témoignages des Tirailleurs sur la guerre et les discriminations  

  Les tirailleurs algériens,  ont combattu dans toutes les grandes guerres françaises entre 1830 et 1962. Leur bravoure, leurs souffrances malgré  les discriminations qu’ils ont subies malgré leur loyauté. Les traumatismes psychiques sont ignorés, notamment chez les soldats coloniaux *« C’est à Craonne que j’ai vu le plus de morts algériens. Ils avançaient sans fléchir, comme des lions, sous la mitraille. — Capitaine Leclerc, 1917

 Lors de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945)   

 *« Ces hommes venus de loin, sans y être obligés, se sont battus pour notre liberté. Ils ont lutté avec une abnégation rare. » — Général de Lattre de Tassigny, Provence, 1944

« Les tirailleurs montaient à l’assaut avec des cris de guerre. Ils donnaient du cœur à toute la division. » — Officier du 1er régiment de tirailleurs à Monte Cassino

Lettre d’un tirailleur algérien à son frère ( tranchées Somme, 1916)

*« Mon frère, je t’écris cette lettre dans la nuit noire. Les obus tombent, les Allemands sont proches. Je ne dors plus depuis trois jours. On boit l’eau des trous. On enterre les amis sans même pouvoir réciter la Fatiha. Dis à notre mère que je pense à elle chaque jour. Si Dieu veut, je reviendrai. Sinon, qu'elle prie pour moi. Je ne sais plus pourquoi on se bat. On est devant, toujours devant, comme des moutons qu’on pousse. Que Dieu nous protège. Ton frère Ahmed. »Source : Archives de Vincennes / CNRS, corpus des lettres de poilus algériens.

Lettre dictée par un tirailleur blessé, hôpital militaire de Lyon (1917)

 *« Ma main ne bouge plus. Je ne peux plus tenir le fusil. On m’a dit que je suis brave, mais pourquoi on ne me donne pas le même pain que les Français ? Pourquoi je dors à côté du feu dehors, alors que l’autre soldat a une chambre ? Moi j’ai fait Verdun aussi.  Moi je veux juste voir la Kabylie encore une fois. » Source : Musée des Invalides, fonds médical militaire.

Lettre d’un vétéran de 14-18, écrite en 1940 à son fils engagé en France

*« Mon fils, Tu marches aujourd’hui sur mes traces. J’ai fait la guerre du Kaiser, j’ai vu les tranchées de Champagne. Ce n’est pas une vie. Si tu as le choix, cache-toi. Les Français ne vous aiment que pour mourir à leur place. Quand je suis revenu, je n’ai rien eu. Pas de terre, pas de pension. Le caïd m’a dit : “Tu n’es qu’un indigène.” Sois prudent. Reviens vivant. » Archives personnelles recueillies par l A. Hachemaoui, témoignages de 1939-45.

* « Mon capitaine, Moi j’ai combattu à Monte Cassino. Mes camarades sont tombés. Vous avez dit que nous étions braves.  Ce n’est pas l’honneur que nous demandons, c’est l’égalité. » Source : Lettre retrouvée dans le Journal de marche du 2e RTA, 1944.

 Les Algériens dans la résistance française FTP et qui ont sauvé les juifs français

Que dire, aussi, de ces émigrés qui, malgré leurs conditions sociales désastreuses, eurent le courage de risquer leur vie pour sauver des Français juifs abandonnés par tous du fait de la répression allemande et de la collaboration. Le tract suivant résume mieux que cent discours l'empathie de ces, «Justes». Nous lisons «Hier à l'aube, les juifs de Paris ont été arrêtés. Les vieux, les femmes et les enfants. En exil comme nous, travailleurs comme nous. Ils sont nos frères. Leurs enfants sont comme nos propres enfants - «ammarach nagh» -. Celui qui rencontre un de ces enfants doit lui donner un abri et la protection aussi longtemps que le malheur - ou le chagrin - durera. Oh, l'homme de mon pays, votre coeur est généreux.» (2)   Ce tract rédigé en tamazigh circulait parmi les émigrés algériens   lors de la rafle des juifs le 16 juillet 1942 à Paris. Ainsi, les émigrés algériens - sous-prolétariat français - pendant la colonisation, avaient décidé d'aider les Juifs à s'enfuir et les ont cachés. «Ammarache nagh», «Ce sont comme nos enfants» traduisant par là le sacrifice à faire pour sauver des enfants juifs...qui sont comme nos enfants! »

    On se souvient, aussi,  en effet, que  dans un documentaire   intitulé La Mosquée de Paris, une résistance oubliée, réalisé pour l'émission «Racines de France 3» en 1991,  La  Mosquée de Paris sert de lieu de résistance pour les musulmans vivant en France.  Près de 1500  juifs furent hébergés à la mosquée de Paris, ils eurent des papiers. Ainsi, le chanteur  Salim l’Halali eut des papiers qui  lui ont permit de ne pas être inquiété  De même, les émigrés algériens participèrent à la lutte clandestine contre les Allemands :« Les Algériens du FTP (Francs-tireurs partisans) avaient pour mission de secourir et de protéger les parachutistes britanniques et de leur trouver un abri. Les FTP ont par la suite, porté assistance à des familles juives, des familles qu'ils connaissaient, ou à la demande d'amis, en les hébergeant dans la mosquée, en attente que des papiers leur soient fournis pour se rendre en zone libre ou franchir la Méditerranée pour rejoindre le Maghreb » (3).  

 Et si le Soldat Inconnu était un Algérien ?

  Il existe une probabilité réelle que le Soldat inconnu inhumé sous l’Arc de Triomphe soit d’origine algérienne étant donné le contexte historique et la composition de l’armée française « Le Soldat inconnu a été choisi parmi 8 corps non identifiés de soldats morts durant la Première Guerre mondiale, provenant de 8 champs de bataille majeurs (Verdun, la Somme, l’Aisne, etc.). Environ 173 000 Algériens ont combattu dans les rangs de l’armée française durant la Première Guerre mondiale. On estime à 25 000 le nombre de morts algériens  De nombreuses unités composées de soldats algériens ont été envoyées dans les zones de combat les plus meurtrières, notamment à Verdun, des lieux d'où proviennent les corps parmi lesquels a été choisi le Soldat Inconnu. Il est donc plausible qu’un ou plusieurs des 8 corps sélectionnés soient ceux de soldats algériens il est tout à fait possible — et même probable — que le Soldat Inconnu soit un Algérien, étant donné : le nombre élevé de soldats algériens engagés, la mortalité qu’ils ont subie, le caractère aléatoire et anonyme de la sélection » (4).

  « Et si, sous la dalle de l’Arc de Triomphe, reposait un homme arraché à son soleil, à sa langue, à sa terre ? Un homme venu d’Algérie, sans comprendre pourquoi il partait mourir pour une cause qui n’était pas la sienne. mais dans laquelle il a tout donné. Il a quitté sa terre son village, ses parents, pour aller se battre   sous la pluie, dans la boue. ll avait vingt ans peut-être. On l’a déraciné de ses parents illettrés qui pleuraient en silence, sans savoir s’il reviendrait. On lui a dit qu’il allait défendre « la patrie », sans lui dire laquelle. Il ne parlait pas français, il priait en arabe, et ne comprenait ni les ordres, ni les insultes murmurées » (4).

  « Il a débarqué à Verdun, dans la gadoue glacée,  Il a dormi dans des trous boueux, tremblant de froid, avec pour seule chaleur la gnôle qu'on lui tendait pour l’engourdir avant l’assaut. Pas même un mot de réconfort dans la langue de sa mère. Quand le sifflet a retenti, il est sorti de la tranchée. Comme tant d’autres, il a couru, baïonnette en avant, vers une mort absurde.  On a retrouvé son corps, sans papiers, sans nom, sans distinction. Il est devenu le Soldat inconnu . Il ne comprenait pas toujours les ordres, mais il avançait quand même. Il aurait pu être l’un de ces milliers d’hommes venus de l’autre rive de la Méditerranée, enrôlés, déracinés, parfois méprisés, souvent oubliés. Il aurait pu être musulman, mort sans le secours d’un imam, sans même que l’on sache son nom » (4).

 Apport de l'émigration algérienne en France dans les mines   dans les usines et au front  

L’émigration algérienne en France dès la Première Guerre mondiale (1914-1918) a joué un rôle important : Le front, les mines et usines (travailleurs mobilisés pour l’effort de guerre) Ils participèrent aux grandes batailles : Verdun, les Dardanelles... La mobilisation est forcée  Il y  eut une forte mortalité (≈14 %) supérieure à la moyenne métropolitaine.  Le soldat algérien, bien qu’ayant versé son sang pour la France, a été, historiquement minoré dans son statut social, sa reconnaissance symbolique et matérielle, par rapport au soldat français.   Bien que sujets  français de l’empire, les soldats musulmans algériens étaient soumis à un double statut inégalitaire : relevant du Code de l’indigénat. Dans les casernes et au front, ils subissaient  les conditions de vie  les  plus rudes, avec un  accès inégal à la permission, soins médicaux. Mieux encore,  les maigres pensions militaires étaient "cristallisées" depuis cinquante ans. Il a fallu que le président Chirac, sensibilisé après avoir vu le film  " Les indigènes" , décide de les revaloriser . 

Témoignages : "On nous envoyait en première ligne. On disait que nous étions résistants à la douleur." "On portait le même uniforme, mais pas la même dignité."    

 Mai– décembre 1945 : Massacres de Sétif, Guelma, Kherrata

  Pensant naïvement que la victoire sur l’Allemagne allait ouvrir le champ à la liberté pour les Algériens Ils manifestent pour la liberté le 8 mai 1945.  Les Algériens sortent pour revendiquer leurs droits et leur indépendance. À Sétif, Guelma et Kherrata, l’armée française réprime violemment les Algériens entre 20 000 et 45 000 Algériens tués, dont beaucoup de familles d’anciens combattants. Des dizaines de jeunes sont guillotinés après des procès expéditifs. D’anciens tirailleurs eux-mêmes sont arrêtés ou assassinés.  Les procès furent expéditifs,  avec des exécutions publiques, guillotinés. Les familles ayant sacrifié leurs fils pour la France subissent la terreur au retour. L’horreur de 1945 est une profonde blessure dans la mémoire algérienne. Les familles qui avaient sacrifié leurs fils pour la France découvrent qu’elles sont considérées comme ennemies sur leur propre terre »  Nous  reviendrons .

Conclusion

 63 ans se sont écoulés depuis Mais la Révolution et son contenu sont inscrits dans l’ADN qui de génération en génération transmettent d’une façon épigénétique la douleur afin que nul n’oublie. L’Algérie a recouvré son indépendance le 5 juillet 1962. Les Français doivent savoir la réalité de la tragédie coloniale et ne pas prêter attention aux nostalgiques et aux lobbys qui fantasment, encore, sur le « bon temps des colonies ».  Après une guerre atroce où l’Algérie  a  perdu des centaines de milliers de  ses enfants. En face  la France officielle   qui persiste et signe dans ses louvoiements avec la nostalgie de l’empire et les reconnaissances inutiles et dépassées au compte goutte. Les Algériens ont été massivement enrôlés de force ou volontairement, sans bénéficier des droits équivalents aux Français. Le coût humain, la spoliation économique, les répressions sanglantes après l’époque du talon de fer  de quarante ans,  ce sera  1871, 1945, 1954–1962 , et la destruction du tissu social et culturel. Tout ces faits  sont les marques les plus profondes de la domination coloniale française

 Justement, nous n’aurions rien compris à l’ensauvagement colonial si on ne prend pas en compte toutes les formes d’atrocités tout au long de 45230 jours de joug colonial  dont 2430 jours  représentant un concentré d’horreurs de la glorieuse révolution de Novembre. L’indigène algérien à tout connu : Jugez en plutôt : Les morts algériens furent utilisés comme fertilisants au début de la conquête de l'Algérie par la France  Il existe des récits historiques qui mentionnent des événements  sombres liés à l’invasion menée par la France (1830–1847), Il est important de noter que l’usage des corps des morts dans certaines situations a été documenté. Dans certains cas, des cadavres auraient été utilisés pour fertiliser la terrepour la production de pain , notamment lors de l'exécution massive de prisonniers. L'usage des corps comme engrais a parfois été signalé comme une méthode humiliante et dégradante utilisée pour "ancrer" la domination coloniale dans le pays. On signale même l’envoi de squelettes  à Marseille qui serviront à blanchir le sucre .

 En définitive,  L’Algérien a connu le meurtres les vols les viols les récoltes incendiés, les suppliciés de grottes, les fours crématoires,  le bannissement à 22.000 km de la patrie,  le code de l’indigénat . Il a, enfin, connu les 200 supplices de la guillotine ;  Si on y  ajoute les 13 gerboises multicolores qui ont irradiés le Sahara et les essais de bactériologie, l’Algérie  a servi de laboratoire pour la grandeur de la France !! A ce titre, de mon point de vue, aucun pays anciennement colonisé n’a connu un tel calvaire !  Aucun pays n’a connu la famine qui a vu la population s’éteindre. Aucun pays n’a vu un prosélytisme enragé comme celui du cardinal Lavigerie qui pensait faire retrouver à l’Algérien son substrat chrétien.   

 En plus des déportés en Nouvelle Calédonie, et des  Algériens partis avec l’Emir Abdelkader,   les Algériens  partis se battre pour une cause qui n’était pas la leur, par la force des choses sont restés  pour certains dans les pays ou ils ont été en guerre  .Ces Algériens de cœur  que les hasards de l’histoire ont balloté dans tout les continents,  ont fait souche dans les pays où ils sont battus. Il y a peut être  matière à faire un recensement et leur affirmer haut fort que l’Algérie  alma mater, a besoin de l’affection de tous ses enfants.

Il ne peut y avoir apaisement tant que la vérité ne soit pas établie et que la France encore imbue de la tentation vaine de l’Empire , ne comprenne pas que la seule façon de se tourner vers l’avenir est de respecter le peuple algérien. Les faits sont têtus, le devoir d’inventaire est incontournable.   C’est le but modeste de ces contributions

 Références et sources principales :

1.Les officiers indigènes dans l’armée française, 1830–1962 – Emmanuel Alcaraz (thèse, Paris IV) https://chatgpt.com/share/687b2856-607c-800c-ae99-b3a30f01742c

2.http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeurchitour/139978-lesmusulmans-qui-ont-sauve-les-juifs.ht

3.Aurélie Champagne : http://www.rue89. com/2011/09/27/les-hommes-libres-lhistoire-oubliee-des-arabes-occupes-22366527/09/2011

4.https://chatgpt.com/share/6877be36-8044-800c-bc5f-c232cb196283

 https://chatgpt.com/share/6875fcc0-87b0-800c-a7da-23e882ce4fe8

https://chatgpt.com/share/6840787f-0d80-800c-8dd9-e1724f4672fb

https://chatgpt.com/c/6877bb63-1dac-800c-8f8c-912900469c44

Gilbert Meynier, L'Algérie révélée. La guerre de 1914-1918 et le premier quart du XXe siècle.

Benjamin Stora, Les immigrés algériens en France. (1912-1992).

Claude Liauzu, Colonisation, guerre et mémoire.

Musée de l’armée aux Invalides (exposition “Les soldats de l’empire”).

Jacques Frémeaux, Les colonies dans la Grande Guerre, 2006.

Rapport du Ministère des anciens combattants et Office National des Anciens Combattants  

Professeur Chems Eddine Chitour

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