Du coup, disais-je, nous sommes bien les gaulois qu’on nous veut ! Bien conservés, baignant dans un goût prononcé pour les vacances, environ deux semaines toutes les trois semaines, ça fait beaucoup, mais quand on aime on ne compte pas.
Tous ces vacanciers qui feront HEC, iront bosser chez McKinsey, puis deviendront boulangers ; du coup, je trouve vraiment bizarre qu’on nous raconte que les français mangent de moins en moins de pain, alors que dans le même temps, une demi-douzaine de boulangeries a ouvert dans mon quartier, la plupart prises d’assaut par des gens qui font la queue pendant vingt ou trente minutes pour acheter du pain.
Peut-être que ce que les français mangent moins, c’est le gros pain d’un kilo que les parents des enfants que nous fûmes, farcissaient d’une gosse barre de chocolat, ou deux, pour le goûter ?
Du coup il va falloir mettre les pendules à l’heure sur ce secteur sensible de la consommation.
Ce matin il fait moins 1°, sous un ciel bleu, uniforme. L’hiver s’en va en rechignant, il fait des manières. Du coup il va falloir s’habiller en fonction, même si le soleil brille, brille, brille, et donne furieusement envie de se balader léger ou légère, coucou les filles !
Les radios peinent à faire leurs intéressantes, les équipes chargées du remplissage pendant les vacances des tenanciers, respectent sans doute la consigne de ne pas dépasser la ligne de flottaison, de ne pas marcher sur les plates-bandes de L&D et consorts.
Moins intéressant ? Pas si sûr ! On entend des gens qui n’ont pas leur carte VIP chez Inter ou Culture et qui racontent des trucs pas mal. Je ne me souviens pas des noms parce que ce ne sont pas des stars, mais comme ils ne risquent rien, ils balancent, par exemple, que les bassines soutenues par l’Etat, sont des aberrations, puisque leur établissement nécessite de pomper l’eau des nappes phréatiques, presque vides à cette heure, pour remplir une cuvette surélevée dont le précieux liquide va s’évaporer dans des proportions énormes ! Le gars dit même que c’est pas normal que l’eau, qui est un bien commun, soit utilisée par quelques-uns, c’est à dire ceux qui sont raccordés à la bassine ! Du coup, on parle bien des exploitants agricoles hein ? Vous avez remarqué, je n’ai pas écrit paysans, mais exploitants ! Coucou, vous pigez, exploitants ! Ça raconte non ?
Coucou, les gens ! Vous vous rappellerez que le 7 mars on bloque ! Du coup, dès que vous aurez rangé les courses de la rentrée, oui, après les vacances on dit la rentrée, il faudra bloquer. Du coup, on attend impatiemment les instructions. J’imagine que ceux qui bossent dans des entreprises bloquantes vont s’y mettre. Nous autres, on pourra toujours faire des textos coucou ! tu bloques, toi ? Du coup, l’autre répondrait, euh... je sais pas, je suis bloqué là, à cause qu’il y a pas de RER ce matin, et j’ai pas mon ordi pour bosser à la maison ! Fais ch.… !
Du coup, on aura l’impression d’être pris en otage. Ben ouais !
Non, ce matin, c’est un autre mot, du coup, qui me vient. Ressenti. Vous savez, ce truc qui fait qu’on vous explique que la température du thermomètre est sensiblement différente de l’impression, du ressenti, que vous éprouvez. Cela n’a aucune espèce d’intérêt mais ce concept s’est répandu comme un vent de sable, dans plein de domaines. Particulièrement dans l’immobilier. Spectacularisée par la TV, la profession se croit tout permis. Ainsi, un agent immobilier, propose-t-il un local de neuf mètres carrés, à un quidam auquel il prétend, coucou ! ça fait neuf mètres carrés, mais avec un ressenti plutôt 10-12 ! Le client est interloqué, mais n’a pas les arguments. On voit bien à la tête qu’il fait que le concept lui reste d’autant en travers de la gorge, que son ressenti est qu’on le prend pour un con !
Du coup ça marche pour pas mal de trucs, la bagnole à deux balles avec ressenti Tesla, le vélo électrique avec rythme de pédalage ressenti de Froome, etc...
Putain, un an ! En anglais ça fait Putin, un an ! Ah, les expertises de printemps en 2022 ! Les commentaires, les prédictions, les prévisions, coucou, les spécialistes, militaires, autoritaires, culinaires, apollinaires ! C’est dur, ça dure ! Du coup on sait plus trop quoi dire. Sauf France Inter bien sûr, qui a fait une semaine entière sur l’Ukraine et 14 secondes, douche comprise sur la Palestine, avec un ressenti, une éternité sur la guerre de Putin ou la putain de guerre, et un souffle, un vent, sur la Palestine et toutes les autres guerres, famines, désastres et j’en oublie pour pas chialer.
Heureusement, il y a le cul ! Calmez-vous, je ne vous fais pas une Palmade. Non, ce cul-là c’est celui des vaches. 13 heures il est resté au salon du glyphosate et des cultures intensives, not’ président. Du coup, on s’est rendu compte, qu’après les gens qui se lèvent tôt pour bosser aux halles, on a bien vu que le président aime les gens des campagnes, coucou les exploitants !
On a vu aussi qu’il manquait un son dans la vibration du salon de l’agriculture intensive. Pas une poule, pas un canard, pas une oie, pas un aviaire ! La grippe. La maladie qui a fait monter les prix du foie gras nous prive aussi des cocoricos, des coucous volailleurs, des œufs qui font les poules et des poules qui font les œufs ! Du coup, personne n’en a parlé, y’a pas de raison, en plus pas de poules, pas de ressenti !
Palmade. Il a beau avoir fait le con, provoqué un désastre, tué un bébé à naître et blessé un enfant et un adulte, le fait qu’il soit devenu la chair à info de la chaine d’opinion de Bolloré, me fait de la peine. L’acharnement des commentateurs à décortiquer jusqu’à l’os, un événement dont le nom est accident, c’est à dire quelque chose de totalement imprévisible, involontaire, est spectaculaire, au sens le plus gerbant de ce terme. Je ne vous dirais rien de mon ressenti sur ce sujet, je vous sais assez mûrs et humains, pour être allé chercher des sacs à vomi.
Les spectateurs ne trouvent pas ce qu'ils désirent, ils désirent ce qu'ils trouvent. Guy Debord