Combien d’heures, combien d’experts, quelle quantité d’énergie pour décortiquer jusqu’au trognon cette guerre qui n’en est qu’une parmi une cinquantaine, dont nous sommes, européens, les pourvoyeurs, voire les responsables directs ou les commanditaires.
Comment ne pas se sentir mal à la vision du responsable du pays le plus criminogène, le plus criminel de la planète, fustigeant son alter-ego russe, cet américain oublieux des abominations perpétrées par son armée avec le soutien de sa population et de sa cash-machine.
Il fait beau mais frais.
J’entends quelqu’un parler du péché capital.
Je comprends que le capital est un péché.
Qu’en disent les croissants ? Les sans croix ?
Qu’en disent ceux qui ne voient dans le vert qu’une couleur ? La couleur apaisante des murs d’hôpital. Le vert que le génial Michel Pastoureau décrit comme le symbole de vie, de sève, de chance et d'espérance d'un côté, associé au poison, au malheur, au Diable et à ses créatures de l'autre.
Mon cher Guy Béart chantait, Je voudrais changer les couleurs du temps, Changer les couleurs du monde
Le soleil levant, la rose des vents, Le sens où tournera ma ronde, Et l'eau d'une larme, et tout l'océan, Qui gronde
Et les couleurs d’Hyber, dans sa Vallée parisienne, celle qu’il a plantée à la Fondation Cartier, boulevard Raspail à Paris, qui rendent compte, sur les murs des classes, d’une école de la deuxième chance, pour l’apprentissage du respect que l’on doit à la nature, qu’en disent-ils ?
Ils, ce sont ceux qui s’obstinent à ne pas croire, même ce qu’on leur montre, les obstinés du doigt qui montre la lune !
Et ces ukrainiennes que l’on trouve partout, à Paris, serveuses dans les bars et les restaurants, vendeuses dans les magasins de chaussures et de vêtements, caissières dans les supermarchés. Je guette, je cherche mais c’est en vain, des soudanaises, des syriennes des éthiopiennes aux mêmes postes ! Celles-là sont dans la rue, sous des tentes qu’une vendeuse ukrainienne de Décathlon aura vendues à une asso qui s’occupe des SDF de la capitale du péché.
Pourtant, tous ces pakistanais, ces indiens, ces sri-lankais, tamouls, ces marocains, tunisiens, algériens, africains, chinois qui cuisinent, nettoient sols et vaisselle, ont des comportements de patriotes, de bons citoyens qu’ils ne sont pas.
Ceux qui livrent, noirs à vélo, gris à mobylette, les blancs incontinents de la consommation rapide et de la viens-chez-moi-j’ai-pas envie-de-sortir, de la bouffe dégueulasse aux parangons du goût* !
Faisons-les chanter allons z’enfants de l’apatrie, i e, le jour de gloire est arrivé !
*Je discutais avec une fine Mouche, d’imposture et d’autres choses, je dis qu’il y a un violent contraste entre la prétention française à être la nation de la gastronomie et le fait que la France est, après les USA, le deuxième pays le plus consommateur de fast-food. Du bon sens, pensé-je avec d’autant plus de conviction que l’argument me parait difficile à contrer.
Pas pour la mouche qui me rétorque finement qu’il n’y a aucune contradiction dans les termes que je lui expose car c’est quand même par ici qu’on trouve les plus grands chefs et tiens-toi bien, raisonneux, les chefs étrangers où donc crois-tu qu’ils se soient formés ?
Je capitule devant l’estoc, et prendrais garde à l’avenir à qui j’ai à faire dans mes conversations de rue, ou même de table.
Je suis de toutes les couleurs
Et surtout de celles qui pleurent
La couleur que je porte, c'est
Surtout celle qu'on veut effacer
Guy Béart