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Billet de blog 3 avril 2023

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Sous rire

Pour ceux des lecteurs, voire ex-lecteurs de mes chroniques aléatoires, qui en trouvent le ton tellement pessimiste qu’il en décourage la lecture, j’ai ardemment bossé pour essayer de trouver de quoi sourire, espérer, voire me réjouir.

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Au plus près, Laurinda, gardienne de mon immeuble, aimable et bienveillante présence, ponctionne ce matin un bout de mon stock d’amabilité sociale, en un fast-talk, sur le pavé de notre porche, au cours duquel j’obtiens sans résistance aucune, les dernières nouvelles de sa famille. Je me réjouis donc, sors sur un trottoir tout juste nettoyé, dans la lumière d’un soleil éclatant, en ce jour d’hiver frisquet, jusqu’à m’offrir une bouffée d’optimisme, presqu’aussi efficace que la prise d’une ligne de coke.

Ah !  La coke... Palmade, le clown triste, cet enfant poussé trop vite, que la gloire a abîmé, a fait une grosse bêtise ...  Ah, non ! Pas déjà ! Je viens à peine de parcourir de quoi descendre la rue de Maubeuge dans l’axe de l’astre du jour et voilà que ...

Passons, enfin, c’est une façon de montrer comme je me dépêche de revenir à mon objectif.

Hier soir, à la télé, where else ? Il était question de fast fashion, aussi dégueulasse que le fast-food, laquelle produit chaque année 100 milliards de pièces, dont seulement 80 milliards sont vendues, soit un colossal stock de 20 milliards jetés à la poubelle.

Je fais grâce ici du nombre d’arbres qu’il faut couper pour produire une partie des composants des matières avec lesquelles on fabrique, à des milliers de kilomètres des magasins qui les vendent, cropped tops, robes et pantalons, que les jeunes achètent presque quotidiennement pour être à la mode.

Non, non, vous n’y êtes pas ! Je n’ai pas encore retourné la veste de ma chronique. Les gens dans le poste, disent que si on arrêtait totalement de produire des fringues, là, maintenant, le stock existant permettrait de garantir l’approvisionnement des boutiques pendant deux générations... et voilà, je suis revenu dans le droit chemin de l’optimisme, car, qui pourrait sérieusement douter qu’un deus ex machina bien intentionné, par exemple le marché, se privera de stopper la machine infernale ?

Bon, essayons Zelenski et son émotion, devant la Knesset européenne. Le discours et puissant, fort, clair ! Il énonce la liste du matériel militaire qu’il enjoint le monde à fournir à son pays, pour lui permettre de bouter les russes, hors. On retient son souffle, on sent bien qu’il y a là une perspective de sortir d’une des cinquante guerres que le marché pacificateur, promis à la disparition du rideau de fer, à fomenté ces trente dernières années. De quoi se réjouir en effet, pour les industriels de l’armement auquel le monde consent en 2023, DEUX MILLE MILLIARDS de dollars, bien mieux, vous en conviendrez que les MILLE MILLIARDS dépensés en 2000.

Réjouissons-nous derechef, en évoquant l’épouvantable séisme sur la faille d’Anatolie de l’Est qui a fait 30 000 morts, selon Erdogan, et plus de 50 000 selon l’ONU. En effet ce désastre a permis aux turcs d’identifier les causes de ce malheur, dont la principale serait... la corruption. Des arrestations sont ordonnées, de bâtisseurs d’immeubles aussi fragiles que des châteaux de cartes, avec de l’argent public, dans une zone connue comme hautement sismique !

Réjouissons-nous, disais-je de penser que l’intervention de la justice turque est en train, sans doute, de sauver des vies futures en punissant quelques salauds, avec comme corollaire à la prise de conscience et à la punition, un assainissement certain des pratiques locales en matière de construction et d’urbanisme.

Retraites. Enfin ! Un sujet local réjouissant, quand on le prend du côté des manifestations et de l’ampleur inédite de la mobilisation organisée par des syndicats, dont on ne donnait pas cher, il y a encore quelques semaines.

Les petites villes, les moyennes et les grandes, ont vu leurs rues envahies par des centaines de milliers de français qui ont laissé à la maison carte d’électeur et gilet jaune.

Le rejet, presque unanime de la réforme injustifiable, portée par un macronisme en perdition, ne fera sans doute pas bouger les lignes, la constitution de la cinquième autorisant de ne pas tenir compte de la volonté majoritaire, mais ce n’est pas possible, même pour votre serviteur, de rester indifférent à ce signe de vitalité d’une société que l’on disait résignée.

Je vous fais grâce d’autres sujets comme la manif’ pathétique des cultivateurs de betterave sucrière juchés sur leurs tracteurs, parce qu’ils jugent, par la bouche de la porte-parole de la FNSEA, que la survie des abeilles n’est rien, par rapport à la perte sèche de sucre français, qu’il faudra bien importer, si on n’en fabrique plus par chez nous.

Et si, au lieu d’en importer, on interdisait la publicité des produits qui contiennent du sucre, on faisait en sorte, par une pédagogie adaptée, de faire baisser le nombre de diabétiques et d’obèses dans notre pays, dont la population ne cesse d’augmenter, suivant la courbe de croissance du commerce du sucre ?

Contrepied. Je peux comprendre l’affliction des supporteurs de foot quand leur équipe déçoit. La défaite passe mal, dans le monde du ballon rond. En est-il autrement en ovalie ? Oui, et c’est pour ça que j’aime ce sport où on a l’habitude du triomphe modeste et de la défaite acceptée. L’Irlande donc, pas n’importe qui, a remis samedi, à sa place, le formidable XV de France qui caracolait depuis un bon moment, en tête des équipes mondiales de rugby.  Mais rien n’est perdu, vous dis-je, à 7 mois de la rencontre de poule entre la France et la Nouvelle-Zélande. Un os, pour commencer une coupe du monde que l’équipe de France mériterait bien de gagner, voilà de quoi créer l’ambiance d’ici au mois de septembre.

Je me marre. Oui, oui, je me marre ! Laurent Berger, en bon syndicaliste, fustige les parlementaires en ces termes parfois, j’ai eu l’impression que c’était le plateau d’un célèbre animateur tellement c’était médiocre, on aurait dit le plateau d’Hanouna ! Berger est à l’aise dans son costume de meneur de la revue Réforme des Retraites, écrite par Macron et mise en scène par Borne.

Combien de députés macroniens peuvent-ils encore arpenter les allées des marchés du dimanche de leur circonscription, sans être obligés de défendre l’indéfendable, devant ceux qui les ont élus ?

Qui a élu Macron et les macroniens sur la réforme des retraites ? Oui, il y a de quoi se dire que le stock de beaux jours n’est pas épuisé ...

Les sujets qui fâchent ? L’optimisme, le pessimisme, c’est juste une question d’angle. Ma règle glisse sur le papier, elle n’est pas stable, elle va du pire au pas pire, mais ne parvient que rarement au mieux ; je suis gramsciste, ce qui me convient, c’est l’alliance du pessimisme de la raison et de l’optimisme de la volonté.

Let it be.

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